Existe-t-il un lien entre la polyarthrite rhumatoïde et l'endométriose chez les femmes non ménopausées ?

L'endométriose est une affection gynécologique chronique qui touche 2 à 10 % de la population féminine en âge de procréation. Il s'agit d'un trouble inflammatoire estrogéno-dépendant. L'hypothèse entre l'inflammation chronique liée à l'endométriose et une dysfonction du système immunitaire dans certaines maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde a été évoquée. Notre objectif est d'évaluer la prévalence de l'endométriose chez les patientes atteintes de PR et de déterminer les facteurs associés. Nous avons mené une étude transversale incluant des patientes non ménopausées atteintes de PR selon les critères ACR/EULAR 2010, menée aux services de rhumatologie et de gynécologie obstétrique A de l'hôpital Charles Nicolle de Tunis, Tunisie. Une consultation en gynécologie avec une échographie pelvienne ont été effectuée pour chaque patiente après son consentement à la recherche de signes en faveur d'une endométriose (signes cliniques et échographique). Par ailleurs, nous avons recueilli les paramètres liés à la PR. Ont été incluses 18 patientes non ménopausées suivie pour une PR, d'âge moyen de 38,3 ± 7,7 ans [18–48 ans]. L'évaluation des plaintes fonctionnelles liées à l'endométriose a montrée : une douleur pelvienne chez 16,7 % des patientes, une dysménorrhée dans 55,6 % des cas nécessitant une prise dans antalgiques dans 38,9 % des cas. Par ailleurs, pas de dysurie ni de dyspareunie rapportées. Une infertilité primaire a été notée dans 16,7 % des cas. Neuf patientes avaient des enfants, avec un nombre moyen de grossesses de 1,44 ± 1,65 [0–5] et une parité moyenne de 1,11 ± 1,23 [0–3]. Quatre patientes avaient eu des fausses couches. L'âge moyen de premier enfant était de 26,75 ± 5,67 ans [17–33 ans]. Une échographie pelvienne a été faite chez toutes les patientes. Un épanchement pelvien a été noté dans deux cas (11,1 %). Une image latéro-utérine d'échogénicité variable a été notée chez trois patientes (16,7 %). Le Sliding Sign était négatif dans tous les cas. L'épaisseur moyenne de l'endomètre était 8,43 ± 3,02 mm [3–12 mm]. Un utérus globuleux a été noté dans 22,2 % des cas. Le diagnostic d'endométriose a été retenu chez trois patientes (16,7 %) en se basant sur les données cliniques et échographiques. Concernant la PR, l'âge moyen de début de la maladie était de 25,33 ± 9,29 ans [4–35 ans]. Le facteur rhumatoïde était positif dans 11 cas et l'anti-CCP dans 12 cas. L'EVA douleur moyenne était de 5,27 ± 2,19 [1–8]. Le score médian de DAS 28 CRP était de 3,75 ± 1,29 [1,39–6,07]. Le score médian de SDAI était de 25,9 ± 17,76 [2–64]. Le score médian de CDAI était de 19,72 ± 11,71 [4–43]. La maladie était active dans 14 cas (77,8 %). L'étude des facteurs de risque associés à l'endométriose a montré: une association significative avec la positivité de FR (p = 0,045), l'EVA douleur (p = 0,033), le DAS28crp (p = 0,017), le SDAI (p = 0,018), le CDAI (p = 0,037). De même, il y avait une corrélation ente la présence de l'endométriose et un âge tardif du premier enfant (p = 0,009). Par contre, il n'y avait pas une association significative entre l'endométriose et l'âge de début de la maladie et la stérilité. La prévalence de l'endométriose dans la PR (16,7 %) semble supérieure à la population générale. Un lien entre ces deux pathologies inflammatoires est probable. Des études à large effectif pourrait aider à mieux caractériser cette association. [ABSTRACT FROM AUTHOR]