Rôles des lisières dans la distribution spatiale de l’entomocénose des vergers de poirier. Identification de l’effet d’une haie composite

National audience; Des études portant sur la distribution spatiale des peuplements d’arthropodes et leur dynamique en verger ont déjà mis en évidence le potentiel des réseaux bocagers comme sources d’auxiliaires. En complément, notre travail a pour but de repérer des spécificités de la distribution spatiale d’un peuplement global d’arthropodes dans un verger de poiriers bordés de haies. Il a été réalisé dans une parcelle de poiriers, Pyrus communis (L.) dans le sud-est de la France sur le domaine de l’INRA d’Avignon L’échantillonnage de l’entomofaune est réalisé par frappage sur les 210 arbres du verger, du printemps jusqu’à l’automne pendant trois années consécutives (2004 à 2006). Ce verger, où aucun traitement chimique n’est effectué depuis 2000 est bordé au nord par une haie composite, au sud par une haie de cyprès, Cupressus sempervirens (L.), et à l’est et l’ouest par d’autres cultures. L’échantillonnage est effectué une fois par semaine pendant la période de prolifération du psylle du poirier, Cacopsylla pyri (L.) (Hemiptère ; Psyllidae), et deux fois par mois en dehors de cette période. Des analyses statistiques (test de Kruskal-Wallis) sont réalisées sur des variables climatiques pour comparer les trois années. Aucune différence n’est observée pour les variables de pluviométrie, température et vent pendant la période de pullulation des psylles. Des analyses spatiales sont réalisées ensuite sur les données à l’aide de tests non paramétriques basés sur les procédures de permutations. Les résultats montrent un effet haie caractérisé par des différences significatives des variables locales (effectifs, richesse, diversité de Shannon), dans une zone proche de la haie composite en comparaison avec les zones à proximité des autres bordures du verger. Cette distribution spatiale qui présente une stabilité temporelle met en évidence deux zones distinctes. Une première zone, moins protégée du mistral par la haie composite, est fortement peuplée par les psylles. L’autre zone mieux protégée du vent par la haie composite abrite une grande majorité des auxiliaires. Cette stabilité de la distribution spatiale suggère que différents facteurs entrent en jeu : (1) climatiques en ce qui concerne le psylle et (2) en relation avec la distance à la haie composite pour les auxiliaires. L’augmentation des effectifs de psylles dans une zone non protégée du vent met en évidence l’impact des conditions climatiques, notamment du vent, sur les agrégations de ce ravageur ainsi que l’intérêt de structures brise-vent dans la gestion de ses effectifs. Le second résultat montre l’importance d’une haie sur les structures de populations, notamment celle des auxiliaires. Cependant la stabilité spatiale temporelle des structures observées suggèrent que de futures études sont nécessaires pour discriminer les facteurs biotiques et abiotiques associés à l’effet de la haie composite. Identifier les facteurs sous-tendus à la distribution des peuplements d’arthropodes des vergers peut avoir des implications importantes en termes de gestion des populations de ravageurs et des stratégies de défenses associées.