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Depuis son avènement et plus fortement à partir des années 90, l’Union européenne est tiraillée entre une volonté croissante d’implication dans le secteur de l’éducation et le principe de subsidiarité affirmant la primauté des États membres sur ce secteur sensible. N’ayant pas les moyens d’intervention - notamment législatifs - dont disposent ses États membres sur ce secteur, l’Union européenne a fait émerger des instruments de gouvernance se distinguant des processus politiques conventionnels. Parmi ces instruments se trouve la Méthode Ouverte de Coordination européenne en éducation, appelée cadre stratégique Éducation et Formation 2020. L’objectif de cette thèse est de comprendre comment à travers la MOC, le système politique se transforme lorsqu’il s’organise non plus au niveau de l’État-nation, mais bien au niveau européen. Pour analyser cette transformation, nous nous basons sur la théorie générale des systèmes sociaux de Niklas Luhmann et sur la mise en place d’une ethnographie du politique visant à observer la MOC « en action ». Nous proposons d’analyser la MOC comme un cycle politique alternatif, ne se basant pas sur la prise de décisions législatives, mais bien sur des mécanismes d’apprentissage ou de dissémination d’informations et de bonnes pratiques à propos des systèmes éducatifs européens. À travers cet emprunt de rationalités alternatives, notamment scientifiques, la MOC redéfinit ce que l’on entend par politique au niveau européen en élargissant les moyens d’action de l’UE. Ce faisant, la MOC renforce la globalisation du politique au-delà de l’État-nation., (POLS - Sciences politiques et sociales) -- UCL, 2022

Ces dernières années, dans des sociétés contemporaines tantôt définies par le conflit des valeurs consécutif à leur pluralisation, tantôt caractérisées par un lien social en « crise », la fonction de socialisation de l’institution scolaire revient à l’agenda, tant politique que scientifique. Dans ce contexte, la recherche que nous menons s’intéresse à l’école comme un endroit où l’on apprend, mais aussi comme un lieu de vie important dans lequel les élèves font l’expérience d’un rapport particulier aux valeurs, aux normes, et à la communauté politique. A partir d’une enquête par questionnaire menée en 2018-2019 auprès de 1200 élèves issus d’un échantillon représentatif d’établissements secondaires belges francophones, nous montrerons que ces expériences « morales » varient sensiblement d’une école à l’autre et étudierons ce que ces différenciations doivent à l’établissement d’appartenance des élèves en tentant d’identifier les divers leviers (des effets de composition aux pratiques pédagogiques) par lesquels l’école contribue à la socialisation morale des élèves. Après avoir rappelé la démarche empirique, les hypothèses qui la sous-tendent et une modélisation des leviers de la socialisation scolaire, nous présenterons quelques résultats significatifs issus d’analyses statistiques multivariées visant à tester l’influence relative et conjointe de ces différents leviers sur des variables mesurant le rapport aux valeurs et au pluralisme axiologique, le rapport à la norme et les conceptions du vivre-ensemble des élèves.

La siguiente investigación-acción, desarrollada en el marco del proyecto “Refuerzo de espacios de mediación comunitaria de jóvenes en situación de violencia y sufrimiento psicosocial”, partió de una tensión presente en organizaciones educativas cuyos discursos podrían ser considerados alternativos en torno a la educación, el trabajo o la familia. Esta evidencia una contradicción entre aquellos, y las lógicas estandarizadas que, en los últimos años, han intentado copar las prácticas pedagógicas en un afán por integrarse a las dinámicas globales que caminan en el mismo sentido. En contextos signados por la crisis y la violencia, como aquellos a los que pertenecen organizaciones como Fe y Alegría y el Centro del Muchacho Trabajador en Ecuador, los conflictos cotidianos y la realidad circundante revelan una problemática relacionada con la imposibilidad de responder efectivamente a aquellas, lo cual afecta directamente a los trabajadores de los centros educativos en las mencionadas organizaciones. Utilizando los principios, conceptos y categorías de la sociología pragmática de la crítica se analiza esta tensión, de cara a comprender las acciones llevadas a cabo por los educadores en medio de estos contextos y el modo en que hacen uso de sus propias operaciones críticas para enfrentar situaciones de violencia. Para ello, se hace un recorrido metodológico y analítico que parte de las disputas presentes en los espacios, analiza los dispositivos que movilizan u obstaculizan a los actores en una determinada posición, evidencia las pruebas a las que aquellos son sometidos y visibiliza las capacidades de producir crítica y resistencia, las cuales requieren ser amplificadas en medio de la acción educativa. En coherencia con esta perspectiva, la investigación integra espacios de observación participante, talleres de cartografía social con interpretación colectiva y entrevistas. Se evidencia que los actores de las organizaciones son capaces de producir dispositivos de distinta nat, (POLS - Sciences politiques et sociales) -- UCL, 2021

Using a societal analysis perspective that articulates structural, institutional and cognitive dimensions, this article outlines a model examining the contribution made by the schooling system to the social construction of elites. The model is put to the test by a comparative study of elitist educational pathways and their contrasting organisational modes in France, Belgium and Chile. The article shows that both the education of elites, and the role played by school in providing access to privileged social positions, continue to be marked by the distinctive historical construction of each society and education system, despite cross-cutting trends that are linked to globalisation.

