Arwidson, Pierre, Brodin, Marc, Charles, Marie-Aline, Chauliac, Michel, Choquet, Marie, Cuvillier, Nathalie, Dartiguenave, Catherine, Debaux, Fabienne, De Peretti, Christine, Got, Claude, Kerneur, Christine, Kovess, Viviane, Purper-Ouakil, Diane, Rolland-Cachera, Marie-Françoise, Romano, Marie-Claude, San Marco, Jean-Louis, Institut National de Prévention et d'Éducation de la Santé (INPES), Faculté de Médecine Xavier Bichat, Université Paris Diderot - Paris 7 (UPD7), Epidémiologie cardiovasculaire et métabolique, Université Paris-Sud - Paris 11 (UP11)-Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM)-Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), Direction Générale de la Santé (DGS), Ministère des Affaires sociales et de la Santé, Unité INSERM U 472. Faculté de Médecine Paris Sud. 63 rue Gabriel Péri. 94276 Le Kremlin Bicêtre Cedex, Direction de la sécurité sociale, Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes) (DREES), Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies, OFDT, Direction Générale de l'Enseignement Scolaire (DGESCO), Ministère de l'Éducation nationale et de la recherche, MGEN, Service de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) (APHP)-Hôpital Robert Debré-Université Paris Diderot - Paris 7 (UPD7), Unité de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (UREN), Université Paris 13 (UP13)-Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)-Conservatoire National des Arts et Métiers [CNAM] (CNAM)-Université Sorbonne Paris Cité (USPC)-Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé (INPES), Institut national de la santé et de la recherche médicale(INSERM), Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) (AP-HP)-Hôpital Robert Debré-Université Paris Diderot - Paris 7 (UPD7), Université Paris 13 (UP13)-Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)-Conservatoire National des Arts et Métiers [CNAM] (CNAM), HESAM Université - Communauté d'universités et d'établissements Hautes écoles Sorbonne Arts et métiers université (HESAM)-HESAM Université - Communauté d'universités et d'établissements Hautes écoles Sorbonne Arts et métiers université (HESAM)-Université Sorbonne Paris Cité (USPC)-Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), ORANGE, Colette, and Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM)-Université Sorbonne Paris Cité (USPC)-Université Paris 13 (UP13)-Conservatoire National des Arts et Métiers [CNAM] (CNAM)-Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)
Durant la dernière décennie, plusieurs états des lieux et, en particulier, laconférence nationale de santé de 1997 ont attiré l’attention des pouvoirspublics sur la santé des enfants et des adolescents. Prenant acte de cettepriorité, la Caisse nationale d’assurance maladie des professions indépendantes(Canam) a défini avec l’Inserm un programme d’expertises collectivesciblé sur les pathologies de l’enfant qui sont en augmentation (obésité, troublesmentaux, asthme{). À l’issue d’une analyse exhaustive des données de lalittérature au niveau international, les experts ont défini des recommandationspour améliorer le dépistage et la prévention de ces pathologies.La Canam a également sollicité l’Inserm pour un bilan des connaissances surles méthodes en matière d’éducation pour la santé utilisées auprès des jeunesdans le contexte national et international.Tirant profit de l’ensemble de ces travaux et de ceux menés à la demande de laMission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt),de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts)et de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) surles risques liés à la consommation d’alcool chez les jeunes, l’Inserm a récemmentproposé à la Canam un approfondissement des recommandations élaboréespar les groupes d’experts concernant la prévention de l’obésité, destroubles mentaux ainsi que du risque alcool chez les jeunes dans le but deproposer quelques actions bien définies de prévention et d’éducation pour lasanté.Sous l’égide de l’Inserm, un groupe de travail a été constitué, rassemblantplusieurs scientifiques des expertises citées ainsi que des acteurs des administrationset organismes ayant en charge l’élaboration des politiques publiques.Les troubles