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PLAN DES 48 SECTIONS PARISIENNES (d’après le plan de 1790) A. SOBOUL, Les Sans-culottes parisiens en l’an II.1. Section des Tuileries.2. Section des Champs-Elysées.3. Section du Roule / de la République.4. Section du Palais-Royal / de la Butte des Moulins / de la Montagne.5. Section de la Place Vendôme / des Piques.6. Section de la Bibliothèque / de Quatre-Vingt-Douze / Lepeletier.7. Section de la Grange-Batelière / Mirabeau / du Mont-Blanc.8. Section du Louvre / du Muséum9. Section de l’Ora...

Dans l’histoire de Paris révolutionnaire, la garde nationale occupe souvent le devant de la scène. On a souligné le rôle de ses principaux chefs, La Fayette, Santerre ou Hanriot, ainsi que l’importance décisive de son engagement aux différentes étapes de la Révolution. Elle mérite de retenir l’attention, mais n’a pourtant fait l’objet d’aucune étude particulière. Mon propos n’est pas de retracer son histoire, mais de présenter quelques réflexions sur la fonction de la garde nationale parisien...

Depuis le printemps 1789, les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel sont devenus des lieux d’agitation et de désordre permanent. La prise de la Bastille n’a pas calmé ces quartiers populaires de l’est de Paris. Au contraire, depuis fin juillet on signale une nette augmentation des troubles liés à la cherté du pain et à la "grande peur". Cette situation met en alerte le groupe Fayettiste qui contrôle depuis juillet les postes clés à Paris. Ses membres craignent que les troubles déstabilisent...

Marat représente plus qu’aucun autre Conventionnel, l’aile parisienne de la Révolution. Son journal a toujours été imprimé à Paris, malgré toutes les difficultés et tous les interdits rencontrés. Marat vit, à partir de 1790, dans le coeur symbolique de la Révolution, le district des Cordeliers. Elu de Paris à la Convention, Marat y est porté en triomphe par le peuple en avril 1793. Après sa mort, devenu martyr, il inspire au peuple un souvenir fidèle jusqu’à la fin de l’an II. Une relation pr...

Ville et campagne sont liées en Ile-de-France par de multiples rapports. Les marchés constituent un réseau dans lequel sont enregistrés rapidement les conditions et les besoins réciproques de Paris et ses campagnes. Mais les rapports de propriété sont peut-être les plus anciens : on pense au polyptique de l’abbé Irminon. Comme la ville grandissait, ses résidents, laïcs comme ecclésiastiques, accumulèrent des propriétés en Ile-de-France. La Révolution a créé de larges possibilités d’acquisitio...

Ce n’est qu’après la chute de la royauté que le mouvement des Enragés parisiens prend réellement son essor. L’aggravation de la situation économique au cours de l’hiver 1792-1793 fournit sans aucun doute un terrain favorable à leur propagande, et le discours prononcé par Jacques Roux le 1er décembre 1792 Sur le jugement de Louis-le-dernier, sur la poursuite des agioteurs, des accapareurs et des traîtres, "marque vraiment, selon A. Mathiez, le début de la lutte des Enragés pour le maximum". Co...

Au cours de la phase de la guerre de Cent Ans qui correspond au xve siècle, les armées anglaises furent levées par le moyen de contrats passés entre la Couronne et des hommes qui se chargeaient de pourvoir un certain nombre de soldats pour une période précise de service. Ce système est bien documenté dans les archives de la série de l’Échiquier aujourd’hui conservee aux National Archives/Public Record Office. Ces sources nous fournissent une grande richesse d’informations au sujet de l’importance numérique et de l’organisation des armées, et elles nous donnent aussi des listes de noms de soldats en service effectif. Toutefois, elles ne nous permettent pas de savoir comment les capitaines recrutaient leurs troupes. John Mowbray, comte maréchai, avait l’intention de servir dans la campagne de 1415 avec 200 hommes. Dans son cas, nous disposons non seulement de la documentation de l’Échiquier mais aussi du compte du receveur général pour la période allant de septembre 1414 au mois de septembre de l’année suivante. Ce document contient de nombreuses informations sur les preparatifs de campagne du comte et nous permet de voir comment celui-ci recruta ses troupes. La principale conclusion que nous pouvons tirer de cette étude est que les officiers et les membres de son hôtel formaient le coeur de sa retenue de guerre au cours de cette campagne.

