1. Aortites induites par les antinéoplasiques : données de la base de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale de la santé
- Author
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Groupe français d’études des vascularites, Benjamin Terrier, C. Mettler, S. Plaisant, J.M. Treluyer, and L. Chouchana
- Subjects
Gastroenterology ,Internal Medicine - Abstract
Introduction L’aortite correspond a une inflammation de la paroi aortique, allant d’un epaississement asymptomatique a des manifestations pouvant mettre en jeu le pronostic vital. Les causes sont principalement les maladies inflammatoires systemiques (arterite a cellules geantes, arterite de Takayasu, maladie associee aux IgG4), moins frequemment les infections (syphilis, tuberculose), et beaucoup plus rarement des causes medicamenteuses. Materiels et methodes Nous avons utilise VigiBase, la base de donnees mondiale de l’Organisation Mondiale de la Sante, rapportant les effets indesirables presumes (EIP) des medicaments recueillis par les autorites nationales de pharmacovigilance de plus de 130 pays. L’approche statistique de type cas/temoins permet d’estimer si un evenement indesirable est declare differemment pour un medicament par rapport aux autres medicaments. L’association est exprimee sous la forme d’un « Reporting Odds Ratio » (ROR) pour chaque type d’evenements indesirables lies a un medicament. Nous avons extrait les EIP enregistres dans VigiBase depuis sa creation en 1967 jusqu’au 30 juin 2019 et associe aux aortites. Les medicaments declares dans moins de 3 cas et moins de 2 pays differents ont ete exclus. Pour limiter le biais de declaration, les medicaments utilises comme comparateurs etaient tous des medicaments de la classe L (agents antineoplasiques et immunomodulateurs) de l’Anatomical Therapeutic Chemical (ATC). Resultats Parmi les 19 834 180 rapports de securite signales dans VigiBase, 162 cas d’aortite associes a 95 medicaments suspects, ont ete identifies, correspondant a 221 combinaisons. Nous avons retenu 102 rapports, correspondant a 118 combinaisons et impliquant 18 medicaments. Les signalements provenaient principalement du Japon (31 %), des Etats-Unis d’Amerique (27 %), du Canada et de la Suede (7 % chacun). Neuf medicaments etaient associes a un ROR significatif pour l’aortite, temoignant d’un possible signal de pharmacovigilance. Tous ces medicaments etaient des agents antineoplasiques et immunomodulateurs appartenant a la classe L de l’ATC : granulocyte colony-stimulating factor (G-CSF) (lipegfilgrastim, lenograstim, filgrastim, pegfilgrastim), epirubicine, nivolumab, tocilizumab, trastuzumab et rituximab. Le signal le plus fort etaient pour les G-CSF. Les rapports d’EIP signales avec l’epirubicine ou le trastuzumab incluaient du G-CSF comme medicaments concomitants, rendant discutable l’association. Les rapports d’EIP signales avec le tocilizumab et le rituximab concernaient des patients traites pour une aortite ou des maladies inflammatoires associees aux aortites, suggerant plus un echec therapeutique qu’un effet indesirable. En revanche, les patients traites par le nivolumab ne recevaient aucun medicament concomitant, renforcant la relation de cause a effet avec l’aortite. Pour les 2 medicaments fortement associes a l’apparition d’aortite, le delai median d’apparition etait de 8 jours (intervalle de 3 a 34 jours) et de 285 jours (intervalle de 275 a 305 jours) apres l’exposition initiale respective au G-CSF et au nivolumab. Conclusion Notre etude montre un signal possible de pharmacovigilance pour l’aortite avec le G-CSF et le nivolumab. En cas de douleurs abdominales et/ou thoraciques et de syndrome inflammatoire biologique sous G-CSF, une aortite induite doit etre evoquee. Ces resultats soulignent egalement le role du G-CSF et de la molecule PD-1 dans la physiopathologie de l’inflammation des gros vaisseaux.
- Published
- 2019
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