La sarcopénie est associé à l'ostéoporose chez les patients en syndrome de grêle court en nutrition parentérale de longue durée.

Le syndrome de grêle court (SGC) est la principale cause d'insuffisance intestinale chronique nécessitant le recours à une nutrition parentérale à domicile (NPAD). Malgré une prise en charge nutritionnelle optimale, ces patients ont un risque important de présenter une sarcopénie, c'est-à-dire une diminution de la force et de la masse musculaire estimée par l'indice de masse maigre appendiculaire (IMMA). La prévalence de la sarcopénie dans l'insuffisance intestinale est de presque 73 %, aucun chiffre n'est actuellement disponible concernant les patients avec un syndrome de grêle court. Le but de ce travail était de déterminer la prévalence de la sarcopénie dans notre cohorte de SGC et d'en déterminer les facteurs de risque. Tous les patients présentant un syndrome de grêle court sous nutrition parentérale ≥ 2 par semaine depuis ≥ 6 mois et hospitalisés pour une évaluation nutritionnelle entre le 1er janvier 2010 et le 1er février 2020 ont été rétrospectivement inclus. La sarcopénie était définie comme une diminution de l'indice de masse musculaire appendiculaire (IMMA) évaluée par absorptiométrie biphotonique avec les seuils de l'European Working Group on Sarcopenia (EWGSOP2) à savoir pour les hommes < 7,0 kg/m2 et pour les femmes < 5,5 kg/m2 ainsi qu'une diminution de la force musculaire de préhension (FM) mesurée par dynamomètre de Jamar en utilisant les seuils liés à l'âge. Les facteurs prédictifs de sarcopénie ont été analysés par une analyse unie et multivariée par régression logistique. Quarante-neuf patients ont été inclus dont 68,4 % d'hommes. L'âge moyen était de 54,5 ± 17,6 ans. La durée moyenne de nutrition parentérale (NP) était de 123,6 ± 104,7 mois. L'IMMA moyen des hommes était de 6,43 ± 0,42 kg/m2 et de 5,03 ± 0,34 kg/m2 pour les femmes. Le ratio FM mesurée sur FM théorique pour l'âge était de 80,7 ± 18,1 %. Au total, 38,8 % des patients étaient sarcopéniques. Il n'y avait pas de différence entre les patients sarcopéniques ou non concernant l'âge, le sexe, la durée de la NP, le type de SGC, l'étiologie du SGC, la longueur de grêle résiduelle, l'absorption intestinale, les apports oraux et la dépense énergétique de repos. Concernant la nutrition parentérale/semaine, les patients sarcopéniques recevaient plus de calories (10,229 ± 4,006 vs 7,452 ± 4,182 kcal ; p = 0,026) et plus de volume (15,5 ± 7,2 vs 11,1 ± 7,1 L ; p = 0,041). Les patients sarcopéniques avaient un IMC significativement plus bas (20,4 ± 2,8 vs 23,1 ± 3,2 kg/m2 ; p = 0,004) de même que le périmètre brachial (25,6 ± 2,6 vs 27,9 ± 4,1 cm ; p = 0,03) comparé aux non sarcopéniques. Les patients sarcopéniques étaient significativement plus ostéoporotiques (70 vs 30 % ; p = 0,003) avec un T score fémoral à −2,9 ± 1,1 (vs −1,9 ± 1,1) (p = 0,004) et une densité minérale osseuse fémorale de 0,867 ± 0,246 (vs 0,935 ± 0,188 g/cm2) (p = 0,023). En régression logistique, seule l'ostéoporose était associée à une sarcopénie (OR 4,3 ; IC [1,1 ; 16,7] ; p = 0,036). Dans notre cohorte de SGC, un tiers des patients présente une sarcopénie malgré des apports plus importants en NP. Seule l'ostéoporose est significativement associée à une sarcopénie dans notre cohorte. [ABSTRACT FROM AUTHOR]