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En Amérique latine, la science politique s’est historiquement constituée à partir de la confluence de différentes disciplines : philosophie, histoire, droit, sociologie. Or, elle y est restée subsumée jusqu’à très récemment et n’a commencé à se différencier clairement qu’à partir de la troisième vague de démocratisation des années 1980. Cet article retrace les principaux moments de la science politique latino-américaine à la lumière de l’évolution de sa situation institutionnelle, en particulier dans les structures universitaires et académiques, mais aussi au regard des déplacements de ses centres d’intérêt, des orientations intellectuelles ayant prévalu en son sein et des débats qui l’ont traversée. In Latin America, political science was historically constituted from the confluence of different disciplines: philosophy, history, law, and sociology. However, it remained subsumed until very recently, and only began to clearly differentiate itself after the third wave of democratization in the 1980s. This article traces the main moments of Latin American political science in the light of the evolution of its institutional situation, particularly in university and academic structures, but also concerning the shifts in its centers of interest, the intellectual orientations that have prevailed within it, and the debates that have crossed it.

Este artigo problematiza a objetividade dos aldeamentos estratégicos e da política de reordenamento rural planeados e aplicados pelas autoridades portuguesas durante a guerra colonial em Angola (1961-1974) – até que ponto a ciência social feita em cima dos acontecimentos representou esse dispositivo de uma forma distanciada? São poucos os estudos atuais que, ao tratarem sobre a Angola colonial e pós-colonial, não refiram o trabalho seminal do cientista político africanista Gerald J. Bender. Baseado numa rede de fontes mais ou menos conservadoras, esse trabalho foi acompanhado de perto pela polícia política portuguesa e ultramarina, mas também pela CIA e por várias instâncias de controlo transnacional. Neste artigo, procuro compreender a posição de Bender, enquanto intelectual global, a respeito da sua análise aos aldeamentos estratégicos de Angola. A sua interpretação, publicada originalmente na Comparative Politics, resultou no contributo pioneiro do caso angolano para a ciência política internacional. Comparando a posição de Bender com a de um outro reputado académico americano, o geógrafo David Niddrie, – que propôs uma leitura bem diferente e colada à propaganda do regime – tento explicar de que forma as representações desses processos de deslocação e reassentamento populacional, tratados hoje como variáveis empíricas, foram, na verdade, moldados por políticas deliberadas de controlo científico (uma norte-americana e outra portuguesa). The aim of this paper is to problematize the objectivity of Portuguese strategic hamlets and villagization policy designed and applied during the colonial war in Angola (1961-1974). To what extent have social science studies produced during the events depicted those apparatuses in an impartial and detached fashion? There are few current studies on colonial and post-colonial Angola that do not mention the seminal work of the Africanist political scientist Gerald J. Bender. Grounded on a network of more or less conservative sources, Bender’s research outputs were closely followed by the Portuguese metropolitan and overseas political police, but also by CIA agents and several instances of transnational control. I seek to understand Bender’s position as a global intellectual with respect to his analysis of strategic resettlement in Angola. His interpretation, firstly published in Comparative Politics, resulted in the pioneering contribution of the Angolan case to the international political science field. By comparing Bender’s position-taking with that of another reputed American scholar, the geographer David Niddrie – who proposed quite a different reading that was closer to the Portuguese regime’s propaganda – I try to explain how the representations of the programs of population relocation and concentration, that are today treated as empirical variables, were, in fact, shaped by deliberate policies of scientific control (one North American, the other Portuguese). El objetivo de este artículo es problematizar la objetividad de la política portuguesa de aldeas estratégicas diseñada y aplicada durante la guerra colonial en Angola (1961-1974). ¿Hasta qué punto los estudios de ciencias sociales producidos durante los eventos han representado esos aparatos de manera imparcial y objetiva? Hay pocos estudios actuales sobre la Angola colonial y poscolonial que no mencionen el trabajo seminal del politólogo africanista Gerald J. Bender. Basado en una red de fuentes más o menos conservadoras, los resultados de la investigación de Bender fueron seguidos de cerca por la policía política metropolitana y de ultramar portuguesa, pero también por agentes de la CIA y varios casos de control transnacional. Busco comprender la posición de Bender como intelectual global con respecto a su análisis del reasentamiento estratégico en Angola. Su interpretación, publicada por primera vez en Comparative Politics, resultó en la contribución pionera del caso angoleño al campo de la ciencia política internacional. Al comparar la toma de posición de Bender con la de otro reputado estudioso estadounidense, el geógrafo David Niddrie –quien proponía una lectura muy diferente y más cercana a la propaganda del régimen portugués– trato de explicar cómo las representaciones de los programas de desplazamiento y concentración de población, que hoy son tratadas como variables empíricas, fueron, de hecho, moldeadas por políticas deliberadas de control científico (una norteamericana, la otra portuguesa. L'objectif de cet article est de problématiser l'objectivité des hameaux stratégiques portugais et la politique de villagisation conçue et appliquée pendant la guerre coloniale en Angola (1961-1974). Dans quelle mesure les études en sciences sociales produites pendant les événements ont-elles décrit ces dispositifs de manière impartiale et détachée? Il existe peu d'études actuelles sur l'Angola colonial et postcolonial qui ne mentionnent pas les travaux fondateurs du politologue africaniste Gerald J. Bender. Fondées sur un réseau de sources plus ou moins conservatrices, les recherches de Bender ont été suivies de près par la police politique portugaise métropolitaine et d'outre-mer, mais aussi par des agents de la CIA et plusieurs instances de contrôle transnational. J’essaie de comprendre la position de Bender en tant qu'intellectuel global par rapport à son analyse de la réinstallation stratégique en Angola. Son interprétation, publiée pour la première fois dans Comparative Politics, a été la contribution pionnière du cas angolais au domaine international des sciences politiques. En comparant la prise de position de Bender avec celle d'un autre savant américain réputé, le géographe David Niddrie – qui en proposait une tout autre lecture, plus proche de la propagande du régime portugais –, j'essaie d'expliquer comment les représentations des programmes de relocalisation et de concentration des populations, aujourd'hui traitées comme des variables empiriques, ont en fait été façonnées par des politiques délibérées de contrôle scientifique (l'une nord-américaine, l'autre portugaise).

