Search

Françoise de Motteville, une expertise indéfinie ou comment ne pas être théologienne. Autour d’une « dissertation » féminine sur la divinité du Christ — Ce texte entend revenir sur la manière dont l’écriture et une compétence théologienne contribuent à la construction de la nouvelle agency religieuse féminine caractéristique du catholicisme français du XVIIe siècle. Il le fait en partant du cas de Françoise de Motteville, auteure d’un recueil de preuves sur la Divinité du Christ qui n’a jusqu’à présent pas fait l’objet d’étude spécifique. Le parcours de Madame de Motteville n’est pas celui d’une femme hors norme. Malgré son refus très net de l’état de mariage, elle habite les normes de genre comme les normes sociales et religieuses de son temps. Le Recueil qu’elle a laissé signale pourtant la manière dont son conformisme est précisément ce qui fonde ce qu’il y a de subversif dans son écriture et dans son rapport au savoir. C’est dans une performance conjointe de compétence et d’incompétence qui joue en permanence avec les limites qui s’imposent à elle, que le Recueil peut être une prise de position à la fois radicale et efficace – parce qu’orthodoxe et autorisée – dans les débats du XVIIe siècle sur le rôle et le savoir religieux des femmes.

Premières ouvertures en faveur de l’accommodement général : Benoît XIII (août 1724-juin 1725) L’année 1724 signe un tournant dans les relations franco-romaines, désormais marquées par une reprise des négociations sur la bulle. Dubois et Bourbon avaient en effet joué avec assez de constance la carte du « pourrissement », espérant que le temps et la lassitude aidant les préventions anticonstitutionnaires s’éteindraient peu à peu. La diplomatie française vise, pendant les quatre années qui suiv...

Pendant que Fleury administre avec honneur son diocèse, les affaires religieuses vont bon train à Paris et Versailles. Elles impliquent certaines des connaissances que notre homme avait pratiquées dès avant l’épisode fréjusien, dont celui qui pouvait à plus d’un titre apparaître comme une sorte de patron : le cardinal de Noailles. Face aux tumultes provoqués par la querelle du quiétisme puis par celle, interminable, du jansénisme, l’évêque de Fréjus ne pouvait en effet rester neutre. Son dest...

La mise en place du duumvirat Bourbon-Fleury L’affaire est expédiée à la hussarde. Aussitôt expiré Philippe d’Orléans, le marquis de La Vrillière, « en courtisan qui sait profiter de tous les instants critiques », se rue pour apprendre la nouvelle au roi, à Fleury et à Bourbon. Nulle hésitation de la part de Fréjus qui seconde prestement M. le Duc, venu réclamer la place de feu son cousin : « Ce prélat, qui étoit auprès du Roi lorsque le duc de Bourbon vint lui parler, apercevant que Sa Maj...

Prolificité et contexte démographique André-Hercule, né à Lodève le 22 juin 1653, est le troisième enfant d’une famille qui s’avérera particulièrement prolifique. Comptons en effet : Hélène (née le 2 mars 1651, morte avant 1706) ; Gabriel (11 avril 1652-16 avril 1693), conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier ; André-Hercule (22 juin 1653-29 janvier 1743), dont le nom de baptême est en réalité Hercule (« Hercules », dans l’orthographe de l’époque), auquel fut ajouté...

Les bases financières : décimes et tailles (1594-1630) Cette vue en perspective tracée, reprenons maintenant le déroulement chronologique avec Pierre Ier, grand-père paternel du futur cardinal, et son ascension financière. Pierre s’occupe d’abord de l’argent d’Église : il acquiert en 1594 l’office de receveur ancien des décimes du diocèse, puis celui de « receveur alternatif ancien » en 1603, enfin de « receveur alternatif nouveau » (triennal, en fait) en 1622. À sa mort en 1644, l’ensemble ...

