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The reform of China’s housing system has gone through a complex historical process from private real estate before 1949 to public ownership and then partial privatization. These successive temporalities of housing rights (space rights) can be seen as a concentrated expression of the social transformation process in China. This paper aims at emphasizing both process and structures, revealing a complex relationship between government, market and society, but also the characteristics of the regime behind the events and phenomena described.The research is based on a longitudinal fieldwork and was conducted by a team of teachers and students from Tsinghua University. From the perspective of the politics and sociology of action, housing is the most important contributing factor for the quality of life; to safeguard legal residence rights as well as property rights means to safeguard human rights in the sense of rights of subsistence.Therefore, to safeguard legal residence rights and to pursue social justice are citizens’ most relevant political issues. La réforme du système de logement chinois a subi un processus historique complexe, depuis l’immobilier privé pré-1949 jusqu’à la propriété publique, avant la privatisation partielle. Ces temporalités successives des droits concernant le logement (les droits concernant l’espace) peuvent être considérées comme une expression concentrée du processus de transformation sociale en Chine. Cet article vise à mettre l’accent à la fois sur les processus et les structures, pour révéler la relation complexe qui existe entre gouvernement, marché et société, mais aussi sur les caractéristiques du régime présent derrière les événements et les phénomènes qui sont décrits.La recherche est basée sur un travail de terrain longitudinal qui fut conduit par une équipe d’enseignants et d’étudiants de l’université de Tsinghua. Du point de vue des politiques et de la sociologie de l’action, le logement est le facteur le plus important de la qualité de vie ; préserver les droits légaux de résidence et les droits de propriété équivaut à préserver les droits humains, au sens du droit à la survie.Ainsi, préserver les droits légaux de résidence, viser la justice sociale relève des questions politiques les plus pertinentes pour les citoyens. Las reformas del sistema habitacional chino se desplegaron a través de un proceso histórico complejo: del mercado inmobiliario privado, antes de 1949, a la propiedad pública, dirigiéndose más tarde hacia una privatización parcial. Estas temporalidades sucesivas relativas al derecho a la vivienda (space rights) pueden considerarse como una expresión concentrada del proceso de transformación social en China. El presente artículo examina a la vez el proceso y las estructuras, y revela, detrás de los acontecimientos y fenómenos descritos, una relación compleja entre gobierno, mercado y sociedad, así como ciertas características del régimen. La investigación, un trabajo de campo longitudinal realizado por un equipo de profesores y estudiantes de la Universidad de Tsinghua, está basada en la perspectiva de la acción, desde los campos de la sociología y la politología. Dichos campos muestran que la vivienda es el principal factor contributivo a la calidad de vida. En este marco, salvaguardar los derechos a la vivienda y a la propiedad concurre a la protección de los derechos humanos, en el sentido del derecho a la subsistencia. Para los ciudadanos, la protección legal de los derechos de residencia y vivienda, y la búsqueda de justicia social, son cuestiones políticas de primer orden.

Introduction My fluid thinking began when Professor Laurence-Berger invited me to co-edit a panel of articles on Chinese Temporalities for the French academic journal Temporalités, centering on the relationship between the concept of Chinese temporalities and the several manifestations of China as a modern, national, political entity. I myself define the concept of temporalities in terms of its methodological meanings, by emphasizing its multidimensional nature: first of all, the concept of t...

This paper analyzes post-Mao China as a complex risk society in which social, economic, and ecological risk syndromes pertaining to highly diverse levels and systems of development are manifested simultaneously. Complex risk society is a theoretical extension of Ulrich Beck’s thesis on risk society, focusing on complex developmental temporalities that are pervasively symptomatic of rapidly but asymmetrically developing political economies. In my earlier study, Korea was defined as a complex risk society in which risk syndromes of developed, un(der)developed, and compressively developing societies are concurrently generated. In the current study, post-Mao China is also analyzed as a complex risk society which is, in fact, more complex than Korea. Paradoxically, due to its explosive development in the post-Mao era which even dwarfs Korea, China is now confronted by all of its capitalist neighbour’s risk syndromes. Besides, due to its so-called gradual approach to reform, China is beset with a complicated mix of socialist and post-socialist (marketized) syndromes of risks. Gradual reform is in practice a sort of peripatetic pluralism in economic and social reform for maximizing developmental utilities of all types of human, material, and institutional resources—a policy line inevitably accompanied by similarly plural sources and factors of social, economic, and ecological risks. The unprecedented temporal and systemic complexity in China’s risk structure has crucial implications for the country’s much deplored tendency for inequalities. In particular, class inequalities and regional disparities seem to be manifest in risk dimensions no less critically than in material dimensions. The state’s developmentalism alone is no solution for risk complexities or inequalities. Cet article analyse la Chine post-Mao en tant que société du risque complexe dans laquelle les syndromes de risque social, économique et écologique consécutifs à des niveaux et systèmes de développement très divers se manifestent simultanément. La société du risque complexe est une extension théorique de la thèse d’Ulrich Beck sur la société du risque, concentrée sur les temporalités complexes de développement qui sont généralement symptomatiques de systèmes politiques économiques à développement rapide mais asymétrique. Dans mon étude précédente, la Corée était définie comme une société du risque complexe dans laquelle des syndromes de risque tenant à des sociétés développées, sous-développées ou à développement compressé étaient générés simultanément. Dans cette présente étude, la Chine post-Mao est également analysée comme une société du risque complexe, qui est, de fait, plus complexe encore que la Corée. De façon paradoxale, à cause de son développement explosif durant l’ère post-Mao, qui éclipserait presque celui de la Corée, la Chine est aujourd’hui exposée à tous les syndromes de risque de son voisin capitaliste. De plus, à cause de son approche soi-disant graduelle de la réforme du système, la Chine est affectée d’un mélange compliqué de syndromes de risques socialistes et post-socialistes (tenant à l’économie de marché). La réforme graduelle est en pratique une sorte de pluralisme erratique dans les domaines économique et social pour maximiser l’utilité pour le développement de toutes les ressources humaines, économiques et sociales – une ligne politique inévitablement accompagnée de sources et facteurs tout aussi divers de risques sociaux, économiques et écologiques. La complexité temporelle et systémique sans précédent de la structure du risque en Chine a des conséquences cruciales sur une tendance fort déplorée aux inégalités. En particulier, les inégalités de classe et les disparités régionales semblent se manifester tout autant dans la dimension du risque que dans la dimension matérielle. Le développementalisme d’État n’est en rien à lui seul la solution contre les complexités des risques et des inégalités. Este artículo analiza la complejidad de la China post-Mao en su calidad de sociedad de riesgo, sociedad en la que se manifiestan simultáneamente signos de riesgo social, económico y ecológico relativos a niveles y sistemas de desarrollo muy dispares. El concepto de sociedad de riesgo complejo (complex risk society), extensión teórica de la tesis de Ulrich Beck sobre la sociedad de riesgo, se focaliza en las temporalidades complejas de desarrollo (complex developmental temporalities), sintomáticas de políticas económicas activas, veloces, aunque desequilibradas. En un estudio previo he definido a Corea como una sociedad de riesgo complejo en la que se generan paralelamente los síndromes de riesgo de sociedades desarrolladas, sub-desarrolladas (un[der]developed) y en vías de desarrollo comprimido (compressively developing). Asimismo, en el trabajo que aquí presento, la China de la era post-Mao es analizada como una sociedad de riesgo aún más complejo que la coreana. Paradójicamente, debido a un desarrollo explosivo durante esta era (desarrollo que eclipsa a Corea), China se ve confrontada a los síndromes de riesgo de todos sus vecinos capitalistas. Debido al llamado gradualismo, que caracterizó el programa de reformas (gradual approach to reform), hoy China se ve asediada por una mezcla intrincada de signos de riesgo socialistas y post-socialistas (marketized). En la práctica, la reforma gradual es una suerte de pluralismo errante aplicado a las reformas económicas y sociales con el fin de maximizar las utilidades de todo tipo de recursos, humanos, materiales e institucionales. Inevitablemente, fuentes y factores de riesgo social, económico y ecológico análogamente plurales acompañan esta línea política. La inédita complejidad temporal y sistémica de la estructura de riesgo china tiene efectos cruciales en la –muy deplorada- tendencia del país a la desigualdad. Se trata en particular de desigualdades de clase y de disparidades entre regiones, que parecen manifestarse críticamente tanto en dimensiones de riesgo como en dimensiones materiales. Y el desarrollismo estatal no resuelve por sí solo las complejidades ligadas al riesgo, ni las desigualdades.

