1. Fin de vie et souffrance psychique intolérable. Contiguïté éthique ou option législative : quel paradigme retenir ?
- Author
-
Thomas, Philippe, Billon, Remy, and Hazif-Thomas, Cyril
- Abstract
Les patients en fin de vie dans de nombreux pays peuvent avoir accès légalement à une euthanasie, à une aide au suicide ou à un suicide assisté. La souffrance psychique intolérable, associée ou non à des pathologies incurables et/ou délabrantes, au-delà des possibilités thérapeutiques, est au cœur de leur demande. Celle-ci est cependant difficile à évaluer par tiers, toute souffrance étant par nature subjective. De plus, elle interpelle particulièrement le corps soignant lorsque le malade n'est pas dans une proximité de mort naturelle. Il est difficile d'affirmer l'incurabilité d'une maladie psychiatrique et d'une souffrance intolérable, critère subjectif à accueillir en tant que tel par les donneurs de soins. Les capacités de discernement et les prises de décisions d'un patient submergé par sa douleur morale sont altérées, et une personne âgée peut présenter des troubles cognitifs, ce qui doit être évalué dans sa demande d'aide active à mourir. Nous analysons dans cet article la complexité de l'approche de la souffrance psychique intolérable. Celle-ci relève de problématiques sociétales, des conséquences des maladies somatiques souvent invalidantes, de problèmes psychiatriques ou de difficultés psychologiques, en particulier existentielles. Nous insistons sur la nécessité de l'évaluation chez la personne âgée de ses capacités décisionnelles et sur l'importance de l'accompagnement des personnes en attente de cette aide active à mourir. L'approche du patient atteint de plusieurs pathologies chroniques passe par un dialogue loyal dans lequel il sera possible de clarifier précisément ses priorités et ses préférences. Ces priorités ne sont pas exclusivement médicales. L'approche des souffrances insupportables en fin de vie ou dans d'autres circonstances est nécessairement globale, holistique, bio-psycho-sociale. End-of-life patients in many countries have legal access to euthanasia, support for suicide, or assisted suicide. Intolerable psychological suffering, whether or not associated with incurable and/or debilitating pathologies, beyond the therapeutic possibilities, is at the very core of their request. It is, however, difficult for third parties to evaluate such suffering since all suffering is inherently subjective. Moreover, it is particularly challenging for caregivers and medical staff when the patient is not close to a natural death. It is difficult to ascertain the incurability of a psychiatric illness and intolerable suffering, which is a subjective criterion to be accepted as such by the nursing staff. The capacity for discernment and decision-making of a patient overwhelmed by his/her moral pain is impaired, and an elderly person may present cognitive disorders, which must be assessed in his/her request for active assistance in dying. In this article, we analyze the complexity of the approach to intolerable mental suffering. Such suffering is related to societal issues, the consequences of often incapacitating psychiatric problems and psychological difficulties, particularly existential ones. We insist on the necessity of evaluating the cognitive capacity of elderly persons to make such a decision and on the importance of the accompaniment of those awaiting active assistance in dying. Decision-making and care for seniors with multiple chronic conditions must focus on the seniors' priorities and on their quality of life. These priorities are not exclusively medical. The general approach to unbearable suffering at the end of life or in other circumstances is necessarily global, holistic, and bio-psycho-social. [ABSTRACT FROM AUTHOR]
- Published
- 2023
- Full Text
- View/download PDF