pris en considération par le groupe de travail représentent unepréoccupation de santé publique en raison d’une prévalence élevée qui tendencore à augmenter. Ainsi, une proportion non négligeable d’enfants etd’adolescents (environ 12 % en France) souffrent de troubles mentaux, c’està-dire de troubles qui interfèrent avec leur développement, freinent leursapprentissages scolaires et compromettent leur devenir par une répercussionsur la qualité de vie au quotidien. La prévalence de l’obésité est également de10-12 % chez les enfants de 5 à 12 ans. L’augmentation du nombre d’enfantstouchés est très rapide, et pose en termes de santé publique le problème descomplications susceptibles de compromettre leur santé à long terme. Concernantles conduites d’alcoolisation, environ 10 %des jeunes âgés de 15 à 19 ansauraient une consommation régulière d’alcool (c’est-à-dire qu’ils ontconsommé au moins dix fois une boisson alcoolique au cours des trente derniers jours) et 5 % connaissent des ivresses régulières (c’est-à-dire qu’ilsont été îvres au moins trois fois au cours des trente derniers jours)1.Des facteurs de risque comportementaux et environnementaux sont en jeudans les problématiques étudiées. Un certain nombre de ces facteurs sontaccessibles à une prévention. Cependant, l’étude des déterminants psychosociaux,la compréhension des aspects environnementaux et surtout la connaissancedes mesures de prévention efficaces restent lacunaires. La collectesystématique de données concernant les attitudes, savoirs, comportements etpréoccupations de santé est très récente en France.La distinction classique entre prévention primaire, secondaire et tertiaire estactuellement remplacée par les notions de prévention généralisée ou universelle,sélective et indiquée. Les interventions dites généralisées sont destinéesà la population générale ou tout du moins à des groupes qui n’ont pas étésélectionnés sur la base d’un risque défini. Les campagnes de vaccination et laprévention en milieu scolaire en sont des exemples. La prévention sélectivevise un sous-groupe d’individus ayant un risque significativement plus élevéque la moyenne de développer un trouble. La prévention indiquée s’adresseaux sujets qui ont des signes d’appel, en restant en deçà des critères diagnostiques.Si la notion de prévention est claire pour tous malgré des nuances apportéespar différents corps professionnels (la « prévention médicalisée » du médecin,la « prévention répressive » du gendarme), le concept d’éducation pour lasanté et plus largement celui de promotion de la santé font souvent l’objetd’interprétations diverses. Le caractère pluridisciplinaire et pluriprofessionnelde ces domaines fait que chacun y projette sa vision de la santé.L’éducation pour la santé recouvre un ensemble de pratiques pouvant contribuerà la prévention des maladies et des accidents et à la promotion de lasanté. Traditionnellement, l’éducation pour la santé consistait en des interventionséducatives qui visaient à apporter des informations et à inciter lesindividus à adopter des attitudes et des comportements favorables à leur santédans un objectif de prévention. Actuellement, l’éducation pour la santé estplus souvent considérée comme un processus créant avec les personnes et lesgroupes les conditions du développement de leurs capacités, valorisant leurautonomie et leur responsabilité, ceci dans un but de promotion de la santé.Le concept de promotion de la santé formalisé en 1986 dans la charted’Ottawa, qui reste la référence mondiale, a élargi la démarche éducative enmettant en avant la responsabilité collective. Il ne s’agit plus seulementd’éduquer les individus, mais aussi de favoriser les mobilisations et les changementscollectifs en prenant en compte les déterminants psychosociaux etsociétaux à l’origine des comportements et des attitudes défavorables à la santé. La promotion de la santé inclut l’éducation pour la santé, qui en resteune composante essentielle. Les principes évoqués pour la promotion de lasanté font appel à la notion de milieu et de cadre de vie. Les interventionsreposent sur une approche intersectorielle prenant en compte la multicausalitédes déterminants de santé. L’approche se veut accompagnatrice du développement,le but étant