Alors que l’abstention est évoquée les soirs d’élection pour déplorer son niveau de plus en plus élevé, elle est assez largement oubliée des commentaires pré- et post-électoraux. La campagne présidentielle 2017 a été, de ce point de vue, riche en exemples. Les sondages pré-électoraux ont essentiellement porté leur attention sur la qualification probable de Marine Le Pen pour le second tour, sur la candidature définie comme « hors système » d’Emmanuel Macron et sur ce que les Français disaient...

Dans la société contemporaine, on entend de plus en plus parler de populisme. Mais quelle réalité se cache derrière ce terme ? À bien y regarder, on s’aperçoit qu’on colle souvent cette étiquette sur des univers disparates et lointains, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Loin de ces abus linguistiques, Christèle Lagier invite à penser les résultats électoraux du FN aux élections de 2017 comme une conséquence non tant du succès du populisme mais, au contraire, comme les effets de l’abstention. Ce phénomène croissant est observé à travers l’exemple d’Avignon, que l’auteure ne manque pas d’insérer dans une échelle à la fois nationale et mondiale. Un exposé simple et clair d’un sujet brûlant d’actualité.

Pour incarner ces évolutions, je vais m’appuyer sur les travaux de recherche que nous conduisons à l’Université d’Avignon avec les étudiants de la Licence AES-Science politique ainsi qu’avec ceux de la Licence de géographie depuis les élections régionales de 2010. Nous suivons plus particulièrement depuis quelques années certains bureaux de vote positionnés sur des territoires contrastés socialement. La commune d’Avignon compte désormais 70 bureaux de vote ; ils étaient 57 avant le redécoupa...

