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Facteur de régionalisation et de dérégionalisation, les guerres participent à l’organisation fonctionnelle de la grande région d’Afrique centrale. Sur le temps long, les violences politiques apparaissent comme une modalité de fonctionnement de la régionalisation, et comme une dimension de la fragilité associée à la situation géographique de l’Afrique dite centrale. À court terme, dans le double contexte de l’insurrection djihadiste de Boko Haram et de la guerre civile en Centrafrique, deux conflits armés régionalisés, elles participent aux recompositions de la répartition des échanges et de la hiérarchie entre les corridors d’échanges régionaux.Le cas du nord de l’Afrique centrale souligne ainsi l’importance de la violence politique transfrontalière, sur fond de faible intégration institutionnelle régionale. La violence reconfigure la régionalisation : elle en ébranle certaines modalités (institutionnelles et fonctionnelles) et en façonne des formes spécifiques et nouvelles. As a factor of regionalization and "de-regionalization", wars contribute to the functional organization of the greater Central African region. Over time, political violence appears as a modality for the functioning of regionalization, and as a dimension of fragility associated with the so-called Central African position. In the short term, in the dual context of the jihadist insurrection of Boko Haram and of the civil war in Central African Republic, two regionalized armed conflicts, they are participating in the recomposition of the distribution of trade and the hierarchy between regional corridors. The case of northern Central Africa thus highlights the importance of cross-border political violence, against a backdrop of weak regional institutional integration. The formation of large regions can also involve violence.

La généalogie des rois du Kanem‑Borno est un document unique en Afrique subsaharienne puisqu’il retrace l’histoire du royaume du Kanem‑Borno sur une période de 1000 ans. Ce document appelé souvent diwan ou girgam est une liste de rois du Kanem‑Borno écrite en arabe. Elle fournit la filiation de chaque roi ainsi qu’une description succincte de leur règne. Ce document permet donc d’éclairer l’histoire de toute la région du lac Tchad entre les ixe et xixe siècles. The royal genealogy of Kanem‑Borno is a unique document in Subsaharan Africa since it recounts the history of Kanem‑Borno over a period of a thousand years. This document often called diwan or girgam is a list of kings of Kanem‑Borno written in Arabic. The genealogy provides the filiation of each king followed by a brief description of his reign. This document can therefore shed light on the history of the whole region of Lake Chad between the ninth and nineteenth centuries.

International audience

The purpose of this contribution is to frame the role and significance of borders and national space in the Lake Chad area in the wake of the expansion of the so-called “Boko Haram” insurgency. Since 2011, the forced repositioning of entire communities in neighboring states, the spread of refugee camps and the coordinated military effort conducted by the Multi-National Joint Task Force (a transnational army created by Nigeria, Chad, Cameroon, Niger, and Benin) have led to a re-think in the relationship between mobility and territory, violent conflicts, and political entrepreneurship. Renewed political attention has mostly translated into a massive military-coordinated operation and in a series of emergency and development measures, which in turn have supplied the area with the basic social services that have traditionally been neglected by the central government. The gradual process of securing, militarizing, and policing the area is testing the resistance of communities that have already endured cycles of economic and political marginalization, while increasing violence from “Boko Haram” and its affiliates is further destabilizing a weakened social balance. This work aims to study how terrorist violence and the militarization of public life in the region have reshaped the relationship between communities and their territory, while offering reasoning on concepts of territoriality, governmentality, and social identity. Cette contribution porte sur le rôle et l’importance des frontières et de l’espace national dans la région du lac Tchad à la suite de l’insurrection de « Boko Haram ». Depuis 2011, la réinstallation forcée de communautés entières dans les États voisins, la multiplication de camps de réfugiés et les opérations militaires coordonnées par la Force Multinationale Conjointe (une armée transnationale créée par le Nigeria, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin) amènent à repenser la relation entre mobilité, territoire, conflits violents et entrepreneuriat politique. Le regain d’attention politique s’est surtout traduit par une intervention de l'armée et par des mesures d'urgence et de développement qui ont fourni à la zone des services sociaux de base habituellement négligés par le gouvernement central. Les actions entamées pour sécuriser, militariser et maintenir l’ordre rencontrent la résistance de populations qui ont déjà enduré plusieurs cycles de marginalisation économique et politique, tandis que la violence croissante de « Boko Haram » et de ses affiliés bouleverse un équilibre social déjà fragilisé. Ce travail montre comment la violence terroriste et la militarisation de la vie publique dans la région remodèlent les relations entre les communautés et leurs territoires, et il propose une réflexion sur les concepts de territorialité, de gouvernementalité et d’identité sociale.