Because of its unprecedented speed and scale, urbanization in China during the 1990s is one of the most representative fields in which to explore compressed modernity considering East Asian experiences. This article focuses on a collective litigation including 10,357 people suing the local government for the infringements on their property rights and citizenship during that period of urbanization. To make this massive movement possible under an authoritarian state, a new type of state-individual relationship was created, and a selection mechanism applied to the traditional, subordinate state-individual relationship and the modern, egalitarian state-individual relationship was constructed by the activists. The grassroots development of a strategic use of the law is the key to understanding how this selection mechanism was created. Activists distinguished multiple facets of “law”—literal law, symbolic law and practical law–to conceptualize the new egalitarian relationship through self-empowerment, in order to set the necessary preconditions for protesting, by segmenting the traditional state and to mobilize the network of participation by drawing upon the socialist memory of the “movement to popularize legal knowledge”. The selection mechanism described in this article could be considered as the response from individuals to the state during a time of transformation and shows the implication of temporality in the push and pull between individual rights and government overall control connected to the new and old systems. Tensions exist in this selection mechanism, and a paradox lies in the fact that the struggle for this egalitarian relationship should be based on the precondition that the subordinate relationship be internalized. By analyzing this complex process, this article points to China’s special social-historical process as it heads into modernity in an incremental and continuous way within such a short and compressed period of time, and also tackles the theoretical discussion of individualization from an East Asian perspective. En raison de sa rapidité et de son échelle inédites, l’urbanisation dans la Chine des années 1990 est l’un des champs les plus représentatifs pour explorer la modernité compressée, en prenant en considération ce qui s’est produit dans l’Est de l’Asie. Cet article se concentre sur un cas de contestation collective rassemblant 10 357 personnes poursuivant en justice leur gouvernement local pour avoir empiété sur leurs droits de propriété et sur leur citoyenneté durant cette période d’urbanisation. Pour rendre possible un mouvement d’une telle échelle sous un régime autoritaire, un nouveau type de relation d’État à individu fut inventé, et un mécanisme de sélection fut appliqué à la relation traditionnelle de subordination de l’individu à l’État, avec la construction par les activistes d’une relation moderne et égalitaire. Le développement populaire d’un usage stratégique du droit est la clé pour comprendre comment ce mécanisme de sélection fut inventé. Les activistes distinguaient les multiples facettes du « droit » – le droit littéral, le droit symbolique et le droit pratique – pour conceptualiser la nouvelle relation égalitaire à travers l’autonomisation, afin de poser les conditions préalables nécessaires à la protestation, en segmentant l’État traditionnel, et pour mobiliser un réseau de participants en s’appuyant sur la mémoire socialiste du « mouvement de popularisation de la connaissance du droit ». Le mécanisme de sélection décrit dans cet article pourrait être considéré comme la réponse des individus à l’État pendant une période de transformations et montre l’importance de la temporalité dans la tension qui existe entre les droits individuels et le contrôle gouvernemental généralisé en lien avec l’ancien et le nouveau système. Des tensions existent dans ce mécanisme de sélection, il est paradoxal que la lutte pour une relation égalitaire soit basée sur la condition préalable que la subordination soit intériorisée. En analysant ce mécanisme complexe, l’article attire l’attention sur le processus historico-social chinois qui conduit vers la modernité d’une manière continue et progressive dans un laps de temps remarquablement court et compressé, tandis qu’il s’intéresse également à la question théorique de l’individualisation d’un point de vue est-asiatique. Por su nivel y su velocidad sin precedentes, la urbanización de los años 1990 en China representa uno de los mejores campos para explorar la modernidad comprimida a la luz de la experiencia de Asia oriental. En dicho marco, este artículo aborda una acción de grupo en la cual 10.357 personas demandaron ante la justicia al gobierno local por la violación de sus derechos de propiedad y de su ciudadanía. Un movimiento de tal masividad, bajo un estado autocrático, no fue posible sino creando un nuevo tipo de relaciones estado-individuos. Para comprender cómo fue establecido dicho mecanismo, la clave está en que las masas populares desarrollaron un uso estratégico de la ley. Los activistas distinguieron en ella múltiples facetas: ley literal, ley simbólica y ley práctica. Conceptualizaron así la nueva relación igualitaria, a través del auto-empoderamiento, con el fin de establecer las precondiciones necesarias a la protesta: segmentación del estado tradicional y movilización de la red de participación, ambas basadas en la memoria socialista del “movimiento de popularización del conocimiento jurídico”. El mecanismo de selección descrito en el artículo, que puede considerarse como la respuesta de individuos frente al estado durante un periodo de transformaciones, ubica a la temporalidad en el tira y afloje entre derechos individuales y control total del gobierno, tanto respecto al viejo como al nuevo sistema. Existen tensiones en este mecanismo de selección, y una paradoja, puesto que la lucha por la relación igualitaria tiene como condición la internalización de la relación de subordinación. Al analizar este fenómeno complejo, el artículo no sólo subraya el particular proceso socio-histórico de China, que va hacia la modernidad de un modo incremental y continuo en un periodo de tiempo extremadamente corto y comprimido, sino que permite abordar la discusión teórica sobre la individualización, desde una perspectiva asiático-oriental.

