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En sortant de l’école est une série de courts-métrages d’animation consacrée à la poésie française, produite par Tant Mieux Prod en partenariat avec France Télévisions. Elle compte dix saisons de 13 épisodes, chacun confié à un.e tout.e jeune réalisateur.ice « sortant de l’école ». S’inscrivant dans la tradition des anthologies de poésie illustrées pour la jeunesse, ces dessins animés constituent un médium complexe combinant de la musique, des bruitages, une mise en images animées dont les techniques sont extrêmement variées, et une diction du poème. À partir de la saison consacrée à Apollinaire et en s’appuyant sur des entretiens et des documents de production, l’article interroge la sélection des poèmes et explore la manière dont les réalisateur.rices se les approprient pour mettre en évidence les effets d’interprétation que ces adaptations suscitent, en particulier du fait de leur tropisme narratif. En sortant de l’école, produced by Tant Mieux Prod in partnership with France Télévisions, is a series of short animated films devoted to French poetry. It has ten seasons of 13 episodes, each one entrusted to a young director “coming out of school”. In the tradition of illustrated poetry anthologies for young people, these cartoons are a complex medium combining music, sound effects, animated images using a wide variety of techniques, and diction of the poem. Based on the season devoted to Apollinaire and drawing on interviews and production documents, the article examines the selection of poems and explores the way in which the directors appropriate them in order to highlight the effects of interpretation that these adaptations generate, in particular because of their narrative tropism.

La civilisation du monstre : Le Bridge de Mme Lyane La civilisation du monstre est d’abord la civilisation urbaine en tant qu’elle s’oppose à la nature : « Dès que le flux cosmique ne les traverse plus, [les pierres] languissent. Or, lui, reste au seuil des villes, ne passe pas dans les maisons, car il n’aime pas rencontrer les tuyaux du gaz. » La correspondance de Limbour confirme, à plusieurs reprises, cette hantise de l’Urbanisacion : Maintenant, je sais ce qu’est l’Enfer : il s’appelle Ur...

Le travail du biographique et plus largement du réel par l’imaginaire trouve une nouvelle fois sa modélisation dans la peinture : […] le hasard ou le destin badigeonnent instinctivement la toile de notre existence de couleurs incompatibles qui occasionnent toutes sortes de plissements et éruptions. Il faut alors beaucoup de force et d’art de vivre pour les souligner au petit pinceau et patiemment les parfaire avec une martre fine. Limbour renvoie à la méthode employée par Dubuffet dans ses pe...

La question qui se pose est finalement celle de la valeur accordée au merveilleux par Limbour, et c’est avec justesse que Daniel Lefort voit en lui une catégorie permettant d’aborder l’ensemble de l’œuvre. Si le merveilleux, ce « grand concept talismanique du surréalisme même », est un concept au contenu fluctuant, il engage dans tous les cas une conception du réel – du surréel – et de l’efficacité de la production poétique sur le monde. Le merveilleux repose ainsi le problème des rapports en...

Sources autobiographiques Les récits de Limbour ont presque toujours pour cadre un lieu où il a vécu ou dont il a une connaissance directe. Son séjour en Égypte entre 1925 et 1928 donne naissance à de nombreux récits, tels que « La main de Fatma », « Les réverbères africains », situé explicitement au Caire, et « Lettre de l’Omdah », le récit se déroulant cette fois aux environs d’Assiout où Limbour a enseigné en 1926 avant d’être nommé au lycée français du Caire. L’Espagne joue également un r...

Chez Limbour comme chez les surréalistes, la poétique des genres est abandonnée comme indifférente : la « poésie », dans la droite ligne du romantisme, devient un terme englobant, transcendant, ou plutôt annihilant, les frontières entre les genres et les arts. Les textes de Limbour ne sortent pas, certes, des catégories génériques qui sont consubstantielles aux œuvres et les rendent lisibles, et même scriptibles. Cependant, se situer dans la perspective de cette esthétique implique de compren...

Tandis que nous suivions le fil du processus créateur de Limbour depuis la mise en place de son esthétique jusqu’à l’écriture des textes, l’imaginaire s’est révélé à chaque étape comme la notion-clé de l’œuvre. L’imaginaire, en tant qu’il constitue un rapport réglé du moi et du monde, est au cœur de l’esthétique, mais d’une esthétique qui ne peut se dire qu’au travers d’une poétique. Le propre, en effet, de la théorie romantique de l’art, où la définition de l’imagination créatrice héritée de...

L’objet-talisman est à la fois source et modèle du texte. Source du texte, il est déployé par le récit. Modèle, il propose à l’écrivain une structure circulaire où la fermeture du texte se conjugue avec une ouverture sur le monde. Le talisman est ainsi la figuration concrète de l’esthétique de l’œuvre-microcosme héritée du romantisme. En effet, les réseaux métonymiques et métaphoriques qui sourdent du talisman constituent un maillage du réel qui fait apparaître ses lignes de force convergeant...

Le mot et l’objet Jacqueline Chénieux-Gendron, dans Le Surréalisme et le Roman, place la métaphore au cœur de l’écriture de Limbour en récusant à ses images un fondement métonymique : c’est l’échange entre des chaînes sémantiques et non les ressemblances entre les aspects des choses qui serait à la source de l’invention. Rapprochant, comme il est en effet tentant, son processus créateur de celui d’un Roussel ou d’un Leiris, elle montre que l’initiative est parfois laissée au langage, le texte...