Discrimination sacré/profane Fleury conçoit d’abord son apostolat sous le signe de la frontière entre profane et sacré. Sa tâche, c’est de délimiter, circonscrire, marquer d’un trait épais la ligne de fracture entre deux espaces, deux temps, étrangement imbriqués dans l’esprit des fidèles. Guère de visites où, par exemple, il ne soit rappelé la nécessité d’enclore le cimetière, livré aux quatre vents, ne différant « en rien des terres destinées à des usages communs et prophanes » : à Flassa...

La démission du siège de Fréjus Les deux mandements de Fleury (1714-1715) sont un testament théologique. Le futur cardinal est déjà sur le départ, prêt à résigner son évêché. La pieuse légende, entretenue par Ranchon, veut qu’il ait refusé en 1709-1710 son transfert à Poitiers puis à Arles, pourtant deux promotions spectaculaires dans le cursus ecclésiastique. Notre homme s’était alors excusé en invoquant son état de santé et son âge. Le climat fréjusien était réputé nocif, du fait des eaux ...

La genèse : la France et Rome La fin de cette amitié trentenaire, effective dès la fin de 1711, tombe à propos si l’on ose dire, car elle rencontre heureusement la conjoncture versaillaise. Louis XIV, en effet, ne se satisfait pas du bref de 1708 et réclame du pape une bulle plus solennelle qui fût, cette fois, reçue en France. Elle seule, pense le roi, permettrait de rétablir la paix et d’en finir une fois pour toutes avec le poison quesnelliste. Le 16 novembre 1711, ordre est donc donné au...

Façonner le clergé Quantité, soit. Encore faut-il être capable de manœuvrer ce corps de bataille – et d’ailleurs, on l’a déjà dit, pléthore n’est pas synonyme de qualité. Des prêtres nombreux, c’est souvent l’indice d’un prolétariat clérical que les évêques réformateurs s’efforceront de réduire aux xviie-xviiie siècles. Où l’on découvre à cette occasion les talents organisateurs de notre futur cardinal, aidé en cela, il faut le rappeler, par un très large pouvoir de désignation à tous les bé...

La disgrâce (1688-1689) Sur cet épisode resté obscur de la vie du cardinal, Ranchon doit bien confesser son ignorance. Le coup qui frappe André-Hercule a cependant une origine précise puisqu’il s’agit du duc de Lauzun (1633-1723). Courtisan expérimenté, ce dernier a su, jadis, gagner l’amitié du jeune Louis XIV et le cœur de la Grande Mademoiselle, qu’il a épousée sans doute secrètement. Las, cette brillante entrée en matière s’est close bien vite, et le sémillant courtisan a dû passer quelq...

Formation du patrimoine Est-ce besoin de liquidités, charge excessive représentée par l’achat de la baronnie (75 000 livres) ou tout simplement difficulté à gérer efficacement des terres qui s’échelonnent maintenant du Lodévois au Biterrois, notre trésorier de France décide de se séparer des seigneuries de Dio, Valquières et Vernazobres. L’acheteur n’est autre que son frère cadet, Jean (le père d’André-Hercule), receveur des tailles au diocèse de Lodève : le contrat de vente du 29 juillet 16...

Louis XV plutôt que Reims Cette liaison privilégiée entre le roi et son précepteur prend un relief particulier à mesure que grandit Louis XV. Accéder à la personne du souverain, ce vieil impératif curial retrouve toute son actualité. Voici qui place Fleury en position forte, et confère à chacun de ses gestes une portée politique incontestable. Ainsi lorsque le Régent lui propose en 1721 de succéder à Mgr de Mailly sur le siège de Reims. Saint-Simon, qui s’accorde le bénéfice d’avoir soufflé ...

Dans le jeu du futur cardinal, le petit roi est la carte maîtresse. Précepteur de Louis XV, Fleury a su tisser avec son élève une relation de complicité, d’estime et de tendresse qui ne se démentira jamais. Sans doute le prince n’est-il pas encore tout à fait le canal des grâces, ce rôle étant dévolu pour l’heure à Philippe d’Orléans. Mais, passé 1720, ses sympathies et répugnances commencent à entrer en ligne de compte dans le système politique de la cour. On croyait cet enfant réputé chétif...