La société chinoise aujourd’hui peut être définie comme produisant différentes formes de compressed modernities où se contractent et s’entrelacent des temporalités historiques, sociales, politiques, économiques, mais aussi individuelles et collectives. Nous introduisons ici la notion de temporalité « contractée » qui favorise la superposition, l’intensification et la multiplication de risques sociaux, économiques, écologiques et sanitaires. Temporalités et espaces s’agencent en Chine de manière flagrante dans la production de mobilités, migrations et circulations très intenses aujourd’hui. La conquête de soi apparaît comme une question d’intensité liée à l’accélération des temporalités sociales et économiques objectives et subjectives ; se construit alors la figure d’un Individu compressé dans la société chinoise. Les temporalités collectives favorisent des micromobilisations où s’ouvrent des micro-arènes publiques et où se construit, en contexte autoritaire, de la démocratie « par le bas ». Chinese society today can be defined as producing different forms of compressed modernity, in which historical, social, political and economic, but also individual and collective temporalities tighten and intertwine. We introduce here the notion of “compressed temporality”, which favors the superposition, intensification and multiplication of social, economic, ecological and sanitary risks. Temporalities and spaces in China today combine to produce mobilities, migrations and very intense circulations. The conquest of self emerges as a question of intensity linked to the acceleration of objective and subjective social and economic temporalities; the figure of a “compressed Individual” then materializes in the society. Collective temporalities give way to micro-mobilizations that foster public micro-arenas where, in an authoritarian context, democracy is built “bottom-up”. La sociedad china actual puede definirse como una sociedad que produce diversas modernidades comprimidas (compressed modernities), en las que se contractan y entrelazan temporalidades individuales y colectivas, temporalidades históricas, sociales, políticas y económicas. Introducimos aquí la noción de temporalidad comprimida que favorece la superposición, intensificación y multiplicación de riesgos sociales, económicos, ecológicos y sanitarios. En la actualidad, temporalidades y espacios se conjugan de modo flagrante en la producción de movilidades, migraciones y circulaciones muy intensas. La conquista de sí es un asunto de intensidad ligado a la aceleración de las temporalidades sociales y económicas, objetivas y subjetivas. Desde esta perspectiva, se construye la figura de un Individuo comprimido en la sociedad china. Las temporalidades colectivas favorecen las micro-movilizaciones en las que se abren micro-arenas públicas que permiten construir, en un contexto autoritario, cierta democracia “desde abajo”.

Foxconn is a distinctive example of compressed modernity in China, which reworks the temporality and spatiality of globalized production and consumption that not only seriously affect human societies in general, but also specifically the new generation of the Chinese working class. Having grown into monopoly capital on the world market, Foxconn stands out as the new phenomenon of capital concentration and centralization, because of its speed and scale of capital accumulation in all regions of China. Unprecedented in history and incomparable to other enterprises all over the globe, Foxconn now has over one million staff and workers in its industrial empire, and is the sole manufacturer for Apple and other brands. This article looks at how Chinese migrant workers, especially Foxconn workers, were induced to work in the world’s largest electronics factory, subjected to multiple pressures of time and speed, despite the fact that their struggle might lead to suicide on the one hand, but, on the other, might also spur daily and collective resistance. Inevitable conflicts and tragedies generated at the grid of compressed modernity eventually calls for reflection on human development. L’exemple de Foxconn est une manifestation remarquable de la modernité compressée en Chine, retravaillant la temporalité et la spatialité de la production et de la consommation globales qui affecte massivement non seulement les sociétés humaines en général, mais aussi, plus spécifiquement, la nouvelle génération ouvrière chinoise. Ayant acquis un monopole sur le marché mondial, Foxconn se démarque comme le nouveau phénomène de concentration et de centralisation de capital, en raison de la rapidité et de l’échelle d’accumulation de son capital dans toutes les régions de Chine. Sans précédent historique, sans comparaison possible avec d’autres entreprises à travers le globe, Foxconn possède désormais un million d’employés et d’ouvriers dans son empire industriel en tant qu’unique fabricant pour Apple et d’autres marques. Cet article cherche à montrer comment des Chinois migrants, et plus précisément les ouvriers de Foxconn, ont été amenés à travailler dans la plus grande fabrique mondiale d’électronique, en étant soumis à des pressions multiples quant aux cadences et au rythme de travail, et comment leur lutte est susceptible d’un côté de les mener au suicide, tout en constituant d’un autre côté l’aiguillon d’une résistance quotidienne et collective. Les inévitables conflits et tragédies que cela génère, sur fond de modernité compressée, finit par conduire à une réflexion sur le développement humain. Foxconn es un ejemplo distintivo de la modernidad comprimida en China, que permite abordar la temporalidad y la espacialidad de la producción y del consumo globalizados. Éstos afectan seriamente a las sociedades humanas, en particular a las nuevas generaciones de trabajadores chinos. Al haberse convertido en capital monopólico dentro del mercado mundial, Foxconn se presenta como el nuevo fenómeno de concentración y centralización de capital, tanto por la velocidad como por el nivel de acumulación de capital en todas las regiones de China. Sin precedentes en la historia, e incomparable a otras empresas alrededor del mundo, el imperio industrial de Foxconn cuenta en la actualidad más de un millón de empleados, y sigue siendo el único fabricante para Apple y otras marcas. Este artículo investiga la manera en que los trabajadores migrantes chinos, especialmente los de la ya citada empresa, fueron inducidos a trabajar en la mayor fábrica de dispositivos electrónicos del mundo, sujetos a múltiples presiones de tiempo y velocidad. Pese a que las luchas de estos trabajadores desemboquen a veces en suicidios, también impulsan la resistencia colectiva cotidiana. Estos conflictos y tragedias, inevitables, son generados en la trama de la modernidad comprimida, y nos invitan por ende a repensar el desarrollo humano.