La investigación se planteó como punto de partida el interés por indagar el papel que puede jugar una instancia como la familia frente a la escuela y a través de ella en la definición de la educación como un proyecto social en un sentido más amplio. Esto en un contexto social y escolar que, como el de la ciudad de Bogotá, capital del país, ha sido caracterizado por distintas investigaciones por sus marcadas brechas e inequidades históricas que tiene como uno de sus orígenes el destino escolar. A partir de un enfoque sociohistórico basado en una sociología de las prácticas educativas, estudiamos los modos como las familias de distintos orígenes sociales pusieron en marcha el proceso educativo de sus hijos, la manera como se hicieron a la escuela y los vínculos que establecieron en distintos momentos históricos con esta institución en términos de ejercicio de la autoridad, concepción del conocimiento, formación de unas vocaciones y configuración de modos de distinción asociados al estatus y el prestigio de educarse. De esta manera se pudieron interrogar la manera como los modos prácticos de relacionamiento entre la familia y la escuela incidían efectivamente en la definición de los cometidos sociales de la educación. Para esta indagación, se puso en marcha una doble mirada, sincrónica y diacrónica. La primera, ubicada en unos periodos circunscritos, permitió ubicar unas prácticas educativas familiares en el conjunto de condiciones y circunstancias de un momento particular, articulando de manera simultánea la estructura de la sociedad, el carácter específico de la familia y la naturaleza de la institución escolar. La segunda, orientada a la larga duración, permitió seguir el discurrir de distintas prácticas educativas familiares en el transcurso del tiempo, expuestas a cambios sociales, a reconfiguraciones familiares y a transformaciones en la naturaleza de la institución escolar. De este modo, encontramos que la organización del espacio institucional educativo en Colo, (POLS - Sciences politiques et sociales) -- UCL, 2021

La thèse étudie les projets éducatifs des établissements scolaires d’élite au Chili, ainsi que la manière dont ces établissements réagissent aux transformations accélérées que connaît la société chilienne, dans un contexte qui, précisément, questionne vivement les inégalités scolaires et les privilèges de classe. Au-delà de l’étude du champ de l’éducation des élites, une étude ethnographique a été menée au sein de deux établissements distincts : une école catholique traditionnelle et une école internationale. L’analyse des logiques à l’œuvre dans ces deux établissements révèle une certaine hétérogénéité dans la formation des élites ainsi qu’une compétition symbolique dont l’enjeu est le type d’individu qu’il s’agit de promouvoir en tant qu’élite. La thèse révèle également l’adossement des collèges d’élite à des groupes bien établis au sein des élites chiliennes (libéraux, catholiques, progressistes, conservateurs, etc.), ce qui n’empêche pas une certaine autonomie du champ scolaire et la capacité de ces écoles à développer un projet propre. Par ailleurs, l’enquête met au jour deux types de réponses des établissements d’élite face aux mutations du contexte social : une posture à la fois adaptative et stratégique déployée par l'école catholique et une posture plus isolationniste et non-transformative du collège international. Ces deux réactions font écho à l’identité organisationnelle de chacun de ces établissements. Mais ces postures témoignent également de l’autonomie relative dont jouissent ces écoles, qui ne se contentent pas de reproduire (une fraction) des élites, mais participent à la construction de nouveaux projets éducatifs pour les élites. Cette thèse contribue aux études sur l'éducation des élites à partir du cas particulier du Chili, mais aussi à la discussion sociologique sur l’articulation entre les structures sociales et la place de l’agentivité dans le champ social., La tesis trató sobre los proyectos educativos de las escuelas de élite en Chile, así como la forma en que estos establecimientos reaccionan a las transformaciones de la sociedad chilena, en un contexto que cuestiona fuertemente las desigualdades educativas y los privilegios de clase. Complementándolo con un estudio sobre el campo de la educación de élite, se llevó a cabo un estudio etnográfico en dos establecimientos separados: una escuela católica tradicional y una escuela internacional. El análisis de las lógicas que operan en estos dos establecimientos revela una cierta heterogeneidad en la formación de las élites, así como una competencia simbólica, cuyo juego es el tipo de individuo a promocionar como élite. La tesis también revela la correspondencia entre los proyectos educativos y los grupos al interior de las élites chilenas (liberales, católicos, progresistas, conservadores, etc.), lo que condiciona la autonomía del campo escolar y la capacidad de estas escuelas para desarrollar su propio proyecto. Por otro lado, la investigación revela dos tipos de respuestas de las instituciones de élite a los cambios en el contexto social: una postura adaptativa y estratégica desplegada por el colegio católico y una postura más aislacionista y no transformadora del colegio internacional. Ambas reacciones se hacen eco de la identidad organizativa de cada uno de estos establecimientos. Al mismo tiempo, estas reacciones dan cuenta de los grados de autonomía de la que gozan estas escuelas, donde no solo reproducen (una fracción) de las élites, sino que participan en la construcción de nuevos proyectos educativos para las élites. Esta tesis busca contribuir a los estudios sobre la educación de las élites, particularmente desde el caso chileno, pero también a la discusión sociológica sobre la articulación entre las estructuras sociales y el lugar de la agencia en el campo social., (POLS - Sciences politiques et sociales) -- UCL, 2021

