Lantoine, Jennifer, Cercy, Christine, Créteur, Yves, Canonne, Marc, Deschodt, Laurent, Ethmane, Sidi Mohammed, Notte, Ludovic, Oudry-Braillon, Sophie, Rappasse, Julien, Teysseire, Géraldine, VINCENT, Vaiana, Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Centre Michel de Boüard - Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (CRAHAM), Université de Caen Normandie (UNICAEN), Normandie Université (NU)-Normandie Université (NU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), and Inrap Hauts-de-France
L’intervention a permis de définir avec précision l’emplacement de l’ancienne abbaye augustine Notre-Dame d’Hénin, pour laquelle la majorité de la littérature consultée déplorait l’absence de positionnement précis. De cette abbaye, presqu’aucune documentation n’est conservée, puisque les fonds propres sont détruits entre 1791 et 1915, et que les interventions antérieures sont peu renseignées. Avec Saint-Calixte de Cysoing, Saint-Christophe de Phalempin, et Saint Vindicien du Mont-Saint-Éloi, Notre-Dame d’Hénin, est, à notre connaissance la quatrième abbaye augustine fouillée dans la région, et la troisième de la congrégation d’Arrouaise. Les points de comparaisons avec ces édifices sont nombreux, ainsi qu’avec la collégiale Saint-Amé de Douai.Les bâtiments monastiques et les constructions de service sont en grande partie inclus dans l’emprise, l’abbaye dans son ensemble s’étendant vraisemblablement vers le nord. Les vestiges sont bien conservés, les séquences, hors éventuelles structures excavées, représentant une puissance stratigraphique parfois supérieure à 1,5 m. L’intervention, si elle n’a pas permis de lever un plan précis, a mis en évidence des vestiges dispersés sur toute l’emprise.Six phases ont été déterminées à l’issue de l’analyse stratigraphique, dont trois concernent l’abbaye augustine. À ce stade, il est délicat de proposer une chronologie fine des vestiges, le nombre de restes céramique par ensemble n’excédant pas 9. Pour autant, le mobilier céramique, bien que rare, est homogène. L’identification de certaines structures à la première phase d’occupation monastique s’appuie sur des éléments indirects. La phase suivante est un peu plus simple à appréhender, puisque l’établissement monastique se dote de constructions puissamment fondées, en craie locale et en grès, et dont l’orientation perdure dans le parcellaire jusqu’à nos jours. Un apport massif de remblai sert d’assise aux bâtiments. Sans être très épais, ce remblai couvre une surface minimale estimée à 3 400 m². Quelques fragments de céramique permettent de proposer le XIIIe siècle comme TPQ à cette phase. Les constructions occupent surtout la partie centrale et septentrionale de l’emprise diagnostiquée : du nord au sud, la salle capitulaire ou l’église abbatiale, aux nombreuses sépultures et à l’élévation en grès, vers le sud, des édifices qu’il est délicat d’identifier avec précision, flanqués d’une « galerie » ou d’un couloir, enfin, au sud de l’emprise, des bâtiments dont l’un pourrait être doté d’un cellier. Les bâtiments les plus méridionaux ont vraisemblablement subi un incendie au cours du bas Moyen Âge. Pour cette période, le tracé de la clôture orientale n’est pas connu avec certitude, mais il est possible qu’il soit matérialisé au sol par un large fossé, comblé à partir du milieu du XVIe siècle.C’est le déplacement supposé de la limite orientale qui marque le début de la 4e phase d’occupation du site. Sur une partie de l’ancien fossé, on édifie des constructions en briques, interprétées comme de possibles bâtiments de service. Ces constructions datent des Temps modernes.Les 31 tombes relevées au cours du diagnostic se situent soit dans des bâtiments, soit dans une vaste cour à l’est, qu’on interprétera en première instance comme le ou l’un des cimetières monastiques. La densité des tombes est relativement forte dans certains sondages profonds, mais elle n’a pu être évaluée sur la totalité de la surface, ni êtreappréhendée en épaisseur.