Rentré à la cour, précepteur du roi, Fleury intègre donc désormais pleinement la sphère politique. C’est dire que rien de son itinéraire ultérieur ne peut se déprendre de ce cadre alors en plein bouleversement. On s’autorisera dès lors ici un survol des premiers temps de la Régence qui, à beaucoup d’égards, marquent d’une forte empreinte la situation française et même européenne, quelquefois bien après 1726. Avant ou après son accession au pouvoir comme premier ministre (sinon en titre, du mo...

Un abbé de cour dévot Dans cette brillante peinture, une seule ombre : la disparition de Marie-Thérèse, dès 1683. De nulle incidence sur les choix politiques de Louis XIV, la reine, irréprochablement dévote, en imposait par sa piété tout ibérique. On pourra indéfiniment spéculer sur les effets de son patronage concernant l’avancement d’André-Hercule si elle avait vécu plus longtemps. Il est vrai que la désignation à un évêché procédait aussi de considérations politiques, et il n’est pas dit ...

Cet ouvrage a pour ambition de suivre la trajectoire de Fleury depuis sa naissance, le 22 juin 1653, jusqu’au 11 juin 1726, date de son accession aux fonctions de premier ministre, c’est-à-dire d’écrire l’histoire d’une ascension en tâchant d’en éclairer les différents moteurs. Elle vise ainsi à combler une lacune. Les rares biographies consacrées au cardinal de Fleury passent en effet rapidement sur l’avant-1726, antichambre de la gloire. Le ton en est assez souvent hagiographique, dépendant...

Thomassin Le collège d’Harcourt cultive traditionnellement un antijésuitisme banal qui le rend perméable aux thèses jansénistes. Encore faut-il nuancer : ce jansénisme-là, pas plus que le jansénisme en général d’ailleurs, ne se distingue facilement d’un gallicanisme et d’un rigorisme qui s’inquiètent des positions excessivement romaines des pères jésuites, et, aux dires de leurs adversaires, laxistes au tribunal de la pénitence. Les jansénisants ne sont qu’une minorité, mais ils se recrutent...

La conspiration Cellamare Deux faits viennent souligner cette connivence : c’est en décembre 1718 la conspiration éventée de l’ambassadeur d’Espagne, le prince de Cellamare, où sont compromis le duc et la duchesse du Maine, qui comptent parmi les protecteurs de Fleury, ainsi que le cardinal de Polignac, vieille connaissance depuis Harcourt. C’est enfin, et plus profondément, l’évolution de la situation religieuse. Le complot visait à renverser le duc d’Orléans et à mettre à sa place le duc ...

Quoi qu’il en soit, lorsque, le 7 mai 1701, Fleury fait enfin son entrée dans la ville épiscopale, nulle voix discordante ne se fait entendre. Luc d’Aquin s’est tu, ayant à faire à trop fortes parties et ses partisans s’étant manifestement résignés. La réception du nouvel évêque à grands coups d’arquebusade est déjà l’occasion de sa part d’une édifiante simplicité : les deux grands bassins d’argent, de 300 livres chacun, que lui avaient offerts les consuls de Fréjus, sont aussitôt vendus sur ...

La montée à Paris Bonsy se révèle irremplaçable en ces débuts du jeune Fleury, seul à même de faire le pont entre le Languedoc et la capitale. Nouées du temps de Pierre, poursuivies par Jean, André-Hercule hérite de ces précieuses relations entretenues avec l’éminence fastueuse. Écoutons encore une fois Saint-Simon, langue acide mais indispensable : « Fleury, receveur des décimes du diocèse de Lodève, s’insinua dans le domestique du Cardinal, parvint jusqu’à lui, et à lui oser présenter son...