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A partir d’une recherche-action menée en Belgique francophone sur la mise en œuvre de l’éducation à la citoyenneté au sein de trois établissements scolaires, l’article examine les réponses apportées par les acteurs à un double questionnement : celui de la construction des fondements du commun dans un contexte de pluralisme axiologique, et celui de la pluralisation des discours de vérité. Sur fond d’indétermination et de ségrégation, les trois écoles interprètent différemment leur mission d’éducation à la citoyenneté, au vu des défis spécifiques qu’elles rencontrent et de leur identité organisationnelle. Ces réponses s’avèrent contrastées sur le plan de l’horizon et des figures de la citoyenneté qui s’élaborent au quotidien. Enfin, l’enquête met au jour différentes modalités de reconstruction des fondements de la communauté politique, les équipes prenant appui sur différents registres, substantiels ou procéduraux, pour reconstruire du commun, tout en recomposant les narratifs hérités avec les normes contemporaines de reconnaissance et de pluralisme.

Peruvian migration to Brazil remains largely unexplored today, although it has increased significantly and continuously since the 1990s and the country is at the forefront of “new” destinations for Peruvian migrants. Indeed, within thirty years, a transnational migration circuit has emerged between the two countries, particularly between the Peruvian Andes and the city of São Paulo. These migrants, with equivalent starting social positions, have had very different pathways of incorporation. Drawing on the analysis of the trajectories of Peruvian migrants living in São Paulo and ethnographic observation inspired by the global ethnography framework, this thesis aims to address two main topics. The first concerns the processes of incorporation of Peruvian migrants into the city of São Paulo over the past three decades (between 1980 and 2015) and its transformations. The second explores the relationship between spatial and social mobility in the paths of these migrants. To achieve this, a double analytical approach is mobilized: first, the analysis of structural conditions, and in particular the migration regime in which these pathways unfold; and second, the analysis of migrants’ trajectories and their agency, in the light of the capital they succeed in accumulating, converting and mobilizing. Inspired by Abdelmalek Sayad’s approach, which identified different “ages” of Algerian emigration to France, this case study allows us to establish three cohorts of Peruvian migration to São Paulo. Each of them is characterized —among others— by (1) a mobility dynamic (commercial circulations, dependent migrations, precarious migrations), (2) a migrant-type profile (the cross-border entrepreneur, the proletarian of the craft workshop, the street vendor self-made entrepreneur), and (3) a social mobility process (the emergence of a new class of petty capitalists, the loss of social position and social immobility). By highlighting the richness of a historical perspective on mobility, Les migrations de Péruviens au Brésil restent encore aujourd’hui très peu explorées, bien que leur nombre ait augmenté de manière significative et continue depuis les années 1990 et que ce pays apparaisse en tête d’affiche des « nouvelles » destinations pour les Péruviens. En effet, en l’espace de trente ans, un circuit migratoire transnational a émergé entre les deux pays, en particulier entre les Andes péruviennes et la ville de São Paulo. Ces migrants, aux positions sociales de départ équivalentes, ont eu des parcours d’incorporation fort différents. Au départ d’une analyse des trajectoires des migrants péruviens résidant à São Paulo et l’observation ethnographique inspirée par l’approche de l’ethnographie globale, cette thèse veut répondre à deux interrogations générales. La première concerne les processus d’incorporation des migrants péruviens dans la ville de São Paulo au cours de trois dernières décennies (entre 1980 et 2015) et ses transformations. La deuxième explore la relation entre mobilité spatiale et mobilité sociale dans les parcours de ces migrants. Pour y parvenir, une double entrée analytique est mobilisée : d’abord, l’analyse des conditions structurelles, et en particulier du régime migratoire dans lequel ces parcours se déploient ; puis l’analyse des trajectoires des migrants et leur capacité d’agentivité, à la lumière des capitaux qu’ils réussissent à cumuler, convertir et mobiliser. Inspirée par l’approche d’Abdelmalek Sayad qui identifia des « âges » de l’émigration algérienne en France, cette étude de cas nous permet d’élaborer trois cohortes de migration péruvienne à São Paulo. Chacune d’entre elles est caractérisée — entre autres — par (1) une dynamique de mobilité (circulations commerciales, migrations dépendantes, migrations précaires), (2) un profil de migrant type (l’entrepreneur transfrontalier, le prolétaire de l’atelier d’artisanat, le vendeur ambulant entrepreneur de soi), et (3) un processus de mobilité sociale (l’émergence d’une n, (POLS - Sciences politiques et sociales) -- UCL, 2019