D’où regarde-t-on un phénomène ? Convient-il de l’isoler pour mieux l’analyser ? Comment le replacer dans un contexte précis pour mieux le comprendre ? Ces questions sont celles que la science politique se pose dès lors qu’elle envisage d’analyser un fait social aussi diffus que celui de « populisme* ». Terme protéiforme, recouvrant des réalités bien différentes d’un bout à l’autre de la planète, il est utilisé et largement galvaudé dans les commentaires médiatiques et politiques contemporai...

Malgré les difficultés pour aboutir à une définition uniforme, un accord minimal peut être trouvé sur le fait que peut être désigné comme populiste celui qui prétend parler au nom du peuple et en être l’incarnation. Première précaution, le populisme serait d’abord une prétention ou une intention. Il y a donc risque de confusion entre ce que prétend être le populisme et ce qu’il est effectivement. Le seul usage même du terme « populisme » sert à le faire exister. En effet, désigner certains mo...

Au travers de l’exemple du FN, nous allons essayer de comprendre qui vote pour ce type de parti dès lors qu’il ne s’agit pas nécessairement des fractions les plus démunies des classes populaires. Pour ce qui concerne la France, les soutiens aux partis désignés comme populistes s’appuient pour partie sur ce qu’Olivier Schwartz, dans l’article déjà cité, décrit sous le terme de « schéma triangulaire » (Schwartz, 2011) dans lequel il identifie les électeurs qui peuvent être tentés en France par ...

Considérer que le populisme est la voix du peuple serait valider l’idée selon laquelle les mouvements populistes incarnent le peuple. Pourtant s’ils en ont bien la prétention, cela demeure assez éloigné de la réalité, comme l’exemple de l’analyse des votes FN dans la ville d’Avignon permet de l’illustrer. Plus grande ville du Vaucluse, renommée pour son festival de théâtre international, son Palais des papes et son pont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO mais également ville universit...

À trop regarder le FN, comme le font les médias, on finit par ne voir plus que lui alors qu’il découle d’autres dysfonctionnements démocratiques, au premier rang desquels l’abstention, dysfonctionnements sur lesquels il est sans doute tout aussi urgent de réfléchir. Le terme « populiste » est une injure surtout dans la bouche des catégories supérieures et éduquées. Pour les leaders des mouvements désignés comme tels, ce terme se confond avec une référence au peuple abandonné par ces mêmes éli...

Paru en 2019, le livre Culture numérique prend la suite de cours assurés par Dominique Cardon à Sciences Po Paris, ainsi que d’un MOOC qu’il a animé dans le courant des années 2010. Professeur de sociologie au Médialab, l’auteur est reconnu comme l’un des intellectuels français les plus éminents sur la question du numérique et d’Internet. Sa vision englobante lui vaut d’ailleurs d’être très souvent sollicité par les médias dès lors qu’il faut traiter de sujets d’actualité – la surveillance, l...

Cet article s’intéresse à la représentation symbolique du Danemark à travers les travaux du célèbre politologue américain Francis Fukuyama. L’auteur de « la fin de l’histoire » se sert effectivement de la société danoise pour définir l’horizon « symbolique » de toute politique de développement. « Devenir le Danemark » devient ainsi, pour Fukuyama, l’une des problématiques essentielles en matière de développement politique. Si le Danemark est donc davantage utilisé ici pour désigner, plus généralement, une société démocratique réussie, le vrai Danemark contemporain semble cependant être érigé, chez lui, en véritable référence pour l’ensemble des pays en développement. Pays stable et prospère, le Danemark semble avoir réussi à combiner, dans un équilibre parfait, les trois éléments essentiels, aux yeux du politologue américain, à toute démocratie libérale réussie, à savoir l’État, l’autorité de la loi et la responsabilité politique des gouvernants. S’il existe plusieurs voies pour « devenir le Danemark », il convient cependant de s’intéresser à cette réussite danoise et plus généralement, à cette représentation fukuyamienne faisant du pays nordique un « idéal politique symbolique » en matière de développement politique. This paper deals with the symbolic representation of Denmark through the work of the famous political scientist Francis Fukuyama. The author of “The End of History” actually uses the Danish society to define the “symbolic” horizon of any development policies. Thus “getting to Denmark” becomes, for Fukuyama, one of the main issues in political development. If Denmark is therefore more used here to designate, more generally, a successful democratic society, the real contemporary Denmark seems however, to be considered by him as a real reference for all developing countries. A stable and prosperous country, Denmark seems to have succeeded in striking a perfect balance between three essential elements: the State, the Rule of Law and the Political Accountability of rulers which are the signs of a successful liberal democracy for the American political scientist. If there are several ways to “get to Denmark”, attention must be given to this Danish success and more generally, to this Fukuyamian representation making the Nordic country a “Symbolic Political Ideal” in political development.

