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La société 2.0 qui fait l’air du temps mondialisé ne se réduit pas à l’information numérique et aux flux immatériels. Elle se fonde sur la mobilisation d’énergies et de matières éminemment tangibles : hydrocarbures et minerais, eau, terres, biodiversité. Enrôlées dans la grande circulation mondiale du marché ou, au contraire, préservées au nom de leurs valeurs patrimoniales et environnementales, ou encore au nom de la protection des équilibres environnementaux planétaires, les ressources de la nature sont au cœur des enjeux sociaux et politiques du monde contemporain. Cet ouvrage vise à rendre plus intelligibles ces ressources et les rapports de pouvoir qu’elles induisent, en les appréhendant comme des constructions sociales. La géographie politique et la géographie critique de l’environnement, ici croisées, montrent comment les sociétés mettent en valeur ces matières physiques, mais aussi comment des éléments plus immatériels – discours sur la nature, les paysages, le patrimoine, ou encore l’aide humanitaire – contribuent à la production de ressources. Les ressources ici étudiées éclairent la rencontre de logiques locales et d’enjeux relevant d’autres niveaux – qu’ils soient nationaux, régionaux et, très souvent, mondiaux. Un chapitre introductif balise cet itinéraire en douze essais, nourris de données de terrain variées, portant tous sur des sujets d’actualité. Trois axes de réflexion, autour des formes spatiales, de la disponibilité (pénurie ou abondance) et des régulations environnementales des ressources rendent possibles des comparaisons entre les cas d’étude, situés en Europe, en Russie, en Amérique latine et en Afrique.

Le traité de Lisbonne a ouvert la voie à la mise en place d’une politique de l’énergie européenne. Ce dossier stratégique fait débat à la fois en ce qui concerne la libéralisation de ce secteur et le type d’intégration envisagé, avec à la clé une concurrence entre acteurs pour la maîtrise des enjeux énergétiques.Ce chapitre propose d’aborder ces débats et leurs conséquences sous l’angle géographique et géopolitique, en s’intéressant à leur traduction en termes de conflit d’échelle, de territoire et de réseau. Il postule l’existence d’une géopolitique complexe des échelles de l’intégration énergétique européenne, chaque acteur cherchant à imposer son projet de construction d’un espace énergétique européen, à l’échelle qui lui convient. Ces stratégies divergentes de contrôle de la dimension spatiale de la ressource énergétique, à travers les normes, les marchés et les réseaux, ont paradoxalement pour objectif d’optimiser l’accès à celle-ci ainsi que la sécurité d’approvisionnement.La première partie propose une cartographie du contexte européen actuel. Elle tente de décrypter la position des différents acteurs et les stratégies qu’ils mettent en œuvre pour définir l’échelle des territoires sur lesquels ils auront à agir et à se positionner. Dans un deuxième temps, c’est la question des dynamiques qui est posée ainsi que celle des équilibres à l’œuvre sur cet échiquier énergétique qui semble dominé par la Commission. La troisième partie s’interroge enfin sur l’impact de cette géopolitique des échelles pour le fonctionnement et la construction de l’UE.

International audience; Pour lancer la transition écologique, il est nécessaire de désigner des périmètres (spécifiques à chaque action), des territoires au sein desquels s'organiser, mettre en oeuvre les décisions politiques et restructurer l'ordre socio-économique. Des modèles quantitatifs permettent de décrire théoriquement des modes de production et de consommation plus soutenables en assurant leur cohérence en termes de flux de matières, d'énergie et de travail humain. Cependant, les scénarios fondés sur ces modèles explicitent rarement les conditions socio-politiques et économiques de leur mise en oeuvre, notamment du point de vue des acteurs territoriaux. Or, la réussite de ces scénarios dépend en pratique des ressources financières et humaines pouvant être mobilisées et de la capacité des acteurs à coopérer à différentes échelles. Ceci passe notamment par la prise en compte de différentes forme de proximité (spatiale, relationnelle, industrielle, politicoadministrative, socio-économique et environnementale), chacune interagissant de manières multiples avec la transition socio-écologique. Ce symposium se donne ainsi pour objectif d'interroger la question de l'"échelle", pour appréhender les différents enjeux à prendre en compte pour amorcer une transition écologique.

