Cette thèse s’intéresse à l’accumulation de stocks de matières, appréhendée comme une production d’espace, en France depuis 1945. Ce processus est étudié au travers d’une histoire environnementale des grandes infrastructures. En examinant leur métabolisme, et en multipliant les points de vue (depuis les sols, les laboratoires, les chantiers ou les carrières), nous montrons que la production d’espace est synonyme de Capitalocène, d’extractivisme, de désencastrement, d’industrialisation, et de valorisation des déchets. Au-delà de nouvelles constructions, elle est une opération de stabilisation, d’entretien, de maintenance et d’extension des espaces produits. Au fil des chapitres, sont mis en évidence l’attention permanente et les importants investissements (monétaires, techniques, cognitifs et logistiques) nécessaires pour surmonter les multiples crises et contestations que cette production engendre. Ainsi, elle requiert un travail idéologique de naturalisation du bâti, une prise en charge et une planification croissante (économique et territoriale) des carrières et des espace-déchets. This thesis focuses on the accumulation of material stocks, perceived as a production of space, in France since 1945. This process is studied through an environmental history of large-scale infrastructures. By examining their material flows, and by multiplying the points of view (from soils, laboratories, worksites, or quarries), we show that it is synonymous with Capitalocene, extractivism, disembedding, industrialization, and waste recovery. The production of space is as much about the stabilization, maintenance, upkeep, and extension of existing stocks as of new constructions. The chapters highlight the permanent attention and the substantial investments (monetary, technical, cognitive, and logistical) necessary to overcome the multiple crises and tensions that this production generates. It demands very particular landforms, the stability of soils and basements, an ideological work of naturalization of the built environment, and growing management and (economic and spatial) planning of extractive and waste spaces. Esta tesis se centra en la acumulación de stocks de materiales, entendida como producción de espacio, en Francia desde 1945. Este proceso se estudia a través de una historia ambiental de las grandes infraestructuras. Examinando su metabolismo, y multiplicando los puntos de vista (desde suelos, laboratorios, obras o canteras), mostramos que la producción del espacio es sinónimo de Capitaloceno, extractivismo, desforestación, industrialización y valorización de residuos. Más allá de las nuevas construcciones, es una operación de estabilización, conservación, mantenimiento y ampliación de los espacios producto. A lo largo de los capítulos se destaca la atención permanente y las importantes inversiones (monetarias, técnicas, cognitivas y logísticas) necesarias para superar las múltiples crisis y disputas que engendra esta producción. Así, requiere un trabajo ideológico de naturalización del medio construido, de ordenación y creciente planificación (económica y territorial) de canteras y baldíos.