The evolution and transformation of the criminal and Islamist Boko Haram organization into a transnational terrorist movement makes it necessary to consider the jihadist movement under the prism of community and security reconstruction. This consideration makes it possible to understand by what mechanisms Boko Haram is mobilized on a transnational scale in its subversive logic of expansion of ideological terror., L'évolution et la mutation de l'organisation criminelle et islamiste Boko Haram en mouvement terroriste transnational oblige de le considérer sous le prisme d'une reconstruction communautaire et sécuritaire. Cette considération permet de comprendre par quels mécanismes Boko Haram se mobilise à l'échelle transnationale dans sa logique subversive d'expansion de la terreur idéologique. En clair, analysée dans ses dimensions communautaire et sécuritaire, la nébuleuse de promotion du djihad transnational qu'est Boko Haram procède d'une exploitation subversive des contextes socio-culturel, historique, géographique et ethnolinguistique comme dynamique de ses mobilisations foudroyantes et fait ainsi des espaces communautaires transnationaux de la CEDEAO, de la CEMAC et du Sahel, des terrains de son jeu armé et de (re)configuration des rapports de forces avec d'autres groupes terroristes mais aussi des gouvernements étatiques. De plus, l'organisation islamiste est apparue, du fait des liens identitaires, comme un facteur d'amplification du caractère crisogène de ces espaces communautaires transnationaux, en se constituant au fil du temps sur des références symbolique, polémique, anthropologique, et stratégique. Dans sa dynamique stratégique en effet, Boko Haram agit de plus en plus en acteur rationnel porté par une intelligentsia qui organise ses agitations d'envergure transnationale. En fait de mobilisation stratégique davantage, la transnationale terroriste semble agir en acteur militaire et paramilitaire mais également en opérateur économique ; et la reconfiguration communautaire et sécuritaire qu'elle constitue inclut inévitablement une intelligence économique et politico-militaire qui la pousse à fonctionner en tant qu'un acteur illégal et illégaliste.

This article presents the transformations of the war of terrorism, the main worsening conflicts (Afghanistan, Yemen, Mexico, Burma and the conflict maintained by Boko Haram in the region of Lake Chad), of improvement (Iraq, Syria, Darfur) and the Somalia conflict remained stable., Cet article présente les transformations de la guerre du terrorisme, les principaux conflits en voie d'aggravation (Afghanistan, Yémen, Mexique, Birmanie et le conflit entretenu par Boko Haram dans la région du lac Tchad), d'amélioration (Irak, Syrie, Darfour) et le conflit de Somalie resté stable.

International audience

International audience

International audience

International audience; Large-scale agricultural projects, which are based on land ownership concentration and agricultural specialization, are currently being promoted in developing countries. Considered as the way to a modernized agriculture, they are expected to actively contribute to increasing production, growth and employment, especially in African wetland areas. The present article examines the Cameroon part of lake Chad and provides a comparison, rarely addressed, of two dramatically different forms of exploitation: multi-use of space through recession agriculture, pastoralism and fishing (currently practiced by small-scale farmers) and large-scale specialized cropping (agropole project currently promoted by the state). We first critically examine the arguments in favour of the agropole project by a brief reviewing of the current literature. We then describe the two forms of exploitation of lake Chad environment. Lastly we compare the family farming systems to the maize specialized agricultural firm in terms of economic performance. Stemming from basics such as (1) the careful examination of cropping, pastoral herding and fishing practices, and (2) the analysis of how added-value is created, our study shows that the wealth produced by family farming systems based on multi-use of space equals the one expected to be produced by the agricultural firm, while creating three times more employment. This result is of particular importance in the current context in which the Boko Haram crisis seems to have renewed the arguments in favour of large-scale agricultural projects; L'agriculture de firme et les modèles type « révolution verte » sont promus par les pouvoirs publics pour la hausse de la production, de la croissance et de l'emploi qu'ils sont censés offrir dans les pays du Sud. Sur le cas des rives camerounaises du lac Tchad, cet article propose une comparaison, rarement faite, de deux modes de mise en valeur d'un même milieu relevant de logiques économiques et sociales radicalement différentes : le multi-usage agro-halio-pastoral de l'espace (mode d'exploitation actuel) et la monoculture de maïs (projet d'agropôle). En repartant des fondamentaux que sont l'étude des pratiques agro-halio-pastorales et l'analyse du processus de création de la valeur ajoutée, l'article montre que le système familial actuel dégage une richesse équivalente à celle attendue de la firme tout en créant trois fois plus d'emplois et en offrant de meilleurs revenus.