International audience

Contre l���id��e d���une incompatibilit�� de la souverainet�� et du n��olib��ralisme, cet ouvrage cherche �� se rendre attentif aux traitements qui sont r��serv��s �� la notion de puissance souveraine, aussi bien dans les ��uvres th��oriques que dans les politiques publiques europ��ennes contemporaines., Opposing the idea of the incompatibility of sovereignty and neoliberalism, this book seeks to highlight the treatment of the notion of sovereign power, both in theoretical works and in contemporary European public policies.

Pourquoi nous avons créé le Mouvement de Libération Nationale ?[…] L’un de ses buts fondamentaux, c’est la recherche, la construction d’un socialisme africain. Qu’est-ce à dire ? Que nous voulons retrouver la structure originelle de nos communautés laborieuses sur une terre appartenant au groupe villageois, à la famille, à la nation ; que nous voulons ensuite moderniser cette structure en nous inspirant de certaines méthodes que d’autres utilisent avec succès ; mais nous refusons la facilité ...

The title of this book contains some very important plurals, and the variety and richness of the chapters make clear why adding an “s” to African socialism and socialism in Africa is so significant. This volume brings out the diversity of socialist thought in Africa, the intensity of engagement of different political actors with ideas of a just society, and the complexities of turning thought into action. This collective endeavor goes against a tendency in much existing literature to treat “A...

This paper will specifically discuss the unrelenting fight of the Sudan Communist Party (SCP) and the Sudan Workers’ Trade Union Federation (SWTUF) in colonial and postcolonial Sudan to equalize wages between workers in northern (typically described as Arabs and Muslims) and southern (typically described as “negroid” and “heathen”) Sudan. The latter were heavily discriminated against in colonial wage policies. I will argue that overlooking the politics and sentiments of communist and working-...

A contribution on Malawi in a volume dedicated to socialism is inevitably linked to exile. While for the majority of the political actors involved in the struggle for national liberation socialism was not a real option, Nyasaland’s independence as Malawi in 1964 resulted in the stable dictatorship of Hastings Kamuzu Banda, a notorious anti-communist (Short 1974: 239; Mhone 1992: 4). Banda established diplomatic relations with apartheid South Africa and Portuguese-ruled Mozambique while refusi...

In the context of the African liberation wars, different statesmen understood that cinema was a powerful instrument that played a crucial role into the construction of the memory of identity, which led to film becoming a key component in the struggles that shaped the end of colonialism. After independence, many of the new African states appropriated cinema as a symbolic expression of their political sovereignty. Theoretically, Guinea-Bissau was no exception. Based on an extensive interview wi...

Lorsque, le 11 novembre 1975, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) proclame l’indépendance de ce territoire, au terme de treize années de lutte armée complexe, c’est au détriment de deux autres mouvements armés, le Front national de libération de l’Angola (FNLA) et l’Union nationale pour l’indépendance de l’Angola (UNITA). Ces deux derniers proclameront certes, en ce même jour, dans la ville de Nova Lisboa (actuelle Huambo) une bien éphémère République démocratique d’Angola...