Dans l’étude des rapports de Paris et de la France révolutionnaire, s’attacher à l’histoire de journalistes inconnus à Paris ce n’est pas satisfaire au goût de l’érudition mais valoriser la circulation des hommes de la province, en l’occurrence de l’Ouest, vers Paris devenue alors la capitale des coups d’état et métropole du refuge pour les militants révolutionnaires. Choisir le dernier été du siècle pour se pencher sur une feuille parisienne d’extrême gauche qui n’eut que quelques semaines d...

Les récits politiques du bas Moyen Âge permettent rarement d’appréhender les unités de l’action politique, c’est-à-dire les retenues des courtisans et des magnats régionaux. Ces entourages, situés au-dessous du niveau du prince, sont en fait peu documentés. L’étude de la retenue de Pierre de Brézé, qui joua un rôle important sous Charles VII et dans les premières années du règne de Louis XI, permet toutefois de démontrer comment son utilité, aux yeux de la Couronne, en vint à se confondre avec l’exploitation de ses ressources propres et de son crédit local, qui lui permettaient de mobiliser des hommes au niveau approprié, en adéquation avec l’action exigée. Ce crédit local était, en partie, la conséquence de la place de Brézé dans la hiérarchie des offices, mais il était aussi dû a l’accès que ce grand officier pouvait offrir aux puissances ecclésiastiques, aux autorités municipales et aux seigneurs laïques, et à la faveur dont il jouissait auprès d’eux. Brézé était également à même d’exploiter les droits royaux et d’influencer les cours locales, tout comme il pouvait permettre a ses gens d’accéder au centre, jouant de son influence auprès des grands officiers et contraignant les petits. Son entourage apparaît en fait, pour lui, comme le moyen d’interposer son influence entre le roi et son patrimoine, mais on voit que cet entourage se situait aussi dans un réseau complexe de liens latéraux et verticaux, qui existaient au sein de la noblesse comme entre les seigneurs et leurs domestiques. Cet entourage était multipolaire et en recouvrait beaucoup d’autres. Les retenues nobles apparaissent, en fait, comme des abstractions d’un réseau social qui trouvait ses prolongements hors de la localité, dans tout le royaume et même au-delà. Ce réseau était le champ au sein duquel l’action politique prenait place, il était aussi la problématique qui définissait des objectifs et des moyens. Il a, en dernière lecture, aidé la noblesse française à se constituer comme classe sociale.

During the early modem age, several sorts of personal links existed, founded for example, on friendship, on neighbourhood or on kinship. Generally speaking, they all acted simultaneously, to different degrees. The role of kinship was especially important for the nobility. This study describes the real substance of the kinship links within this social group through its stakes (affection, material interest), its form-from solidarity to conflict – and its character (egalitarian or not). The stories used here have been taken from the criminal archives of the Chancery of Brittany from 1520 to 1570. They show that the links derived from kinship were the model of the ties of clientage and that kinship theoretically created an obligation of solidarity but, as all forms of links overlapped, this was not systematically the case.

Savant, homme de lettres et de culture et pionnier des questions d’environnement, l’intellectuel écossais Patrick Geddes (1854-1932) a aussi été l’un des piliers des amitiés franco-écossaises. Dans un contexte parfois difficile (crise de Fachoda, guerre des Boers, …), sa francophilie ainsi que les relations nombreuses, variées et parfois dérangeantes, qu’il a pu nouer en France n’ont pas toujours été comprises outre-Manche. À l’aide des différentes versions de sa biographie et de sa correspondance, l’auteur reconstitue les nombreux réseaux qu’il a tissés ou auxquels il s’est agrégé au cours de ses voyages en France, entre 1870 et 1900: sciences dures, sciences humaines, anarchisme. Parce qu’il possédait à « un haut degré l’art d’attirer à lui et de retenir des gens » qu’il avait conquis, il a fait se côtoyer des ouvriers et des aristocrates, d’humbles chargés de cours de province et des grands professeurs de la Sorbonne, des anarchistes et des libéraux. S’éclaire ainsi d’un jour nouveau le rôle qu’a joué Parick Geddes dans la fondation, en 1895-1896, de la Franco-Scottish Society puis dans l’organisation, à Paris, lors de l’Exposition Universelle de 1900, de l’École internationale de l’Exposition.