Cet article analyse les ancrages spatiaux de la temporalité industrielle à Datong, ville moyenne du Shanxi, surnommée « capitale du charbon ». Le centre-ville, qui a fait l’objet d’un plan ambitieux de remodelage urbain autour du thème de la « vieille ville » historique et culturelle entre 2008 et 2013 ayant impulsé une opération colossale de démolition-reconstruction, a été délaissé au cours d’une période de transition politique difficile. Parallèlement, dans le district minier, l’entreprise d’État Tongmei, poumon économique de la ville, avait absorbé de nombreux sites miniers. En 2006, les mineurs qui habitaient à proximité dans des logements auto construits, inconfortables et précaires, ont été relogés dans un nouveau quartier, construit et entretenu par Tongmei. Mais à partir de 2013, l’entreprise a ralenti son activité suite à l’effondrement des cours du charbon. Les lieux portent les traces de ces temporalités, de l’expansion au déclin. Le centre-ville fait apparaître les différentes étapes de sa construction et de sa destruction. Les mines sont devenues des terrains inconstructibles parsemés de ruines résidentielles où les derniers habitants attendent d’être pris en charge. Dans ces deux quartiers, l’espace urbain témoigne d’une attente prolongée, sans échéance claire. Les lieux permettent d’ethnographier les temporalités de la reconversion inachevée de Datong, en revenant sur la temporalité politique de l’aménagement urbain, la temporalité économique de la transition du charbon et la temporalité sociale de l’urbanisation à travers ces deux opérations de rénovation urbaine, massives mais restées inachevées. This paper analyses the spatial dimensions of an industrial temporality in Datong, a medium-sized city in Shanxi, nicknamed China’s “coal capital”. The city center was at the core of an ambitious plan of urban makeover around the theme of the “historical and cultural city”, put in motion between 2008 and 2013, which led to a large operation of demolition-reconstruction. The project was suddenly abandoned during a period of difficult political transition. In Datong’s mining district, the state-owned company Tongmei progressively absorbed numerous mining sites during the growth of the coal activity. In 2006, the miners, who used to live on the coal mine sites in precarious and uncomfortable self-built houses, were relocated in a new urban area, built and financed by Tongmei. But in 2013, the company’s activity suddenly slowed down in the context of the coal crisis. The places reflect the traces of this trajectory of decline. The mining area is now a restricted zone with remains of the residential ruins, where the last inhabitants wait for rehousing. In the city center and in the mining district, the urban space reveals a state of waiting, with no clear deadline. This research focuses on these two places in order to develop an ethnography of a reconversion in progress, by analyzing the political temporality of urban planning, the economic temporality of the coal transition and the social temporality of urban renewal operations, two massive projects but still non completed. Este artículo aborda los anclajes espaciales de la temporalidad industrial en Datong, una ciudad mediana de Shanxi, llamada “capital del carbón”. Entre 2008 y 2013 el centro de la ciudad conoció un ambicioso plan de reconfiguración urbana basada en el tema de la “ciudad histórica y cultural”. Dicho plan, que impulsó una colosal operación de demolición-reconstrucción, fue súbitamente abandonado en un periodo de transición política difícil. Paralelamente, en el distrito minero, la empresa de Estado Tongmei -pulmón económico de la ciudad- había absorbido numerosos sitios mineros. En el 2006, los mineros, que solían residir cerca de la mina en viviendas auto-construidas, inconfortables y precarias, fueron realojados en un nuevo barrio urbano, construido y mantenido por Tongmei. Pero a partir del 2013, con la caída del precio del carbón, la empresa disminuyó drásticamente su actividad. En ambos casos, los lugares llevan la marca de estas temporalidades, desde la expansión hasta la decadencia: en el centro de la ciudad pueden verse las diferentes etapas de su construcción y destrucción, mientras que las minas se volvieron suelos no-urbanizables, cubiertos por ruinas residenciales en las cuales esperan ser asistidos los últimos habitantes. Y en ambos barrios el espacio urbano es testigo de una prolongada espera, sin plazos definidos. Estos lugares permitieron hacer una etnografía de las temporalidades de la reconversión inacabada de Datong. A través estas dos operaciones de renovación urbana, masivas e inconclusas, podemos abordar la temporalidad política del urbanismo, la temporalidad económica de la transición carbonífera y la temporalidad social de la renovación urbana.

Nous analysons ici la dimension temporelle-spatiale de la « modernité compressée », concept inventé et developpé par le sociologue coréen Chang Kyung-Sup. Nous examinons les rapports entre les récits individuels et les lieux urbains typiques de deux villes d’eau, Tongli et Zhenze, situées dans le sud de la province de Jiangsu, sans négliger les dynamiques culturelle et sociale concernant le développement du tourisme et la protection du « patrimoine culturel » local. L’enchâssement, le dé-senchâssement et le ré-enchâssement des mémoires et des lieux dans ces villes d’eau nous invitent à nous réinterroger sur les modes de production des temporalités, ses différentes figures et leurs divers usages. La présente étude ouvre des pistes pour s’interroger sur les concepts de modernité et de postmodernité, en examinant les rapports des espaces urbains avec les temporalités sociales. In this article, we explore the temporal-and-spatial dimension of “compressed modernity”, a concept invented and developed by the Korean sociologist Chang Kyung-Sup. We examine the relationships between individual narratives and typical urban locations in Tongli and Zhenze, two water towns in the Southern Jiangsu Province, not forgetting the cultural and social dynamics of tourism and the protection of the local “cultural heritage”. The embedding, dis-embedding and re-embedding of memories and places in these water towns invite us to reconsider the modes of production of temporalities, their different figures and their various uses. This study opens avenues to question the concepts of modernity and postmodernity, by examining the relationships between urban spaces and social temporalities. En este texto se analiza la dimensión espacio-temporal de la “modernidad comprimida”, concepto creado y desarrollado por el sociólogo coreano Chang Kyung-Sup. Son examinadas las relaciones entre relatos individuales y espacios urbanos típicos de dos ciudades acuáticas, Tongli y Zhenze, situadas en el Sur de la provincia de Jiangsu. En este marco, se presta especial atención a las dinámicas culturales y sociales relativas al desarrollo del turismo y a la protección del “patrimonio cultural” local. En estas ciudades, el ensamblaje, des-ensamblaje y re-ensamblaje de las memorias y los sitios invitan a repensar los modos de producción de las temporalidades, sus diferentes figuras y usos. Al examinar las relaciones entre espacios urbanos y temporalidades sociales, el estudio que presentamos abre pistas para cuestionar los conceptos de modernidad y postmodernidad.