Tanzania’s development model, based on the concept of ujamaa (literally “familyhood”), was an exceptionally enduring, and perhaps the most significant, example of “African Socialism,” characterized by a conceptual focus on self-reliance, rural development, and socio-economic egalitarianism (Lal 2015; Schneider 2014). Bolstered by President Julius Nyerere’s reputation as a principled, charismatic, and intellectual leader with influence in the region and in the Non-Aligned Movement, ujamaa beca...

The Ethiopian Student Movement (ESM) of the 1960s was a resilient political movement that received its lifeblood from university and high school classrooms across the Ethiopian Empire. This socialist student organization both created the groundwork for the Ethiopian Revolution of 1974 and influenced the Marxist orientation of the military junta that swept into power in its wake. Emperor Haile Selassie’s autocratic regime brought these far-flung students together to oppose his government; they...

In 1966, two years after achieving independence from British colonialism, President Kenneth Kaunda invited Israeli planners to establish a series of cooperative settlements in the Copperbelt region of Zambia. These cooperatives were to be patterned along the lines of Israeli moshav settlement blocs and include clusters of communal farms in the rural areas outside the mining towns. Within months of formalizing the agreement with the Zambian government, Israeli agricultural and technical expert...

Ce volume est un état de la recherche internationale sur les socialismes africains. Y sont rassemblés des articles traitant de débats théoriques autour de ce thème et de ses sources intellectuelles mais aussi d'expériences très concrètes de socialisme, tant dans les villes que dans les campagnes : coopératives, comités de quartier, camps de rééducation… La situation de l'Afrique lusophone, parent pauvre des études africaines en France, et dont l’ensemble des pays ont justement fait l’expérience de régimes socialistes, a fait l’objet d’une attention particulière. Les rapports de l’Afrique avec l’URSS, les démocraties populaires, Cuba, la Chine, ou encore Israël sont également abordés. Les communications faites dans les colloques ont été repensées, avec pour résultat un fructueux dialogue avec les auteur.e.s et des articles complémentaires. Les auteurs espèrent ainsi donner à l’étude des socialismes africains une légitimité dans le champ plus général de l’histoire des socialismes, de même que dans celui de celle de la guerre froide. This book provides an overview of international research on socialisms in Africa. It brings together theoretical debates about the forms of socialism found in Africa, their intellectual roots, as well as concrete experiences, both in cities and in the countryside, from cooperatives, neighborhood committees to reeducation camps and more. It also covers Africa’s relations with the Soviet Union, the People’s Democracies, Cuba, China, and Israel. The authors set out to give the study of African socialisms a place in the more general field of the history of socialism, as well as in that of the Cold War.

An often-overlooked aspect of Kenyan history is the history of socialism. By socialism, I mean social democratic as well as revolutionary Marxism. There is one historical reason for this historical amnesia: in Kenya, socialism, in all its manifestations, failed to materialize into a wider mass movement or avant-garde that was able to attain a position of political power. However, socialist movements have existed in the country’s recent history. These movements operated within a complex dialec...

From 1919, Namibia was ruled by South African administrators adamantly opposed to any socialist thought. Since independence in 1990, Namibia has generally been considered as one of the shining examples of a market-oriented, multi-party democracy in Africa. Hence the question is whether Namibia can be considered as being a part of a history of “socialism in Africa.” The dominant political party since 1990, the South West Africa People’s Organisation (SWAPO) of Namibia, was also the dominant po...