International audience

International audience; Large-scale agricultural projects, which are based on land ownership concentration and agricultural specialization, are currently being promoted in developing countries. Considered as the way to a modernized agriculture, they are expected to actively contribute to increasing production, growth and employment, especially in African wetland areas. The present article examines the Cameroon part of lake Chad and provides a comparison, rarely addressed, of two dramatically different forms of exploitation: multi-use of space through recession agriculture, pastoralism and fishing (currently practiced by small-scale farmers) and large-scale specialized cropping (agropole project currently promoted by the state). We first critically examine the arguments in favour of the agropole project by a brief reviewing of the current literature. We then describe the two forms of exploitation of lake Chad environment. Lastly we compare the family farming systems to the maize specialized agricultural firm in terms of economic performance. Stemming from basics such as (1) the careful examination of cropping, pastoral herding and fishing practices, and (2) the analysis of how added-value is created, our study shows that the wealth produced by family farming systems based on multi-use of space equals the one expected to be produced by the agricultural firm, while creating three times more employment. This result is of particular importance in the current context in which the Boko Haram crisis seems to have renewed the arguments in favour of large-scale agricultural projects; L'agriculture de firme et les modèles type « révolution verte » sont promus par les pouvoirs publics pour la hausse de la production, de la croissance et de l'emploi qu'ils sont censés offrir dans les pays du Sud. Sur le cas des rives camerounaises du lac Tchad, cet article propose une comparaison, rarement faite, de deux modes de mise en valeur d'un même milieu relevant de logiques économiques et sociales radicalement différentes : le multi-usage agro-halio-pastoral de l'espace (mode d'exploitation actuel) et la monoculture de maïs (projet d'agropôle). En repartant des fondamentaux que sont l'étude des pratiques agro-halio-pastorales et l'analyse du processus de création de la valeur ajoutée, l'article montre que le système familial actuel dégage une richesse équivalente à celle attendue de la firme tout en créant trois fois plus d'emplois et en offrant de meilleurs revenus.

