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« Quelle audace de décréter que je ne connais pas l’église de Moret. Je connais son portrait par Sisley qui est la plus belle chose qu’il ait faite ! »Ainsi s’ouvrait, après un bref remerciement pour une carte postale reçue de lui, la lettre que Marcel Proust écrivit le 27 novembre 1904 à son ami Armand de Guiche. Celui-ci s’était marié treize jours plus tôt en l’église de la Madeleine, devenant ainsi le gendre de cette comtesse Greffulhe que Proust admirait tant et en qui les commentateurs se plaisent à voir l’une, parmi quelques autres, des modèles d’Oriane de Guermantes ; en guise de voyage de noces, il était ensuite venu passer quelques jours à Thomery dans le château de la Rivière – propriété des Greffulhe que la princesse Bibesco décrit dans le petit livre où elle a publié la lettre de Proust comme une « ravissante demeure, posée comme une lanterne sur l’eau, à l’orée de la forêt, au bord de la Seine ».

Les peintres, depuis longtemps, ont affectionné la région de Moret – nul besoin de citer des noms, nous les avons tous en tête. Quelques poètes, aussi, ont aimé y séjourner. Jules Tellier (1863-1889), l’auteur du texte que nous avons voulu republier ici, fut l’un d’entre eux. Il l’avait fait paraître dans Le parti national du 15 septembre 1888. On y trouve une mélancolie douce et un humour qui rappellent un peu ces Promenades et souvenirs que L’illustration fit paraître en trois livraisons – la dernière posthume – à la fin de 1854 et au début de 1855. Gérard de Nerval y parlait de Saint-Germain, Saint-Leu, Chantilly ou Senlis ; Jules Tellier parle de Moret, et lui non plus n’avait plus guère à vivre quand parut sa chronique : le 29 mai 1889, une fièvre typhoïde l’emporta au retour d’un voyage en Algérie. Non pas la fin tragique du pendu de la Vieille Lanterne, mais celle, navrante, d’un homme dont la vie n’en était encore qu’au temps des promesses.

En 1667, Colbert acheta et fit entrer au sein de la bibliothèque royale une partie de la monumentale collection d’estampes de l’abbé mondain, érudit, traducteur et historiographe, Michel de Marolles (1600-1681). Parmi les estampes acquises par Colbert se trouvait le premier noyau de ce qui est devenu aujourd’hui le fonds le plus riche au monde d’œuvres graphiques exécutées à Fontainebleau dans les années autour de 1540. Ainsi, il s’agit non seulement d’étudier la production bellifontaine réunie par Marolles mais aussi d’appréhender le regard que le curieux et ses contemporains posaient sur le travail du groupe de graveurs réunis a posteriori sous le nom d’école de Fontainebleau. In 1667, Colbert purchased and incorporated into the royal library a part of the monumental collection of prints belonging to the worldly abbot, scholar, translator and historiographer, Michel de Marolles (1600-1681). Among the prints acquired by Colbert was the first nucleus of what has become the world's richest collection of graphic works executed in Fontainebleau in the years around 1540. The purpose of this article is to study Marolles’s exceptional collection of prints from Fontainebleau and to understand how he and his contemporaries viewed the work of thoses engravers who later came to be known as the Fontainebleau School.

