Femmes vivant avec le VIHsida et lipodystrophie: Étude du processus de transformations corporelles

À l'instar de la majorité des pays à revenu élevé, le Canada dispose, depuis 1996, de régimes pharmacologiques pour traiter les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Parmi les réactions néfastes de la thérapie antirétrovirale, le syndrome de la lipodystrophie est une condition débilitante qui afflige les personnes vivant avec le VIH/sida et ce, tant sur le plan physique que psychosocial. Conscient de l'ampleur de cette problèmatique qui, à ce jour, ne semble pas avoir été étudiée en contexte québécois, cette recherche qualitative décrit le processus de transformations corporelles auquel font face les femmes atteintes de lipodystrophie et explore les répercussions psychosociales de cette condition qui se manifeste progressivement au cours du traitement. Un devis de recherche qualitatif, de type descriptif et exploratoire, convenait tout à fait aux objectifs de cette recherche. Compte tenu de la problématique de recherche et des objectifs de recherche, la théorisation ancrée a été privilégiée pour orienter ce projet au plan methodologique. La collecte des données s'est deroulée sur une période de 3 mois et a été réalisée par le biais d'entrevues semi-dirigées avec 19 femmes vivant avec le VIH/SIDA. En résumé, les résultats de recherche indiquent que le processus de transformations corporelles engendre une profonde détresse chez les femmes vivant avec le VIH/SIDA. Les résultats de l'étude montrent, d'une part, la détresse (physique et mentale) engendrée par le corps lipodystophie et attestent, d'autre part, des relations de pouvoir avec le complexe médico-pharmaceutique. Au terme de cette recherche les résultats montrent que: le corps est un objet de pouvoir au coeur de ce complexe; que les tensions relatives au traitement amplifient la détresse des femmes vivant avec le VIH/SIDA; que la visibilité du corps entraîne la stigmatisation des femmes vivant avec le VIH/SIDA; et que la lipodystrophie n'est pas la transformation banale de caractéristiques physiques, mais plutôt la reconfiguration définitive de la personne en entier.