Search

The aim of this work is to improve the temporal resolution of palaeoenvironmental sequences and their chronologies as well as the chronology of the different technocomplexes and cultures of southern France from the end of the Middle Palaeolithic to the beginning of the Upper Palaeolithic. To this end, two multiproxy studies were carried out, using two deep-sea cores from the Bay of Biscay and the Gulf of Lion to reconstruct vegetation and climatic changes in southwestern and southeastern France during Greenland warming and cooling (Dansgaard-Oeschger cycles, D-Os) and North Atlantic cooling events (Heinrich events, HEs). The results show different amplitudes in the forest expansion following D-O warming depending on the latitude and related to different orbital configurations. During the Heinrich Stadials (HSs), the different magnitude of the semi-desert expansion in the two regions appear to be the result of different intensities of the thermohaline circulation and local oceanic processes associated with the instability of the Laurentian ice sheet. IRSL dating of core MD04-2845 and the application of the age-depth model (ChronoModel & ArchaeoPhases) using Bayesian statistics and stratigraphic constraints on both cores has allowed the refinement of the chronologies of environmental changes. The construction of archaeological databases for both regions and the application of ChronoModel to the archaeological sequences have improved the timing of technological changes of Neanderthals and Anatomically Modern Humans (AMH) in Western Europe. Despite the improved chronologies, the identification of potential synchronicities remains difficult due to the uncertainties associated with the different chronologies. Nevertheless, this study suggests that the progressive aridification of the landscape during the last ice age favoured the arrival of AMH in Western Europe, leading to competition with Neanderthals for the same ecological niches and producing the disappearance of the latter., Ce travail a pour but d’améliorer la résolution temporelle des séquences paléoenvironnementales et de leurs chronologies ainsi que la chronologie des différents technocomplexes et cultures du sud de la France de la fin du Paléolithique moyen au début du Paléolithique supérieur. À cette fin, deux études multiproxy ont été menées, utilisant deux carottes profondes du golfe de Gascogne et du golfe du Lion pour reconstruire la végétation et les changements climatiques dans le Sud-Ouest et le Sud-Est de la France, en réponse aux réchauffements et refroidissements du Groenland (cycles Dansgaard-Oeschger, D-Os) et aux refroidissements de l'Atlantique Nord (événements d’Heinrich, HEs). Les résultats montrent des amplitudes différentes dans l'expansion de la forêt associée aux réchauffement D-O en fonction de la latitude et liées à différentes configurations orbitales. Pendant les stades de Heinrich (HSs), les différentes amplitudes de l'expansion semi-désertique dans les deux régions seraient le résultat de différentes intensités de la circulation thermohaline et des processus océaniques locaux associés à l'instabilité de la calotte laurentienne. La datation IRSL de la carotte MD04-2845 et l'application du récent modèle d’âge-profondeur (ChronoModel & ArchaeoPhases) utilisant des statistiques bayésiennes et des contraintes stratigraphiques sur les deux carottes ont permis d'affiner les chronologies des changements environnementaux. La construction de bases de données archéologiques pour les deux régions et l'application de ChronoModel aux séquences archéologiques ont amélioré la chronologie des changements technologiques des Néandertaliens et des Hommes Anatomiquement Modernes (HAM) en Europe occidentale. Malgré l'amélioration des chronologies, l'identification de synchronies potentielles reste difficile en raison des incertitudes associées aux différentes chronologies. Néanmoins, cette étude suggère que l'aridification progressive du paysage pendant la dernière période glaciaire a favorisé l'arrivée des HAM en Europe occidentale, entraînant une compétition avec les Néandertaliens pour les mêmes niches écologiques et produisant la disparition de ces derniers.

