Prospective territoriale dans le cadre de projets sociaux et solidaires

Les enjeux du développement durable, les crises sanitaires, mais aussi les crises économiques, ont affecté les modes de consommation en France. Ainsi, les initiatives solidaires privilégiant les circuits courts alimentaires, à travers lesquelles le consommateur se considère comme « consom’acteur », tendent à se développer. C’est dans ce contexte que les AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), qui se veulent porteuses de valeurs solidaires et orientées vers une agriculture « authentique » et « saine », se diffusent. Phénomène marginal ou éveil des consciences citoyennes, il convient de s’interroger sur l’émergence de ces nouvelles pratiques et sur ceux qui en sont les acteurs. Ces comportements sont d’autant plus intéressants à décrypter en ces temps où les espaces ruraux, y compris les plus isolés, se recomposent notamment sous l’effet de l’arrivée, pour une large part, d’une population issue de l’espace urbain. La présente contribution s’interroge sur les contextes et conditions favorables à ces projets sociaux et solidaires. Est-ce que les campagnes françaises disposent du potentiel nécessaire à l’essor et la pérennité de ces projets ? Pour répondre à ces questions, nous proposons un outil méthodologique qui consiste dans un premier temps à valider la pertinence d’indicateurs en lien avec la présence d’AMAP. Dans un deuxième temps, ces indicateurs permettent de construire un indice pour évaluer le potentiel d’émergence des AMAP au sein des territoires ruraux français. Ces indicateurs ont trait d’une part au tissu agricole et d’autre part, aux tissus démographique, socioéconomique et associatif. L’unité spatiale de référence adoptée est le bassin de vie. Les résultats obtenus montrent des disparités conséquentes qui traduisent les dynamiques socio-spatiales différenciées au sein des territoires ruraux. Ils mettent également en évidence le caractère endogène du potentiel de ces territoires, revendiqué et exploité par les acteurs locaux dans les processus de recomposition actuellement en cours. The stakes of sustainable development, health crises, but also economic crisis, have affected consumption patterns in France. Thus, solidarity initiatives to promote short food supply chains, through which the consumer wants to be a “consum’actor”, tend to develop. This is the context where the AMAP (Association for the maintenance of peasant farming - a french version of CSA), which are intended to carry “solidarity” values, and turned towards an “authentic” and “safe” agriculture, spread in. Marginal phenomenon or awakening of civic consciousness, we should question about the emergence of these new practices and those who are their actors. These behaviors are even more interesting to decrypt at a time when rural areas, including the most isolated, are in particular recomposed under the effect of the arrival, in large part, of a population coming from urban space. The present contribution questions about the favorable contexts and conditions for these social and solidarity projects. Does the French countryside have the potential for the growth and sustainability of these projects ? To answer these questions, we propose a methodological tool that is a first step to validate the relevance of indicators linked to the presence of AMAP. In a second step, these indicators are used to construct an index for evaluating the potential of emergence of AMAP inside the french rural areas. These indicators relate on one side to the agricultural context and, on the other side, to the demographic, social, economic and associative contexts. The adopted spatial unit of reference is the living-basin. The obtained results show consequent disparities that reflect the differentiated socio-spatial dynamics in rural areas. They also highlight the endogenous character of the potential of these territories, claimed and exploited by local actors in the processes of recomposition actually underway.