En partie structuré par des oppositions ethniques, le conflit Burundais débuté en 1993 a engendré un grand nombre de victimes directes (tuées par la guerre) et indirectes (suite à la détérioration des conditions de vie). Au-delà de la mortalité, cette crise a provoqué de nombreux déplacements forcés. L'objectif de cet article est, partant du profil des victimes de la guerre civile burundaise selon diverses caractéristiques (âge, sexe, …) et en analysant les très fortes différences géographiques de mortalité de guerre, de comprendre les facteurs de surexposition à cette mortalité. L'exploitation de l'Enquête Démographique et de Santé de la Reproduction réalisée en 2002 (ESDSR Burundi 2002) permet d'estimer les taux de mortalité à partir des déclarations des enquêtés sur la survie de leurs enfants et sur la survie de leurs parents. Lorsque le décès d'un des proches est déclaré, on peut distinguer s'il résulte de violences armées ou d'une autre cause, ce qui autorise l'estimation de taux de mortalité de guerre par âge et sexe. À l’échelle des secteurs d’enquête, et afin de neutraliser l’effet des petits effectifs d’enquêtés dans chaque secteur et l’effet des différences de composition par sexe et âge, des taux standardisés de mortalité de guerre ont été estimés. Ces estimations sont proposées pour 2 périodes : l'année 1993 caractérisée par des massacres de masse et leur répression, et la période 1994-2001 caractérisée par une guérilla et des exactions sporadiques. À cette distinction temporelle s’ajoutent les regroupements de populations opérés en 1993 et 1994 puis pendant les années 1996-1999, qui fournissent indirectement de nombreuses informations sur l’exposition à la mortalité de guerre des différentes parties de la population en fonction de leur situation face aux enjeux politiques, ethniques et régionaux, dans le cadre de la géographie humaine complexe du Burundi. Partly structured by ethnic oppositions, the Burundian conflict that began in 1993 has generated a large number of direct victims (killed by the war) and indirect victims (as a result of the deterioration of living conditions). In addition to mortality, this crisis has caused numerous forced displacements. The objective of this article is to understand the factors of overexposure to this mortality, based on the profile of the victims of the Burundian civil war according to various characteristics (age, gender, etc.) and by analyzing the very strong geographical differences in war mortality. The use of the Demographic and Reproductive Health Survey conducted in 2002 (ESDSR Burundi 2002) makes it possible to estimate mortality rates based on the declarations of the respondents on the survival of their children and the survival of their parents. When the death of a relative is reported, it is possible to distinguish whether it is the result of armed violence or another cause, which allows the estimation of war mortality rates by age and sex. At the level of the survey sectors, and in order to neutralize the effect of small numbers of respondents in each sector and the effect of differences in sex and age composition, standardized war mortality rates have been estimated. These estimates are proposed for two periods: 1993, characterized by mass killings and their repression, and 1994-2001, characterized by guerrilla warfare and sporadic abuses. In addition to this temporal distinction, the regrouping of populations in 1993 and 1994, and then during the years 1996-1999, indirectly provides a great deal of information on the exposure of different parts of the population to war mortality, depending on their situation in relation to political, ethnic and regional issues, within the framework of the complex human geography of Burundi.