The Cro-Magnon rock-shelter hosted the first discovered and certainly one of the most important Gravettian burial sites in Europe. However, the copious ornament collection found among the human skeletons was not analysed with modern techniques. After proposing a synthesis of the complex curatorial history of the Cro-Magnon material, we submitted a large proportion of the personal ornaments found at the site, hosted in five conservation institutions, to a taxonomic study as well as to taphonomic, morphometric and microscopic analyses. The studied assemblage encompasses shell beads belonging to six species (L. littorea, N. lapillus, Turritella sp., L. obtusata, L. lurida, C. jeffreysianus), two perforated teeth - a Red Deer canine and a bovid incisor - and three shaped pendants, two made of ivory and one displaying no diagnostic features allowing a clear identification of the raw material. Shell ornaments were compared to modern reference collections to identify selection criteria. The Cro-Magnon people used marine shells coming from both the Atlantic and possibly the Mediterranean coasts as ornaments. The distance to these coasts indicates that shells may have been acquired via exchange or during seasonal migration. Very few may have originated from closer fossil outcrops. Conversely, ivory and teeth were available locally. No size preference is observed in the L. littorea, the most represented shell species used as beads. The vast majority of shell beads were perforated by puncturing them through the aperture. All ornaments bear diagnostic traces indicating that they were worn during the individuals’ lives, and suggesting they belong to beadwork buried with the deceased. The three shaped pendants feature differences in technology, shape, size and decoration suggesting different agency for each. Re-examination of the single radiocarbon age obtained from one of the L. littorea leads us to propose, in the light of more up-to-date calibration curves and the nature of the sample, that additional radiocarbon dating should be performed in order to refine the chronological attribution of the Cro-Magnon burials. L’abri-sous-roche de Cro-Magnon est l’un des premiers sites archéologiques à avoir livré des restes humains aux côtés de vestiges de faunes disparues depuis le Pléistocène supérieur. Ce site a ainsi contribué à démontrer sans équivoque que les hommes du Paléolithique supérieur enterraient leurs morts et suscité l’intérêt du public et des universitaires. Alors que le site a livré sans doute l’une des plus importantes sépultures gravettiennes d’Europe, en raison de la nature pionnière de la fouille et de l’importance de la découverte de Cro-Magnon et dans la hâte de partager les résultats, la disposition spatiale du matériel archéologique a été peu documentée. Depuis leur mise au jour, des analyses de plus en plus exhaustives et informatives ont été réalisées sur les restes humains, ce qui a permis de fournir des données anthropologiques inédites sur la biologie des défunts, leur état de santé et leur comportement. Malgré le rôle clef du site, les nombreux objets de parure trouvés parmi les restes humains n’ont jamais été analysés avec les techniques modernes. Après avoir proposé une synthèse de l’histoire complexe du matériel de Cro-Magnon après sa découverte, nous avons soumis une majeure partie des ornements corporels, conservés dans cinq institutions différentes, à des analyses taphonomiques, morphométriques et microscopiques. Sur les quelque trois cents parures de coquillages mentionnées par Lartet (1868), nous avons pu en localiser deux cent deux (cent quatre-vingt-quatre L. littorea, une L. obtusata, quatre Turritella sp., six Nucella lapillus, une Luria lurida, un fragment de nacre et un Colus jeffreysianus). Deux dents perforées (une canine de cerf et une incisive de bovidé) et trois pendentifs façonnés, deux en ivoire et un ne présentant pas de caractéristiques claires pour identifier la matière première sont également présents dans la collection. L’ensemble du matériel est dispersé dans de nombreux musées et, nous avons pu étudier cent quarante-trois objets de parure. Les ornements en coquillages ont été comparés à des collections de référence modernes afin d’identifier les critères de sélection et d’évaluer la provenance des coquillages. Les hommes de Cro-Magnon ont sélectionné des coquillages provenant à la fois des côtes atlantique et peut-être méditerranéenne. La distance qui sépare ces côtes du site indique que les coquillages ont pu être acquis par échange. Quelques spécimens proviennent d’affleurements fossiles plus proches. À l’inverse, l’ivoire et les dents étaient disponibles localement. L’analyse microscopique a permis d’identifier des traces laissées par des prédateurs et