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Quand la main de fer du despotisme s’est long-tems appesantie sur un peuple, elle a su le dégrader au point de lui faire perdre tous les traits primitifs de la nature : plus de candeur, plus d’héroïsme, plus de confiance, plus d’énergie, plus d’union, plus de bonne foi, plus d’esprit public ; le sceau de l’esclavage a tout flétri, tout abâtardi ; les sentimens qui prédominent sont la terreur et la soumission, la flatterie et la pusillanimité, l’ambition et l’intrigue, l’égoïsme et la cupidité...

Pourquoi exhumer aujourd’hui ce texte publié par Billaud-Varenne en pluviôse an III (janvier-février 1795) ? Obstination commémorative en ces temps de Bicentenaire ? De fait, voilà plus d’une décennie que nous multiplions les références aux Principes régénérateurs du systême social. N’y a-t-il pas matière, d’ailleurs, à circonstances atténuantes ? Face au "silence" de "la célébration sur les biographies" des révolutionnaires, Mona Ozouf n’observait-t-elle pas que "nul ne se soucie vraiment de...

Vous Romains, seulement, consentez d’être heureux : Ne vous trahissez pas ; c’est tout ce que je veux. Mort de César, tragédie. L’origine de l’univers se perd dans la nuit des temps, comme sa fin, dans le vague incalculable de l’avenir. Sans doute pendant cet intervalle immense de siècles, des millions de peuples, après d’être formés en corps social, se sont éteints et renouvelés tour-à-tour ; leurs annales ont également été dévorées, et englouties à la longue dans un étemel oubli. Mais s’il ...

Si les bonnes mœurs sont les colonnes des républiques, un gouvernement sage est le cachet des bonnes mœurs. C’est de cette source qu’elles découlent toujours ; parce que le gouvernement fixant seul le sort de tous les citoyens, chacun se trouve obligé de régler sa conduite, ses projets, ses desirs, d’après ce qu’il y a à faire pour atteindre le bonheur, qui est le but et la fin de tout être vivant. Si donc l’honneur, le désintéressement, la simplicité, la franchise, le zèle du bien public for...

International audience; Les écrivains modernistes se sont souvent posés contre les Lumières et contre leurs héritiers. Alors que l'École diffuse la synthèse républicaine, nombreux sont les écrivains, de Claudel aux surréalistes, qui la rejettent. Ses défenseurs, d'Anatole France à Julien Benda, sont les souffre-douleur des surréalistes. C'est ce que tente de montrer un parcours à travers plusieurs générations d'écrivains du siècle dernier.

Jacques-Nicolas Billaud-Varenne (1756-1819) demeure un méconnu de l’historiographie révolutionnaire. En rééditant les Principes régénérateurs du systême social, opuscule publié en pluviôse an III (janvier-février 1795), peu de temps avant la déportation de l’auteur à Cayenne, on souhaite ici éclairer un moment essentiel dans l’élaboration de la « synthèse républicaine ». C’est aussi « une nouvelle manière d’écrire l’histoire de la Révolution française » (Michel Vovelle). Un retour critique au texte met en lumière, d’une part, l’acculturation d’un révolutionnaire de premier plan, d’autre part, les thèmes récurrents du discours jacobin. L’essai de Billaud-Varenne est, en effet, une expression du projet montagnard d’« institutions civiles ». Projet d’un lien social pour « mettre en action la morale » et « la donner pour base à la politique », espérance d’un nouvel espace public de réciprocité fraternelle où la citoyenneté compte au rang des droits naturels. Ainsi se dévoile une philosophie de la Révolution française qui n’est pas sans rapport avec la pensée allemande contemporaine de l’événement révolutionnaire.