Maufras, Odile, Barberan, Sébastien, Bel, Valérie, Donat, RIchard, Piskorz, Michel, Rochette, Marie, Bouchette, Anne, Bovagne, Marilyne, Chardenon, Nathalie, Chevillot, Pascale, Convertini, Fabien, delage, richard, Gafa, Raffaella, Manniez, Yves, Pellé, Richard, Raux, Stéphanie, Rodet-Belarbi, Isabelle, Schwindenhammer, Isabelle, Thomas, Benjamin, Van Belle, Amandine, Archéologie des Sociétés Méditerranéennes (ASM), Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Paul-Valéry - Montpellier 3 (UPVM)-Ministère de la Culture (MC), Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe-Afrique (LAMPEA), Aix Marseille Université (AMU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Ministère de la Culture (MC), Musée archéologique de Nîmes, Ville de Nîmes, Centre d'Études Préhistoire, Antiquité, Moyen-Age (CEPAM), Université Nice Sophia Antipolis (... - 2019) (UNS), COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Société d'Aménagement des Territoires de Nîmes et son agglomération (Parc Georges Besse, Arche Bötti, 115 allée Norbert Wiener, 30 000 Nîmes, Inrap, SRA, Université Paul-Valéry - Montpellier 3 (UPVM)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Ministère de la Culture (MC), and Université Nice Sophia Antipolis (1965 - 2019) (UNS)
En 2011, l'opération archéologique menée sur la Zac du Forum des Carmes à Nîmes (Gard) a révélé les vestiges denses de l'occupation antique et médiévale aux abords de la ville. Les données acquises attestent la présence qu'un important chantier de matériaux fera disparaître à la fin du IV e ou au début du V e s. Après un long hiatus, le couvent des Carmes est établi sur le site à la fin du XIII e s. Il accueille notamment un vaste cimetière. Le site, à quelques 800 m de l'oppidum gaulois, est rural et cultivé au II e s. av. n. è. Il est alors traversé par deux voies, la Domitienne au nord-qui surmonte les fossés d'un parcellaire antérieur et relie Beaucaire à Nîmes-et une autre route au sud qui semble éviter l'oppidum et le contourner. Cette dernière est bordée par un ensemble funéraire regroupant des tombes en faible nombre mais à mobilier précieux. Au début du I er s., une autre occupation funéraire voit le jour le long de la voie Domitienne. Elle est organisée en enclos qui reçoivent des mausolées dont la construction s'étage dans le temps. Des tombes plus simples occupent le fond des parcelles funéraires ; ce sont principalement des dépôts secondaires de crémation. Entre 70 et 90 on assiste à l'abandon d'un premier mausolée mais les élections de sépultures se poursuivent, en moindre nombre et surtout en inhumation jusqu'à la fin du II e s. Les enclos funéraires sont mitoyennes d'un établissement artisanal de tannerie et de pelleterie fondé vers 40 de n. è. et actif jusque dans le courant de la seconde moitié du II e s. Les parties qui en ont été dégagées correspondent à des espaces de production dont les équipements (des cuves, un four et un puits) ne cessent d'être restaurés. Entre l'établissement et l'enceinte urbaine, se développe une grande carrière d'extraction de terre exploitée dans les deux ou trois premières décennies de notre ère et qui sert ensuite de dépotoir pour les habitants du quartier mais surtout à ceux de la ville. La carrière devient ensuite, alternativement, une zone d'emprunt de matériaux et de déblais de gravats. Au tournant des IV e et V e s. de n. è., le site est à nouveau et brièvement occupé. Un ou deux bâtiments sont dressés, ainsi qu'un hangar pour les ouvriers et les matériaux d'une vaste entreprise de récupération des pierres du site. C'est à ce moment-là que les enclos et les mausolées sont abattus et disparaissent du paysage. Après un long hiatus, le site est réoccupé à la fin du XIII e s. par les frères Carmes qui y font bâtir leur couvent. L'emprise de l'établissement religieux fouillée en 2011 couvre une partie d'un vaste cimetière. Celui-ci n'est pas d'un seul tenant mais divisé en plusieurs secteurs qui ont été aménagés progressivement. Un campo santo est installé à la fin du XIII e s. ou le début du XIV e s. Il est bordé de trois puis de quatre galeries délimitées par des caveaux et des arcades, puis, au-delà par des espaces funéraires en aire ouverte. À l'est, un bâtiment également funéraire le ferme. La partie septentrionale du cimetière a reçu un monument imposant décoré de scènes de deuil et à vocation manifestement oratoire. La population ensevelie aux Carmes se caractérise par sa relative jeunesse et par la fréquence des pathologies qui laissent supposer qu'elle est principalement issue d'une classe éprouvée, laborieuse. L'historiographie indique la destruction du couvent par les religionnaires dans les années 1560 et l'archéologie atteste un saccage des monuments ornés du cimetière, une remise en état partielle, puis une destruction programmée du site avec récupération de tous ses matériaux, du sol (dalles de pavage) aux toits (tuiles). Seules des pierres moulurées, de remploi plus malaisé, ont été laissées sur le site. Elles témoignent d'élévations dressées en calcaire blanc avec des baies à remplages de style gothique. Après le départ des frères Carmes, le site reste en friches ou en culture quelques décennies. Au XVII e s. il est traversé par l'enceinte de Rohan. Au XVIII e s. les Carmes reprennent possession de leur enclos et y font dresser une église et un bâtiment conventuel qui deviendront théâtre puis grand magasin aux XIX e et XX e s.