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La cellule familiale béti présentait autrefois une remarquable homogénéité : elle avait à la fois une unité sociale, religieuse et politique, puisque chaque mod dzaal était chef de famille, maître des rites, chef de territoire. C’était également le lieu d’une production et d’une consommation commune. Groupe autonome assurant tous ses besoins, la famille béti vivait pratiquement en autarcie. Seul, les surplus étaient échangés contre ce qui manquait. Cependant, déjà avant 1890, certains chefs i...

La région forestière du Cameroun méridional présente une grande homogénéité de paysages. La disposition de l’habitat, des champs, leur situation par rapport aux éléments du relief ne varient guère et se répètent sur un vaste territoire. Cette uniformité est due en grande partie, à la constance et au caractère contraignant du milieu physique, mais également à la grande unité culturelle du monde béti. Ici, pas de différenciation ethnique à proprement parler, mais plutôt des nuances, se manifest...

Figure 1. Carte de situation des deux terroirs. Les deux terroirs présentés ci-dessous ne peuvent être bien compris sans faire référence à l’espace environnant (fig. 1) et notamment aux facteurs physiques qui ont conditionné, dans une certaine mesure, l’exploitation humaine. La forêt omniprésente, difficilement pénétrable, sillonnée d’innombrables cours d’eau, a imposé son « ambiance » à toutes les sociétés qui s’y installèrent. Celles-ci étaient, pour la plupart, issues de la savane et ne di...

Le Cameroun méridional est l'une des principales régions productrices de cacao du pays. Depuis le début du siècle, cette culture a peu à peu envahi les terroirs villageois, évinçant même le café. Vingt-cinq ans après l'Indépendance, sa progression continue. L'économie agricole régionale, extravertie, dépend des cours mondiaux du cacao qui ne cessent de se dégrader. La détérioration de la situation économique des planteurs va de pair avec le rapide essor de la capitale, Yaoundé, qui polarise de forts mouvements migratoires. Le problème crucial que pose actuellement l'avenir de la culture du cacao est analysé du point de vue des paysans, à travers deux cas concrets, deux villages très différents par leur environnement, leur population, leur degré d'enclavement. L'originalité de l'approche est double. D'une part, elle privilégie l'étude des terroirs, moyen d'investigation le mieux adapté pour saisir les rapports complexes unissant les paysans et l'espace qu'ils exploitent. D'autre part, en présentant les villages à deux époques différentes, l'étude acquiert une dimension temporelle permettant de discerner les tendances longues. Les multiples conséquences de la culture du cacao sur les systèmes de production, la concurrence entre les plantations et les cultures vivrières, la dépendance des paysans vis-à-vis des cultures de rente, sont autant de questions d'actualité, au moment où l'effondrement des cours laisse présager la chute de l'« empire » du cacao. Ce problème dépasse largement les frontières du Cameroun. C'est celui de tous les pays exportateurs de produits tropicaux.

Les deux exemples présentés ne sauraient à eux seuls illustrer tous les terroirs forestiers du Sud Cameroun et, par conséquent toute extrapolation serait hasardeuse. Il conviendrait de multiplier les études, tant les problèmes sont spécifiques ; les situations dépendent de faits apparemment secondaires, mais toujours déterminants en deuxième analyse (analyse faite généralement quand il est trop tard, c’est à dire quand les « choix de développement » ont déjà été pris...). Néanmoins, l’unité d...

Bien que situés dans des cadres assez différents, les deux terroirs partagent, en 1972, certains points communs. Leur population se caractérise par une forte émigration masculine qui va de pair avec l’affaiblissement des structures sociales traditionnelles. Cette évolution sociale n’est pas sans répercussion sur le système foncier, source de nombreux conflits. La terre est très inégalement répartie. Elle est cultivée d’abord pour assurer les besoins vivriers, malgré la présence écrasante du c...

L’étude diachronique des deux terroirs fait apparaître une évolution dont il convient de déterminer le sens. Elle permet aussi de saisir les limites des systèmes observés, limites qui se traduisent par des problèmes concrets affectant leur efficacité et leurs performances. Mais ces dernières dépendent en dernier ressort, des stratégies suivies par les paysans. LES RÉSULTATS DES SYSTÈMES AGRICOLES : UNE PRODUCTION VIVRIÈRE INVERSEMENT PORTIONNELLE AUX RENDEMENTS DES PLANTATIONS Les terroirs ét...

En un peu plus de dix ans, les terroirs ont connu une évolution assez sensible se manifestant d’abord par une diminution plus ou moins importante de leur population, concernant notamment les hommes jeunes. Ceux-ci n’ont pas été retenus au village, ni par les cultures, ni par les activités non agricoles, malgré tout leur intérêt. L’évolution démographique est intimement liée aux changements survenus dans le mode de transmission des terres ainsi que dans le système cultural. LA POPULATION : PAR...