des spongiaires, indiquant que les coquilles ont été ramassées après leur mort, apparemment dans le seul but d’être transformées en ornements, et non pour être consommées. Aucune sélection en fonction de la taille des coquilles n’est observée pour l’espèce de coquillage la plus représentée (i.e., L. littorea). Diverses méthodes ont été employées pour perforer les coquilles, la pression à travers l’ouverture à l’aide d’une petite pointe étant la technique privilégiée. La propension à utiliser cette méthode peut être liée à la morphologie de la coquille des L. littorea, afin de minimiser les risques de fracture des coquilles lors de la perforation. Tous les ornements portent des traces diagnostiques indiquant qu’ils ont été portés, suggérant que les perles trouvées à Cro-Magnon appartenaient aux défunts. La présence de différents degrés d’usure sur les L. littorea pourrait résulter du fait que l’assemblage comprend des coquillages qui étaient à l’origine intégrés dans différentes parures, utilisées pendant des périodes différentes, et que ces parures ont été recyclées, réparées ou réassemblées au cours du temps. Alternativement, l’intensité de l’usure variable pourrait aussi dépendre du type de suspension, des colliers, par exemple, produisant un degré de mouvement plus élevé que les coquillages cousus sur les vêtements. Les données contextuelles de terrain manquent pour avancer dans cette discussion. L’ocre observé à l’intérieur et à l’extérieur des coquilles indique sa présence à la fois sur le fil et sur le matériau avec lequel les coquilles étaient en contact (vêtements, peau humaine). La présence d’ocre est aussi attestée sur les pendeloques en ivoire et sur les restes humains, ce qui indique que soit l’ocre était présent sur les parures et les hommes de Cro-Magnon de leur vivant, soit il était apposé sur une couverture qui protégeait les corps dans le dépôt funéraire, soit il a été dispersé lors de l’inhumation, aucune de ces hypothèses n’étant mutuellement exclusive ou facile à vérifier à partir des données de terrain disponibles. Quoi qu’il en soit, il convient de noter que la présence d’ocre est une caractéristique commune des sépultures gravettiennes à travers l’Europe. Les trois pendentifs en os présentent des différences en termes de technologie, de forme, de taille et de décoration, indiquant différents modes de production et d’utilisation. Bien que l’utilisation de l’ivoire pour les ornements personnels ait été très répandue au Gravettien, les pendentifs de Cro-Magnon sont particuliers de par leur forme et leur aménagement. Une explication de ces idiosyncrasies peut être que la sépulture de Cro-Magnon recrutait des individus ayant un statut social exceptionnel associé à des types de pendentifs en ivoire particuliers. Cette différence est également observée dans la proportion des parures à Cro-Magnon par rapport au site voisin de l’Abri Pataud. Cro-Magnon présente une abondance de L. littorea et une relative rareté de pendentifs en ivoire, alors que le niveau 5 contemporain de l’Abri Pataud présente l’inverse. Cette différence peut être due aux fonctions des sites, c’est-à-dire une habitation par rapport à une inhumation. Une hypothèse alternative est que malgré leur proximité et leur pénécontemporanéité, Cro-Magnon et l’Abri Pataud étaient fréquentés par des groupes gravettiens différents portant les mêmes parures mais dans des proportions différentes. Lartet (1868) mentionne aussi qu’un des pendentifs en ivoire a été retrouvé légèrement éloigné des restes humains à Cro-Magnon. Il est possible que les pendentifs en ivoire n’aient pas été portés sur le corps des individus mais plutôt utilisés pour décorer des objets tels que des sacs, des couvertures et des objets en bois, ce qui aurait entraîné leur sous-représentation dans les contextes funéraires. Cette hypothèse est toutefois partiellement contredite par la découverte de pendentifs en ivoire similaires dans des sépultures gravettiennes d’Europe de l’Est. La comparaison typologique des ornements corporels de Cro-Magnon avec le matériel documenté sur d’autres sites montre que le matériel de Cro-Magnon s’intègre à la diversité stylistique connue pour le Gravettien. Bien que présentant des similitudes avec ceux des autres groupes, les ornements de Cro-Magnon affichent néanmoins un certain degré de spécificité, soulignant le désir de cette communauté de montrer sa propre identité dans un cadre symbolique plus large. Le réexamen de l’unique âge radiocarbone obtenu sur l’une des L. littorea nous amène à proposer, à la lumière de courbes de calibration les plus récentes et de la nature de l’échantillon, que des datations radiocarbones supplémentaires sont nécessaires afin d’affiner l’attribution chronologique des sépultures de Cro-Magnon.

