Gestion du risque chimique : quelle place pour les centres antipoison ?

L’intoxication reste une cause majeure de morbi-mortalité dans le monde. La toxicologie clinique s’intéresse à l’ensemble des effets des xénobiotiques sur l’organisme. Il peut s’agir de médicaments, de substances récréatives, de toxines naturelles (provenant d’un animal, d’une bactérie, d’une plante ou d’un champignon) ou de produits chimiques (domestiques, phytopharmaceutiques, industriels) le plus souvent manufacturés. Connaître et maîtriser les toxidromes requiert une pratique et une expertise. Prendre en charge un patient intoxiqué peut s’avérer difficile, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une situation inhabituelle ou rare. Une des missions des centres antipoison est l’avis et le conseil toxicologique. La France dispose de huit centres antipoison répartis sur le territoire national. La réponse téléphonique à l’urgence, assurée 24h/24 et 7j/7, est ouverte à tout demandeur (professionnel de santé ou non) et constitue une aide dans le diagnostic et la prise en charge des patients intoxiqués. Pour le praticien en charge d’un patient potentiellement intoxiqué, le toxicologue aide à l’évaluation du risque toxique et à l’adaptation de la prise en charge du patient : caractérisation du toxique et de l’exposition, identification d’un toxidrome, détermination du lien entre les signes observés et l’exposition, conseil pour la prise en charge diagnostique et thérapeutique. Les données issues de cette activité alimentent en temps réel les dispositifs de vigilance, et notamment l’activité de toxicovigilance des centres antipoison qui permet de recueillir de façon précoce les signaux d’alerte sanitaire émergents et de mener des travaux de recherche afin de documenter ces risques et mener des actions de santé publique.