Les pays du Lac Tchad et la communauté internationale ont privilégié depuis plusieurs années la résolution des problèmes complexes du Sahel (tels que le terrorisme, la pauvreté extrême et la dégradation environnementale) par des interventions sécuritaires, humanitaires (essentiellement alimentaires) et de développement des ressources en eau. Le postulat à l’origine de cette approche est que les changements climatiques ont eu un rôle asséchant et destructeur des terres cultivables et de l’écosystème du Lac Tchad, ce qui appauvrirait profondément des millions de familles rurales et aurait causé l’essor d’organisations djihadistes. Cet article invalide ce postulat en démontrant tout d’abord qu’il n’y a pas de corrélation positive entre la Grande Sécheresse (1968—1993) et la naissance de groupes djihadistes dans la région, ce qui se produisit plus d’une dizaine d’années après cette période. La revue des principales manifestations des changements climatiques dans la région sahélienne durant le demi-siècle dernier indique clairement une corrélation négative entre les phénomènes de sécheresse pluriannuelle et l’essor de mouvements djihadistes, en raison d’une augmentation significative des moyennes pluviométriques dans tout le Sahel depuis la fin des années 1990, soit avant et pendant que des groupes tels que Boko Haram (2009), le MUJAO (2011) et Ansar Din (2012) émergèrent. Les auteurs appellent donc à une approche plus prudente de l’aide au développement des ressources en eau au Sahel et à ce que soient notamment pris en considération les problèmes d’augmentation des températures et de recrudescence des inondations destructrices dans la région Lake Chad riparian states and the international community have been trying to remedy the complex problems of the Sahel region (e.g. terrorism, extreme poverty, environmental degradation) with military interventions and by increasing the water resources the populations can access. The assumption behind this strategy is that climate change has had a drying and destructive effect on the region’s croplands and the Lake Chad ecosystem, making the millions of family agriculturalists who depend on these resources more vulnerable and leading to the rise of jihadist groups. This paper invalidates this assumption by showing that there has been no positive correlation between the Great Drought (1968-1993) caused by climate change and the emergence of jihadist groups in the region, which happened almost two decades later. A negative correlation has actually been found between multi-year drought and the birth and rise of jihadist groups over the past half century, largely due to the increase in general precipitations (and return to the 20th C. average) by the mid- to late 1990s and onwards, when groups such as Boko Haram (2009), MOJWA (2011) and Ansar Din (2012) emerged. Therefore, the authors call for a more careful approach to water resources development in the Sahel by the international donors, and attention to be paid to the particularly strong increase in temperatures and to the dynamics of destructive floods that have increasingly been affecting the region over the past two decades, but remained largely unnoticed by the press and donors.

International audience

National audience

We will now review the main points of our knowledge concerning Lake Chad. After a wet period with the Lake in what is referred to as the Medium Chad state, consisting of a single body of water of around 20,000 km2 (1950s and 1960s), Lake Chad entered a Little Chad phase in 1973, with two main basins separated by the Great Barrier. From 1990 to 2013, the average total surface area of the Lake was around 8,000 km2. The water’s surface area in the northern basin has seen much more variation: sev...

Il s’agit ici de présenter succinctement les grandes options dont s’inspireront les choix politiques, et de présenter leurs enjeux adaptés au contexte spécifique du Lac : celles-ci concernent la vocation du Lac (production ou conservation), les principes d’action à déployer pour gérer la variabilité de l’environnement (transformer le milieu ou appuyer l’adaptation des sociétés) et les modèles de développement (vocation sectorielle ou multifonctionnalité, agriculture capitalistique ou familial...

Objectif et approche Cette expertise collégiale a été mise en œuvre par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) pour le compte de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), dans le cadre du projet global Préservation du lac Tchad : contribution à la stratégie de développement durable du Lac financé par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM). Son objet est d’éclairer et d’appuyer les politiques publiques en faveur du lac Tchad, à partir d’une synthèse conso...

En contrepoint du dynamisme de l’économie et des échanges informels, le gouvernement du lac Tchad est malaisé. Cet espace a entretenu jusqu’à présent des relations ambivalentes avec les quatre États riverains. Tour à tour (et parfois simultanément) marge territoriale, lieu de conflit frontalier, objet de grands projets de développement et de coopération régionale, le Lac reflète les histoires parfois tumultueuses des États riverains, les ambitions et les difficultés de la construction régiona...

Le spectre de l’assèchement plane sur le lac Tchad. En effet, les variations de surface du Lac au cours des cinquante dernières années ont été spectaculaires et illustrées par des séries d’images satellitaires largement diffusées. Cependant, depuis près de quarante ans, les données hydrologiques et les observations de terrain relatives au Lac sont insuffisantes et pour la plupart peu accessibles. C’est sans doute cet écart entre une abondance d’images et le manque de données de terrain qui ex...

Les recommandations formulées par le collège des experts sont fondées sur l’ensemble des travaux du collège et plus particulièrement sur le diagnostic du rapport de synthèse. Elles prennent en compte les principes de la gestion intégrée des ressources en eau (Gire), la Vision 2025 de la CBLT, son Programme d’action stratégique pour le bassin du lac Tchad (PAS), ainsi que les orientations de la Charte de l’Eau récemment entérinée. Elles visent à faciliter la mise en œuvre de ces orientations s...