The practice of representing personal relationships on the tombs of the English aristocracy, in the shape of small sculptures or heraldic shields, became relatively widespread from the late thirteenth-century onwards. In addition to familial relationships, the links created through shared political or military expériences are also represented on some tombs. It is even possible to identify, during the reign of Edward III (1327-1377), a network of war captains, whose mutual relationships were expressed on their tombs. This may be linked to the appearance, within the aristocracy, of a lower nobility whose social status relied to a large extent upon their military activity. This network may have existed mainly, however, in an eschatological dimension, displacing the hierarchy that existed within the aristocracy in favour of the memory of military expérience. In addition, the representation of friendship, whether as brothers-in-arms or in groups, continued to give a significant place to familial relationships, which were still the model for the representation of such links.

The last son of Henri II and Catherine of Medicis, Francois, duke of Alençon and, from 1576, duke of Anjou, unified under his command an informal network of nobles which played a decisive part during the years 1574-1584. A former leader of a faction, he became a real aristocratic patron, especially with his position as heir to the throne. He made his household as strong as the royal household and recruited brokers in order to assume this new role. The most important of them, Bussy d’Amboise, enjoyed a high degree of authority. However, the adjustments of the duke’s goals led to great transformations of his following. These changes attest to the fundamental role of the brokers and of the favourites in the prince’s politics at the beginning of the early modern age. They also illustrate the difficulties linked to the institutionalisation of the broker’s role.

Le caractère de l’activité et ses résultats sont les critères fondamentaux en vue d’apprécier la place et le rôle des Jacobins parisiens dans la Révolution française. Les recherches ont prouvé – et ceci est incontestable – que l’esprit révolutionnaire est l’un des traits généraux et typiques pour tout le mouvement jacobin. Mais l’organisation jacobine de Paris recèle certaines qualités spécifiques d’où découle sa position de société-mère. Sa fonction principale à l’échelle sociale réside dans...

En avril 1562, les partisans du prince de Conde le rejoignirent à Orleans à la suite du massacre de Vassy. Certains des noms des membres de l’« Association » fondee alors par le prince, ont été notes sur des listes manuscrites dont 1’une a été récemment publiée dans French History. Elie nous informe sur le potentiel militaire des protestants à la veille de la première guerre de Religion ainsi que l’implantation géographique de la noblesse protestante. Elie nous permet de relier Faction et le discours politiques de l’Association à la tradition de l’alliance princière telle qu’elle avait ete pratiquee en France au xve si7cle mais elle nous donne aussi la possibility de comprendre le caractère novateur d’un mouvement au sein duquel la religion joue un rôle important et qui ne se limite pas à l’activation des liens de clientele. L’hétérogénéité des motivations des partisans de Condé semble être le principal enseignement de cette étude tellement s’enchevêtrent la loyauté envers les Condé et les Coligny, les convictions politiques et les engagements religieux.

Émile Ollivier (1825-1913) is a great figure in contemporary French history. He started his political career in 1848 as the youngest commissaire de la République and in 1857 he entered Parliament as a Republican opponent to the Second Empire. When the imperial regime turned more liberal, he moved closer to the government and even became the major minister in January 1870. The war against Prussia and the first defeats for which he was held responsible brought about his downfall as early as the following August. From then on, though he was only 45 at the time, his political career was wrecked and he was never to come back on the political scene, despite living on for a further 43 years. With the example of Émile Ollivier, the author shows how one man’s political evolution compels him to rebuild his network of friendships. However original both the man and his career might be, they enable us to understand the importance of connections in order to be given positions of responsibility, to exercise power and ultimately to lose all influence. This research is based on the statesman’s correspondence hitherto unpublished fragments of his Diary which were recently given to the Archives de France, his publications (Le 19 Janvier, the 17 volumes of L’Empire libéral, etc.) and the main accounts of the time. This work has made free use of the methods of sociological analysis of relational structures.