Si son opposition à l’abstraction attire l’esthétique de Limbour du côté du réalisme, ce réalisme ne peut en aucun cas être assimilé au « nouveau réalisme » tel qu’il est défini à la fin des années quarante : il entretient un rapport étroit avec l’imagination qui produit une transfiguration du réel révélant les secrets du monde. La recréation de la réalité originelle par l’imagination, nœud de l’esthétique de Limbour comme de l’esthétique du romantisme allemand, fait du tableau, plutôt qu’un ...

Comme l’indique le titre de la première monographie que Limbour a consacrée à Dubuffet, Tableau bon levain à vous de cuire la pâte, selon ce dernier, c’est au spectateur d’achever l’œuvre d’art : l’œuvre constitue une amorce pour l’imagination de qui la regarde. Pour Limbour également, le tableau est avant tout une machine à imaginer dont ses textes critiques montrent le bon usage. Le tableau est le lieu du passage de l’imagination du créateur à celle du spectateur : si le réel passé au filtr...

L’œuvre de Georges Limbour (1900-1970), connue et appréciée d’un cercle de lecteurs fidèles, n’a jamais atteint la notoriété que semblaient lui promettre son originalité, sa facilité de lecture et la reconnaissance précoce de pairs et d’amis devenus célèbres, tels Paulhan, Aragon ou Leiris, qui ont pourtant travaillé avec énergie à sa reconnaissance. C’est sans doute en partie que cette œuvre, dispersée, compose un ensemble disparate qui la rend difficile à appréhender : elle comprend quatre ...

Les bornes chronologiques 1945-1960 correspondent tout d’abord aux dates délimitant l’activité de chroniqueur artistique de Limbour. S’il écrit avant et après ces dates des préfaces et des articles critiques, la pratique de la chronique artistique hebdomadaire implique une prise en compte de l’actualité et des débats du temps, qui pousse Limbour à prendre parti et à révéler dès lors ce que doit être l’art à ses yeux. Mais 1945-1960 constitue également une période de l’art que l’on peut nommer...

Organes de publication, textes et genres Si l’éclatement de l’œuvre dans des périodiques très divers et l’absence de sa reprise en recueil du vivant de l’auteur rendent sa perception globale difficile, la typologie des organes de publication constitue justement un critère intéressant pour une taxinomie à partir de laquelle la réflexion sur l’indétermination générique pourra se développer. La spécificité de la disposition typographique de la pièce de théâtre, des livrets d’opéra ou de ballet e...

La division massive du corpus limbourien entre fiction et critique d’art rend difficile de considérer l’œuvre dans son ensemble. Jusqu’ici, les textes critiques ont été surtout analysés comme le lieu de l’élaboration d’une esthétique, mais on a pu voir que la critique d’art était sous-tendue par le même imaginaire que les textes de fiction : on a pu y déceler l’image de la noyée, la présence des structures du conte, la mise en œuvre de la poétique du désir dans un texte, ou plus globalement l...

Ce numéro propose à la fois un retour sur le développement des études de genre en littérature d’expression française des XXe et XXIe et un mouvement de prospective, en s’attachant à leurs interactions actuelles avec les postcolonial studies et la critique queer ainsi qu’à leur place dans l’institution. Ces approches, diverses, dessinent un espace de réflexion partagé, aimanté par une haute vision de la littérature lui conférant une véritable force transformatrice., This issue suggests taking a look back at the development of gender studies in francophone literature from the twentieth and twenty-first centuries while also looking forward, focusing on its current interactions with postcolonial studies and queer critique as well as their institutional role. These diverse approaches create a space for shared reflection, guided by a high vision of literature, which gives it a real transformative power.

L’économiste Hélène Périvier évoque ici le programme PRESAGE lancé en 2010 au sein de Sciences Po, afin d’y fédérer les recherches sur le genre et de développer leur diffusion, notamment par l’intégration de leur enseignement à l’offre de cours de l’école. Elle défend la transversalité des études de genre comme un refus du confort intellectuel et du figement qui pourraient menacer – et ce en dépit des controverses – ce domaine en voie d’institutionnalisation., Economist Hélène Périvier discusses the PRESAGE program, launched in 2010 at Sciences Po in order to pool research on gender and support its dissemination, in particular by integrating teaching about them with course offers at the school. She offers an defense of the transversality of gender studies as a rejection of intellectual comfort and the ossification that could threaten—in spite of the controversies—a field that is in the process of being institutionalized.

La découverte en 2009 des brouillons de l’article d’Arts consacré par Mandiargues aux monstres de Bomarzo permet de suivre la genèse de ce texte des brouillons à sa reprise en recueil, en passant par la rédaction de l’article et l’élaboration du livre Les Monstres de Bomarzo, illustré de photographies de Georges Glasberg. Si l’article apparaît à première vue simplement comme un nouvel exemple du beau monumental évoqué dans « Les chefs-d’œuvre aux terrains vagues» en 1950, le soin apporté à la description de la statue du titan, dont la rencontre est dramatisée et reliée à une analyse de la beauté de l’érotisme cruel, montre que cette statue constitue un emblème esthétique. Sa description constitue une interprétation toute personnelle du groupe, qui résiste à l’information historique : placé sous le double signe de Lautréamont et de Sade, le groupe du titan incarne autant le choc de la rencontre esthétique que la violence de la création.