Place de la chirurgie dans la prise en charge des cancers primitifs nasosinusiens

Introduction : l'histologie diversifiée, le petit nombre de patients et le faible recul des études rendent difficile l'évaluation de l'impact des approches chirurgicales endoscopiques sur la survie des cancers nasosinusiens. La chirurgie a un rôle important dans la prise en charge de ces cancers et les techniques ont changé avec le temps. D’abord réservée aux tumeurs facilement résécables, la chirurgie complète par voie endoscopique seule s’est généralisée à tout type de tumeur, et notamment aux résections de tumeurs de zone plus à risques, comme celle de la base du crâne. La chirurgie endoscopique permet, à l’heure actuelle, une diminution des risques de complications opératoires des chirurgies lourdes et délabrantes des voies externes, tout en respectant les indications et les exigences carcinologiques. Actuellement devenue un standard dans la chirurgie carcinologique des sinus, dans notre service elle est devenue majoritaire depuis les années 2010. L’objectif principal de ce travail était donc d’étudier la survie globale et sans récidive des patients pris en charge chirurgicalement dans notre centre pour un cancer primitif nasosinusien et de rechercher des facteurs pronostiques. Le second objectif était d’analyser nos techniques chirurgicales réalisées par voie d’abord endoscopique.Matériel et méthode : tous les patients atteints de cancers primitifs nasosinusiens ayant bénéficié d’une chirurgie de première intention ou de chirurgie de rattrapage dans notre service, entre janvier 2010 et février 2017, ont été inclus. De manière rétrospective, les données épidémiologiques, cliniques et paracliniques, les modalités thérapeutiques, l’évolution et les complications opératoires des patients ont été recueillies. L’étude statistique de survie a été réalisée, selon la méthode de Kaplan-Meier. La recherche de différence de survie a été effectuée à l’aide du test du log-rank. Résultat : quarante-quatre patients ont été inclus, comprenant 25 hommes (57%) et 19 femmes (43%). L’âge moyen au diagnostic était de 62,3 ans (24 à 82 ans). Il était retrouvé comme histologie : 3 neuroblastomes olfactifs (7%), 5 carcinomes adénoïdes kystiques (11%), 10 mélanomes muqueux (23%), 17 carcinomes épidermoïdes (39%) et 9 adénocarcinomes (20%). Il était retrouvé un suivi moyen de 29,9 mois, 90,9% des patients ont été opérés par voie endoscopique (n=40). Les taux de survie globale à 1 et 5 ans étaient de 97,4% et 74,8% respectivement, et les taux de survie sans récidive étaient de 91,5% et 60,7%, respectivement. Nous comptabilisons un total, par voie endoscopique, de : 19 chirurgies des fosses nasales, 19 septectomies, 19 maxillectomies médiales, 4 maxillectomies postérieures, 24 ethmoïdectomies, 13 sphénoïdotomies et 11 chirurgies de la base du crâne par voie transcribriforme et transethmoïdale. Il était retrouvé un taux de complications opératoires de 75% pour les chirurgies par voie externe contre 12,5% pour les voies endoscopiques. Ainsi nous retrouvions un risque de survenue de complications opératoires par voie d’abord endoscopique beaucoup moins fréquent que par voie d’abord externe ou mixte (p=0,00979).Conclusion : cette étude nous permet un premier recul sur nos pratiques depuis début 2010 : nous retrouvons globalement de bons taux de survie des cancers nasosinusiens opérés, en majorité par voie endoscopique, avec moins de complications que par voie externe. Toutefois ceci est à mettre en balance avec un faible effectif et un recul qui reste modéré.