A partir de mai 1789, l’événement révolutionnaire en France et notamment dans la capitale suscite Outre-Manche comme dans d’autres nations européennes, beaucoup de curiosité et même d’enthousiasme. Il se crée à Londres et dans un certain nombre de villes anglaises des clubs et sociétés prorévolutionnaires ; pamphlétaires, poètes et journalistes célèbrent l’aube d’une ère nouvelle ; des visiteurs affluent également dans la capitale française pour vivre l’événement au jour le jour ou en observe...

La fête occupe, on le sait, une place centrale dans les discours et les pratiques des acteurs de la Révolution. Tout se passe comme si leurs réflexions sur l’organisation de la cité et les structures qui doivent l’organiser ne pouvaient se passer de ce moment festif sans faire preuve d’une lacune condamnable. Les liens, qui unissent ce dernier au politique et au pédagogique, vont de soi pour la plupart des révolutionnaires. Si l’on discute beaucoup de ce que ces réunions doivent être, on ne d...

Dans le dernier quart du dix-huitième siècle où on commence à voyager beaucoup, la France a toujours été un pôle d’attraction pour les Allemands : Paris et Versailles attirent les voyageurs allemands déjà depuis Louis XIV et, avec la Révolution française, ces voyages s’accélèrent. Pendant la première phase de la Révolution, les Allemands qui vont à Paris le font pour vivre directement l’événement. Ils ont l’impression d’être les témoins d’un phénomène de grande importance qui ne s’était encor...

Un des aspects les plus frappants de l’époque révolutionnaire est l’essor, dans un laps de temps relativement court, d’une nouvelle sociabilité politique. En vertu de l’extraordinaire élargissement de la participation à la vie publique, la politique ne se borne pas à intervenir dans les questions de gouvernement ou à régler et à conditionner l’affrontement entre courants de pensée, mais elle marque la façon où les individus se rencontrent, entrent en liaison réciproque, s’assemblent. C’est pa...

Depuis notre mémoire de maîtrise sur l’idéologie du Père Duchesne pendant l’été 1793, soutenu en 1971, nous nous intéressons à l’un des principaux mouvements politiques de la Révolution française, le mouvement cordelier. Nous travaillons de manière continue, mais sans exclusive, sur ce chantier qui nécessite une approche méthodologique spécifique. Le mouvement cordelier a été peu étudié. Il a été systématiquement déprécié par l’historiographie de la Révolution française. C’est l’une des raiso...

Malgré sa brève existence officielle, du 6 juin 1790 au 3 août 1791, le Club helvétique de Paris, appelé aussi Club des patriotes suisses, joua un rôle appréciable durant la Révolution. Fondé par des réfugiés politiques de la Suisse francophone, ce Club se donnait pour tache essentielle de renverser les gouvernements aristocrates de la vieille Confédération et d’instituer un régime démocratique. La grande majorité de ses membres venait du canton de Fribourg. La plupart avait dû se réfugier en...

Family relationships are central to studies of networks and interdependencies in medieval societies. On the basis of Norman examples, this paper looks at the notion of a “mutation familiale”, as applied to Western Europe in the period from the 10th to the 12th centuries. In Normandy, from the end of the 11th century onwards, the awareness of belonging to a lineage became stronger, and tended to be more closely related to the ducal dynasty. At the same time, constraints related to heritage became more strict. Inheritance practices, however, appear more flexible than in the later Coutume, and if the significance of links through the women of the kin are considered, lineage as a model does not seem to have met with complete success. Equally, on occasion, the links that were fostered between some Norman noblemen and their parents issued from both lines, paternal and maternal, brought distant solidarities into being.

Voici le second itinéraire, celui d’un homme de loi Antoine-Gabriel Devercy. Résumer les étapes de la vie d’Antoine-Gabriel Devercy, c’est retrouver le portait d’un homme issu de la bourgeoisie administrative provinciale d’Ancien régime. Il naît en 1756 à Péronne dans le futur département de la Somme. Son père Nicolas-Emilien Devercy est contrôleur des Fermes du roi à la douane de Péronne. La formation intellectuelle de Devercy pèse de façon déterminante sur sa carrière : il s’instruit au dro...