This chapter provides a comparative, systematic review of research conducted between 1980 and 2016 on the relationship between ethnicity and educational inequality in the two main political/cultural regions of Belgium (the Flemish Community in Flanders and Brussels – VG and the French Community in the Walloon region and Brussels – FWB). We distinguished five different research traditions: 1) The ‘political arithmetic’ tradition, 2) The ‘culture and educational outcomes’ tradition, subdivided into three smaller streams of studies: ‘Ideologies, cultural schemes and identities’, ‘Motivations and attitudes towards schooling’ and ‘History, constraints and opportunities’, 3) The ‘language proficiency’ tradition, 4) The ‘school effectiveness research’ tradition and 5) The ‘racial and racial discrimination in school’ tradition. Most of the research traditions were found in both research contexts, however, they were not elaborated upon to the same extent in each region. Furthermore, there appeared to be little interaction between both research contexts. While a considerable proportion of research in VG is written in English and to a lesser extent in Dutch, most research in the FWB is written in French. In the VG, both policy and research consider the importance of socio-economic context and highlight the importance of structural school features, such as tracking and ethnic composition in developing ethnic inequalities but focus mainly on cultural features, such as expectations, aspirations, language and prejudice. In the FWB, both researchers and policy makers tend to reduce ethnic inequalities to structural social class inequalities, with cultural differences (between the dominant and minority groups) treated as a consequence of these.

Notwithstanding more than a century of policies aimed at school democratisation, the education system in French-speaking Belgium is characterised by the persistence of sharp social inequalities in outcomes. These inequalities reflect considerable phenomena of segregation observed between streams and between schools (Lafontaine, 2005; Lafontaine et al., 2003; Jacobs et al., 2009). The structural causes of this situation are well documented in the literature (see in particular Lafontaine and Monseur, 2011; Dumay, Dupriez and Maroy, 2010; Danhier et al., 2014) and researchers generally agree that segregation between school environments can be attributed in large part to the combined effects of a quasi-market regulation of the system and a considerable institutional differentiation of educational provision. Following a brief presentation of the definition of school segregation that will be used in this chapter, we review these two main mechanisms and their political and socio-historical roots. We then describe several indicators of social, academic (i.e., according to students' educational attainment) and ethnic segregation in the education system in French-speaking Belgium and bring out how, paralleling the spread of such indicators, the concept of segregation has gradually entered public debate on the school. In the final section we address the policies that have been adopted to combat school segregation and the accompanying social inequalities.

S’appuyant sur les résultats d’une recherche-action réalisée en 2016-2017 en Belgique francophone, cet article examine la manière dont différents établissements scolaires traduisent (c’est-à-dire interprètent et concrétisent) l’injonction politique contemporaine de faire de l’école un lieu d’éducation à la citoyenneté. La recherche conduit à formuler l’hypothèse du recul de la conception moderne de l’éducation à la citoyenneté, au profit d’un modèle à la fois plus pragmatique, plus ancré dans l’expérience, et concevant le bien commun comme un horizon à construire à partir des diversités. Ensuite, l’article fait état de trois traductions de la mission, faisant écho aux spécificités locales et aux identités organisationnelles des établissements. Dans une indétermination normative et une fragmentation scolaire, l’établissement opère bel et bien aujourd’hui comme un médiateur entre l’injonction politique générale et les défis locaux. La fragmentation constatée des projets de socialisation est aux antipodes du projet visé de reconstruction d’une communauté politique commune.