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Groupe de conception de l’enquête Histoire de vie François Clanché (Insee), Emmanuelle Crenner (Insee), Olivier Donnat (DEP, Ministère de la Culture), France Guérin-Pace (Ined), Frédérique Houseaux (Insee), Laurent Toulemon (Ined), Isabelle Ville (Inserm). Partenaires et financeurs de l’enquête L’Ined, le ministère des Affaires sociales (Drees), le ministère du Travail et de l’Emploi (Dares), le ministère de la Culture (DEP) et la Délégation interministérielle à la ville (Div). Groupe d’explo...

Les premiers travaux sociologiques sur la maladie produits dans les années 1950 et 1960 ont cherché à restituer le point de vue des personnes sur leur propre expérience face à un discours médical hégémonique. Comme dans d’autres domaines, les chercheurs se faisaient les porte-parole des « sans voix », dévoilant les souffrances quotidiennes, l’isolement, l’incompréhension et les difficultés cumulées (Herzlich, 2004). L’expérience du handicap était quant à elle traitée dans le champ de la dévia...

Les transformations sociales de la seconde moitié du xxe siècle se sont accompagnées d’une diversification des vecteurs identitaires mobilisés par chacun pour se trouver une place dans la société. Les parcours de vie des personnes se complexifient et sont plus souvent marqués que par le passé par des ruptures notamment familiales ou professionnelles, susceptibles de remettre en question les liens sociaux préalablement établis. Facteurs importants de cette transformation, la crise économique e...

2e édition / collection Ouvertures Politiques / livre numérique Epub; International audience; Comment le champ du handicap s'est-il historiquement et socialement construit dans les sociétés occidentales ? Quel type d'expériences le handicap produit-il ? Quelles mobilisations suscite-t-il ? Quel type de recherches et quels courants de pensées recouvrent les disability studies ? Quels traitements politiques les sociétés donnent-elles aux personnes dites handicapées ? Comment celles-ci vivent-elles aujourd'hui à l'école, au travail, en famille, en milieu "ordinaire" ou en institutions spécialisées ? Voici quelques-unes des nombreuses questions que se posent tous ceux qui s'intéressent au handicap et que cet ouvrage propose d'éclairer. Depuis une quarantaine d'années, le handicap est en effet devenu un objet d'études à part entière des sciences humaines et sociales, de la sociologie en particulier. Les recherches ont permis de mieux comprendre l'objet socio-politique "handicap" et d'en cerner les contours instables. Mais elles ont aussi ouvert de nouvelles pistes et catégories d'analyse pour penser nos sociétés contemporaines à l'épreuve de la diversité. Elles montrent que la fonctionnalité des corps et des esprits touche au coeur des questions de justice sociale. Ce manuel propose un panorama clair et synthétique des études consacrées au handicap en soulignant à la fois les situations concrètes qu'il recouvre et ses enjeux politiques et sociaux.

Cette enquête sociologique a pour objet les parcours des publics accompagnés dans les Instituts Thérapeutiques, Éducatifs, et Pédagogiques (ITEP)1. Elle s’est déroulée dans trois régions aux profils sociodémographiques différents : en Normandie, Bretagne et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les méthodes sont à la fois quantitative (traitement statistique des données administratives recueillies dans les dossiers des établissements) et qualitative (monographies à partir d’entretiens et d’observations mettant en exergue les enjeux relationnels autour de ces parcours), afin d’éclairer leurs zones d’ombre respectives en les articulant. La dynamique des parcours institutionnels est étudiée en analysant leurs bornes, afin de saisir la relation d’accompagnement qui y est instituée et les partenariats qui les rendent possible : à l’entrée, pendant et à la sortie. Les résultats de la recherche reflètent de manière descriptive et compréhensive la pluralité des parcours institutionnels pris en charge par un accompagnement générique multimodal et singulier produit par les ITEP. L’étude statistique montre que la moitié des jeunes bénéficie d’une mesure de protection de l’enfance avant leur entrée et pendant l’accompagnement et que la moitié d’entre eux ont été suivis antérieurement par le secteur pédopsychiatrique quand un quart d’entre eux le sont pendant l’accompagnement à l’ITEP. Pour l’extrême majorité des parcours, l’école est l’acteur central qui conduit à leur orientation vers l’ITEP. L’étude qualitative montre en outre la teneur parfois complexe des partenariats interinstitutionnels dans la construction des parcours, en focalisant l’analyse sur trois types de sortie des établissements : la sortie vers l’insertion sociale et professionnelle ordinaire, l’inclusion dans le secteur de l’enseignement adapté, et les hésitations autour des réorientations vers le milieu protégé. Enfin, si le parcours institutionnel en ITEP est un processus social décrivant un passage de trois ans et trois mois en moyenne, il révèle en fait une extrême hétérogénéité de profils et de temporalités. En revanche, les classes populaires dont sont issus les jeunes accompagnés sont surreprésentées dans l’ensemble des parcours. Elles interrogent les capacités de l’école à les intégrer et questionnent l’action médico- sociale dans son appréhension des normes familiales. Enfin, la logique même de la compensation du handicap doit être de nouveau réfléchie quand en grande majorité, elle ne concerne plus les jeunes une fois sortis de l’ITEP, mettant à mal l’idée d’une articulation automatique avec les dispositifs adultes du handicap, quand bien même deux tiers d’entre eux bénéficient d’un autre accompagnement maintenu ou mis en place à la sortie.