The recommendations that the college of experts make here are based on the whole work of the group and, in particular, on the diagnosis that has just been put forward. They take into account the principles of Integrated Water Resources Management (IWRM), the LCBC’s Vision 2025, its Strategic Action Program (SAP) for the Lake Chad basin, and the orientations of the recently adopted Water Charter. They aim to facilitate the implementation of these strategic orientations, especially concerning L...

Cette expertise est née du besoin de clarification lié à l’image brouillée que renvoie le lac Tchad, qui freine les politiques de développement en sa faveur. Depuis quelques années, le lac Tchad suscite un intérêt international accru. Ce géosymbole ancien, qui fascina géographes arabes du Moyen-Âge puis explorateurs européens du XIXe siècle – qui croyaient y trouver les sources du Nil (Krings et Platte, 2004 ; Bouquet, 2012) – est évoqué dans de nombreuses grandes conférences internationales ...

Objective and approach This expert group review was implemented by the Institut de recherche pour le développement (IRD) on behalf of the Lake Chad Basin Commission (LCBC), as part of the global Lake Chad Preservation project: contribution to the sustainable development strategy for the Lake financed by the Fonds français pour l’environnement mondial (FGEF - French Global Environment Facility). Its purpose is to enlighten and support public policies on Lake Chad, through a consolidate...

The aim here is to briefly present the major options that will serve as the inspiration for policy choices and to present their challenges adapted to the Lake’s specific context. These concern the Lake’s purpose (production or conservation), the principles of action to be deployed in order to manage environmental variability (transforming the area or supporting societal adaptation), and development models (i. e. sector-specific purpose or multifunctional, family or capitalistic agriculture, r...

Le lac Tchad et son avenir sont au cœur des préoccupations politiques régionales et internationales. Cet espace vital, à la charnière de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique centrale, a longtemps fasciné, depuis les géographes arabes au Moyen-Âge jusqu'aux explorateurs européens du XIXe siècle. Il suscite aujourd'hui des interrogations fortes sur l'environnement, l'eau, le climat et le développement régional. Le lac Tchad va-t-il s'assécher ? Quelles seraient alors les conséquences pour les 13 millions d'hommes qui en dépendent, sur un rayon de 300 km ? Les discours publics qui traitent de l'avenir du lac Tchad, le plus souvent alarmistes, sont dans l'ensemble sources d'une grande confusion et entretiennent une image brouillée de la situation. Une connaissance précise des réalités est pourtant nécessaire pour construire une vision partagée de cet avenir et adopter une stratégie qui permette de relever les défis du développement durable du lac. La Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) a commandé à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) une expertise collégiale sur la préservation et le développement du lac Tchad. Cette expertise, réalisée par un collège d'experts pluridisciplinaire et paritaire Nord-Sud, recense les connaissances actuelles sur le lac et identifie les différents choix politiques susceptibles de stimuler son développement. Elle aboutit à une série de recommandations utiles aux décideurs politiques en matière de soutenabilité environnementale, de sécurité alimentaire et d'emploi. The future of Lake Chad is at the centre of regional and international political concerns. This natural habitat that links West and Central Africa fascinated Arab geographers in the Middle Ages and, later, European explorers in the 19th century. Today, it raises important questions about the environment, water, climate, and regional development. Will Lake Chad dry up? What then would be the consequences for the 13 million humans within a radius of 300 km who depend upon it? Overall, public discourses on the future of Lake Chad, most often alarmist, are sources of great confusion and maintain a muddled image of the situation. However, an accurate understanding of the realities is necessary for shared vision of the future and adopting a strategy to make it possible to meet the lake's sustainable development challenges. The Lake Chad Basin Commission (LCBC) asked the Institut de recherche pour le développement (IRD) to conduct an expert group review on the preservation and development of Lake Chad. This work, carried out by a North-South balanced, interdisciplinary college of experts, took a census of current understandings of the lake and identified the various policy choices likely to stimulate its development. The work led to a series of useful recommendations for political decision-makers, on environmental sustainability, food security, and job security.

The future of the Lake depends on several variables that, though they will be considered separately for the purposes of the analysis, do interact in reality. The main variables are water inflow, demography, and socio-economic development. Water inflows into the Lake The amount of water that Lake Chad receives mainly depends on changes in rainfall and climate in the basin. These changes, which determine the state of natural resources in the region, indirectly influence the huma...