Aumônier de Marie-Thérèse puis de Louis XIV Ces bases intellectuelles et spirituelles entrevues, reste à préciser le moteur de l’ascension. Premier atout, déterminant, les relations de Fleury. Les réseaux parisiens qu’il intègre ont un parfum tout languedocien. D’abord Bonsy (resté dans le Midi en dépit de quelques incursions dans la capitale), qui l’a recommandé aux Castries, ses alliés (l’une de ses sœurs, Isabelle, ayant épousé en 1644 un marquis de Castries qui sera gouverneur de Montpel...

Le duumvirat entre dans sa phase critique au cours de l’année 1725. Aussi bien, il était dans sa logique cohabitationniste de se dénouer un jour ou l’autre en faveur du duc de Bourbon ou de Fleury. La faillite finale n’a rien qui doive surprendre par conséquent. Il n’est pas même jusqu’au triomphe du futur cardinal qui ne fût largement prévisible. Les conditions dans lesquelles M. le Duc s’était emparé du pouvoir en 1723, l’amitié et la confiance dont le roi honorait son précepteur donnaient ...

Quels sont les mécanismes qui ont conduit le rejeton d’une famille de financiers « moyens » du Languedoc à devenir, en 1726, le principal ministre du jeune Louis XV ? Les causes à l’origine de cette réussite sont de plusieurs ordres. D’abord, le mouvement d’ensemble de tout un lignage qui plonge ses racines dans la marchandise du Lodévois depuis au moins le xvie siècle. Puis, le passage à la finance – le maniement des deniers du roi – qui s’effectue avec le grand-père du cardinal dans les premières années du xviie et surtout son oncle Pierre-Moïse, trésorier de France au bureau des finances de Montpellier. Ce dernier favorise la montée à Paris du jeune André-Hercule qui embrasse dès lors la carrière ecclésiastique. Les moteurs de l’ascension sont ensuite individuels et reposent sur le jeu des clientèles, avec en particulier le cardinal de Bonsy puis le cardinal de Noailles qui obtient de Louis XIV l’évêché de Fréjus (1698) pour son protégé. Tirant profit de ses appuis à la cour et de son ferme soutien en faveur de la bulle Unigenitus, mais sans complaisance vis-à-vis des jésuites, Fleury est désigné par Louis XIV mourant précepteur du futur Louis XV. Sa proximité avec le petit roi le positionne dès lors en personnalité majeure. Les décès de Dubois puis de Philippe d’Orléans le laissent seul face au duc de Bourbon (1723). Trois ans seulement vont suffire à M. de Fréjus pour éliminer ce rival. Cette maestria curiale vient clore une ascension complexe, mélange de collectif et de structurel, d’individuel et de conjoncturel : historique, en somme.

L’archevêque de Paris à la rescousse Voici donc Fleury, la quarantaine franchie, peu en faveur auprès du roi, sans qu’on puisse toutefois parler de disgrâce irrémédiable – ainsi qu’en témoigne, on l’a vu, l’acquisition de Notre-Dame de La Rivoire. Reste qu’après des débuts brillants placés sous les heureux auspices de Bonsy et de Marie-Thérèse, l’ascension se ralentit, le mouvement s’essouffle. « Il essuya des disgrâces », nous dit Ranchon, sans qu’on sache bien ce que recouvre ce pluriel (l...

Avocat général au parlement de Paris, Jérôme Bignon (1589-1656) est passé à la postérité à la fois comme l’un des grands noms de l’éloquence parlementaire, et comme un savant très respecté de la République des lettres pour son érudition. À l’aide de sa Vie publiée en 1747 par l’abbé Pérau, cet article tente de mieux cerner les liens entre la culture juridique d’un officier de haute robe, sa carrière publique, et ses recherches érudites, au sein desquelles les questions confessionnelles occupent une part centrale, ce qui amène à prendre aussi en considération la place très grande qu’il accorde à une conception dévote du catholicisme. Advocate General in the Parliament of Paris, Jérôme Bignon is remembered in history both as one of the great names of parliamentary eloquence, and as a highly respected scholar of the Republic of Letters for his erudition. With the help of his Vie published in 1747 by the Abbé Pérau, this article tries to better identify the links between the legal culture of a high-ranking officer, his public career, and his scholarly research, in which religious controversies occupy a central part. This also leads us to take into consideration the very great place he gives to Catholic devotion.

