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Un témoin privilégié de l’art paléolithique dans le Bassin parisien : le galet gravé d’Étiolles (Essonne)

Authors :
Carole Fritz
Gilles Tosello
Source :
Bulletin de la Société préhistorique française. 108:47-51
Publication Year :
2011
Publisher :
PERSEE Program, 2011.

Abstract

La découverte d’une pierre gravée sur le site magdalénien de plein air d’Étiolles (Essonne) est un fait exceptionnel, car les témoignages d’art paléolithique sont rares dans le Bassin parisien. Le bloc de calcaire dur se présente comme un gros galet (3 kilogrammes), choisi pour ses qualités propices à la gravure. Il était placé sous une dalle qui ceinturait le foyer D71-1 daté par le 14C (12315 ± 75 BP). Sur le recto, un cheval, de style très naturaliste, semble couché sur le flanc, l’oeil clos et la bouche ouverte. Deux signes en blessures marquent le corps. Ce cheval est suivi d’un humain composite de sexe féminin, qui semble le menacer. Sur le verso, on observe deux rennes et un cheval de facture plus sommaire. Les figures, notamment les chevaux, présentent des particularités graphiques dont il reste à évaluer l’importance dans l’aire magdalénienne septentrionale. En effet, il est difficile, avec deux spécimens, de parler de «style » local. La comparaison des équidés d’Étiolles avec les rares figures connues dans le Bassin parisien (Cepoy, Pincevent ou Boutigny) n’apporte pas d’élément marquant. Ces pièces montrent surtout que le cheval jouait un rôle thématique privilégié dans l’art de la fin du Paléolithique régional. La localisation du galet sur le bord d’un foyer peut indiquer une relation avec le feu, qui semble moins évidente que pour d’autres pierres gravées, notamment celles découvertes dans les sites du Sud-Ouest européen. En revanche, les éléments de comparaison sont à chercher dans l’art des provinces méridionales. Les gravures d’Étiolles apportent de nouveaux exemples d’analogies sur de longues distances, d’autant plus intéressantes qu’elles se placent à une période où l’unité symbolique du Magdalénien paraît se fissurer. En effet, autour de 12000 BP, les groupes aquitains, jusqu’alors fortement liés à leurs homologues des Pyrénées et des Cantabres, se singularisent : leurs productions symboliques (par exemple les figurations féminines stylisées) indiquent une orientation des réseaux d’échanges non plus vers le sud-ouest mais vers le nord et l’est, c’est-à-dire le Bassin parisien, les plaines de Belgique et d’Allemagne. La découverte d’Étiolles, certes isolée, serait donc l’un des derniers indices témoignant d’une persistance de ces liens ancestraux entre les groupes d’un bout à l’autre de l’aire magdalénienne. L’association de caractères humains et animaux sur la créature composite, le choix d’espèces qui constituaient le gibier de prédilection orientent l’interprétation vers la sphère de la chasse ; en paraphrasant C. Lévi-Strauss (1980, p. 93), faut-il penser que pour les hommes d’alors, le renne et le cheval «bons à manger » étaient tout aussi «bons à penser » ?<br />Fritz Carole, Tosello Gilles. Un témoin privilégié de l’art paléolithique dans le Bassin parisien : le galet gravé d’Étiolles (Essonne). In: Bulletin de la Société préhistorique française, tome 108, n°1, 2011. pp. 47-51.

Details

ISSN :
02497638
Volume :
108
Database :
OpenAIRE
Journal :
Bulletin de la Société préhistorique française
Accession number :
edsair.doi.dedup.....b9adbb2fdbfe01ea5681d7dd4d80a342
Full Text :
https://doi.org/10.3406/bspf.2011.13992