The conditions in and around Lake Chad described above have resulted in a significant level of settlement and the development of original and productive systems of activity, both on its islands and along its shores. When the Lake transitioned into its Little Chad state in 1973, its riparian societies—including people who carried on family occupations as well as many migrants of various origins—developed adaptive strategies generally based on mobility, making the most of the environment’s reso...

Rappelons ici l’essentiel de ce que nous savons du lac Tchad. Après une période humide avec un Lac qualifié de Moyen Tchad constitué d’un plan d’eau unique d’environ 20 000 km2 (décennies 1950-1960), le lac Tchad est passé en 1973 à une phase de Petit Tchad, avec deux cuvettes principales séparées par la Grande Barrière. De 1990 à 2013, la surface totale moyenne du Lac a été de l’ordre de 8 000 km2. La surface en eau de la cuvette nord a été beaucoup plus variable, avec des années sans aucune...

This study was born out of the need to clarify misunderstandings surrounding Lake Chad, which hinder development policies in favour of the Lake. Lake Chad has been receiving increasing international attention in recent years. This ancient geographical symbol—which fascinated Arab geographers in the Middle Ages and 19th-century European explorers who believed that they had found the source of the Nile (Krings and Platte, 2004; Bouquet, 2012)—is mentioned at many important international confere...

The high level of activity in the economy and the informal trading networks contrasts strongly with the difficulties of governing Lake Chad. To date, this area has maintained ambivalent relationships with the four riparian countries. By turns (and sometimes simultaneously) a territorial buffer zone, a site of border conflicts, and the subject of major development and regional cooperation projects, the Lake reflects the occasionally tumultuous histories of the riparian countries and the ambiti...

Le lac Tchad qui vient d’être décrit a favorisé la mise en place sur ses îles et sur ses rives d’un peuplement important et de systèmes d’activités originaux et productifs. Avec le passage au Petit Tchad en 1973, les sociétés riveraines du Lac, représentées à la fois par les héritiers d’une occupation ancienne et par de nombreux migrants de toutes origines, ont développé des formes d’adaptation fondées sur un recours généralisé à la mobilité, valorisant au mieux les ressources du milieu par d...

L’avenir du Lac dépend de plusieurs variables que l’on considérera séparément pour les besoins de l’analyse mais qui, évidemment, interagissent dans la réalité. Les principales sont les apports en eau, la démographie et le développement socio-économique. Les apports en eau L’eau reçue par le lac Tchad dépend principalement de l’évolution de la pluie et du climat sur le bassin. Cette évolution, qui conditionne l’état des ressources naturelles dans la région, influence indirectement la pression...

La situation humanitaire sur les rives du lac Tchad est catastrophique ; mais elle ne semble pas due prioritairement à des facteurs climatiques. L'intrusion de Boko Haram sur les bords et les îles du lac, où il peut se cacher et terroriser la population, est déterminante. Mais fondamentalement, c'est le désintérêt du gouvernement tchadien et des autres Etats riverains qui explique la vulnérabilité de la population du lac. Des efforts de développement auraient pu être menés pour tirer parti de cet écosystème exceptionnel en milieu sahélien.

