Augmentation constante du nombre d'angioplasties coronaires par habitant : réalité épidémiologique d'une maladie non maîtrisée ou dérive de nos pratiques de soins ?

En France, les dépenses courantes de santé représentaient, en 2016, 266,6 milliards par an. Par ailleurs, les complications induites par les thérapeutiques seraient devenues la troisième cause de morbimortalité après les maladies cardiovasculaires et les cancers. La première angioplastie coronaire percutanée est réalisée en 1977. Le pronostic du syndrome coronaire aigu a été radicalement transformé par l'angioplastie coronaire et les puissants traitements antiplaquettaires. En 2014, environ 226 angioplasties coronaires/100 000 habitants sont recensées en France, la majorité des procédures étant effectuées en situation de maladie coronaire stable, alors qu'aucune étude randomisée n'a démontré à ce jour, dans ce cadre, la supériorité de l'angioplastie coronaire sur un traitement médical optimal en termes de mortalité ou de survenue d'infarctus du myocarde. Le bénéfice d'un dépistage systématique de la maladie coronaire chez les patients asymptomatiques avec fonction ventriculaire normale, diabétiques ou non, n'est pas non plus démontré. Surdiagnostic et surtraitement contribuent, au moins en partie, à l'augmentation constante du nombre de stents par habitant. Dans l'attente des résultats de l'essai prospectif randomisé international ISCHEMIA, des mesures « fortes » de prévention cardiovasculaire – incluant la lutte contre la sédentarité, le tabagisme et la « malbouffe » – sont nécessaires au niveau de la population. Enfin, une meilleure rationalisation de l'offre de soins et de la tarification à l'acte, ainsi qu'une régulation de la prescription des actes devraient être mises en place de façon urgente par les gouvernements sous peine d'une faillite définitive de notre système de santé. [ABSTRACT FROM AUTHOR]