L'article est consacré à la tradition des représentations de monuments pseudo-antiques qui ont circulé dans les dessins et les gravures en Italie et en France aux XVe et XVIe siècles. La tradition a été établie par un groupe de dessins italiens connus sous le nom de Roma antica. Ces dessins combinent des images de ruines de monuments romains avec des reconstitutions de monuments disparus. Ces dernières sont basées sur des descriptions littéraires, des légendes médiévales ou sont le résultat de l'imagination de l'artiste. En 1520-1530, ce groupe est complété par des reconstructions "scientifiques" d'antiquités, basées sur des données épigraphiques et numismatiques, par des capricci arbitraires reprenant les motifs des ruines, ainsi que par le corpus des dessins des antiquités romaines situées au nord des Alpes. Un vaste répertoire d'images - une "collection intégrée" - s'est ainsi constitué, vraisemblablement dans les cercles de voyageurs cultivés de Rome, proches des ambassadeurs français. Ce corpus a servi de source d'images pour les dessinateurs et graveurs français, italiens et flamands. L'auteur de l'article considère que de nombreux dessins et gravures de Jacques Androuet du Сerceau l'Ancien font partie de cette tradition. The article is devoted to tradition of representations of pseudo-antique monuments which was circulated in drawings and prints in Italy and France in the 15th and 16th centuries. The tradition was set by a group of Italian drawings known as Roma antica. These drawings combine images of ruins of Roman monuments with the reconstructions of the lost ones, the latter being based on descriptions in literature, medieval legends or being a result of artist imagination. In 1520-1530 this group was completed by the "scientific" reconstructions of antiquities, based on epigraphic and numismatic data, by arbitrary capricci with the motifs of the ruins, as well as by the corpus of the drawings of the Roman antiquities located north of the Alps. As a result a vast repertory of images – an “integrated collection” – has formed, presumably in the circles of educated travelers in Rome, who were close to the French ambassadors. This corpus served as a source of images for French, Italian and Flemish draughtsmen and engravers. The author of the article considers numerous drawings and etchings by Jacques Androuet du Сerceau the Elder as a part of this tradition.

Deux raisons principales imposent de rendre hommage à l’archiviste-paléographe Félix Herbet (1847-1917). En premier lieu, le don de sa collection de gravures de l’école de Fontainebleau au cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale. Ce fonds d’environ 500 pièces forme depuis 1929 un des joyaux de la Réserve. Herbet tenait cet ensemble de l’architecte et collectionneur Hippolyte Destailleur, ce dernier l’ayant acquis auprès de l’historien de la gravure française Alexandre-Pierre-François Robert-Dumesnil. Seconde raison, la publication du premier catalogue des gravures relevant de ce foyer bellifontain, si singulier dans l’histoire de l’estampe, sous le titre Les Graveurs de l’École de Fontainebleau (1902). Adoptant l’intitulé donné par A. Bartsch dans une première ébauche (vol. 16 du Peintre-Graveur, 1818), et s’appuyant sur une connaissance approfondie de l’histoire du château, Herbet établit un corpus plus solide, identifie les sources des images, différencie les artistes, propose des attributions. Son ouvrage reste fondamental, comme le prouvent les recherches postérieures d’Henri Zerner (1969) et de Catherine Jenkins (2017)

The engraver Jean Boeuf (or Beuf), born in Villeneuve-lès-Avignon at an unknown date and active between the extreme end of the 16th century and the first third of the 17th century, is documented as a guard at the Avignon mint, as well as "tailleur et essayeur" at the mints of Carpentras and Orange until his death in 1628. Absent from art history studies, his case is nevertheless exemplary of the very late adaptation of motifs from Fontainebleau in Provence, which until then had been resistant to this model. The various works in his corpus show an artist who is fully dependent on the motifs of the second school of Fontainebleau and the style in vogue at the court of Henry IV, while at the same time retaining the memory of its first representatives, particularly in his decorative repertoire. This article thus proposes to reconstitute the forgotten production of Jean Boeuf, based on the few literary sources that mention him, and examine how he contributes to a certain renewal of Provençal art by adapting the models from Fontainebleau. Le graveur Jean Boeuf (ou Beuf), né à Villeneuve-lès-Avignon à une date inconnue et actif entre l'extrême fin du XVIe siècle et le premier tiers du XVIIe siècle, est connu pour avoir été garde à la Monnaie d'Avignon, ainsi que "tailleur et essayeur" aux Monnaies de Carpentras et d'Orange jusqu'à sa mort en 1628. Absent des études d'histoire de l'art, son cas est pourtant exemplaire de l'adaptation très tardive des motifs de Fontainebleau en Provence, jusque-là réfractaire à ce modèle. Les différentes œuvres de son corpus montrent un artiste pleinement dépendant des motifs de la seconde école de Fontainebleau et du style en vogue à la cour d'Henri IV, tout en conservant le souvenir de ses premiers représentants, notamment dans son répertoire décoratif. Cet article propose de reconstituer la production oubliée de Jean Bœuf, à partir des quelques sources littéraires qui le mentionnent, et d'examiner comment il contribue à un certain renouvellement de l'art provençal en adaptant les modèles de Fontainebleau.