The Lake Chad is unique in the Sahelian band. Whereas large scale irrigated schemes has characterized the other wetlands, here the development of agriculture, cattle breeding and fishing has been based on the use of the water floods and on mobilities. Almost virgin until the 1940s, the Lake has become a highly populated and cosmopolitan area, exporting diversified foodstuffs to the urban markets of the sub-region. Through the analysis of agrarian and territorial dynamics of the Cameroonian lake shores, this research questions to which extent multi-use of the natural resources and mobilities may allow further agricultural intensification and population increase in such an uncertain environment.Closer complementarity and synergy between activities pave the way for ecological intensification and territorial development inducing wealth and job generation. Due to its marginal nature, the Cameroonian part of the Lake has been the place of continuous social innovations, ensuring to a great diversity of people the access to productive assets and markets. In this sense, it has been actually decisive for the dynamic of intensification. Hydro-ecological, economic and demographic uncertainty has been integrated into the “normal” functioning of the agrarian system and territory. Nowadays, the political uncertainty threatens the future of the Lake Chad. It results both from agricultural and environmental policies and from conflicts between local authorities, that are constitutives of the relation between the State and the populations.; Le lac Tchad étonne par sa singularité. Alors que le développement des autres grandes zones humides sahéliennes a reposé sur les périmètres irrigués, le sien a reposé sur la valorisation du mouvement des eaux par l'agriculture, l'élevage et la pêche, et par les mobilités. Quasi espace vierge dans les années 1940, le Lac est devenu une région densément peuplée et cosmopolite exportant des vivriers diversifiés sur les marchés urbains de la sous-région. À travers l'analyse des dynamiques agraires et territoriales de la fenêtre lacustre camerounaise, ce travail interroge les opportunités qu'offrent, dans un environnement incertain, le multiusage des ressources et les mobilités à l'intensification des processus productifs et à la densification démographique.Le renforcement des complémentarités et synergies entre activités dégage les voies d'une intensification écologique du mode d'exploitation et d'un développement territorial, créateurs de richesse et d'emplois. En favorisant l'émergence de rapports sociaux et d'institutions innovantes assurant l'accès aux ressources productives et aux marchés à une grande diversité de populations, le statut de marge territoriale de la fenêtre lacustre a été déterminant dans la dynamique d'intensification. L'incertitude hydro-écologique, économique et démographique a été intégrée au fonctionnement « normal » du système agraire et à celui de territoires qui se singularisent par leur mobilité. Aujourd'hui, c'est l'incertitude politique qui menace l'avenir du lac Tchad. Elle résulte des conflits de pouvoirs locaux constitutifs du rapport de l'État aux populations, et de l'action publique à travers les politiques agricoles et environnementales.

International audience; Lake Chad is a wide border sahelian wetland wich concentrates rich and various but highly variable resources. In his cameroonian part, the intensification of the receding flood spaces multi-use has led to strong population densification and to signifiant food surplus exports. It has been permitted by the flexible and egalitarian resources governance born in the situation of internal frontier of the recent halio-agropastoral colonization. But the supra-local power interventions through democratization and territorial integrity policies destabilize actors coordinations organizing the sharing of the space use and the intensification and population densification process.; Vaste zone humide sahélienne transfrontalière, le lac Tchad concentre des ressources riches et diverses mais très variables. Dans sa partie camerounaise, l’intensification du mode d’exploitation basé sur la décrue et le multi-usage de l’espace a conduit à une forte densification démographique et à l’exportation d’importants surplus vivriers. Elle a été favorisée par une gouvernance foncière flexible et égalitaire dont l’émergence se comprend dans la situation de frontière interne de la récente colonisation halio-agro-pastorale. Mais les interventions des pouvoirs supra-locaux à travers les politiques de démocratisation et de maintien de l’intégrité territoriale déstabilisent les coordinations entre acteurs organisant le partage de l’usage de l’espace et remettent en cause les processus d’intensification et de densification démographique.

The article explores the hydropolitics of Lake Chad. Scientific and popular views on the fate of Lake Chad differ widely. The supposed 'disappearance' of the Lake through water abstraction and climate change is a popular myth that endures because it serves a large set of heterogeneous interests, including those supporting inter-basin water transfers. Meanwhile scientific investigations show substantial and continuing Lake level fluctuations over time, and do not support its projected disappearance. The task is to understand how the myth of the disappearing Lake has been engendered and used, by studying the discourses and the strategies of the main stakeholders involved. The Lake has been protected so far from massive water abstraction, and inter-basin transfer projects, due to the fragmentation of its political management, new security threats, and the piecemeal nature of the interests in play., Cet article aborde le lac Tchad d’un point de vue hydropolitique. Les discours scientifique et du grand public sur l'état du lac Tchad diffèrent largement. La « disparition » supposée du lac sous l’effet des prélèvements anthropiques pour l’irrigation et du changement climatique est un mythe qui perdure car il sert un ensemble d'intérêts hétérogènes, dont ceux favorables à un projet de transfert d'eau inter-bassins. Or les recherches scientifiques montrent que le lac a toujours fluctué au cours du temps, et que les dynamiques récentes ne conduisent pas à sa disparition, si souvent annoncée. Il s’agit ici de comprendre comment le mythe de la disparition du lac a été engendré et utilisé, en étudiant les discours et les stratégies des principaux acteurs impliqués. Jusqu’à présent, le lac a été protégé aussi bien de prélèvements massifs que d’un transfert inter-bassin par la fragmentation de sa gestion politique et par l’émergence de nouvelles menaces sécuritaires dans le bassin