En 1989 et 1990, la Mauritanie expulse plusieurs dizaines de milliers de personnes originaires, pour la plupart, de la rive droite du fleuve Sénégal. Ces expulsions sont l'aboutissement, entre autres, de la crise identitaire que connaît la Mauritanie, située à la charnière du monde arabe et de l'Afrique noire. L'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal, et notamment des régimes fonciers différents d'une rive à l'autre, a cristallisé les heurts entre populations de culture maure et négro-africaine. L'intervention des Etats mauritaniens et sénégalais a contribué à "ethniciser" le conflit par médias interposés. En 1997, les relations entre les deux Etats ont repris, mais le problème des réfugiés est loin d'être réglé malgré les retours constatés. Ces retours concernent surtout les populations sédentaires. Sur la rive sénégalaise du fleuve, la majorité des réfugiés sont des agropasteurs peul dont le sort reste très incertain. (Résumé d'auteur)

L'élevage est, après l'agriculture, la principale ressource économique des paysans de la vallée du fleuve Sénégal. Activité traditionnelle, anciennement pratiquée sur une large échelle, l'élevage rencontre actuellement de réelles difficultés. La raréfaction des pâturages due aux sécheresses répétitives, le bouleversement des systèmes de production dû à une orientation progressive vers la culture irriguée remettent en cause le maintien de l'élevage au sein des activités familiales. Cette activité évolue tout au long de la vallée ; la haute vallée, mieux arrosée, apparaît comme une grande région d'élevage alors que, plus en aval, les troupeaux sont plus rares et composés d'une seule espèce animale. L'observation récente montre que paradoxalement, et malgré d'énormes difficultés, les paysans wolof, toucouleur et soninké ont essayé, à tout prix, de conserver ou de reconstituer un cheptel relativement important où les ovins dominent. L'élevage reste encore le principal, et le seul, investissement sur place. Devant l'insécurité de l'agriculture traditionnelle ou irriguée, il est encore le meilleur moyen de compenser les déficits vivriers, ce qui explique que l'exploitation du cheptel soit très parcimonieuse. Cependant, une évolution apparaît. Adapté aux nouvelles conditions du milieu paysan mais aussi aux conditions du marché l'élevage se caractérise également par une meilleure prise en charge des animaux par leurs propriétaires. Le problème pour le développement, dans la vallée du Sénégal, est donc d'accompagner l'effort des paysans pour maintenir une activité fondamentale. Ils ont montré que cela était faisable et qu'ils étaient très attachés à cette forme de diversification des systèmes de production. (Résumé d'auteur)

La vallée du fleuve Sénégal connaît depuis 1972 une sécheresse persistante qui a eu des répercussions sur toutes les activités traditionnelles, en particulier l'élevage. L'élevage est très anciennement pratiqué par tous les villageois. Raréfaction des pâturages, développement de culture irriguée, sont autant de conditions qui devraient conduire à une disparition progressive de l'élevage. Or, des observations effectuées tout au long de la vallée, en 1990 et 1991, montrent qu'il n'en est rien. L'élevage s'est maintenu et représente un fort potentiel de développement. Sa survie est due à une meilleure adaptation du cheptel aux nouvelles conditions du milieu. Centré désormais sur les ovins, l'élevage paysan est en passe de devenir une véritable activité économique. Sa fonction d'épargne subsiste encore, mais sa fonction sociale a fortement diminué. Les conditions sont remplies pour revitaliser l'élevage villageois afin qu'il profite mieux à l'économie familiale et au dévelopement régional. (Résumé d'auteur)

Les actes de l'atelier "Nianga" réunissent des analyses et des points de vue de différents spécialistes qui s'interessent à l'expérience et au devenir de la culture irriguée dans la vallée alluviale de la région du fleuve Sénégal et de son insertion dans les sytèmes de production

Since the 1972 drought, herders have moved from the Senegal river valley toward southern farming areas with better weather. In the river valley (outside the delta), changes have occured in dry season pastoral migrations. Yearly transhumance toward the valley has been replaced with wide-ranging nomadism, sometimes lasting several consecutive years. Successive climatic crises have forced pastoral systems to adjust to smaller herd sizes, failed crops and the environment's lasting deterioration. Some Fulani herders have settled on the river valley's edge and, thanks to irrigation, are growing crops more or less sucessfully. But most Fulani survive by leading a traditional, pastoral way of life, even though they are more often involved in nonagricultural activities. Changes in agriculture in the valley may not radically change pastoralism nor put an end to it; for the latter is still quite active. (Résumé d'auteur)

Depuis 1989, plus de 30 000 réfugiés mauritaniens séjournent sur la rive sénégalaise du fleuve Sénégal, dans les départements de Dagana et Podor. La moitié de ces réfugiés sont des Peul. Représentant environ 14 % de la population totale de la rive droite, ces derniers ont fait l'objet d'expulsions massives (75 % des effectifs). La précarité de leur implantation sur la rive droite, leur mobilité de part et d'autre du fleuve, ont fait des Peul les premières victimes du conflit mauritano-sénégalais. Ils constituent un cas extrême posant avec acuité le problème de la frontière dans la perspective de la mise en valeur des rives du fleuve Sénégal. (Résumé d'auteur)

Avec la paix française au début du XXe siècle on assiste à un afflux des éléveurs peul sur la rive droite du fleuve Sénégal, dans le Sud-Ouest de la Mauritanie, région qu'ils avaient dû quitter au XVIIIe face à la pression maure... Les Peul les plus spécialisés dans l'activité pastorale atteignent le Tagant dans les années 50, tandis que ceux qui s'adonnent en même temps à l'agriculture remontent les cours des oueds où l'on peut pratiquer la culture de décrue. Ce sont surtout les sécheresses récentes celles de 1972 et de 1985 qui expliquent les flux et reflux des Peul autour des deux rives. Si l'on constate une homogénéisation des groupes peul, autour des activités agricoles et pastorales associées, on assiste au phénomène inverse chez les Maures qui réservent l'agriculture à leurs affranchis. Enfin la dégradation de la situation des Peul, victimes des exactions de l'administation mauritanienne, annonce les tragiques événements d'avril 1989. (Résumé d'auteur)