During the 16th century, Milan is the most important centre of production for arms and armours called all’antica, luxurious pieces inspired from the Classical world. Among these magnificent objects we identified nine pieces which can be attributed to the master MP, an unknown armourer who obviously specialised in parade sets each including a burgonet (a type of helmet), and a round shield. All these objects bear an embossed decoration of large historical and mythological scenes surrounded with borders of grotesques ornaments, the iron surface enriched with gold and silver damascening. If other Milanese armourers would mostly use Italian prints as models for their work, it seems that the master MP also owned an important collection of French prints from the School of Fontainebleau, mostly works by Jean Mignon. He used and combined these French prints in different ways in every single one of his surviving pieces, for the central scenes and the borders. Even if, not knowing the identity of MP, we cannot guess how such a set came into his possession, its case remains an exceptional and interesting early example of the spread, the reception, and the use of French prints from the School of Fontainebleau outside of France. Au XVIe siècle, Milan est le plus important centre de production d'armes et d'armures dites all'antica, des pièces luxueuses inspirées du monde classique. Nous avons identifié neuf pièces qui peuvent être attribuées au maître MP, un armurier inconnu spécialisé dans les ensembles de parade comprenant chacun un burgonet (un type de casque) et une rondache. Tous ces objets portent un décor en relief de grandes scènes historiques et mythologiques entourées de bordures d'ornements grotesques, la surface du fer étant enrichie de damasquinage d'or et d'argent. Si les autres armuriers milanais utilisaient surtout des estampes italiennes comme modèles pour leurs travaux, le maître MP possédait également une importante collection d'estampes françaises de l'école de Fontainebleau, principalement des œuvres de Jean Mignon. Il a utilisé et combiné ces estampes de différentes manières dans chacune de ses pièces qui ont été conservées, pour les scènes centrales et les bordures. Même si, ne connaissant pas l'identité de MP, nous ne pouvons pas savoir comment un tel ensemble est entré en sa possession, son cas reste un exemple précoce exceptionnel et intéressant de la diffusion, de la réception et de l'utilisation des estampes françaises de l'école de Fontainebleau en dehors de la France.

The light is shining from the ground, minutes after the sun has set. The Fontainebleau sand is glowing with a mysterious light from below. I prepare for the camera to capture it. If it does, it will capture the disappearing sun shining in the bright surface of the sand.

Parmi toutes les dames ayant jadis vécu à Moret, il en est peut-être de plus illustres, mais certainement pas de plus mystérieuse que celle qu’on a pris l’habitude d’appeler la Mauresse. Si je ne prétends pas lever le mystère, il me paraît utile de proposer ici un bref état de la question, et ce sera aussi une manière de rendre compte d’un récent ouvrage (Serge Aroles, Archives secrètes du Vatican et archives de douze pays. Homme au masque de fer et mauresse de Moret, enfants métis de Louis XIV, Paris, L’Harmattan, 2021), non dénué d’intérêt mais dont une présentation confuse rend l’utilisation difficile. J’espère donc que le présent article, sans être une recension à proprement parler, facilitera l’accès aux données exposées dans ce livre, le dernier en date à ma connaissance de tous ceux que notre mystérieuse concitoyenne a déjà inspirés.

La naissance d’une nouvelle collection consacrée aux arts graphiques est toujours une excellente nouvelle. Il faut donc saluer comme il le mérite ce volume sur François Spierre (Nancy, 1639 – Marseille, 1681), qui inaugure la collection « Segni e impronte / Lines and marks. Studi sul disegno e l’incisione nella cultura occidentale dal XV al XXI secolo / Studies on Drawing and Printmaking in Western Culture 15th to 21st Century », dirigée par Giorgio Marini sous l’égide du Centro di Studi sull...