2e prix de thèse de l'IISMM-EHESS 2016; Located on the Western shores of Lake Chad in present-day Nigeria, the Borno Sultanate was the most important Islamic African state in the XVIth-XVIIth centuries. It influenced economical, cultural and human circulations in the whole Sahel and Sahara. Two contemporary authors described how the Borno sultans were integrated into the diplomatic exchanges in order to defend their economical and territorial interests. The first one was a Borno imam whose name named Aḥmad ibn Furṭū (c. 1570). The other was a French surgeon who was enslaved in Tripoli in the 1670s. On the basis of the texts they produced, this work aims to go beyond a political history of the Borno Sultanate and analyze the representations, the circulations and the practices of diplomacy between a sahelian state and its neighbours in the Early Modern period, taking into consideration the influence of environmental, religious, economical and social dynamics as well as the discourses and practices of diplomacy.; Situé sur la rive ouest du lac Tchad, au nord-est du Nigeria actuel, le sultanat du Borno fut aux XVIe et XVIIe siècles un État islamique majeur dans les échanges économiques, humains et culturels du Sahel et du Sahara. Deux auteurs en particulier ont décrit la façon dont les sultans du Borno se sont impliqués dans le concert diplomatique pour garantir leurs intérêts commerciaux et territoriaux. Il s’agit d’un savant bornouan, Aḥmad ibn Furṭū (c. 1570) et d’un Français qui fut esclave à Tripoli dans les années 1670. À partir de l’analyse des textes produits par ces deux auteurs, cette thèse cherche à dépasser la simple histoire politique et diplomatique des sultans du Borno pour envisager les représentations, les circulations et les pratiques diplomatiques entre un État sahélien et le monde qui l’entoure à l’époque moderne, en prenant en compte les contraintes du milieu, les dynamiques sociales, économiques et religieuses ainsi que les discours et pratiques de la diplomatie.

2e prix de thèse de l'IISMM-EHESS 2016; Located on the Western shores of Lake Chad in present-day Nigeria, the Borno Sultanate was the most important Islamic African state in the XVIth-XVIIth centuries. It influenced economical, cultural and human circulations in the whole Sahel and Sahara. Two contemporary authors described how the Borno sultans were integrated into the diplomatic exchanges in order to defend their economical and territorial interests. The first one was a Borno imam whose name named Aḥmad ibn Furṭū (c. 1570). The other was a French surgeon who was enslaved in Tripoli in the 1670s. On the basis of the texts they produced, this work aims to go beyond a political history of the Borno Sultanate and analyze the representations, the circulations and the practices of diplomacy between a sahelian state and its neighbours in the Early Modern period, taking into consideration the influence of environmental, religious, economical and social dynamics as well as the discourses and practices of diplomacy.; Situé sur la rive ouest du lac Tchad, au nord-est du Nigeria actuel, le sultanat du Borno fut aux XVIe et XVIIe siècles un État islamique majeur dans les échanges économiques, humains et culturels du Sahel et du Sahara. Deux auteurs en particulier ont décrit la façon dont les sultans du Borno se sont impliqués dans le concert diplomatique pour garantir leurs intérêts commerciaux et territoriaux. Il s’agit d’un savant bornouan, Aḥmad ibn Furṭū (c. 1570) et d’un Français qui fut esclave à Tripoli dans les années 1670. À partir de l’analyse des textes produits par ces deux auteurs, cette thèse cherche à dépasser la simple histoire politique et diplomatique des sultans du Borno pour envisager les représentations, les circulations et les pratiques diplomatiques entre un État sahélien et le monde qui l’entoure à l’époque moderne, en prenant en compte les contraintes du milieu, les dynamiques sociales, économiques et religieuses ainsi que les discours et pratiques de la diplomatie.

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