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De quoi les discriminations sont-elles le nom ? Les dimensions individuelles et collectives des différences illégitimes de traitement au travail

Authors :
Monchatre, Sylvie
Centre Max Weber (CMW)
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-École normale supérieure - Lyon (ENS Lyon)-Université Lumière - Lyon 2 (UL2)-Université Jean Monnet [Saint-Étienne] (UJM)
Monchatre, Sylvie
École normale supérieure de Lyon (ENS de Lyon)-Université Lumière - Lyon 2 (UL2)-Université Jean Monnet - Saint-Étienne (UJM)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Source :
ACFAS, Colloque 422 « Perceptions de justice et santé au travail », ACFAS, Colloque 422 « Perceptions de justice et santé au travail », May 2021, Sherbrooke, Canada
Publication Year :
2021
Publisher :
HAL CCSD, 2021.

Abstract

International audience; L’ouvrage de François Dubet et alii (2013) « Pourquoi moi ? L’expérience des discriminations » est emblématique d’une approche des discriminations saisies dans le cadre d’une expérience individuelle. Cette approche est d’autant plus légitime que d’un point de vue juridique, la discrimination relève de « différences de traitement illégitimes » (Lochak, 1987). Elle est ainsi construite comme une source de distinction négative des individus, sur la base de critères prohibés par la loi et pour ce qui concerne une situation également visée par la loi (telle que, pour le domaine professionnel : l’accès à l’emploi, le licenciement, les sanctions disciplinaires, la carrière, la rémunération, l’accès aux avantages sociaux). De fait, la législation française anti-discrimination s’inscrit dans une grammaire civique qui repose sur des principes méritocratiques de promotion de l’égalité des chances (Chappe, 2019). La loi de 2001 a d’emblée posé un cadre d’action visant, non à donner des droits spécifiques à des groupes discriminés (ce qui aurait attisé le spectre du communautarisme) ni à nier la reconnaissance des différences (comme l’aurait voulu une politique assimilationniste), mais à préserver les droits fondamentaux des individus à s’intégrer dans l’emploi.Cette approche individualiste des discriminations laisse toutefois dans l’ombre d’autres formes d’expériences discriminatoires. Si les discriminations se traduisent, de fait, par un sentiment individuel d’injustice d’autant plus aigu que les individus ont la possibilité de comparer leurs positions respectives au sein d’un collectif donné, elles peuvent également prendre la forme d’expériences plus collectives. Celles-ci résultent notamment de pratiques ségrégatives, attestant d’une « mobilisation différentielle des groupes sociaux » au sein du salariat (Monchatre, 2011) et se traduisant par des formes d’exploitation spécifique dont nous faisons l’hypothèse que la santé constitue un indicateur prégnant. Sur la base d’une recherche en cours concernant l’impact des discriminations sur la santé, nous proposons d’analyser leurs manifestations dans les services marchands où s’observe une importante ethnicisation des qualifications. Nous nous demanderons plus particulièrement dans quelle mesure la division du travail y est vécue comme immorale et susceptible d’affecter la santé de celles et ceux qui s’y trouvent durablement relégué.es. Il s’agira notamment de documenter les situations de travail pathogènes qui font entrave à la capacité des salariés de produire de nouvelles normes de vie (Canguilhem, 1966) et, notamment, de négocier ou d’aménager les « usages de soi par soi et par les autres » (Schwartz, 1987). La question sera plus largement de savoir comment un traitement différentiel peut être vécu comme une discrimination collective et faire l’objet d’une interrogation en termes de « pourquoi nous? ».

Details

Language :
French
Database :
OpenAIRE
Journal :
ACFAS, Colloque 422 « Perceptions de justice et santé au travail », ACFAS, Colloque 422 « Perceptions de justice et santé au travail », May 2021, Sherbrooke, Canada
Accession number :
edsair.dedup.wf.001..5cf84f6d4f3b8732b7cb3b51ef37ed41