En France, le nom du graveur turinois Luigi Valperga (1754-1822) demeure méconnu. En 1785, il grava le portrait de l’abbé François Arnaud qui lui valut un succès considérable. Comme le révèlent les papiers répertoriés dans l’inventaire après décès de l’abbé, ce dernier fut exécuté à son instigation. Cette mention sert de point de départ à une étude plus large autour du portrait gravé d’après le peintre carpentrassien Joseph-Siffred Duplessis (1725-1802). Quelle relation le peintre entretient-...

A composition by Primaticcio known in two etchings, by Léon Davent and the Master I♀V, was identified two centuries ago as Rebecca and Eliezer, an identification accepted by most cataloguers since then. But this identification is seriously problematic: crucially, the composition lacks the camels that are essential to that subject. It is here suggested that the etchings record a drawing or drawings by Primaticcio for the composition that was painted in the central field of the vault of the Grotto of the Pines at Fontainebleau, and that the subject is Venus offering drink to Cupid. The vault, known already to depict Juno and Minerva, would thus show the three goddesses of the Judgment of Paris. Important influence of Francesco Colonna’s Hypnerotomachia Poliphili (Venice, 1499) is posited, as well as of the Imagines by Philostratus the Elder.

Lézard Graphique ou Lézard est une signature et une adresse connues de nombreux graphistes français et étrangers. L’imprimerie sérigraphique de Jean-Yves Grandidier s’est imposée au fil du temps comme la marque d’un artisanat noble et exigeant. Du premier petit local dans la Krutenau, vieux quartier de Strasbourg, occupé en 1979, à l’implantation définitive à Brumath en 2001, son parcours est riche de rencontres d’exception, d’expériences techniques, d’innovations sérigraphiques ; une vie des...

Le présent article vise à montrer l'importance de l'étude matérielle des estampes de l'École de Fontainebleau pour une meilleure compréhension des méthodes artistiques de ses graveurs et pour celle de l'organisation de l'atelier d'impression. Une analyse approfondie des défauts des plaques d'impression accompagnée d'une étude des filigranes du papier permettent de distinguer des impressions consécutives, de reconstituer leur chronologie et parfois même de dater les empreintes. Reprenant un travail de deux ans de catalogage et d'étude des gravures de Fontainebleau conservées au département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, cette étude propose également l'identification de nouveaux états de certaines plaques d'impression, signale une gravure qui pourrait éventuellement compléter le corpus de Fontainebleau et ainsi qu’un exemplaire inconnu de l'Adoration des bergers de Jean Mignon. The present article aims to show the importance of the material study of the School of Fontainebleau prints for the better comprehension of the artistic methods of its engravers and for that of the printing workshop organization. An in-depth analysis of the printing plates’ defects accompanied by a study of watermarks of the paper allow us to distinguish consecutive impressions, reconstruct their chronology and sometimes even date the imprints. Resuming a two-year work on cataloguing and study of the Fontainebleau etchings conserved at the department of Prints and Photography of the Bibliothèque nationale de France, this study also proposes the identification of new states of some printing plates, report an etching that could possibly complete the Fontainebleau corpus and points out an unknown copy of the Adoration of the Shepherds by Jean Mignon.

Les journées d’étude « Estampes et dessins de l’école de Fontainebleau : production, diffusion, collection » qui se sont tenues les 9 et 10 juin 2022 et qui sont publiées dans la présente publication ont marqué l’aboutissement d’un travail de deux ans mené au sein du département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France, rendu possible grâce au soutien exceptionnel de la Fondation Getty dans le cadre du « Paper Project: Prints and Drawings Curatorship in the 2...

L'article se concentre principalement sur un dessin de satyre de la collection de l'Ermitage (OR-33410), attribué initialement à Joseph Boillot en raison de sa proximité avec sa célèbre série Nouveaux portraits ou figures de termes (1592). L’analyse suggère que ce dessin est plus ancien et appartient à un autre genre : l’étude de la statuaire antique. Il est rapproché d’une sculpture aujourd'hui conservée dans les musées du Capitole et reproduite dans nombre de dessins de la Renaissance à par...