Fénelon a fait du molinisme et du congruisme le refuge des tenants d’un équilibre de la volonté comme condition de sa liberté, tandis qu’il a voulu inscrire l’hérésie du jansénisme dans le système de la délectation relativement victorieuse. Les jansénistes ont alors eu beau jeu de rapprocher le système de l’équilibre ainsi défini de l’erreur propre au pélagianisme. En identifiant le jansénisme au système des deux délectations indélibérées, Fénelon a en revanche ouvert une voie polémique extrêmement féconde.

This paper reassesses the links between the Christian theology and political economy during the seventeenth and early eighteenth centuries by focusing on the beginnings of the Jansenist movement—a powerful and intellectually rich Christian movement of the time in France, Austria, and Holland. This paper examines through three study cases–the vision on labour and poverty, the issue of socially acceptable outcome, and the interest-bearing loans—how the main features of the Jansenism theology helped the emergence of new political economy ideas that will be carried over into the 18th century by some philosophers, lawyers, or economic theorists. Cet article réévalue les liens entre la théologie chrétienne et l’économie politique au cours du XVIIe et du début du XVIIIe siècle en se concentrant sur l’émergence du mouvement janséniste – l’un des mouvements chrétiens les plus puissants et intellectuellement les plus riches de l’époque en France, en Autriche et en Hollande. Cet article examine à travers trois cas d’étude – la vision du travail et de la pauvreté, l’harmonie sociale, et le prêt à intérêt – comment les principales caractéristiques de la théologie janséniste ont contribué à l'émergence de nouvelles idées économiques qui seront reprises au XVIIIe siècle par certains philosophes, juristes ou théoriciens économiques.

La présente étude se veut une histoire un peu différente du portrait dans la France du xviie siècle. Elle s’intéresse aux discours autour du portrait, qu’il soit de nature textuelle ou artistique. L’objectif est de dégager les aspects essentiels d’un débat extrêmement complexe et animé, et souvent négligé, concernant le genre artistique sans doute le plus fécond de l’époque. Il ne s’agit donc pas d’une histoire générique classique, qui commencerait par la renaissance des arts – et en particul...

Au xviie siècle, indépendamment de la crise de légitimation qu’il traversait en tant que reproduction soi-disant facile de la réalité, le portrait jouit d’un engouement particulier en tant que moyen de distinction de classe dans une France caractérisée précisément par la mobilité sociale. Dans l’ennoblissement du portrait et les efforts pour dépasser la pure restitution du réel se rejoignaient les intérêts des commanditaires et des peintres. La vanité et le désir d’affirmer et de rehausser sa...

Quelles connaissances devait posséder l’artiste pour exécuter un portrait et connaître le succès ? De quels instruments disposait-il ? Les manuels et la théorie artistique s’expriment à maintes reprises sur ce sujet, même s’il fut longtemps accordé moins d’attention aux compétences du portraitiste qu’à celles d’un peintre d’histoire. En France aussi, l’ouvrage d’Albrecht Dürer, Underweysung der Messung, mit dem Zirckel und Richtscheyt (Instruction sur la manière de mesurer à la règle et au co...

Dans son Sendschreiben über die Gedanken von der Nachahmung der griechischen Werke in der Malerey und Bildhauerkunst (Lettre à propos des réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture), réplique – publiée sous anonymat – à son ouvrage programmatique et idéaliste Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke in der Malerey und Bildhauerkunst (Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture, 1755), Johann Joachim Winckelmann écrit : ...

