Genre et psychanalyse, des outils pour les études cinématographiques

International audience; Du point de vue des études cinématographiques, nous devons distinguer ce que le cinéma nous apprend de la psychanalyse et des questions de genre, de ce que ces champs de recherche nous apprennent, en retour, du cinéma. Cinéma et psychanalyse sont des disciplines historiquement jumelles. Le mot psychanalyse apparaît dans un texte de Freud un an après la première projection d'une vue Lumière à Paris 1 et les études filmiques se sont emparées des concepts de Freud et de Lacan dès les années 1970 2. Cinéma et psychanalyse ont donc « des choses à se dire » 3. Les études filmiques françaises sont, en revanche, encore réservées dans leur usage de la notion de genre. Il faut rappeler que dans la langue française ce mot reste plus polysémique et flou que son modèle anglophone gender. Il possède une longue histoire en linguistique, en biologie ou en arts, et il a profité de sa plasticité sémantique pour s'ouvrir aux sciences sociales. Le concept de genre sert à y désigner les différences non biologiques entre les êtres et tend à se confondre avec la notion de « rapports sociaux de sexe ». Ce concept renvoie à la dimension conflictuelle et inégalitaire entre hommes et femmes et dessine les catégories et les formes de pouvoir. Les problématiques qui lui sont liées traversent de fait différentes disciplines. Les études de genre ont fédéré une bonne partie des études féministes ; elles ont focalisé leur attention sur la construction des identités et des significations sociales et observent comment les productions culturelles participent des « technologies » de pouvoir sur les corps. La notion de genre demeure cependant peu convoquée dans les réflexions sur l'esthétique ou les théories du cinéma. Articuler « genre », « psychanalyse » et « cinéma » n'est pas aisé. La question des identités qui animent les études de genre ne serait pas celle de la psychanalyse mais plutôt celle de la sociologie