Hubert Prouté photographié par Julien Martinez Leclerc Galerie Paul Prouté Que Les Nouvelles de l’estampe aient souhaité rendre hommage à Hubert Prouté qui vient de nous quitter n’est que justice. Hubert Prouté a sans nul doute dominé le marché parisien de l’estampe pour plus d’un demi-siècle. Grâce à la Galerie Prouté, Paris est encore aujourd’hui une des capitales de ce marché et le 74 rue de Seine, une adresse incontournable, indispensable lieu de rencontre entre amateurs, collectionneurs ...

Fig. 1. Claude Bouret à son bureau, au département des Estampes et de la photographie, au début des années 1980 Pendant sept ans, de 1998 à 2005, j’ai partagé le bureau de Claude Bouret au département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France, jusqu’à son départ à la retraite. Il m’a accueillie comme conservatrice chargée, à ses côtés, de gérer l’immense fonds d’estampes du XIXe siècle (environ deux millions de pièces exécutées par plus de 10.000 graveurs), don...

This article provides an update of the catalog of Luca Penni's drawings proposed in the publication that accompanied the exhibition Luca Penni, un disciple de Raphaël à Fontainebleau organized at the Louvre in 2012 and gives a view of a dozen sheets either reappeared on the art market or identified in the public collections of Besançon, Chicago, Dresden, Erlangen, London, New York and Paris. Two of them are preparatory to etchings by Léon Davent and Jean Mignon. The article also proposes the addition of an anonymous piece to the list of prints reproducing the artist's works.

Portrait d’Hubert Prouté Galerie Paul Prouté Mes six années à la galerie Paul Prouté, entre 1983 et 1989, furent mon école de l’estampe. En étant recruté, grâce à la recommandation de Jean Adhémar, j’ignorais que le 74 de la rue de Seine était beaucoup plus qu’une adresse où se vendaient et s’achetaient gravures et dessins : une « institution » où de jeunes gens dans mon genre, sortis de l’université et de leur formation livresque, allaient apprendre à regarder les œuvres sur papier, les appr...

C’est dans un espace européen que sont à suivre les trajectoires des sources d’inspiration et des étapes de la formation de Lill (Lilian) Tchudi (1911 - 2004) de sa Suisse natale par la Belgique, l’Autriche, l’Angleterre et la France. L’apparente souplesse des frontières de sa carrière reflète le caractère transnational du réseau de diffusion et de circulation de l’estampe contemporaine, dont les territoires germanophone, anglophone et francophone constituent les zones privilégiées depuis la ...

paysage, Grand Siècle, recension

L’ambitieux chantier de rénovation que François Ier entreprit au château de Fontainebleau constitue un jalon déterminant pour l’épanouissement de la Renaissance en France et un moment décisif pour l’histoire de l’art du XVIe siècle. Dans les années 1530-1540 furent ainsi réunis à Fontainebleau des artistes de tous horizons, italiens, français et nordiques. Sous la direction d’abord du florentin Rosso, puis du bolonais Primatice, ils furent à l’origine de l’essor d’un nouveau courant artistiqu...

Ce beau livre est tiré d’un mémoire de master réalisé à Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous notre direction. C’est en en effet dans cette université que l’auteure a été formée à l’histoire de l’estampe, d’abord par Marie Gispert, puis par nous-mêmes. En 1998, dans l’exposition Regard noir, gravures-graphzines à la BnF, nous avions montré quelques gravures des Indélicats, groupe méconnu attendant encore la recherche qui le mettrait en lumière : c’est tout naturellement que nous avons orienté Barbar...

Le succès du décor du château de Fontainebleau au XVIe siècle tient aux nombreuses estampes qui l’ont diffusé et qui ont constitué un réservoir de formes dans lequel les artistes puisaient de nouvelles inventions. Cet article entend montrer que les artistes n’étaient pas les seuls à choisir dans ce vaste catalogue, en se penchant sur cette étape du travail artistique qui précède la réalisation matérielle des œuvres.

