La quête dans l'économie franciscaine au XVIIIe siècle : des échanges spirituels et matériels. L'exemple lorrain

International audience; La quête occupe chez les franciscains de la fin du XVIIIe siècle un statut ambigu. Elle reste largement pratiquée par nombre de communautés, soit par nécessité matérielle, soit par fidélité à l’idéal originel de pauvreté de l’ordre des frères mineurs, soit par stratégie. Elle constitue en effet un moyen de polariser un territoire donné et au sein de celui-ci, de créer des échanges de biens. La construction de ces territoires ne se fait pas sans de violentes concurrences entre couvents. Contre les denrées alimentaires ou textiles, les religieux font cadeau aux généreux fidèles d’objets de dévotion dont la variété et la matérialité impliquent une réelle réflexion pastorale. Plusieurs circuits d’échanges économiques se mettent donc en place : entre les fidèles et les frères, des biens matériels ; entre les frères et les merciers, la vente d’objets de piété ; entre les frères et les fidèles, la circulation de ces objets ; entre les frères et le monde, la revente de surplus de quête. Il en résulte une organisation des finances conventuelles tout à fait originale et qui ne doit rien à l’empirisme. Quête et apostolat constituent l’avers et le revers de la vie mendiante, dans sa dimension autant spirituelle que matérielle.