Ce n’est pas l’idéologie ultramontaine intransigeante de l’époque de Pie IX (1846- 1878) qui est etudiee ici, mais les canaux par lesquels elle se diffuse. L’exemple retenu est sans doute le plus significatif, puisqu’il est celui du réseau constitué autour de la principale figure de l’ultramontanisme en France, Louis Veuillot, et de son grand journal L’Univers. Avant de 1’aborder, 1’auteur revient sur les réseaux ultramontains du premier xixe siècle frangais: l’école menaisienne, les séminaires, la nonciature. Il évoque le rôle de la presse et, à travers cette dernière, le cas de L’Univers. Il montre la position centrale du journal dans 1’ultramontanisme frangais car il fédère les énergies des éléments du petit clergé, des ordres religieux, des prélats, de la nonciature, de la société lai’que et de la noblesse légitimiste gagnés à la cause pontificale. Le succès du périodique lui permet de rayonner au-delà des frontières, jusqu’à la Curie même. James F. Mc Millan décrit aussi l’équipe de L’Univers et la façon dont elle fonctionne. Pour elle, l’ultramontanisme est moins une idéologic qu’un sentiment d’appartenance commune à une famille spirituelle. La spiritualite est ici encouragee par l’amitié et, en retour, l’amitié est nourrie par une spiritualité partagee.

The conference held in Glasgow in 2002 at which the papers published in this volume were first given was a model of international collaboration. Intellectually stimulating, convivial and, ultimately, simply very enjoyable, it was characterised by an openness to different approaches which is the only foundation on which genuine international collaborative work can flourish. It was also one of those increasingly rare conferences at which historians of very different chronological periods gather...

L’auteur nous propose d’entrer dans la vie d’un village de pêcheurs bretons des débuts de la Troisième République – « l’Île » de Saint-Cast, non loin de Saint-Malo – en confrontant les approches anthropologique, sociologique et historique, grâce à l’étude conjointe des travaux du folkloriste Paul Sébillot et des dossiers de l’Inscription maritime. Au travers des récits des terre-neuvas, nous voyons se constituer les équipages, fonctionner les hiérarchies et les solidarités et se nouer les conflits en pleine mer. Les histoires racontées par les marins distillent l’essence de l’ethos maritime, produisent le modèle du « vieux loup de mer » et contribuent, elles aussi, à forger les solidarités à bord comme à terre.

Le peuple parisien, à l’époque révolutionnaire a longtemps retenu l’attention des historiens pour son action politique ou bien sous l’angle du salaire et des subsistances, mais le travail proprement dit, et son idéologie, ont été parfois négligés. Or les travaux récents de Steve Kaplan, de Michael Sonenscher et d’Haïm Burstin, ainsi que la traduction tant attendue de l’oeuvre d’E.P. Thompson, invitent à revisiter l’histoire du travail en articulant le temps court de la séquence révolutionnair...

Aux archives et dans les bibliothèques italiennes les témoignages sur le Paris révolutionnaire ne sont pas très nombreux. Il y a une riche documentation de relations des représentants diplomatiques des états accrédités à Versailles (en ce temps-là l’Italie était encore divisée en plusieurs états), mais ce sont plutôt des relations sur la politique générale avec des estimations sur les tendances des assemblées révolutionnaires et sur les attitudes de la monarchie. La réalité parisienne en effe...

L’agitation ouvrière de l’an IV est remarquable en ce qu’elle coïncide avec l’action politique des babouvistes pour instaurer un régime fondé sur la communauté des biens. Pour cela, elle se distingue des agitations ouvrières précédentes. Cette coïncidence s’est-elle étendue jusqu’à l’interaction ? La Conjuration a-t-elle cherché à se lier aux ouvriers ? En sens inverse, l’agitation ouvrière a-t-elle influé sur la Conjuration ? Il faut, on le sait, évacuer les ambiguïtés du vocabulaire. On rec...

Afin de réaliser cette étude, j’ai exploité un échantillonnage strictement délimité de 71 prosopographies sociales et politiques issues de deux mémoires de maîtrise, celui d’I. Ayache, portant sur les électeurs du faubourg en 1792, et le mien, concernant les électeurs de 1791. Essayons d’identifier ces bourgeois du faubourg Saint-Antoine qui sont nouvellement élus au suffrage censitaire sous la Constituante et la Législative. Quelle place occupent-ils économiquement au sein du faubourg, et qu...