Gustave Doré illustre les Contes de Perrault, ouvrage de luxe au format in-folio qui paraît chez l’éditeur Hetzel fin 1861, de quarante planches hors-texte. En nous appuyant sur des documents et objets inédits, nous retraçons les étapes de la réalisation des illustrations, dans le contexte technique et industriel de l’époque, depuis les dessins de Doré jusqu’à la fabrication du livre illustré. L’enjeu est d’évaluer l’impact du processus de production sur la fonction illustrative des images. Gustave Doré illustrated Perrault’s tales, a luxury folio book published by Pierre-Jules Hetzel at the end of 1861, with forty full-page plates. Based on unpublished documents and objects, the article retraces the main stages in the realization of the illustrations, in the context of industrial production in the mid-19th century, from Doré's drawing to the illustrated book. We aim thus how to estimate the process of production impacts on the capacity of the images to illustrate the text.

Cet article aborde la création et le fonctionnement de la première galerie de prêt d’œuvres d’art (estampes contemporaines et photographies) en bibliothèque inaugurée en 1976 à Grenoble par la municipalité d’Hubert Dubedout (1965-1983), puis le déploiement de cette expérience pilote à l’échelle nationale entre 1982 et 1986 par le ministère de la Culture Jack Lang, avant de proposer un aperçu des premières politiques d’acquisitions d’œuvres multiples par l’étude de quelques artothèques exemplaires créés grâce aux subventions allouées par l’État à Angers, Montpellier, Lyon, Toulouse et Caen au cours de cette période. This article discusses the creation and operation of the first French art lending gallery (contemporary prints and photographs) in library inaugurated in 1976 in Grenoble by the municipality of Hubert Dubedout (1965-1983), then the deployment of this pilot experiment on a national scale between 1982 and 1986 by the Ministry of Culture Jack Lang, before proposing an overview of the first policies for the acquisition of multiple works through the study of a few exemplary art lending gallery created thanks to the subsidies allocated by the State in Angers, Montpellier, Lyon, Toulouse and Caen during this period.

Peintre d’origine flamande, arrivé sur le chantier bellifontain en 1536, Léonard Thiry (actif en 1533 – Anvers, vers 1550) fut un proche collaborateur de Rosso Fiorentino. Il a largement contribué à diffuser l’art de la première école de Fontainebleau grâce aux nombreuses estampes qui furent gravées d’après ses compositions. Son catalogue peut désormais être enrichi d’une douzaine de dessins, issus de collections publiques, ou récemment passés sur le marché de l’art, étudiées dans cet article. Trois d’entre eux, au moins, viennent étoffer le groupe des copies d’après Rosso, notamment d’après les compositions de la Galerie François Ier. Plusieurs feuilles examinées illustrent l’importance du travail de Thiry dans le domaine de l’estampe d’une part et de l’ornement d’autre part. Des compositions originales, pour la peinture ou le vitrail, permettent également d’étudier la personnalité artistique de Thiry libérée de l’empreinte de Rosso. The Flemish painter Léonard Thiry worked alongside Rosso Fiorentino in Fontainebleau from 1536 on and he became one of his best imitators. The numerous prints that were made after his drawings played a major part in the spread of the First School of Fontainebleau style. One proposes to study the addition of a dozen drawings, from public and private collections, to his catalogue. At least three of these drawings are copies after Rosso’s compositions for Francis I Gallery in Fontainebleau. Several sheets studied in this article confirm the fact that Thiry frequently gave models for printmaking and his profound interest in the ornamental work. A few original compositions for painting or stain glass also show his artistic personality free of Rosso’s mark.

Ferdinand Massignon (1855-1922) adopte en 1884 comme nom d’artiste Pierre Roche qui souligne doublement sa prédilection pour la sculpture ou du moins pour le relief, toutes techniques confondues. Touche-à-tout, inventif et curieux, il se forme à la peinture auprès d’Alfred Roll, à la sculpture avec Jules Dalou, et se passionne pour les arts décoratifs et la gravure. Son œuvre aborde tous les domaines de la création, des sculptures pour la façade du théâtre-musée de Loïe Fuller construit pour ...