Les sciences sociales chinoises sont largement ignorées du monde occidental dans un moment où les savoirs scientifiques circulent le long de nouveaux axes épistémologiques en contexte globalisé. La pensée occidentale s’ouvre à la pensée chinoise, de nouveaux horizons apparaissent dans un contexte de globalisation culturelle où il est impossible d’ignorer la Chine continentale. Les sciences sociales en Chine ont été reconstruites depuis 1979 en rendant compte de vraies spécificités liées à une...

Contemporary Chinese society has witnessed ongoing complex institutional and cultural reconfiguration, driven by the transition from the socialist planned economy to marketization and later its deep engagement in globalization and neoliberalism. In this reshaping of Chinese society, tradition and modernity, the resurgence of patriarchal Confucian tradition, the socialist version of modernity, the capitalist version of modernity, and the socialist heritage intermingle, and all seem to define a mosaic temporality.Facing the increasing uncertainties of the market, family members in post-reform China have to stick together as an economic safety net, emotional harbor and spiritual fortress. Chinese parents heavily invest in their children and continue to support them in their adulthood; whereas, the youth is under great obligation to providing old age care for their parents; and parents may regard this heavily-invested offspring as their private product. This resurgent but modified familialism, is not an exact replication of traditional familialism, but is definitely different from the family modes featured by individualism in Western contexts. Mosaic familialism is characterized by a sequential symbiosis between parents and children facing financial constraints and unforeseeable uncertainties with a lack of a social safety net. At the same time, patriarchal Confucianism is rejuvenated to a certain degree, women’s traditional wife and mother role is once again stressed, if not glorified; and the neoliberal discourse articulating personal choice and responsibility, but not individual right, stands by seamlessly. Parents and children, husband and wife are dependent on each other in the intimate family, following a clearly gendered pattern. La société chinoise contemporaine témoigne d’une complexe reconfiguration institutionnelle et culturelle encore en cours, dans le sillage de la transition d’une économie socialiste planifiée vers l’économie de marché, puis de son engagement plus avancé dans la globalisation et le néolibéralisme. Dans le cadre de cette redéfinition des contours de la société chinoise, se mêlent comme les fragments d’une mosaïque temporelle géante, tradition et modernité, résurgence de la tradition patriarcale confucéenne, version socialiste et version capitaliste de la modernité, héritage socialiste. Face aux incertitudes croissantes du marché, les individus de la Chine post-réforme doivent faire preuve de solidarité familiale, la famille constituant un filet de sécurité économique, un port d’attache émotionnel ainsi qu’une forteresse spirituelle. Les parents chinois investissent lourdement sur leurs enfants et continuent de les prendre en charge à l’âge adulte, tandis que les jeunes sont fortement contraints à s’occuper de leurs parents âgés, ceux-ci ayant tendance à considérer leur progéniture comme leur production privée qui a demandé beaucoup de sacrifices. Ce familialisme résurgent n’est pas l’exacte réplique du modèle traditionnel, il est modifié sans pour autant être identifiable aux modèles familiaux individualistes des contextes occidentaux. Le familialisme mosaïque se caractérise par une symbiose séquentielle entre parents et enfants faisant face ensemble à des contraintes financières et à des imprévus, sans aucun filet de sûreté social. Dans le même temps, le confucianisme patriarcal bénéficie dans une certaine mesure d’une cure de jouvence, avec une réactivation, voire une glorification, des rôles traditionnels féminins d’épouse et de mère ; cohabitant par ailleurs sans accroc avec le discours néolibéral articulant choix personnels et responsabilité, mais pas le droit individuel. Parents et enfants, mari et femme dépendent les uns des autres dans le noyau intime de la famille, selon un schéma clairement genré. La sociedad china contemporánea conoce reconfiguraciones institucionales y culturales complejas, iniciadas por la transición que la llevó de una economía socialista planificada a una de mercado (marketization), para finalmente ingresar de lleno en la globalización y el neoliberalismo. En este marco se barajan la tradición y la modernidad, la resurgencia de la tradición patriarcal confuciana, las versiones socialista y capitalista de la modernidad, así como la herencia socialista .Y cada elemento parece jugar su rol en este gigantesco mosaico. Las familias y sus miembros, en la China post-reformista, se enfrentan a las incertidumbres cada vez mayores del mercado, razón por la cual deben mantenerse unidos para asegurar una red de seguridad económica, un cobijo emocional y una fortaleza espiritual. Los padres invierten considerablemente en sus hijos y siguen apoyándolos en su adultez, mientras que la juventud debe asegurar los cuidados necesarios a la tercera edad de sus padres. En esta dinámica, los padres pueden ver a su progenitura como a un producto que les pertenece. Este familiarismo resurgente, sin ser la réplica exacta del familiarismo tradicional, difiere rotundamente de las modalidades de organización familiar moldeadas por el individualismo de los contextos occidentales. El familiarismo en mosaico se caracteriza por una simbiosis secuencial entre padres e hijos, frente a imperativos financieros e imprevisibilidades, en el marco de una seguridad social insuficiente. Al mismo tiempo, el confucianismo patriarcal rejuveneció, en cierta medida, puesto que se enfatiza nuevamente el rol femenino tradicional de esposa y madre, cuando no se lo glorifica. Además, el discurso neoliberal de la articulación de elecciones y responsabilidades personales -aunque no de derechos individuales- se mantiene sin tropiezos. En la intimidad de la esfera familiar, padres e hijos, marido y mujer, son mutuamente dependientes, y siguen claramente cierto modelo, en términos de género.

