Qu’il s’agisse de sections mises en place au sein d’institutions muséales existantes (Muséum national d’histoire naturelle, Cité des sciences et de l’industrie, Historial de la Vendée) ou d’établissements entièrement conçus pour le jeune public (le Musée en Herbe, le Préau des Accoules, etc.), les musées pour enfants fleurissent aussi timidement que tardivement dans l’Hexagone, à considérer leur multiplication outre-Atlantique, et ce, dès la toute fin du xixe siècle. À l’heure où se forge le concept s’en distinguent en France les musées d’éducation ou musées pédagogiques, plus anciens, qui s’adressent quant à eux prioritairement aux enseignants, tandis que s’en rapprochent les musées scolaires. Ce faisant, l’étanchéité des modèles ne recouvrant pas celle des réalisations, les frontières se brouillent permettant l’émergence à Paris, au sein du Musée pédagogique, d’un musée des Poupées que fréquentent les enfants et où s’exposent, en miniatures, l’histoire et la géographie de la diversité costumière. Confrontant cette expérience singulière, dont le dénouement s’avère loin d’être prémédité, à celles menées concomitamment au Brooklyn Children’s Museum, premier du genre, l’analyse met en exergue l’enfance d’un certain sens du patrimoine, faisant la part belle à la participation et à l’expérience. Compared with the spread of children’s museums in North America – a phenomenon dating back to the very end of the 19th century – France’s initiatives, whether the special sections set up within existing museum structures (the Museum national d’Histoire naturelle and the Cité des sciences et de l’industrie in Paris, the Historial de la Vendée in the Loire region) or new institutions entirely conceived for young visitors (the Musée en Herbe in Paris, le Préau des Accoules in Marseilles, etc.) have been slow in coming. When the concenpt first emerged, educational museums, which were older and mainly addressed at teachers, were distinguished from the slightly later school museums created by pupils in class. These hermetically separate models did not necessarily correspond to the end results, however, and the blurring of the borders permitted, for example, the creation of a doll museum within the Musée Pédagogique in Paris, where children could discover in miniature form the history and geography of clothing styles. By comparing this singular experiment and its unanticipated outcome with those carried out at the pioneering Brooklyn Children’s Museum in New York, this analysis highlights the ‘childhood’ of a certain approach to cultural heritage that favours participation and direct experience.