Sandrine Perret, Océane Audin, Dominique Balay, Michel Chartier, Camille Couteau, Sébastien Daviller, Gilbert Douzon, Bruno Fady, Christian Ginisty, Stéphane Matz, Céline Meredieu, Thomas Perot, Gwenaël Philippe, Jérôme Rosa, François-Xavier Saintonge, Saudreau, M., Caroline Scotti-Saintagne, Laurent Severin, Eric Sevrin, Ingrid Seynave, Charles Tessier, Pascal Walser, Stéphanie Wurpillot-Lucas, Ecosystèmes forestiers (UR EFNO), Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (IRSTEA), CNPF-IDF, Laboratoire d'Etudes des Ressources Forêt-Bois (LERFoB), AgroParisTech-Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), Office National des Forêts (ONF), Ecologie des Forêts Méditerranéennes (URFM), Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), Biodiversité, Gènes & Communautés (BioGeCo), Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)-Université de Bordeaux (UB), Centre National de la Propriété Forestière, Département de la Santé des Forêts (DSF), Laboratoire de Physique et Physiologie Intégratives de l’Arbre en environnement Fluctuant (PIAF), Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)-Université Clermont Auvergne [2017-2020] (UCA [2017-2020]), Unité Expérimentale Forêt Pierroton (UEFP), Institut National de l'Information Géographique et Forestière [IGN] (IGN), Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt / Direction Générale de l’Alimentation / Département de la Santé des Forêts, conventions n° 2014-331 du 09 décembre 2014 et 2015-339 du 07 décembre 2015.DRAAF des Pays de la Loire, convention du dispositif ADEVBOIS n°2015 du 12 novembre 2015., Irstea Nogent sur Vernisson, CNPF, DSF, IGN, INRA, ONF, Projet Dolar, Centre National de la Propriété Forestière (CNPF-IDF), Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)-AgroParisTech, and Office national des forêts (ONF)
Rapport final du projet Dolar publié en octobre 2019; La maladie des bandes rouges, d’envergure internationale et causée en France par les deux agents pathogènes du genre Dothistroma, provoque des dégâts sévères dans les houppiers des pins laricio. Le projet Dolar visait à identifier les facteurs pédoclimatiques favorisant l’expression de la maladie des bandes rouges, à étudier la sensibilité à la maladie de matériels d’origines génétiques différentes, et à quantifier l’impact de la maladie des bandes rouges sur la croissance et la production des peuplements en lien avec les scénarios de sylviculture appliqués. Ce travail a été mené principalement dans les régions Centre-Val de Loire et Pays de la Loire. Il s’est appuyé sur des réseaux existants de placettes d’observation et de dispositifs d’expérimentation sylvicole ou génétique, créés et gérés par les différents organismes intervenant dans le projet (CNPF, IGN, INRA, Irstea et ONF).Les principaux résultats obtenus sont les suivants : (1) Les facteurs climatiques, en particulier les variables liées au régime pluviométrique, sont les principaux déterminants de l’expression des dégâts de la maladie des bandes rouges. Au niveau pédologique, seul un léger effet de la richesse trophique a pu être mis en évidence. Ainsi, les précipitations et la fréquence des épisodes pluvieux au printemps augmentent les dégâts, la fréquence des épisodes secs en été les réduit, et les dégâts sont plus sévères dans les stations de faible niveau trophique.(2) Les conjonctions de facteurs stressants ou contraignants pour le pin laricio sont plus favorables à la maladie des bandes rouges.(3) La variabilité de l’intensité des dégâts se trouve essentiellement au niveau de l’individu, quel que soit le domaine étudié : contexte pédoclimatique, gestion sylvicole ou origine génétique.(4) L’intensité des symptômes de la maladie des bandes rouges au niveau de l’arbre est négativement corrélée au statut social de l’arbre au sein du peuplement : les arbres les plus gros sont en moyenne moins affectés.(5) La mortalité causée par la maladie des bandes rouges reste négligeable mais la sévérité des dégâts augmente la probabilité de mortalité des arbres dominés au sein des peuplements de densité élevée.(6) L’accroissement radial des arbres est très lourdement impacté par la maladie, l’intensité des dégâts s’imposant comme le facteur expliquant la plus grande part de variabilité de l’accroissement. En moyenne, l’accroissement individuel est réduit de 50 % pour une intensité de dégâts de 50%. Une sylviculture avec des densités plus faibles permet de maintenir un niveau d’accroissement plus satisfaisant.(7) A l’échelle du peuplement, la maladie des bandes rouges provoquent des pertes de production en surface terrière proportionnelles et équivalentes à la proportion des dégâts, mais la croissance des peuplements reste positive dans la plupart des cas. L’application d’une sylviculture avec des densités plus faibles permet de réduire les pertes d’accroissement, et ce d’autant plus que le niveau de sévérité de la maladie est important.(8) A l’échelle du peuplement, l’intensité des dégâts de la maladie est d’autant plus importante que la densité du peuplement est élevée : une sylviculture en peuplement plus clair permet donc de réduire les dégâts. L’application d’une sylviculture dynamique présente donc le double avantage de réduire et l’intensité de la maladie et les pertes de production (à niveau de maladie constant).(9) Malgré la diversité des matériels génétiques évalués (variété, massif d’origine dans l’aire naturelle, provenance, descendance, clone), l’unité génétique explique peu la variabilité des dégâts observés. Des différences significatives sont mises en évidence, mais également dans certains cas, des interactions entre les effets site et les effets unité génétique. Les différentes analyses menées conduisent parfois à des résultats contradictoires.(10) C’est notamment le cas concernant la variété. Dans les dispositifs génétiques, les deux variétés, Corse et Calabre, se distinguent peu, alors que l’analyse de 17 dispositifs d’expérimentation sylvicole montre que le pin laricio de Calabre est moins atteint par la maladie des bandes rouges que le pin laricio de Corse. L’origine génétique précise des 17 peuplements en question n’est pas connue. Ce résultat est l’illustration de l’importante variabilité existant au sein de chacune des deux variétés de pin laricio.(11) Néanmoins, les Matériels Forestiers de Reproduction (MFR) issus du verger de Pin laricio de Calabre de Sivens sont classés moins sensibles à la maladie des bandes rouges que les MFR produits dans les deux vergers à graines de pin laricio de Corse. L’hybridation des clones composant le verger de Sivens a été génétiquement établie, les clones appartenant à quatre provenances distinctes, une Corse, une Calabre et deux provenances non référencées génétiquement. Les analyses conduites dans le cadre du projet révèlent également que 25% des clones sont des hybrides entre le pin laricio et trois autres sous-espèces de pins noirs.Bien que des analyses complémentaires soient encore envisagées, des recommandations peuvent être formulées à partir des résultats acquis et des enseignements tirés de la littérature internationale. Dans le contexte actuel d’aggravation des épisodes de sécheresse et de risques sanitaires liés à Diplodia pinea, le 2e pathogène foliaire d’importance concernant le pin laricio, et malgré leur sensibilité avérée à la maladie des bandes rouges, nous conseillons de conserver les deux variétés de pin laricio dans le panel des essences de boisement et reboisement utilisables en France. Nous formulons des propositions de gestion sylvicole visant en particulier à réduire l’impact de la maladie sur les peuplements. Les recommandations concernant la gestion des vergers à graines ou plus généralement l’utilisation des Matériels Forestiers de Reproduction visent également à lutter contre l’extension de la maladie ou de son potentiel d’évolution génétique.