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Pyoderma gangrenosum-like à Scedosporium apiospermum.

Authors :
Duretz, C.
Buchlin, P.
Huguenin, A.
Durlach, A.
Hentzien, M.
Mestrallet, S.
Lebrun, D.
Source :
Revue de Médecine Interne. Jun2017 Supplement 1, Vol. 38, pA142-A143. 1p.
Publication Year :
2017

Abstract

Introduction Scedosporium apiospermum est un champignon filamenteux ubiquitaire, saprophyte des sols, des eaux usées et polluées. Il s’agit d’un pathogène opportuniste émergeant, responsable d’infections fungiques profondes et sévères, notamment cutanées, chez le sujet immunodéprimé. Nous rapportons un cas d’infection cutanée à S . apiospermum , chez un patient greffé pulmonaire, dont les lésions cutanées étaient atypiques et mimaient un pyoderma gangrenosum (PG). Observation Un homme de 67 ans, suivi pour une transplantation bi-pulmonaire depuis 2014 et traité par tacrolimus et méthylprednisolone, présentait depuis plus de 6 mois des lésions du membre inférieur gauche, ayant débuté à la face dorsale du pied et s’étant étendues progressivement jusqu’à mi-cuisse. Il n’y avait aucune notion de traumatisme ni plaie initiale du pied. Il s’agissait d’ulcérations à bordure inflammatoire avec exsudat purulent, peu douloureuses et se développant le long du membre selon un profil lympho-cutané de type sporotrichoïde, avec peau péri-lésionnelle scléreuse. Il présentait également une pneumopathie bilatérale hypoxémiante. L’examen anatomopathologique d’une biopsie cutanée révélait des remaniements inflammatoires dermiques riches en polynucléaires neutrophiles, associés à des éosinophiles. Les colorations PAS et Grocott mettaient en évidence de nombreux agents mycéliens sous forme de spores et de filaments septés. La culture bactériologique avec recherche de mycobactéries était stérile. La mise en culture de la biopsie permettait l’isolement de nombreuses colonies de S . apiospermum . Le dosage du β- d -glucane circulant, marqueur sérique d’infection fongique invasive, était fortement positif (414 pg/mL). Le lavage bronchio-alvéolaire révélait la présence de colonies d’ Aspergillus fumigatus , posant le diagnostic d’aspergillose pulmonaire invasive probable, associée à une scedosporiose cutanée. Il n’existait pas d’embole cérébral ni d’endocardite associée. Un traitement par voriconazole et terbinafine était débuté, mais le patient décédait brutalement 7 jours après son admission. Discussion S . apiospermum est responsable d’environ 20 % des infections à champignons filamenteux non aspergillaires. Bien que ce champignon ait une virulence inhérente relativement faible, il est responsable d’infections opportunistes sévères–pulmonaires, ostéo-articulaires, cérébrales, oculaires et cutanées–chez l’immunodéprimé et en particulier chez les greffés d’organe. Les infections cutanées survenant sous tacrolimus sont rarement décrites. L’infection cutanée à S . apiospermum se présente habituellement sous la forme de nodules sous-cutanés souvent associés à de la nécrose, d’ulcérations purulentes, d’abcès non drainants, ou d’érythème infiltrant. Dans cette observation, l’atteinte cutanée était apparente à celle d’un PG tant sur les plans clinique qu’histologique. De nombreux cas d’infections fungiques PG-like, dues à des champignons tels que Sporothrix schenckii , Cryptococcus spp., Blastomyces spp., Rhizopus arrhizus et Penicillium marneffei ont été décrits, mais aucun cas d’infection fungique PG-like à S . apiospermum n’a encore été rapporté à notre connaissance. Cette présentation clinique est également atypique dans la disposition sporotrichoïde des ulcérations. S . apiospermum est une cause fungique rare d’infection lympho-cutanée de type sporotrichoïde, imitant un certain nombre de pathogènes fongiques, bactériens, mycobactériens, parasitaires et viraux. Les principaux micro-organismes à l’origine de ce type d’infection sont S . schenckii , Nocardia brasiliensis , Mycobacterium marinum et Leishmania spp. En 2015, Boyce et Collins ont rapporté seulement 13 cas d’infections lympho-cutanées de type sporotrichoïde, qui étaient dues à S . apiospermum . Conclusion Chez un patient immunodéprimé présentant des lésions cutanées évocatrices d’un PG, il faut éliminer une étiologie infectieuse, en particulier fungique, dont l’évolution, en l’absence de thérapeutique adaptée, peut être fatale. [ABSTRACT FROM AUTHOR]

Details

Language :
French
ISSN :
02488663
Volume :
38
Database :
Academic Search Index
Journal :
Revue de Médecine Interne
Publication Type :
Academic Journal
Accession number :
123160546
Full Text :
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2017.03.186