L'hôpital public est nécessaire aux patients présentant les souffrances psychiques les plus graves. Au sein d'une institution, les symptômes des uns impactent le fonctionnement collectif, entre contre-attitudes, projections scissionnelles, etc. Nous savons depuis Jean-Étienne Esquirol que l'hôpital peut être soignant en lui-même, s'il est investi par des soignants « habiles ». À l'heure d'une restructuration de l'hôpital public, les outils issus du champ de la psychothérapie institutionnelle peuvent-ils participer à « soigner l'hôpital pour qu'il devienne soignant », selon l'aphorisme d'Hermann Simon ? Nous proposons d'articuler des savoirs psychopathologiques aux concepts institutionnels, afin de questionner un possible soin des singularités via le travail collectif. Nous présentons une élaboration théorico-clinique à partir de vignettes cliniques qui tentent de rendre compte de la pratique quotidienne d'un service de psychiatrie publique orienté par la psychothérapie institutionnelle et du soin psychothérapique possible, en institution, de sujets psychotiques. Les concepts issus de la psychothérapie institutionnelle s'appuient sur des psychopathologies psychanalytiques et phénoménologiques qui font l'épreuve de la clinique : notamment les questions d'espace, d'ambiance et de transfert, au cœur de la psychopathologie des psychoses. Ces concepts peuvent être discutés et affinés au regard de l'actualité de la recherche et des pratiques et soutiennent des prises en soins créatives adossées à la logique de secteur. Les outils institutionnels semblent soutenir les équipes soignantes dans leurs accueils de la souffrance psychique. S'ils ne font pas l'objet de positionnements dogmatiques, ils favorisent une alliance thérapeutique au plus près de la subjectivité des acteurs, et permettent une théorisation performative de la pratique quotidienne. Une attention conjointe portée à la psychopathologie et à la clinique institutionnelle contribue à proposer des prises en soin individualisées et à soutenir la singularité et de la subjectivité des patients les plus fragiles et des équipes qui les accompagnent. Public hospitals are necessary for patients with the most severe psychological suffering. Within an institution, the symptoms of some have an impact on the way the group functions, with counter-attitudes, scissionary projections, and so on. Ever since Jean-Étienne Esquirol, we have known that hospitals can be healing in themselves, if they are staffed by "skilled" caregivers. At a time when public hospitals are being restructured, can tools from the field of institutional psychotherapy help to "heal the hospital so that it can heal", in Hermann Simon's aphorism? We articulate psychopathological knowledge with institutional concepts, in order to reflect on how to care for singularities through collective work. We present a theoretical-clinical elaboration based on clinical vignettes that attempt to capture the day-to-day practice of a public psychiatric department oriented towards institutional psychotherapy, and the psychotherapeutic care possible, in an institution, for psychotic subjects. Concepts derived from institutional psychotherapy are based on psychoanalytical and phenomenological psychopathologies that are tested in clinical practice: in particular, questions of space, atmosphere, and transference, at the heart of psychopathology. These concepts can be discussed and refined in the light of current research and practice, and support creative care approaches based on the logic of geographical sectors. Institutional tools seem to support caregiving teams in their response to psychological suffering. If they are not the subject of dogmatic positioning, they encourage a therapeutic alliance that is as close as possible to the subjectivity of the players involved, and enable a performative theorization of daily practice. Joint attention to psychopathology and institutional clinical practice helps to provide individualized care and support for the singularity and subjectivity of the most fragile patients and the teams who work with them. [ABSTRACT FROM AUTHOR]