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D'Igitur à la Jeune Parque : le destin d'une Ombre

Authors :
Laurent Bruno Mattiussi
MARGE
Université Jean Moulin - Lyon 3 (UJML)
Université de Lyon-Université de Lyon
Mattiussi, Laurent Bruno
Source :
La Revue des Lettres Modernes. Paul Valéry, La Revue des Lettres Modernes. Paul Valéry, 2006, 11, pp.59-73, La Revue des Lettres Modernes. Paul Valéry, Classiques Garnier, 2006, pp.59-73, HAL
Publication Year :
2006
Publisher :
HAL CCSD, 2006.

Abstract

International audience; Dans La Jeune Parque, se joue à un double titre le destin d'une Ombre. Cette Ombre, c'est d'abord celle de Mallarmé. Peu après la mort du poète, Valéry entreprend d'écrire un " tombeau de Mallarmé ", monologue d'une ombre ou dialogue entre le jeune poète et l'ombre du défunt. Certains éléments de ces ébauches se retrouvent dans La Jeune Parque, qui pourrait ainsi constituer l'aboutissement de ce projet avorté. Cette Ombre, c'est en second lieu Igitur, le héros d'un récit dont Valéry lit le manuscrit en 1905 et qui met en scène le drame du " moi pur " : la formule de Valéry se trouve dans le texte de Mallarmé. Surtout, le drame d'Igitur est celui d'un " néant central ", d'un " central rien ", d'une " vacance de soi ", formules qui toutes expriment l'" absence de moi " éprouvée par Mallarmé-Igitur. Ce moi vide, blanc, nul, mais aussi nocturne, ce soleil noir qui engendre tour à tour le drame diurne du faune et le drame nocturne d'Hérodiade, Mallarmé l'appelle " le pur de nous-mêmes ", ce qui en l'homme refuse de se reconnaître dans la contingence, le hasard de l'existence et du monde. C'est l'" ange " étranger à toute extériorité qui s'esquisse dans la vitre des Fenêtres. Comme dans La Jeune Parque, le motif narcissique est capital dans Igitur, où le héros cherche à se " mirer dans un soi propre ", un soi purifié de la contingence, du hasard inhérent à tout ce qui n'est pas essentiellement soi, sinon dans la fiction. L'écriture dans laquelle le moi devient soi est ainsi un " fil arachnéen ", une " toile arachnéenne " : cette métaphore nous reconduit à la Parque, emblème de l'" écriture fatale " évoquée par L'Amateur de poèmes, qui réalise en quelque sorte " le hasard annulé " d'Igitur. Décor, héros, circonstances, signification du drame : les analogies et les coïncidences d'ensemble et de détail sont frappantes entre Igitur et La Jeune Parque, si ce n'est que l'extrême négation mallarméenne se retourne chez Valéry en une affirmation, un élan vers la beauté du monde, auxquels la poésie de Mallarmé se refuse. La Jeune Parque comme destin d'une Ombre, c'est aussi Mallarmé ressuscité, Mallarmé ressurgi de sa cendre, dans une réconciliation quelque peu forcée avec la réalité.

Details

Language :
French
ISSN :
01809466
Database :
OpenAIRE
Journal :
La Revue des Lettres Modernes. Paul Valéry, La Revue des Lettres Modernes. Paul Valéry, 2006, 11, pp.59-73, La Revue des Lettres Modernes. Paul Valéry, Classiques Garnier, 2006, pp.59-73, HAL
Accession number :
edsair.dedup.wf.001..45d8c6323b3bb4a236198b7f3bc1117e