Désordre écologique, désordre biologique et social / GMOs in Tunisia

La majorité du public manifeste une réticence voire une opposition face aux produits génétiquement modifiés. Quant aux arguments avancés à ce propos, la santé occupe la place centrale. En ce sens, ces produits sont considérés comme des entités pathogènes qui nuisent à la santé du consommateur, menacent sa vie et celle des futures générations. Ce qui nourrit le sentiment de peur des OGM (ou organismes génétiquement modifiés), c'est aussi leur caractère « maléfique », global et irréversible. Car ces produits, en affectant la faune et la flore, portent atteinte à l'équilibre de l'écosystème et à la matrice de la vie. Outre ces risques sur la santé et sur l'équilibre de l'écosystème, les OGM sont représentés comme une atteinte à l'intégrité du pays. En ce sens, ils engendrent la dépossession de ses richesses et de ses spécificités culturelles, par conséquent sa misère et sa subordination aux puissances étrangères et aux multinationales détentrices des OGM. Toutes ces considérations font des OGM le synonyme d'un désordre naturel et social. Certains vont jusqu'à les qualifier de « mal total » ou de « véritable désastre ». L'une des conclusions de l'étude est que le discours populaire relatif aux OGM serait la transposition d'un vécu social contesté et le reflet d'un rapport conflictuel à la société moderne.Most people are reticent, even opposed to Genetically Modified products. Among reasons against GMOs we find that health occupies the most important place: such products are considered as harmful entities for consumers' health, a threat to their life and to future generations. What also feeds the feeling of fear towards GMOs is their “evil”, global, irreversible and evolutionary nature since these products, by affecting fauna and flora, can unbalance the ecosystem equilibrium and the core of life. Apart from the danger they represent for the ecosystem, GMOs are perceived as being a threat to the country's integrity, leading to social and cultural misery as well as to the subordination of the country itself to foreign powers and to multinationals, which detain GMOs. All these considerations make GMOs comparable to a natural, economic, social, cultural, and moral disaster. One of the conclusions of the survey is that the public debate about GMOs could be the transposition of a contested social situation as well as the reflection of a controversial relationship to modern society.