John Neville Keynes’s Scope and Method of Political Economy rapidly became a classic after its publication in 1891. In this book the Cambridge logician and economist introduced a threefold distinction between the science, the art, and the ethics of political economy, which came to be regarded as the best exposition of the autonomy of economics as a new science. In this paper, the author argues that the invention of this distinction can be best understood in the context of late-Victorian agnosticism. J.N. Keynes, in the 1870s and 1880s, experienced agnosticism not only as a personal crisis of faith, but also as a transformation in his sociability. As a Congregationalist, J.N. Keynes was one of the first nonconformists to become a College fellow in Cambridge in 1871. This particular position gave him many opportunities to realize the difficulties of mixing his personal and professional beliefs. In a context of increasing specialization of intellectual life, his intellectual project was to combine his increasingly agnostic approach with nonconformist religion, his neoaristotelian formal logic and the new science of political economy. To his intellectual endeavour to combine religious, philosophical and economic principles corresponded his more practical struggle to mix the nonconformist, professional and intellectual sides of his social network. Keynes’ attitude to the logic of economics reflected his own experience of incommensurability of values. It is therefore paradoxical that his readers saw in his Scope and Method an authoritative exposition of the scientificity of economics.

L’historiographie traditionnelle, qui met en scène le triomphe inéluctable de l’État centralisateur sur une noblesse « incivile » et « incontrôlable », a largement négligé le phénomène omniprésent de la violence vindicatoire – la vendetta, la vengeance et la « faide » – dans la société française de l’époque moderne. En France, les rituels du duel ne canalisaient pas la violence. Au contraire, à partir de la fin du xvie siècle, il rendait les querelles traditionnelles plus sanglantes et plus difficiles a accommoder. Derrière le combat singulier entre deux individus, on trouve souvent la trace d’une longue et complexe histoire d’inimitié entre deux clans, ponctuée par des échanges violents et par de longues périodes de paix. Cet article dessine les méthodes et les moyens employés par un clan ou famille pour mobiliser ses membres soit pour se protéger soi-même ou ses biens soit pour tirer vengeance et réparer un honneur lésé. Le terme aƒƒinity désigne la totalité des relations qui liait une famille et ses partisans: on peut 1’imaginer comme une série de cercles concentriques. Au centre, il y avait le conseil et les commensaux, puis toutes sortes de clients et d’agents, et, aux marges, on trouvait des tenanciers et des vassaux. Le succès de la politique familiale dépend largement de la capacité de persuader ses adhérents à agir. D’une part, les liens entre un patron et ses clients sont particulièrement inconstants, d’autre part, il y avait une vaste réserve de soldats et de voyous, surtout pendant les guerres civiles, pour accomplir les basses besognes. La figure de l’arrogant laquais vêtu comme un dandy est devenue un stéréotype de l’époque moderne, mais, en fait, l’essor de ce phénomène montre que même au milieu du xviie siècle, il fallait mettre l’honneur des adversaires à l’épreuve continuellement en leur adressant des bravades et des injures.

Given the great dissimilarity in the differing functions of literature in France and England, the present study of the two earliest associations in those countries dedicated to a contemporary writer – the Browning Society (founded 1881) in England and France’s Association Émile Zola (1909) – shows that they also differed in their make-up. In the first, we find a grouping based on personal bonds with the author, while the second shows those bonds intermingled with more impersonal and mutually shared feelings of solidarity with the author’s political causes and combats. The two societies, however, are alike in their inability to establish a coherent network, one with its own individual dynamics, since both are above all focused in on their central point, the writer, whose message, thus made exemplary, becomes fossilized through the process of institutionalisation.

De la Bretagne à l’émigration, les Mémoires d’Outre-Tombe suivent le trajet d’un personnage singulier en situation d’étrangeté par rapport à une Histoire où il ne s’implique presque que par accident. Des prémices de la Révolution à l’exil choisi autant que forcé, de l’armée des Princes au retour après Brumaire, le parcours de Chateaubriand l’amène inévitablement à Paris, point médian de cette géographie révolutionnaire. Avant 1789, Paris n’est pour lui qu’un lieu décevant, au séjour "insuppor...

