Le service public de gestion des déchets ménagers et assimilés semble depuis plusieurs décennies avoir un objectif clair de salubrité publique dans une acception uniforme sur un territoire (Coutard et Rutheford, 2016 ; Berdier et Deleuil, 2010). Or les travaux de recherche empiriques menés depuis plusieurs années dans les pays du Sud (Jaglin et al., 2018 ; Durand et al., 2019) montrent que le périmètre de ce service évolue, au regard d’enjeux environnementaux globaux, de gouvernance et d’implications sociales multiples, ainsi que d’enjeux technico-économiques toujours plus sous tension. Cette évolution ne correspond jamais à un projet politique affirmé ; elle se cache généralement derrière des nécessités nouvelles de recyclage (Le Bris et Coutard, 2008), derrière le manque de moyens des acteurs publics ou derrière la volonté d’acteurs privés (Luthra, 2019), informels (Scheinberg et Anschutz, 2016 ; Cirelli et Florin, 2016) ou citoyens (Salvaire, 2019) d’intervenir dans le domaine. Toutefois, redéfinir implicitement les limites de ce que l’on considère « service public » rebat l’ensemble des cartes du jeu politique des déchets. Que cela soit au nom de la non-exclusion des récupérateurs informels, de la réduction de la pauvreté ou de la préservation des ressources, la conception de ce que doit être le rôle des acteurs publics du déchet tend à évoluer. Si ce phénomène peut être observé dans les villes des pays du Nord, sous d’autres formes, c’est au cas des villes des pays du Sud que cet article s’intéressera tout particulièrement. Les études de cas analysées (Lima, Bogotá, Lomé, Antananarivo, Delhi et Surabaya) offriront une lecture mouvante des limites de ce service public. Le périmètre de celui-ci est parfois restreint par les flancs quand les déchets recyclables et compostables sont soustraits à la collecte municipale. Il peut également être réduit par l’amont lorsqu’un système de précollecte (plus ou moins formelle) est mis en place. Une partie des tâches sont donc dédiées à des acteurs tiers, en dépassant la simple privatisation du service. En effet, il ne s’agit ni de logiques de marché, ni par des logiques institutionnelles. La notion de communs peut alors être mobilisée pour analyser ce modèle de gestion des déchets de plus en plus composite. The municipal waste management service was apparently clearly defined for several decades (Coutard & Rutheford, 2016). It offered an identical service over the various parts of a municipal area, with the main objective of ensuring public health and population and environment protection (Berdier & Deleuil, 2010). However, empirical researches carried out for several years (Jaglin & al., 2018; Durand & al., 2019) show that the scope of these services is changing, with regard to global environmental issues, multiple governance and social implications, as well as techno-economic challenges.This evolution never expresses an asserted public policy; it is often connected to new recovery needs (Le Bris & Coutard, 2008), to the lack of public finances or to the intervention of a private stakeholder (Luthra, 2019) or an informal (Scheinberg & Anschutz, 2016 ; Cirelli & Florin, 2016)) or civic one (Salvaire, 2019). However, the implicit redefinition of “public service” boundaries may have impacts on social and political relationships. The role of public waste sector is largely evolving, whether the goal is to include informal wastepickers (using the notion of “commons”; Zapata & Zapata Campos 2015; Cavé, 2015), or to struggle for poverty reduction or resources preservation. This paper will focus on cities of the Global South. The case studies, based on the results of the ORVA2D research project (2015-2018), will offer a varying picture of the waste management public service. In some cases, the public service is restricted because of the work of the informal sector, that removes recyclables and compostable waste from municipal collection (Lima, Bogotá, Surabaya, Antananarivo). In other cases, the service is reduced upstream, entrusting the precollection to micro-companies or associations (Lomé, Delhi) or even to the inhabitants themselves (Surabaya).