International audience; Cet article interroge la place de l’avortement thérapeutique et des techniques de diagnostic prénatal dans la prise en charge des handicaps de naissance en France, à partir des années 1960. En présentant l’histoire croisée de la législation de l’avortement thérapeutique et celle de la mise en place de la périnatalité, il entend situer l’arrivée des techniques de diagnostic prénatal dans un contexte où l’avortement thérapeutique pour anomalie fœtale peut être envisagé comme un recours dans la prévention des handicaps de naissance.

Using the categorisations which have helped to build the field of disability in France, this article analyses the meanings of disability and how they shifted over the 20th century. Our aim is to identify, from a holistic perspective, both the conditions under which they were produced and the major paradigms in which they were rooted. The initial category thus originates in the moral division of poverty which was part of mediaeval Christianity and which, in the 14th century, put forward inaptitude for work as a legitimate reason for assistance. At the end of the 19th century and the start of the 20th century, solidarism and the principle of social debt opened the way for redress for the damage caused by society: financial redress to begin with, then redress in the sense of “rehabilitation” within the context of a war economy. Breaking down the boundaries of inaptitude, these new procedures made a distinction between people disabled through war or accidents at work – which came under the heading of collective responsibility – and disabled civilians. Within their groups, the latter therefore produced and distributed a new meaning: disability “as an épreuve of the self”, a category of experience which was to find support from various vulgates of human and social sciences. However, the result was different acceptances of the meaning of épreuve; although these had in common the fact that they focused attention on the person, they were accompanied by distinct modalities for the social treatment of disability. The vicissitudes of meanings of disability “as an épreuve” illustrate the movement of reflexivity and subjectivity which drive our late modernity and its effects on current social policies and practices., Partant de catégorisations qui ont participé à la constitution du champ du handicap en France, l'article analyse les significations de cet objet et leurs déplacements au long du 20e siècle. L'entreprise consiste à identifier, dans une perspective holiste, tant les conditions de leur production que les grands paradigmes dans lesquels elles s'enracinent. Ainsi, la catégorie princeps procède d'une division morale de l'indigence qui s'inscrit dans la chrétienté médiévale et pose, au 14e siècle, l'inaptitude au travail comme cause légitime de l'assistance. A la fin du 19e et au début du 20e siècles, le solidarisme et le principe de la dette sociale ouvrent la voie de la « réparation » des dommages causés par la société : réparation financière d'abord, puis réparation au sens de « réadaptation » dans le contexte de l'économie de guerre. Bousculant les frontières de l'inaptitude, ces nouveaux dispositifs distinguent invalides de guerre et du travail, relevant de la responsabilité collective, et infirmes civils. Ces derniers produisent et diffusent alors, au sein de leurs collectifs, une nouvelle signification : le handicap « comme épreuve de soi », catégorie de l'expérience et du sujet qui trouvera un étayage dans différentes vulgates des sciences humaines et sociales. Il en résultera cependant différentes acceptions du sens de l'épreuve qui, si elles ont en commun de centrer l'attention sur la personne, s'accompagnent de modalités distinctes de traitement social du handicap. Les vicissitudes des significations du handicap comme une « épreuve » illustrent le mouvement de réflexivité et de subjectivité qui anime notre modernité tardive et ses effets sur les politiques et pratiques sociales actuelles.