La vie dans les rues de l’agglomération tahitienne constitue un lieu périphérique d’observation du phénomène d’exclusion sociale. À Papeete, les personnes sans abri et celles recourant à une activité de prostitution de rue connaissent des modes de vie variés et spécifiques, depuis la précarité partagée du quotidien, des projets de vie plus ou moins construits, et des contraintes normatives fortes. Nous étudions dans cet article la pluralité de leur situation au quotidien au regard des modes de temporalité vécus qui relèvent de plusieurs dimensions : entre mode d’appropriation biographique et social et entre mode de construction événementiel et institutionnel. Leur rapport avec les temporalités souhaitées et mises en œuvre par les acteurs institutionnels est étudié, en portant l’attention sur les écarts normatifs relatifs aux attendus des acteurs institutionnels et élus en charge des politiques sociales afférentes. Le caractère multiple de cette temporalité périphérique est mis en évidence, et la question du rapport des temps individuels et choisis aux temporalités normatives et subies posée. Living in the streets of Tahiti’s urban areas is a peripheral point for observing social exclusion. Homeless people and those resorting to street prostitution in Papeete (French Polynesia) have varied and specific lifestyles, from sharing the precariousness of everyday life, and more or less structured life plans, to strong normative constraints. We study here the plurality of their daily situations with regard to concrete temporality, which raise several issues, between biographic and social modes of appropriation, and factual and institutional modes of construction. Their relations with desired and implemented temporalities driven by institutional actors are studied, focusing on normative gaps compared with the wishes of institutional and public actors in charge of social policies. The multiple character of these peripheral temporalities are highlighted, and the question of how individual and chosen temporality relates to the imposition of normative and compulsory temporality asked. La vida en las calles de la aglomeración tahitiana constituye un terreno periférico de observación del fenómeno de exclusión social. En Papeete, las personas sin-techo y aquellas que recurren a una actividad de prostitución callejera conocen modos de vida diversos y específicos : precariedad compartida del cotidiano, proyectos de vida más o menos construidos y restricciones normativas fuertes. En este artículo estudiamos una pluralidad de situaciones respecto de los modos temporales vividos que revelan varias dimensiones, entre modo de apropiación biográfica y social y modo de construcción institucional y cronológico (événementiel). Aquí se estudia la relación de estas personas con las temporalidades deseadas y con las temporalidades efectivamente instauradas por los actores institucionales, prestando especial atención a las discrepancias normativas existentes respecto de las expectativas de los actores institucionales y de los representantes electos encargados de las políticas sociales. El artículo da cuenta del carácter múltiple de esta temporalidad periférica ; asimismo, se plantea la cuestión de la relación entre tiempos individuales y elegidos y temporalidades normativas y padecidas.

Ce texte, issu d’un expose oral, a pour objectif de faire progresser les reponses a trois questions qui sont au cœur du projet de la revue Temporalites depuis son premier numero. D’abord la question suivante : pourquoi est-il si difficile de « passer » de la notion de temps au singulier et sans specification (que j’appellerais desormais temps ordinaire ou TO) aux concepts de temporalites au pluriel, forges par les « grandes disciplines scientifiques » (sciences physiques, neurologiques et soc...

Le texte qui suit est extrait d’un livre à paraître, une anthologie dont le titre (La construction de l’idée de temps) rappellera celui d’un livre publié en 1890 (La genèse de l’idée de temps). Dans la littérature de la fin du XIXe siècle, ce livre posthume de Jean-Marie Guyau fait figure de production originale tant par la forme que par le contenu. Il rassemble plusieurs textes tirés de l’œuvre du philosophe-poète auxquels l’éditeur (Alfred Fouillée) avait voulu donner une unité en faisant d...

Dans cet article, nous nous intéressons à la mémoire de l'histoire rapportée par des adultes appartenant à cinq groupes d'âge allant de 20-24 à 80-84 ans. En particulier, nous nous focalisons sur les événements et changements sociohistoriques, survenus au cours de leur vie, que ces personnes ont retenus comme particulièrement saillants. Sur la base de deux enquêtes menées à Genève en 2004 et 2009, nous avons procédé à une double comparaison : entre les groupes d'âge (ou cohortes) d'une part, entre les réponses données à cinq ans d'intervalle d'autre part. Certains événements (Deuxième Guerre mondiale, chute du mur de Berlin, attentats du 11 septembre par exemple) sont particulièrement rappelés par le groupe d'âge qui entre dans la vie adulte au moment de leur apparition. Ainsi, la perception d'un épisode historique varie selon l'âge des individus au moment de son déroulement et les changements qui se produisent entre dix et trente ans ont un grand impact sur la mémoire. Toutefois, ceci ne constitue pas un mécanisme universel, mais reste soumis à plusieurs conditions, notamment que l'histoire soit porteuse d'un ou de plusieurs changements à cette période. This paper focuses on the memories of the past as reported by adults aged between 20-24 and 80-84. Which socio-historical changes and events occurring during their own lifetime do they retain as particularly striking ? Results are based on two surveys conducted in Geneva in 2004 and 2009, and allow a double comparison : between age groups (or cohorts) on the one hand, between the answers five years apart on the other hand. Some events (World War II, the fall of the Berlin Wall, for example, or 9/11) are particularly recalled by groups whe were entering adulthood at the time they occurred. Thus, the perception of a historic event varies with the age of individuals ; furthermore, changes that take place between ages ten and thirty have a great impact on memory. However, this is not a universal mechanism but depends on several conditions, including the fact that history has ushered in one or more changes at the same time. En este artículo nos interesamos por la memoria de la historia contada por adultos pertenecientes a cinco diferentes grupos de edad de entre 20-24 y 80-84 años. Nos interesamos particularmente por aquellos acontecimientos y cambios socio-históricos acontecidos a lo largo de sus vidas, que estas personas recuerdan como especialmente remarcables. Sobre la base de dos pesquisas realizadas en Ginebra en 2004 y 2009, procedemos a una doble comparación : por un lado, entre los grupos de edad (o cohortes), y por otro, entre las respuestas dadas en cada uno de los procesos de recolección de 2004 y 2009. Ciertos acontecimientos (Segunda guerra mundial, caída del Muro de Berlín, atentados del 11 de septiembre, por ejemplo) son recordados y evocados por el grupo de edad que entra en la adultez cuando se producen dichos acontecimientos. Así, la percepción de un episodio histórico varía según la edad de los individuos en el momento en que este se desarrolla. Los cambios que se producen entre los diez y los treinta años parecen impactar especialmente en la memoria. Sin embargo, no se trata de un mecanismo universal puesto que está sometido a varias condiciones, en particular al hecho que la historia sea portadora de uno o más cambios durante dicho periodo.

