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L'agent en psychanalyse lacanienne : considérations théoriques et épistémologiques.
- Source :
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Evolution Psychiatrique . Sep2023, Vol. 88 Issue 3, p395-406. 12p. - Publication Year :
- 2023
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Abstract
- L'objectif du présent article est d'aboutir à une conceptualisation du terme d'agent qui apparaît à plusieurs reprises dans l'enseignement de Lacan. L'enjeu est de produire une théorisation cohérente dudit terme afin de pouvoir le situer dans la praxis psychanalytique et d'étudier l'influence du culturalisme nord-américain sur cette praxis. Notre examen consiste à retracer l'évolution de cette notion d'agent à travers l'enseignement de Lacan. Ce trajet commence officiellement en 1956 mais s'estompe à partir de 1959 afin de faire son retour en 1969 de manière radicalement différente. Il s'agit alors de préciser ce que Lacan entend par « agent » à chacune de ces périodes, et de montrer comment, à chaque fois, il s'appuie sur cette notion non pas pour la conceptualiser en tant que telle, mais pour la faire dialoguer avec les autres concepts psychanalytiques. En retraçant l'évolution du terme, nous arrivons à une conceptualisation de l'agent comme étant équivalent au statut du signifiant comme tel. Il est important donc de distinguer le statut de l'agent de celui du sujet et du moi qui, eux, ne font pas preuve d'une véritable activité. Le signifiant, en revanche, est celui qui permet à l'action d'avoir lieu. Cette équivalence est ainsi implicite mais constante tout au long de l'enseignement lacanien, d'abord en tant que fonction dans l'équation œdipienne et ensuite en tant que place dans la théorie des discours. Nous faisons l'hypothèse que les notions d'agent et d'agentivité sont malmenées dans les écrits psychanalytiques actuels. Cela est dû à une influence culturaliste d'un côté, mais surtout à une interdisciplinarité hâtive, c'est-à-dire qui cherche à nouer la psychanalyse avec d'autres disciplines sans prendre le temps de redéfinir les concepts. L'agentivité est l'exemple parfait : elle est définie du côté des sciences cognitives et sociales puis reprise comme telle par certains psychanalystes sans qu'ils la redéfinissent, ce qui mène à une confusion théorique entre le sujet et l'agent. Une véritable conceptualisation de l'agent à l'intérieur du champ psychanalytique permet d'éviter les confusions théoriques dues à une interdisciplinarité qui ne prend pas le temps de redéfinir les concepts. Il est alors important de faire dialoguer la psychanalyse avec les autres disciplines sans pour autant faire perdre à celle-ci sa particularité. The aim of this paper is to conceptualize the term "agent" which appears multiple times throughout Lacan's teaching. The challenge is to produce a coherent theorization of the term in order to properly situate it in the psychoanalytic praxis and to study the influence of North American culturalism on this praxis. We will examine the evolution of the notion of agent throughout Lacan's teaching. This trajectory begins officially in 1956, then disappears in 1959, only to re-emerge in 1969 in a radically different fashion. It is then a question of specifying what Lacan means by "agent" at each of these periods, and to show how each time he relies on this notion not to conceptualize it as such, but rather to build a dialogue with other psychoanalytic concepts. By following the evolution of the term, we arrive at a conceptualization of the agent as being equivalent to the status of the signifier as such. It is therefore important to distinguish the status of the agent from that of the subject and of the ego, which both seem to not manifest any real activity. The signifier, on the other hand, is that which allows the action to take place. This equivalence is thus implicit yet constant throughout the Lacanian teaching, first as a function in the Oedipal equation and then as an occupation in the theory of discourse. Our hypothesis is that the notions of agent and agency are misused in today's psychoanalytic writings. This is due to an American culturalist influence on one hand, but mostly to a hasty interdisciplinarity, which attempts to link psychoanalysis with other disciplines without taking the necessary time to redefine the concepts at hand. Agency is the perfect example: it is defined by cognitive and social sciences and then reused as such by some analysts without redefining it, which leads to a theoretic confusion between the subject and the agent. A thorough conceptualization of the agent within the field of psychoanalysis allows us to avoid theoretic confusions due to an interdisciplinarity that doesn't take the time to redefine concepts. It is therefore important to establish a dialogue between psychoanalysis and other disciplines without it losing its particularities. [ABSTRACT FROM AUTHOR]
Details
- Language :
- English
- ISSN :
- 00143855
- Volume :
- 88
- Issue :
- 3
- Database :
- Academic Search Index
- Journal :
- Evolution Psychiatrique
- Publication Type :
- Academic Journal
- Accession number :
- 171311795
- Full Text :
- https://doi.org/10.1016/j.evopsy.2023.05.002