Cette communication a pour objet de présenter les premiers résultats d’une enquête menée sous forme de mémoires de maîtrise et poursuivie depuis trois ans dans le cadre de l’institut d’Histoire de la Révolution Française, de l’Université de Paris-I, sous la direction de Michel Vovelle. Cette enquête dont j’ai la responsabilité concerne l’étude sociale et politique de la bourgeoisie de la capitale à travers celle de ses électeurs de 1790 à 1792. Son intérêt, son objectif et sa stratégie ont ét...

A la suite des défaites des armées françaises par les forces de la seconde coalition, à partir du printemps 1799 les républiques italiennes s’écroulèrent l’une après l’autre et les "patriotes" qui les avaient soutenues se réfugièrent nombreux sur le territoire de la "Grande Nation" : les Cisalpins à la fin avril, les Piémontais en mai-juin, puis les Napolitains, les Romains, les Toscans. En Italie, seule la République de Gênes survécut encore pendant une année, assiégée par les Anglais et les...

S’il est épisodiquement fait mention des Suisses dans les ouvrages sur la Révolution, les auteurs négligent la plupart du temps d’expliquer ce que ces neutres au-dessus de tout soupçon faisaient en France. Ne dirait-on pas que leur présence dans les grands lieux de mémoire de cette époque est aussi évidente que l’existence du traditionnel Suisse d’église ou de porte ? Cela seul ne suffit pas à expliquer la raison pour laquelle aucun dictionnaire de la Révolution ne daigne leur consacrer un ar...

"Révolution des juristes", "armée des avocats", autant de formules qui soulignent le rôle qu’ont joué les hommes de loi dans les assemblées révolutionnaires. Déjà des contemporains le relevèrent, généralement pour le déplorer. Ainsi avant même l’ouverture des Etats généraux, le 29 avril 1789, un ancien négociant et armateur de Dunkerque, pourtant anobli et chevalier de l’ordre du roi, Jean-Louis Bransiaux, écrivait, dans de Courtes réflexions d’un vieux patriote : « Que vois-je aux Etats géné...

De l’été 1793 au printemps 1794, le département de l’Oise, resté fidèle à la Convention mais réputé "tiède", a été vigoureusement repris en main par un certain nombre d’agents parisiens, de passage ou plus durablement installés, dont la tache était en principe d’assurer l’autorité du pouvoir central et l’exécution des lois révolutionnaires. Malgré quelques flottements au sein de l’administration départementale, au cours de la première quinzaine de juin 1793, l’Oise ne s’était pas ralliée aux ...

Comment pouvons-nous connaître la population masculine du Paris révolutionnaire ? Notre précieux guide dans cette recherche sera l’ensemble des registres d’enregistrement des cartes de sûreté. On le sait, la loi du 21 mai – 27 juin 1790 – il s’agit d’une loi municipale – divisait Paris en 48 sections. Une réunion de cinq commissaires de l’Assemblée examina le 4 juin les deux plans proposés par Verniquet et Desauches et choisit le second. La loi du 19 septembre 1792 relative aux mesures de sûr...

Les débats politiques sur l’exclusion, les discussions sur la désignation des ennemis et des opposants potentiels ont été constants tout au long de la Révolution. Les mesures à prendre à l’égard des uns et des autres ont fait l’objet d’une construction idéologique, politique et juridique permanente, et ce dès l’été 1789. Inspirées des procédures de l’Ancien régime, elles se poursuivent tout au long du XIXème siècle. Ce sont les arguments échangés à propos des opposants supposés qui nous intér...

En avril 1989, une centaine de chercheurs se sont rencontrés à la Sorbonne pour discuter des 32 communications réunies dans ce volume sur Paris et la Révolution. Le programme qui s’orientait autour de trois axes principaux, le milieu parisien, le rôle de la capitale et les rapports de Paris avec la France révolutionnaire, a rencontré un large écho auprès des historiens français et étrangers. Loin de se cantonner dans l’histoire de la capitale, cette rencontre, tout à la fois bilan et perspective, apporte des vues neuves sur la société parisienne, sur son évolution et son rapport à la Révolution. L’étude du mouvement des hommes et la circulation des idées, souligne l’influence de Paris sous la Révolution, et son rayonnement en France et à l’étranger.