Initialement prévu dans la loi comme une dérogation, le travail en 12 heures se développe depuis plusieurs années à l’hôpital public, souvent à la demande des soignantes elles-mêmes, touchant de plus en plus de services et de professions. Loin d’être marginal, le 12 heures semble aujourd’hui être un moyen pour des soignantes sous pression de revendiquer un droit au repos et à la maîtrise de leur temps.Mobilisant une enquête ethnographique dans les services de plusieurs hôpitaux engagée dans le cadre d’une thèse en cours, s’appuyant sur une quarantaine d’entretiens, cet article analyse les usages et les appropriations que les soignantes font du dispositif des 12 heures en termes de gains ressentis en matière de temps sociaux. Il propose ainsi de lire l’engagement des soignantes dans le dispositif du 12 heures comme un moyen d’émancipation sociale, en cela qu’il leur apparaît – au regard d’autres formes d’horaires telles que le travail en 8 heures – une opportunité pour équilibrer leur temps de travail et de hors travail, et réguler la place qu’occupe le travail dans leur vie. En ce sens l’article étudie notamment le sens du temps dégagé par le 12 heures au prisme de la maternité, compte tenu de la composition majoritairement féminine de la population paramédicale. Originally programmed as an exception in the law, working 12 hour shifts has been expanding in the public hospital sector for several years now, often at the behest of care workers themselves, and more and more services and professions are concerned by the phenomenon. Far from being marginal, the 12 hour shift seems today to represent a way for stressed care workers to claim the right to rest and take control of their own time.Taking off from an ethnographic survey carried out for an ongoing thesis in the services of several hospitals, and about forty interviews, this article analyses how care workers use and take advantage of the 12-hour system in terms of what they feel it offers with respect to their social time. It thus suggests interpreting care workers’ investment in the 12-hour system as a means toward social emancipation, in that it appears to them – compared to the other sorts of systems such as the 8-hour shift – as a chance to find a balance between their time at work and time off-work, and to regulate the place that work occupies in their existence. In that sense, and given the mainly female composition of the paramedical population, the article studies in particular the significance of the time liberated by the 12-hour system in the light of motherhood. El trabajo "en 12 horas" fue previsto inicialmente en la ley laboral francesa de 35 horas semanales como una derogación. Desde hace varios años se desarrolla más y más en el hospital público, a menudo a pedido del mismo personal sanitario (camilleros, enfermeras, auxiliares de enfermería, mucamas, etc.) y concierne actualmente cada vez más servicios y profesiones. Hoy, para el personal sanitario bajo presión, lejos de ser un fenómeno marginal, las 12 horas son un modo de reivindicar un derecho al descanso y al control de su tiempo.Este artículo, basado en una investigación etnográfica realizada en servicios de varios hospitales en el marco de una tesis en curso, analiza los usos y las apropiaciones que los personales sanitarios hacen del dispositivo de 12 horas, a partir de unas cuarenta entrevistas. Los análisis abordan en particular el sentimiento de mejoras y ventajas relativas a los tiempos sociales. El texto propone leer el compromiso de los sanitarios con el dispositivo de 12 horas como un medio de emancipación social, en la medida en que les resulta – respecto de otras formas de organización horaria, tales como el trabajo en 8 horas – una oportunidad de equilibrar tiempo de trabajo y no-trabajo y de regular el lugar que ocupa el trabajo en sus vidas. Teniendo en cuenta la composición mayoritariamente femenina de la población paramédica, el artículo estudia el sentido del tiempo que las 12 horas permiten liberar, bajo el ángulo específico de la maternidad.

Introduction L’analyse des temporalites de l’action constitue une entree pertinente pour aborder les rapports sociaux de domination. A sa maniere, la revue Temporalites a perpetue cette tradition des sciences sociales qui observent les inegalites et les differenciations sociales, analysent leurs logiques, en insistant sur les relations etroites entre temporalites et pouvoir (Bourdieu, 1997). Mais les articles de Temporalites, a l’exception d’un dossier sur les temps sexues de l’activite (Bess...

Ce texte fait ressortir l’intérêt des études d’emploi du temps pour une analyse empirique du temps réellement consacré au loisir. Il s’appuie sur une analyse comparative des données originales d’enquêtes menées aux États-Unis, en France et au Canada. Par-delà la variabilité de la nomenclature utilisée, les grandes tendances sont bien étayées : mouvement d’accroissement du temps consacré au loisir jusqu’au milieu des années quatre-vingt aux États-Unis, jusqu’à une décennie plus tard au Canada et en France, puis stabilisation, voire déclin parmi la population active, par la suite. Au sein du temps consacré au loisir, on constate une part relativement constante du temps sportif, un déclin du temps consacré à la lecture, signe du déclin du temps culturel et une remontée récente de la part consacrée au petit écran. Une analyse de variance permet d’avancer que c’est le rapport entre la population active et la population inactive, aux divers âges de la vie, qui explique la plus importante partie des variations observées dans les trois cas étudiés. This text illustrates the interest of studying work schedules in order to empirically analyze the time actually dedicated to leisure. It takes off from a comparative analysis of original data from surveys carried out in the United States, France and Canada. Beyond the variability of the taxonomy employed, general trends clearly stand out : the growing amount of time given to leisure until the mid 1980s in the U.S.A. - ten years later in Canada and in France - then a levelling off, or even a decline, among the work force. At the center of the time dedicated to leisure, the amount given to sports remains relatively constant but the amount given to reading diminishes, a sign that cultural time is declining, and a recent increase in the amount spent in front of the TV screen appears. Analysis of variance suggests that it is how the work force relates to the non-working population, at different ages, that explains most of the variations observed in the three cases under study. Este texto propone revivificar el interés por los estudios de uso del tiempo al servicio de un análisis empírico del tiempo realmente consagrado al ocio (loisir), sobre la base de una comparación de datos originales de investigaciones realizadas en Estados-Unidos, Francia y Canadá. Más allá de la variabilidad de las nomenclaturas utilizadas, aparecen claramente grandes tendencias: un movimiento de incremento del tiempo consagrado al ocio hasta mediados de los años ’80 en Estados-Unidos, y hasta una década más tarde en Canadá y Francia, luego una estabilización, ver un descenso, en la población activa. Dentro del tiempo consagrado al ocio se identifica una parte relativamente constante del tiempo deportivo, un descenso del tiempo consagrado a la lectura, signo del declive del tiempo cultural, y un repunte reciente del tiempo dedicado a la televisión. Un análisis de varianza permite afirmar que es la relación entre población activa e inactiva, en las diferentes edades de la vida, lo que explica la mayor parte de las variaciones observadas en los tres casos estudiados.

