“Explaining is where we all get into trouble,” affirms Richard Ford’s anti-hero Frank Bascombe in The Sportswriter. Frank spends however a great deal of the novel explaining why explanation must be avoided, and why life must be not interpreted, but rather lived. This position may be compared to Nick Shay’s misological efforts, in Don DeLillo’s Underworld, to preserve a “wordless shock” before the world, or the renouncement of the search for meaning in Philip Roth’s American Pastoral (“He had learned the worst lesson that life can teach—that it makes no sense”). Such explicit protests against self-reflection may initially appear symptomatic of an anti-intellectual impetus within a society which views philosophy as a threatening limitation of the free American self. As challenges to a reductive, rationalizing and explicative logos, such novelistic discourses of resistance against the philosophical are highly self-critical, self-reflexive, and metatextual. They thus represent a solipsistic philosophy, with a history arguably as long as philosophy itself, which this article considers in specific reference to the fiction of Richard Ford, especially his 1986 novel The Sportswriter. Far from proposing the United States as an anti-philosophical culture, these discourses, as fictional incarnations of an ironic Socratic archetype, rather explore ways in which modes of reticence against philosophy, construed at once as an institution, mode of discourse, and epistemological method, are themselves explicitly philosophical positionings. « Explaining is where we all get into trouble », affirme Frank Bascombe, l’anti-héros du roman The Sportswriter de Richard Ford. Et pourtant, Frank ne cesse d’expliquer, au fil de longues pages, en quoi il faut éviter toute explication et pourquoi la vie doit être vécue plutôt qu’interprétée. Cette forme d’anti-philosophie peut évoquer les élans misologiques de Nick Shay dans Underworld de Don DeLillo, qui veille à maintenir un état de « choc muet » devant le monde, ou le renoncement à toute quête de sens dans American Pastoral de Philip Roth (« He had learned the worst lesson that life can teach—that it makes no sense »). Ces attaques explicites à l’égard de la réflexion sur soi peuvent apparaître, a priori, symptomatiques d’une attitude d’anti-intellectualisme propre à une société qui considère la philosophie comme une limitation menaçant le moi américain libre. Cependant, de tels discours de résistance à l’encontre du philosophique, en cela même qu’ils prétendent défier un logos réducteur, rationalisant et explicatif, se révèlent hautement autocritiques, réflexifs et métatextuels. Ils relèvent d’une philosophie solipsiste dont l’histoire est au moins aussi longue que celle de la philosophie, et que cet article interroge à travers les romans de Richard Ford, plus particulièrement The Sportswriter (1986). Loin d’ancrer les États-Unis dans une culture anti-philosophique, ces discours se présentent comme les incarnations fictives d’un archétype socratique ironique. Ils invitent à explorer dans leur pluralité les formes de réticence envers la philosophie – comme institution, modalité discursive et méthode épistémologique.