La rhétorique, cette discipline d’origine grecque, s’impose à Rome à partir du milieu du IIe siècle avant J.C. Les études de rhétorique deviennent alors rapidement la voie « royale » pour tout jeune romain souhaitant occuper une fonction prestigieuse. Se former à l’art oratoire permet en particulier d’entrer dans l’administration impériale en tant que fonctionnaire et d’embrasser la fonction d’avocat (advocatus). Ces charges impliquent – en particulier pour la deuxième – d’évoluer dans le monde du droit et l’on s’attendrait logiquement à ce que les études de rhétorique qui mènent à ces fonctions versent largement dans l’étude de la science juridique. Pourtant, il apparait à première vue que le droit est absent des classes du rhéteur et que l’enseignement se concentre essentiellement sur la maitrise du langage. S’il est surprenant de faire un pareil constat, il est possible d’avancer des explications à cet apparent paradoxe. À Rome, la fonction d’avocat est très différente de la nôtre : l’advocatus est principalement un orateur judicaire qui se contente de défendre son client au moyen de sa maitrise de l’art oratoire tandis que le juriste l’assiste dans l’ombre. Cependant, si l’on examine avec plus de précision les sources, il apparait clairement que l’enseignement de la rhétorique n’est pas totalement vide de connaissances juridiques. S’il ne peut être qualifié de jurisconsulte, l’orateur romain, une fois sorti de la classe du maître de rhétorique, possède une maîtrise suffisante de la science juridique pour pouvoir être qualifié d’acteur du monde du droit. The rhetoric, discipline of Greek origin, imposed itself in Rome from the middle of the 2nd century BC. Rhetorical studies quickly become the "royal" path for any young Roman wishing to occupy a prestigious position. In particular, training in public speaking makes it possible to enter the imperial administration as a civil servant and to become a lawyer (advocatus). These burdens imply - especially for the second - evolving in the world of law and one would logically expect that the studies of rhetoric that lead to these functions would greatly contribute to the study of legal science. However, it appears at first sight that the law is absent from the rhetorician's classes and that teaching focuses essentially on mastering language. If it is surprising to make such an observation, it is nevertheless possible to put forward explanations to this apparent paradox. In Rome, the function of lawyer is very different from ours: the advocatus is mainly a judicial orator who is only to defend his client by means of his mastery of public speaking while the lawyer assists the latter in the shadows. However, if the sources are examined more closely, it becomes clear that the teaching of rhetoric is not completely empty of legal knowledge. If he cannot be qualified as a jurisconsult, the Roman orator, once out of the class of the master of rhetoric, has a sufficient mastery of legal science to be qualified as member of the law's world.