Les dessous imaginaires du 'cercle vicieux électro-numérique'

International audience; Aucune époque n’a confié son avenir avec autant d’insouciance que la nôtre à un seul modèle énergétique. Alors que la dépendance de nos modes de vie à l’électricité est aujourd’hui presque complète, celle-ci est encore renforcée par la « révolution numérique » en cours. Or, l’électricité n’est qu’un vecteur d’énergie qui masque ses origines terrestres (les sources primaires d’énergie dont elle est toujours massivement le produit). Pour comprendre et donner un sens à ce qui ressemble fort à un aveuglement, cet article propose de recourir à une analyse des imaginaires sociaux et de leurs dynamiques souterraines. L’idée-force défendue ici est que l’électricité se situe au point de jonction et de convergence de deux imaginaires qui s’appuient l’un sur l’autre : d’une part la fiction d’une énergie propre et pure de toute souillure ; d’autre part la fiction d’un individu débarrassé de toutes les formes de contraintes, qu’elles soient sociales ou associées à la nature (hyper-autonomie). L’entrée par la dimension imaginaire nous permet de rendre compte des contradictions et des tensions qui se font jour au cœur de la société électro-numérique, comme celle qui qui consiste à voir dans la « révolution numérique » la solution à la crise écologique actuelle.