Cet article porte sur le rapport entre le texte et l’image dans la peinture roumaine du XVIe siècle. L’auteur souligne que l’icône ou la peinture murale orthodoxe ne sont pas des «compositions» dans le sens traditionnel du verbe « composer ». Le peintre médiéval ne compose pas l’image, il la transpose sur la surface de l’icône, du mur, de la feuille dessinée ou d’un autre support (en langue slavonne de l’église cette transposition s’appelle « perevod » ce qui veut dire «traduction» par rapport à un original, appelé « podlinnik »). L’image médiévale orthodoxe est une sorte d’idéogramme complexe qui exige un tout autre genre de « lecture » que la peinture moderne. Il est extrêmement intéressant de constater que les lois de cette « lecture » (et, par conséquent, de cette « écriture ») sont plus proches des lois de la lecture des textes littéraires que des lois de la contemplation et de la compréhension des images «purement visuelles». L’image médiévale a une «grammaire» si stricte et si détaillée, que rien – ou presque rien – n’est laissé au hasard. Grâce à la rigueur et à la prévisibilité de cette « grammaire », l’irréductibilité de la peinture (et des beaux-arts en général) à la langue parlée ou écrite est franchie en grande partie. Pas seulement la structure compositionnelle, l’emplacement des objets, les paysages, les architectures d’arrière plan, les gestes des figures, mais même le modelé des formes peintes, la carnation des visages et des mains, les accents de lumière et d’ombre sont strictement réglementés. Mais, comment s’articulent et quelles sont les structures et les typologies du texte et de l’image dans la peinture roumaine du XVIe siècle ? L’auteur de l’étude rappelle que, contrairement à l’espace physique newtonien qui est homogène et isotrope, l’espace de l’inscription, l’espace de la peinture monumentale ou de l’icône ont une « topologie » beaucoup plus complexe. Cette « topologie » suppose un espace profondément non homogène et anisotrope. Les « directions », la « gauche » et la « droite », le « haut » et le « bas », le « centre » et la « périphérie » ne sont pas ici de simples coordonnées neutres, comme dans l’espace euclidien. Ils ont leur dimension symbolique, dogmatique, axiologique. La production et l’interprétation des textes dépendent de l’existence des codes ou des conventions établis pour la communication. Le sens d’un signe dépend du code, au sein duquel il a été conçu, et les codes fournissent un cadre dans lequel les signes obtiennent leurs significations. Les programmes iconographiques des églises orthodoxes sont également des codes : différentes parties de leur architecture (murs, dômes, voûtes, pendentifs, tambours des coupoles, absides, conques, arcs de triomphe, piliers, colonnes, embrasures de portes, montants de fenêtres, contreforts etc.) sont codés par des thèmes et par des sujets iconographiques (en d’autres termes – par des types iconographiques). Parmi les autres questions soulevées dans cet article, nous devons mentionner la classification « par genres » pour les types iconographiques orthodoxes, la sémantique du geste, la typologie des erreurs dans les textes anciens, le rôle des inscriptions simulées et des écritures spéculaires, le problème du rapport entre le sens et la référence.