Hubert Prouté photographié par Julien Martinez Leclerc Galerie Paul Prouté John Ford a utilisé ce titre pour l’un de ses films (1952), mais il s’appliquait sans nul doute à Hubert Prouté. Ma première rencontre avec lui eut lieu au printemps de 1974, lorsqu’un ami, à qui je confiais mon désir un peu fou d’entamer une collection de dessins, me conseilla de me rendre au 74 rue de Seine ; j’y arrivai le jour du « grand catalogue » de printemps, puisque la galerie Prouté avait pour habitude d’en p...

À l’occasion de la future publication du catalogue de l’œuvre de René Lochon dans l’Inventaire du fonds français, nous donnons ici quelques documents d’archives inédits sur les principales étapes de sa vie (apprentissage auprès de Jean Ganière, mariage, inventaire après-décès) qui documentent et permettent de mieux comprendre le parcours de cet important graveur parisien du xviie siècle On the occasion of the forthcoming publication of the catalogue of René Lochon's work in the Inventaire du fonds français (BnF), we provide here some unpublished archival documents on the main stages of his life (apprenticeship with Jean Ganière, marriage, inventory after his death) which document and provide a better understanding of the career of this important 17th-century Parisian engraver

Pas moins de onze estampes furent publiées en France à l’occasion du siège de Montauban (17 août-18 novembre 1621), soutenant la tentative d’assujettissement de la cité protestante par Louis XIII. Cet article se propose de retracer cette histoire éditoriale singulière et méconnue. Un premier ensemble gravé, composé de pièces parues dès le début du conflit, prend place aux côtés d’éditions plus tardives, imprimées après la levée du siège qui signa la défaite du camp royal. Toutes ces estampes ont également pour particularité de présenter une représentation topographique de la ville assiégée. Ne pourrait-on alors formuler l’hypothèse que ces œuvres, souvent anonymes, prennent pour modèle un plan dessiné pouvant revenir à un ingénieur militaire ? In France, at least eleven prints were published to celebrate the siege of Montauban (November 17- August 18, 1621). The paper offers to trace this unique and poorly studied editorial history. These editions were printed either while the siege was proceeding or after the defeat of Louis XIII. All these prints also have the particularity of presenting a topographical representation of the besieged city. The production process is thus interrogated with the hypothesis that a drawing plan, perhaps elaborated by a military engineer, could have been the editions’ model.

Fig. 1. Portrait de Christian Collin dans sa galerie ©Galerie Christian Collin Comment êtes-vous devenu marchand d’estampes ? Jeune, je n’avais pas de plan de carrière : après le bac, j’ai passé un an à la banque où je me suis ennuyé et j’ai démissionné. Je voulais travailler dans le domaine du livre et de l’édition. Par l’intermédiaire d’une relation de la secrétaire de mon grand-père, je suis entré en contact avec Christine Girand qui m’a engagé. Je suis ainsi rentré à 20 ans comme assista...

Fig. 1. Gabriel de Saint-Aubin att., L’enlèvement des filles, 1778, eau-forte, mine graphite, 18,1x13,5 cm (feuille), BnF Estampes, Réserve Ef-37 (3)-boîte écu. Comme le soulignaient fort justement Henri Loyrette et Anne Poulet en 2008, Gabriel de Saint-Aubin est « le chroniqueur de la capitale du xviiie siècle : il saisit en effet tous les aspects de sa vie culturelle en montrant beaucoup d’esprit, de loyauté et d’attachement à cette ville ainsi que toute la fierté qu’elle lui inspirait. » I...

The Fontainebleau School prints, which display some of the most expressive and highly-wrought imagery of the French Renaissance, have captured the imagination of print historians for centuries. Since Pierre-Jean Mariette’s pioneering efforts to identify the prints from the School in the eighteenth century, scholars have addressed the complex questions of attribution, technique and chronology, shedding new light on the identities of the Fontainebleau printmakers and their workshop practices. M...