l’augmentation de la capacité des individus às’autogérer (notion d’empowerment).Concernant l’éducation pour la santé, l’école est reconnue comme le lieud’intervention privilégié. En effet, l’école permet d’atteindre la très grandemajorité d’une classe d’âge. Les jeunes y représentent une population captivefacile à informer dans le cadre des programmes d’enseignement. Mais surtout,de par sa mission éducative, l’école participe à la construction des individus.Cependant, le cercle familial conserve un rôle de premier plan et la participationdes parents dans les programmes d’éducation pour la santé est capitalepour le bon déroulement de ceux-ci. L’éducation pour la santé doit pouvoir sepoursuivre tout au long de la scolarité des élèves de la maternelle jusqu’ausecondaire. Les programmes doivent être mis en œuvre de manière progressiveen tenant compte des préocupations liées à l’âge. La cohérence et la continuitédes interventions, instaurées tout au long du cursus scolaire avec l’école,la famille et tous ceux qui interviennent auprès des jeunes est un gage deréussite. Des modes d’interventions diversifiés, adaptés aux publics et auxthèmes abordés, doivent permettre une participation active des jeunes etfavoriser le développement des compétences psychosociales.Les propositions d’actions réunies dans ce document se situent dans le registrede la prévention universelle, c’est-à-dire qu’elles s’adressent à tous les enfantset adolescents. Si l’éducation pour la santé sous-tend la plupart de ces actions,certaines se situent plus dans le champs de la création d’environnementsfavorables ou dans celui de la prévention des risques. L’objectif de ce travail estd’offrir aux décideurs, en fonction de leur rayon d’action (ministère, municipalité,établissement scolaire, classe{), quelques pistes d’actions bien ciblées2.En effet, ces propositions représentent des actions qui méritent d’être :• généralisées et développées : éducation nutritionnelle, activités physiques,prévention du risque alcool ;• réactivées : loi Évin, programme d’éducation physique ;• clarifiées : offre alimentaire en milieu scolaire ;• expérimentées et évaluées : programmes de gestion du stress et développementdes compétences psychosociales.Les conditions de mise en œuvre de ces projets sont fondamentales. Ainsi,l’enjeu majeur que représente la santé actuelle et future des jeunes nécessiteque ces projets soient conduits par des personnes formées. Les modes d’interventiondoivent avoir été validés et doivent reposer sur la reconnaissance des multiples facteurs individuels et collectifs qui déterminent les conditions dumaintien de la santé. L’examen de la littérature a conduit à constater la raretédes travaux français et des équipes universitaires françaises impliquées dans laconception et l’évaluation scientifique d’interventions éducatives de santé.C’est pourquoi le groupe de travail insiste sur la nécessité de développer larecherche et la formation en éducation pour la santé.Si le milieu scolaire est fortement sollicité pour la mise en œuvre d’actions, ilne faut pas oublier que les jeunes évoluent aussi dans d’autres milieux(familles, groupes de pairs, quartiers). Les actions de santé doivent tenircompte de la complexité et de l’intrication des déterminants des comportementset des modes de vie ; normes sociales, culturelles et familiales, constructionidentitaire des jeunes, contradictions entre incitations publicitaires etmessages sanitaires...Enfin, l’accès à la prévention et à l’éducation pour la santé pose encore enFrance des problèmes d’inégalités territoriales et sociales. À l’heure où larépartition des compétences en matière de santé publique et d’éducation esten réorganisation, cela peut être l’occasion de développer l’éducation pour lasanté autour de principes tels que l’équité géographique (accessibilité,schémas territorialisés), la pérennité et la continuité (actions continues plutôtque projets ponctuels) et la qualité (formation des intervenants, développementde la recherche).Ce document, qui porte sur des aspects fondamentaux de la santé physique etmentale des enfants et des adolescents, représente une nouvelle étape dans lamise à disposition des acquis de la recherche auprès des décideurs politiques etinstitutionnels.