International audience; Les rapports entre les socialismes africains et le catholicisme au temps des indépendances africaines peuvent être abordés au travers du régime de Grégoire Kayibanda, longtemps dépeint chez les catholiques belges (notamment dans le Mouvement ouvrier chrétien et les syndicats chrétiens) comme un dirigeant intègre, généreux et dévoué à son peuple. Après avoir évoqué la révolution de 1959 (dite « sociale », en réalité « racialo-ethnique ») qui a porté Kayibanda au pouvoir avec l’appui de l’administration belge locale, l’article montre que la révolution et la Première république rwandaises émargent à la nébuleuse des socialismes africains, dans leur version spiritualiste. Par ailleurs, le maître à penser de Kayibanda en matière de développement a été le père dominicain Louis-Joseph Lebret. Nonobstant, le socialisme démocrate-chrétien et anticommuniste de Kayibanda ne peut être confondu avec la théologie de la libération même s’ils partagent un tronc commun. L’inscription de la révolution de 1959 (présentée comme une révolution sociale chrétienne) dans une perspective de révolution longue permet de mieux comprendre l’appréciation positive dont le régime de Kayibanda et celui de Juvénal Habyarimana ont bénéficié dans les milieux démocrates-chrétiens belges jusqu’en 1994, voire encore après.

En 1956, la vie politique de Madagascar, entrée en hibernation à la suite du soulèvement de 1947, connut un soudain réveil. Dans le contexte de préparation de la loi-cadre par Gaston Defferre une note avait alerté dès octobre 1954 : le règlement de la question indochinoise, l’évolution du statut du Maroc et de la Tunisie entraînaient une évolution de Madagascar. Les élections de 1957 seraient capitales, avec collège unique d’électeurs et conseil de gouvernement composé de ministres élus par l...

Au début des années 1960 « la majorité de la population africaine n’avait aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler l’Union soviétique. Il fallait donc rectifier cette situation sur le plan à la fois culturel et idéologique. Au début, on choisit trois pays où Nikita Khrouchtchev voulait construire le socialisme et où les actions anticoloniales étaient les plus spectaculaires : le Ghana, la Guinée et le Mali. C’est dans ces pays que furent ouvertes les premières ambassades soviétiques en Afr...

Ce chapitre étudie la notion d’« amitié socialiste », cette dynamique transnationale qui lie des films et des cultures cinématographiques d’origines diverses et met en lumière des expériences socialistes du xxe siècle qui, bien que trop peu connues, permettent de comprendre le concept de postcommunisme de manière plus large. Le chapitre retrace certaines connexions du réseau de solidarités qui lia plusieurs pays socialistes aux luttes de libération de l’Afrique lusophone. Ces solidarités sont...

À la question « comment définir des socialismes africains ? », la critique historiographique a longtemps cherché à déterminer des points communs et des ressemblances (Thomas 1966 : 28 sqq.) en faisant souvent le constat que les réalisations effectives africaines peinaient à correspondre au marxisme-léninisme de Moscou ou à la Chine maoïste de la révolution culturelle. En tant que chercheuse littéraire, nous faisons l’hypothèse que c’est dans la langue et dans les modes de narrations endogènes...

Questions de sémantique On ne tentera pas dans ce volume quelque définition générale du terme « socialisme » car, depuis son invention au xixe siècle par Pierre Leroux, ou Henri de Saint-Simon, et en anglais – socialism – par Robert Owen, il a été employé par des acteurs divers, ou à propos de nombreux courants de pensée. Son apparition, en français et en anglais, est étroitement liée à la révolution industrielle, en réaction au type de misère induite pour la classe laborieuse par l’exploitat...

In contrast to other political formations active in Niger before the country’s independence in 1960, the Sawaba party (founded in 1954) represented not just a political machine but a genuine social movement. It had roots in the trade unions—especially private-sector unions—as its core was made up of so-called petit peuple or “little folk” (i.e., talakawa, commoners), who in the course of colonial rule left the countryside for Niger’s small but new urban universe. Most obtained low- or unskill...

Immediately after taking over power from Portugal on 20 September 1974, the Mozambique Liberation Front (Frelimo) set the pace towards what was to be a difficult road towards building socialism in Mozambique. During the transitional government, and while preparing the conditions for the declaration of national independence (scheduled for 25 June 1975), Frelimo established several internment camps, which were officially known as re-education centers. More than twenty re-education centers were ...