Les conséquences morphologiques des tempêtes et tsunamis sur les littoraux volcaniques de l'île d'Hawaï (Big Island) : genèse de plates-formes de haute mer et dépôts de blocs

La présence d'un littoral sans aucun héritage des variations eustatiques passées, améliore la lecture et donc la compréhension des processus morphogéniques actuels ou sub-actuels sur les côtes volcaniques des îles de point chaud. Les épisodes météo-océaniques exceptionnels et les tsunamis rythment l'évolution des littoraux rocheux de la Grande Île d'Hawaï. Certains événements majeurs peuvent même modifier profondément la morphologie de la frange littorale des îles volcaniques. L'analyse sur le terrain des formes d'érosion et de dépôts a permis de préciser leurs modalités de genèse et leur vitesse de mise en place grâce au marqueur chronologique que constituent les coulées de lave. Une distinction a été faite entre les banquettes d'érosion marine, étroits trottoirs dégagés par le recul de la falaise 1 m en moyenne au-dessus du niveau de la mer, et les gradins de tempêtes, façonnés plusieurs mètres au-dessus du niveau de base lors d'épisodes extrêmes. Le délogement de blocs par les vagues déferlantes mène parfois à la genèse de plates-formes en escalier, les différents niveaux soulignant l'empilement des unités laviques. La hauteur des banquettes reflète aussi souvent la structure de la roche basaltique. Cependant, celle-ci est également fortement tributaire du niveau de pression maximale des vagues lors de fortes houles, plusieurs dizaines de mètres au-dessus du niveau moyen de la mer. L'influence de la bathymétrie locale est un autre paramètre à prendre en compte. La position des plates-formes, la présence de gradins de tempête et la variation de la hauteur des plates-formes selon l'exposition aux houles prouvent l'efficacité érosive des tempêtes. Elles ne jouent donc pas un simple rôle de déblaiement d'une roche ameublie par la météorisation, comme cela a été proposé par certains, le temps d'exposition de la roche ayant été insuffisant sur la côte de Puna, même si localement la corrosion littorale le long des fractures a pu faciliter le démantèlement des blocs. Les produits de l'érosion côtière s'accumulent au pied des falaises. Lorsque l'énergie développée par les vagues de tempête ou de tsunami est suffisante, les blocs délogés sont transportés sur la plate-forme sommitale, parfois sur plus d'une centaine de mètres. Les dépôts de tempêtes et de tsunamis sont souvent difficiles à distinguer, même si certaines caractéristiques peuvent servir à les différencier (variabilité spatiale de l'épaisseur du dépôt de tsunamis, avec souvent la présence d'une couche de sables grossiers). A Hawaï, aucune trace d'un séjour prolongé au pied de l'abrupt côtier n'a été décelée. Les dépôts étudiés à Ka‘ena Point peuvent être considérés comme des dépôts du tsunami de 1975. L'étude des littoraux volcaniques récents donne des indications utiles pour la compréhension du système morphogénique des côtes rocheuses. La comparaison avec les littoraux d'autres volcans actifs ou récemment inactifs pourrait faire progresser les connaissances. Les recherches sur le rôle respectif des tempêtes et des tsunamis dans l'érosion de ces côtes rocheuses, difficile à estimer, sont également à développer.