Cet article se propose de réfléchir à l’apport de la temporalité intergénérationnelle. Pensée initialement pour analyser les parcours des descendants d’immigrés maghrébins dans la société française, la temporalité intergénérationnelle semble avoir une portée heuristique plus large. Pour parvenir à cette démonstration, l’auteur débute par une première partie consacrée à la prise en compte du temps dans l’analyse des parcours. Elle définit notamment la manière dont elle a mobilisé les concepts de temps et de parcours. Dans la deuxième partie, à partir d’exemples empiriques, l’auteur décrit la manière dont elle saisit les contextes et leurs dimensions intergénérationnelles. Dans la troisième partie, l’auteur poursuit en prenant appui sur le paradigme du life course pour montrer pourquoi, selon elle, la temporalité intergénérationnelle est une composante du principe de temporalité. Sous forme de tableau est représentée la façon dont la temporalité intergénérationnelle permet de saisir à la fois l’histoire familiale et les dynamiques sociales. La quatrième partie tente pour finir de démontrer pourquoi la temporalité intergénérationnelle est incontournable pour appréhender les parcours. Ce faisant, cet article tente d’être une contribution à l’ambition épistémologique visant à montrer l’importance que revêt la question du temps en proposant ici de prendre plus en compte la dimension intergénérationnelle dans l’approche temporelle. This article considers the question of intergenerational temporality. Devised initially to analyse the trajectories of the descendants of North African immigrants in French society, intergenerational temporality appears to have a broader heuristic scope. To demonstrate this point, the author begins with a section devoted to the role of time in life course analysis. She describes how the concepts of time and trajectory are mobilized. In the second section, the author uses empirical examples to describe how contexts and their intergenerational dimensions are captured. In the third section, she builds upon the life course paradigm to show how, in her view, intergenerational temporality is a component of the principle of temporality. The way by which intergenerational temporality provides a means to capture both family history and social dynamics is represented in table form. To conclude, the fourth section seeks to demonstrate why intergenerational temporality is the key to understanding life courses. In doing so, the article offers an epistemological contribution to analyse the importance of the question of time, by proposing here to capture more fully the intergenerational dimension in the temporal approach. Este artículo propone reflexionar sobre el aporte de la temporalidad intergeneracional. Inicialmente pensada con el fin de analizar los recorridos de los descendientes de inmigrantes magrebíes en la sociedad francesa, la temporalidad intergeneracional tiene un alcance heurístico mayor. Para demostrarlo, la autora dedica una primera parte a pensar el tiempo en el análisis de los recorridos de vida. Más específicamente, se precisa la manera en que son movilizados los conceptos de tiempo y recorrido. En una segunda parte, la autora describe, sobre la base de ejemplos empíricos, la manera en que trata diversos contextos y sus dimensiones intergeneracionales. En la tercera parte se desarrolla el paradigma del life course para mostrar porqué la temporalidad intergeneracional es un componente del principio de temporalidad. Un esquema representa cómo la temporalidad intergeneracional permite abordar a la vez la historia familiar y las dinámicas sociales. Por último, la cuarta parte del texto intenta mostrar porqué la temporalidad intergeneracional resulta ineludible cuando se quieren aprehender los recorridos de vida. El artículo intenta contribuir a la ambición epistemológica que marca la importancia de la cuestión del tiempo, proponiendo tomar en cuenta la dimensión intergeneracional en las perspectivas temporales.

Mon évasion (2008) de Benoîte Groult est une autobiographie de femme qui s’inscrit non seulement dans l’histoire du féminisme, mais représente ici une féminité complexe et nuancée constituant l’axe du développement de la personnalité et aussi une certaine manière de se raconter. La femme y est généralement représentée à travers ses relations humaines, en tant que membre d’un « couple ». Cette nouvelle manière (féminine ?) de se raconter a aussi des conséquences sur l’écriture : outre l’alternance constante entre le récit et le discours du narrateur, la discontinuité structurelle (insertion des interviews, réécriture d’une bande dessinée), et les problèmes de dénomination du personnage, le texte de Groult présente des emplois variés des temps verbaux et des pronoms personnels : en fait, on y trouve des passages écrits au passé composé, au présent, au passé simple combinés aux pronoms personnels à la première, à la troisième ou à la deuxième personne. Il s’ensuit que l’espace autobiographique de Mon évasion revêt une complexité inédite : récit, interviews, bande dessinée et une photo sur la couverture contribuent tous, en tant que supports variés, à une pluralité des temporalités qui amènent de nouvelles formes des représentations de la féminité. Mon évasion (2008) by Benoîte Groult is a woman’s autobiography that not only fits into the history of feminism but also represents a complex and nuanced femininity that constitutes the backbone of the development of a personality as well as of a certain way of talking about oneself. Women are usually shown through their human relationships, as members of a “couple”. This new (feminine?) way of talking about oneself also has consequences for the writing itself: aside from the constant shifting to an fro between the narrative and the narrator’s discourse, the structural discontinuity – interviews are inserted, a comic strip is rewritten), and the problems of naming the character, Groult’s text uses a variety of verb tenses and personal pronouns: there are parts in the present, the present perfect, the preterit, combined with first, third or second-person pronouns. As a result, the autobiographical space in Mon évasion is unusually intricate: narrative, interviews, comic strip and cover photograph all contribute, in their diversity, to creating a plurality of temporalities that bring along new ways of representing femininity. Mon évasion (2008) de Benoîte Groult es una autobiografía de mujer inscrita en la historia del feminismo. También representa una feminidad compleja y matizada que constituye el eje del desarrollo de la personalidad y un cierto modo de contarse. En este libro la mujer está generalmente representada a través de sus relaciones humanas, en tanto que miembro de una « pareja ». Esta nueva manera (femenina?) de contarse tiene consecuencias sobre la escritura: el texto de Groult, además del permanente alternar entre relato y discurso del narrador, de la discontinuidad estructural (inclusión de entrevistas o reescritura de una historieta) y de los problemas de denominación del personaje, presenta diversos tiempos verbales y pronombres personales. Algunas partes son escritas en pasado compuesto, presente, pasado simple combinados a pronombres de primera, tercera o segunda persona. Así, el espacio autobiográfico de Mon évasion reviste una complejidad inédita: relato, entrevistas, historieta y una fotografía en la tapa que, en tanto que soportes variados, contribuyen a una pluralidad de temporalidades que conllevan nuevas formas de representación de la feminidad.