Ce colloque organisé en avril 1989 par l’institut d’Histoire de la Révolution française à la Sorbonne sur le thème "Paris et la Révolution" est le troisième d’un cycle de trois rencontres scientifiques qui forment une des contributions de cette institution à la commémoration du bicentenaire de la Révolution française. En 1985 s’était tenu un colloque sur l’iconographie sous le titre "Les Images de la Révolution", en 1987 l’une des seules contributions à l’histoire sociale révolutionnaire sous...

L’interet des historiens pour les réseaux de la cour d’Henri Ier Beauclerc, roi d’Angleterre et due de Normandie, réside essentiellement dans l’étude des liens culturels, ecclésiastiques et familiaux que l’on peut voir à l’œuvre dans ce cadre. Ici, c’est, toutefois, la cour elle-même, comme forme de solidarite politique et culturelie qui doit retenir notre attention, ainsi que les origines sociales de ses membres, les alliances et les rivalités qui y prenaient forme. Il s’agissait d’une des grandes cours royales du XIIe siècle, dont les familiers avaient conscience d’appartenir à un « club », caracterise par son mode de vie. Les richesses du roi et de ses compagnons, un esprit commun de patronage religieux, marqué par les fondations de maisons canoniales, l’importance du patronage de constructions prestigieuses – châteaux, cathédrales, abbayes, prieurés dotés par la cour – constituaient autant de traits distinctifs de la cour d’Henri Ier. Ces caractéristiques, tout comme celle du patronage d’une cour ou l’on utilisait trois langues, étaient l’expression d’une solidarité autant culturelle que politique.

Certains éléments de la bourgeoisie aisée de la capitale, se sont engagés résolument dans la Révolution, même pendant sa période la plus radicale en l’an II Un itinéraire politique particulièrement révélateur et qui n’est peut-être pas exceptionnel, est celui de Jean-Jacques Auguste Chrétien. Fils de Jacques Fiacre Chrétien, maître doreur argenteur, et de Jeanne Oger, Jean-Jacques Auguste Chrétien naît vers 1758 à Paris. Son père travaille en association avec son frère Jean Chrétien, rue Bour...

Le Fédéralisme est resté accolé à la Gironde, aussi bien pour ses adversaires de toujours que pour une partie de ses défenseurs. On oppose ainsi, de façon quelque peu simpliste et mécaniste, un supposé "centralisme jacobin", ou montagnard, à un "fédéralisme" dit girondin, la simplification allant souvent jusqu’à transformer ce "fédéralisme" en un "régionalisme" et un "provincialisme" attribué à la Gironde par rejet d’un "parisianisme" jacobin et montagnard. Ce schéma est entré dans les mental...

Le troisième itinéraire, celui d’Anne-Isidore Guichard, marchand orfèvre est l’exemple type d’une brillante ascension sociale. Son parcours est assez singulier. Guichard a un désir profond de s’éloigner des enjeux politiques afin de mieux se concentrer sur sa carrière professionnelle. Mais examinons de plus près son parcours. Anne-Isidore Guichard est originaire de Paris. Il naît le 6 février 1756 (paroisse Bonne-Nouvelle) de Louis Victor Guichard et de Jeanne Claude Drugeon. Son père excelle...

Pendant longtemps, l’historiographie des faits contemporains s’est peu intéressée aux liens personnels, aux réseaux et aux solidarités. S’ajoutant au fait qu’il a toujours été plus facile d’étudier les conflits que les relations iréniques, habituellement présentées comme « sans histoire(s) », les spécificités de la période contemporaine n’ont pas joué en faveur de ce type de problématiques. Si la société d’Ancien Régime se pense en corps et en communautés, la « révolution individuelle » et la...

"Réfugiés en foule chez nous, les Liégeois brillèrent dans nos armées par leur valeur fougueuse et marquèrent non moins dans nos clubs par leur colérique éloquence. C’étaient nos frères ou nos enfants".Jules MICHELET Le thème de la présente communication, qui sera un exposé très synthétique, concerne les relations nouées à Paris, entre les Français, et les réfugiés de Liège, cette "ardente petite France de Meuse" comme l’appelait Michelet. A dire vrai, ces relations n’ont fait l’objet que de ...