Quelques réflexions autour de la cour angevine comme milieu culturel au XIVe siècle

Le milieu culturel angevin a longtemps été étudié à travers les grandes figures qui l'ont peuplé ou traversé. Parmi elles, le roi Robert occupe une place de choix ; on lui a toujours prêté un rôle de mécène qui mériterait d'être réexaminé. Pour mieux cerner ce milieu, une prosopographie exhaustive du personnel culturel angevin serait nécessaire, qui mettrait en lumière des réseaux ayant aussi existé en dehors du personnage de Robert d'Anjou. En outre, il faudrait doubler cette prosopographie d'une étude précise de l'activité de Robert et de sa cour lors du séjour avignonnais (1319-1324), qui constitue sans aucun doute une césure importante dans l'évolution de la vie culturelle. Le rôle des femmes au sein de ce milieu (celui de la reine Sancia ou de Biella, épouse de Paolo da Perugia, par exemple) et l'absence d'une historiographie proprement angevine dans la première moitié du XIVe siècle sont deux autres aspects qui mériteraient d'être examinés attentivement. Enfin, et peut-être surtout, la bibliothèque perdue du roi Robert, dispersée en 1348, et les conditions matérielles du travail des intellectuels ayant séjourné à Naples sont deux éléments essentiels et méconnus de la vie culturelle dont l'étude permettrait de dépasser l'imprécision ou le pointillisme qui ont trop longtemps caractérisé l'analyse du milieu culturel angevin.
Heullant-Donat Isabelle. Quelques réflexions autour de la cour angevine comme milieu culturel au XIVe siècle. In: L’État angevin. Pouvoir, culture et société entre XIIIe et XIVe siècle. Actes du colloque international de Rome-Naples (7-11 novembre 1995) organisé par l'American Academy in Rome, l'École française de Rome, l'Istituto storìco italiano per il Medio Evo, l'U.M.R. Telemme et l'Université de Provence, l'Università degli studi di Napoli «Federico II». Rome : École Française de Rome, 1998. pp. 173-191. (Publications de l'École française de Rome, 245)