Le pastelliste et graveur sur cuivre Robert Nanteuil est incontestablement l’un des plus grands portraitistes du xviie siècle. Il a créé des centaines de portraits, notamment des membres de la Cour. Son plus illustre client était Louis XIV, qui lui octroya en 1658 une pension annuelle de mille livres, et dont Nanteuil réalisa plusieurs portraits. Que cette carrière de portraitiste s’accomplît en dehors de l’Académie parisienne, dont Nanteuil ne fut jamais membre jusqu’à sa mort en 1678, ne sa...

Les portraits de personnages historiques constituent une catégorie très spécifique et s’inscrivent en général dans un contexte historiographique. L’historiographie du début des Temps modernes est étroitement liée à l’art du portrait. À commencer par les auteurs antiques, en particulier par les descriptions parallèles de Grecs et de Romains illustres de Plutarque, l’historiographie concevait l’Histoire comme le portrait de ses protagonistes. Cette interprétation fut adoptée par de nombreux ouv...

Commençons par étudier le portrait dans la littérature d’art française. Celle-ci s’intéresse très tôt à cette thématique, la question primordiale étant de savoir de manière générale si un portrait doit être fidèle à la réalité ou s’il lui est autorisé, ou même imposé, de corriger les erreurs présumées de la réalité. La question fut abordée à maintes reprises par les théoriciens italiens, lesquels conclurent dans l’ensemble que l’idéalisation du modèle et la poursuite d’intérêts artistiques de...

« Definitions. 1 Pourtraire est trasser, descrire ou peindre des traits formant une figure sur quelque superficie que ce soit, laquelle represente quelque chose de celles qui sont en la nature. 2 Et cette figure est appellee pourtraict de ce quelle represente. […] 3 Pourtraire une teste humaine, est faire une figure representant icelle. 4 La teste humaine peut estre pourtraite en autant de façon qu’elle ce peut mouvoir et estre scituee, ou bien que celuy qui la regarde change de diverses disp...

Cependant, compléter un portrait par de somptueuses draperies et des allusions à l’Histoire ou à la mythologie n’était pas la seule façon d’en accroître la dimension artistique. Il existait une autre forme, moins éclatante mais plus subtile et délicate, utilisée en particulier pour les portraits étroitement cadrés, qui consistait à composer avec les moyens de la peinture un arrière-plan le plus sobre possible, voire souvent indéfinissable. Ce défi se posait à l’extrême lorsqu’un commanditaire...

L’art du portrait se trouvait donc face à un dilemme. D’un côté, nonobstant toutes les tentatives de compromis, seul s’était imposé l’argument selon lequel un portrait se devait d’être fidèle et ressemblant, sans quoi le genre risquait de perdre sa légitimité. En effet, quelle était l’utilité d’un portrait s’il ne montrait pas la personne qu’il prétendait représenter ? D’un autre côté, ce fut précisément l’argument qui entraîna sa dépréciation. Il se contentait, disait-on, de copier la réalit...

Les représentations d’un souverain ou d’un criminel constituent assurément des cas particuliers. Elles n’en soulèvent pas moins la question de savoir si – et, le cas échéant, comment – les qualités ou les défauts moraux d’une personne peuvent se lire sur son aspect extérieur. La physiognomonie promettait une réponse à cet égard. La discipline n’en était qu’à ses balbutiements, même si l’Antiquité avait déjà formulé des réflexions sur le rapport entre le caractère d’un homme et son corps, et e...

Ces réflexions sur la représentation de l’homme situé prétendument au sommet de l’échelle soulèvent la question du portrait de l’individu placé à l’extrémité inférieure : le criminel. Pour des raisons compréhensibles, les portraits conservés de malfaiteurs sont rares et ceux qui existent répondent vraisemblablement à des motifs d’exécution très variables. Porter son regard sur quelques exemples vaut néanmoins la peine, car il s’agissait de trouver une forme de représentation pour des personne...