Back to Search Start Over

Dans un (premier+second+nième) temps vs. en (premier+second+nième) lieu : variations diachroniques

Authors :
Myriam Bras
Catherine schnedecker
Bras, Myriam
Michel Aurnague
Cognition, Langues, Langage, Ergonomie (CLLE-ERSS)
Université Bordeaux Montaigne-École pratique des hautes études (EPHE)
Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Fonctionnements Discursifs & Traduction
Linguistique, Langues et Parole (LILPA)
Université de Strasbourg (UNISTRA)-Université de Strasbourg (UNISTRA)
Florence Lefeuvre & Gaetane Dostie
Source :
Symposium S'caladis 2013 'Sens dessus dessous : niveaux et domaines de réalisation du sens', Symposium S'caladis 2013 'Sens dessus dessous : niveaux et domaines de réalisation du sens', Apr 2013, Toulouse, France, HAL, Colloque International A l'articulation du lexique, de la grammaire et du discours : marqueurs grammaticaux et marqueurs discursifs, Colloque International A l'articulation du lexique, de la grammaire et du discours : marqueurs grammaticaux et marqueurs discursifs, Apr 2014, Paris, France
Publication Year :
2013
Publisher :
HAL CCSD, 2013.

Abstract

International audience; Le français contemporain dispose de tout un système d'adverbiaux dits " sériels " construits sur des ordinaux : premièrement, en premier lieu (EPL) et dans un premier temps (DPT) et souvent considérés comme synonymes (Guimier 1996), en raison notamment de leur fonction qui consisterait à " accompagner l'énumération sans fournir de précision autre que le fait que le segment discursif qu'ils introduisent est à intégrer de façon linéaire dans la série " (Turco & Coltier, 1988, 57), la cohésion des fragments ainsi construits tenant précisément à l'étroit rapport d'interdépendance entre les segments corrélés. Or la synonymie semble d'autant plus paradoxale entre EPL et DPT, qui nous intéresserons ici, que i) les bases nominales des expressions ainsi construites ne sont absolument pas synonymes et que ii) la consultation de la base de données Frantext révèle que DPT apparait presque 350 ans après EPL et qu'il est beaucoup moins fréquent qu'EPL. Ces différences de sens et d'usage obligent à questionner l'évolution diachronique de ces deux formes d'une double manière : i) s'agit-il de locutions adverbiales qui, en tant que telles, seraient aujourd'hui figées ? et, le cas échéant, comment s'est opérée l'évolution des deux formes vers le figement et a-t-elle suivi les modèles mis au jour par les théories de la grammaticalisation (i.e. référence à l'extra-linguistique puis au discours, pour reprendre le schéma de Traugott) ? ii) dans l'hypothèse où ces deux expressions découpent toutes deux le discours, le font-elles de manière identique ou le principe dit de persistance permet-il d'expliquer en quoi chacune d'elle partionne le discours à sa manière ? C'est à cette double question que nous essaierons de répondre. Nous commencerons par dégager le sémantisme des deux expressions à partir de celui de leurs composants lexicaux pour déterminer leur degré de figement. Puis nous aborderons la question de leur évolution, qui paraît bien contrastée. En effet, DPT, dans son emploi " princeps ", renvoie à la segmentation chronologique d'un événement du " réel " (cf. 1), preuve de sa valeur temporelle. Il évolue ensuite comme le montre sa capacité à borner des mouvements contre-argumentatifs (cf. 2) qui le dote de " traits " contrastifs : 1) Le député de Toul étant mort, une élection partielle est organisée. Dans un premier temps, la seule candidature républicaine est celle d'un modéré, qui se prononce contre l'amnistie. (Hugo, Depuis l'exil, 1885) 2) Cette division des groupes nationaux en " situations politiques " conduit à conclure dans un premier temps que toutes les combinaisons sont imaginables. Cependant, à y regarder de plus près, on constate que si toutes les combinaisons s'appliquaient (...) (Carrère d'Encausse, Empire éclaté, 1978) Par contraste, EPL apparaît, dès ses premiers emplois (et contre toute attente), dénué de toute valeur spatiale ainsi qu'en témoignent (3) et (4) où il structure le discours (cf. le verbe dicendi de (3)) : 3) Car ses deux yeulx estoient si detenuz à considerer la parfaicte beaulté de son amye, que à peine sçavoit il si songeoit ou si de verité il appercevoit point chose celeste, ou humaine. En premier lieu, il consideroit l'amplitude et spaciosité de son clair front bien arondy, les surcilz plus noircissans que nul jayet faictz en maniere de l'arc d'Amour. Après, s'arrestoit sus la splendeur de ses deux beaulx yeulx relucens, [...] (Flore, Contes amoureux, 1537) 4) Si on allegue que l'Evangile en soit cause, je respon en premier lieu qu'il ne se fault point esbaïr si la clarté chasse les tenebres. (Calvin, Des scandales, 1550) Cela s'explique, en partie, par le fait que très tôt lieu a recouvré une valeur temporelle, bien décrite par le DMF. Est-ce à dire que EPL n'a pas connu d'emplois spatiaux ou que ceux-ci sont bien antérieurs à 1500 ? C'est cette énigme que notre contribution tentera de résoudre.

Details

Language :
French
Database :
OpenAIRE
Journal :
Symposium S'caladis 2013 'Sens dessus dessous : niveaux et domaines de réalisation du sens', Symposium S'caladis 2013 'Sens dessus dessous : niveaux et domaines de réalisation du sens', Apr 2013, Toulouse, France, HAL, Colloque International A l'articulation du lexique, de la grammaire et du discours : marqueurs grammaticaux et marqueurs discursifs, Colloque International A l'articulation du lexique, de la grammaire et du discours : marqueurs grammaticaux et marqueurs discursifs, Apr 2014, Paris, France
Accession number :
edsair.dedup.wf.001..916bd4b520e34a81116b02d66488756c