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Adoptions internationales 1990–2012 : l’enfant, ses origines et la perception de son vécu d’adopté.

Authors :
Lebrault, M.
André-Trévennec, G.
Vidailhet, C.
Source :
Neuropsychiatrie de l'enfance & de l'Adolescence. Nov2017, Vol. 65 Issue 7, p415-428. 14p.
Publication Year :
2017

Abstract

Résumé Si abandonner signifie étymologiquement « laisser à la merci de » (en référence aux bébés laissés dans les tours, à la merci des bêtes sauvages), c’est surtout aujourd’hui rompre les liens de filiation qui assurent à l’enfant stabilité, permanence et lui procurent un sentiment de continuité d’être et de sécurité interne. Ces liens lui permettent de se situer dans une histoire, dans un réseau généalogique. Ils lui assurent un ancrage transgénérationnel entre le passé et le futur, ainsi qu’un sentiment d’appartenance à un corps familial. La filiation se réfère à l’acte de procréation, à un cadre législatif et à un acte psychique qui se construit avec le temps et permet de se considérer « fils ou fille de ». Qu’en est-il de ces liens de filiation quand l’enfant a été adopté, quand son histoire a commencé, loin de son pays d’accueil, par un abandon, souvent dans un contexte à hauts risques ? Quels liens garde-t-il avec son passé et son pays d’origine ? Que représente pour lui d’avoir été adopté ? L’organisme autorisé pour l’adoption (OAA) Médecins du Monde (MdM) a mené 3 enquêtes successives et similaires sur le devenir des enfants adoptés. Elles ont porté sur 3 périodes très différentes de l’adoption internationale : 1990–2000 dominée par des enfants originaires de Roumanie et du Brésil, 2001–2005 dominée par des enfants originaires de Chine et 2006–2012 marquée par le tarissement progressif de l’adoption internationale et son évolution vers l’adoption d’enfants à besoins spécifiques : enfants grands (âgés de plus de 5 ans), fratries, enfants malades et/ou handicapés. Un questionnaire adressé aux parents leur a permis de s’exprimer sur la façon dont leur enfant et eux-mêmes ont abordé la question des origines et des liens gardés avec le pays d’origine. Si plus de la moitié des enfants, dès 8 ans et demi, se posent des questions sur leurs origines, cela n’envahit pas leur vie psychique. Il s’agit plus d’un retour vers le pays et sa culture que du désir de retrouver leurs parents. Très peu réalisent le voyage dont les conséquences sont plutôt positives. Ces résultats nous ont incités à mieux préparer les parents parfois surpris, voire inquiets, des questionnements de l’enfant sur son passé. Compte tenu de l’évolution de l’adoption vers des enfants de plus en plus éloignés du projet initial des parents, ce travail a conduit à une professionnalisation de plus en plus grande de l’OAA, dont un travail en partenariat avec les « Consultations, Orientation, Conseils, Adoption » (COCA), tant avant l’adoption qu’après celle-ci. If abandon means etymologically “leaving at the mercy of” (in reference to the babies left in towers, at the mercy of wild animals), it is especially today to break the links of filiation for the child stability, and get him a feeling of continuity to be and of internal security. These links allow him to be situated in a history in a genealogical network. That represents for him a transgenerational anchoring between past and the future, as well as a feeling of membership in a family body. The filiation refers to the act of reproduction, to the legal framework and to the psychic act which builds itself in time and allows to be considered “son or girl of”. What about these links of filiation when the child was adopted, when his history began, far from his host country, with abandonment, often in a high-risk context? What links does he keep with his past and his country of origin? The question is: what does it mean to have been adopted? The NGO Médecins du Monde (MdM) conducted 3 successive and similar surveys on the future of the adopted children. They concerned 3 periods very different from the international adoption: 1990–2000 dominated by children native of Romania and Brazil, 2001–2005 dominated by children native of China and 2006–2012 marked by the progressive drying up of the international adoption and its evolution towards children's adoption at specific needs. If more than half children, from 8 and half years, ask themselves questions on their origins, it does not invade their psychic life. It is more for a travel in the country and its culture than the desire of finding their parents. The consequences of this travel are rather positive. These results incited us to prepare better the parents, sometimes surprised, even worried, by questionings of the child on his past. The evolution of the adoption towards children is more and more distant from the initial project of the parents. We propose to prevent difficulties with the child and the parents, with a specific preparation and support of the families and of the children, a professionalization of the NGO, and a work in partnership with the “COCA”, before the adoption and after this one. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Details

Language :
French
ISSN :
02229617
Volume :
65
Issue :
7
Database :
Academic Search Index
Journal :
Neuropsychiatrie de l'enfance & de l'Adolescence
Publication Type :
Academic Journal
Accession number :
125968948
Full Text :
https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.01.004