La notion de transition énergétique est aujourd’hui l’une des figures de proue du concept plus général de développement durable. Elle est marquée par la double temporalité de l’urgence de sa mise en œuvre et du temps long (celui du climat) dont elle se réclame. La mise en politique de cette transition génère des conflits – notamment autour des grands projets d’infrastructures – que cet article analyse en cherchant à croiser les temporalités et les échelles d’action des différents acteurs impliqués. Il met en évidence un certain nombre de tensions qui existent entre urgence climatique et durabilité dans la mise en politique de la transition énergétique, mais aussi la complexité des temporalités dont se réclament les acteurs, qui s’emboîtent, se contredisent parfois et peuvent être source de conflit. Le propos s’articule en trois temps, organisés autour des échelles européennes, nationales et locales de la transition énergétique. Trois terrains viennent étayer les analyses proposées : une enquête auprès du réseau européen des gestionnaires de réseaux d’électricité (ENTSO-E) chargé du plan d’investissement dans les réseaux de transports d’électricité, l’étude des conflits liés à l’implantation des énergies marines renouvelables en France et un cas d’étude grec sur les conflits liés à des projets de parcs éoliens en Crête. Energy transition is today one of the key figures in the more general concept of sustainable development. It is marked by the double temporality of urgency and the long term. Implementing the transition generates conflicts, especially regarding large infrastructure projects. This article analyzes them by crossing the temporalities and scales of action of the various stakeholders. It highlights the tensions that exist between climate emergency and sustainability in the implementation of the energy transition, but also the complexity of the temporalities claimed by the actors, which sometimes intertwine, but other times are opposed, thus generating conflict. The article is divided into three parts, organized around the European, national and local levels of the energy transition. Three sets of fieldwork support our analyses: a survey of the European Network of Electricity System Operators (ENTSO-E) in charge of the investment plan for electricity transmission networks, the study of conflicts related to the establishment of marine renewable energies in France, and a Greek case study on conflicts related to wind farm projects in Crete. La noción de transición energética es hoy una de las aristas emblemáticas del concepto más general de desarrollo sustentable. Está marcada por la doble temporalidad de la urgencia que requiere su concretización, por un lado, y la del largo plazo, por otro (el tiempo largo del clima del que se reivindica la noción). La realizacion politica de esta transicion genera conflictos, especialmente alrededor de grandes proyectos de infraestructura. Este artículo analiza dichos conflictos tratando de cruzar las temporalidades y escalas de acción de los diferentes actores implicados. Se describen algunas de las tensiones que existen entre urgencia climática y sustentabilidad en el marco de la realización política de la transición energética, así como la complejidad de las temporalidades de las que se reclaman los actores, temporalidades que se encastran, se contradicen a veces, y pueden ser fuente de conflicto. El texto se organiza en tres tiempos, según tres escalas de la transición energética: europea, nacional y local. Los análisis se basan en tres trabajos de campo realizados con: a) la red europea de gestores de redes de electricidad (ENTSO-E - European Network of Electricity System Operators), a cargo del plan de inversiones relativas a redes de transportes de electricidad; b) el estudio de los conflictos ligados a la implantación de energías marinas renovables en Francia; y 3) un caso de estudio griego sobre conflictos ligados a proyectos de parques eólicos en la isla de Creta.

International audience; The dynamics of energy transition and European integration both paradoxically enhance the vulnerability of power grids to physical and cyber threats, because they open them up to digital technologies. This context of strong structural change for power systems requires a new awareness and implication of actors involved. This goes beyond the sole area of technical management of these networks, and the transmission system operators who cannot be the only ones responsible for the definition of the level of risk we consider acceptable for infrastructures that are the cornerstone of our economy and our society. The definition, the evaluation and the integrated management of the risks incurred are major and underused vectors for crisis prevention and resolution..; La double dynamique de transition énergétique et d'intégration européenne, en interconnectant les réseaux de transport d'électricité et en les ouvrant aux technologies numériques accroît paradoxalement leur vulnérabilité, et ce alors même qu'ils sont soumis à de nouveaux aléas et font l'objet de menaces physiques et cybernétiques. Ce contexte de forte mutation demande une prise de conscience des acteurs concernés, hors du seul domaine de la gestion technique de ces réseaux, qui ne peut être l'unique responsable de la définition du niveau de risque acceptable pour des infrastructures qui alimentent l'ensemble de notre économie et de nos sociétés. La définition, l'évaluation et la gestion concertée des risques encourus s'avèrent aujourd'hui des vecteurs majeurs et sous exploités de la prévention et de la résolution des crises.