Cette contribution a pour objet de retranscrire l’histoire du site paléolithique de La Balutie (Montignac-Lascaux, Dordogne, France). L’histoire de ce site très tôt oublié, n’est ni sensationnelle, ni exceptionnelle, mais s’avère retranscrire l’atmosphère caractérisant les débuts des explorations des gisements préhistoriques de Dordogne. On y retrouve de grands noms de la Préhistoire de Dordogne qui n’ont légué que peu d’écrits sur le site, du mobilier trié (surtout lithique) du Paléolithique moyen et supérieur qui a alimenté de nombreuses collections privées avant d’être dispersé au sein de diverses institutions, et un contexte local compliqué et agrémenté de conflits. Notre connaissance de La Balutie, ponctuée de nombreuses lacunes tant temporelles que factuelles, est à l’image de nombreux autres sites régionaux, qui ont été fouillés très (trop) tôt et qui pour autant ont participé à l’essor des recherches préhistoriques. Over the course of 150 years of prehistoric research in the Périgord, numerous fossil-bearing deposits were excavated with the goal of recovering artifacts and human remains, identifying archaeological cultures and their succession, or characterizing the lifeways of prehistoric societies and their evolution. Since this research began, scientific approaches and excavation methods have continuously evolved, which has led to sites being regularly re-excavated and to the reevaluation of previously excavated assemblages in light of new developments in the field. While over the years some sites have become reference sites, others were partially or even completely destroyed, emptied, or at times simply forgotten due to a lack of interest – either real, or due to the history of science and its actors.The site of La Balutie is one of these sites that has been partially forgotten over time. Located on the hill of Lascaux on the left bank of the Vézère River, southeast of the village of Montignac-Lascaux, the site lies about 500 m south of Lascaux and Regourdou. First described by Alain Reverdit (1873, 1878) just a few years after Lartet and Christy’s explorations in the Périgord, La Balutie comprises a cave, a rocky ledge, and two rock shelters spread along a roughly 100 to 150 meters long and 5 to 6 meters high limestone outcrop. Reverdit’s observations, by far the most complete to date, describe a complex site with lithic industries attributable to the Magdalenian (which is equivalent to today’s Aurignacian), Solutrean, and Mousterian. These lithic industries were not found in association with each other, nor were they superimposed; rather, each was found in a different locus of the site. La Balutie is mentioned in a variety of sources and prehistoric studies from the end of the 19th and the first half of the 20th centuries, alongside sites that are today considered reference sites. With the aid of Michel Hardy, Reverdit brought to light an important collection of material, primarily lithics, which was subsequently dispersed among some 20 institutions in France and abroad. This scattering of archaeological objects from La Balutie perfectly illustrates the manner in which prehistoric material circulated from the end of the 19th to the middle of the 20th century. This circulation happened soon after the excavations and was probably intensified due to the numerous contacts Hardy had at the time. It also reflects the importance given to personal collections during this period and the multiple ways of acquiring them, including commercial transactions by antiquarians, donations, exchanges of material, or simply sold for financial gain. The collections from La Balutie underscore the interest of Reverdit and other prehistorians of the time had in the Upper Paleolithic lithic materials from the site, including a variety of “beautiful pieces.” However, these pieces are now of only limited interest, as they lack both contextual information and a precise provenience.La Balutie therefore appeared to be relatively famous and frequently visited during the end of the 19th and first quarter of the 20th centuries. Among the visitors during this period was Marcel Castanet, an excavator of Louis Didon, who visited the site on his behalf. Castanet convinced Didon to lease the Blanchard site from his neighbor in 1910, beating out Jean Leyssales, who was also interested in the site on behalf of Otto Hauser. Multiple exchanges between Castanet and Didon show that Castanet considered La Balutie promising, eventually “scratching its surface” to better evaluate its potential. Nonetheless, in this particular prehistoric field war, Castanet and Didon were in the end beaten out by Hauser and Leyssales, who leased the site in 1910.Questions remain as to whether Hauser ever excavated at La Balutie. In 1911, he lists it as one of his sites, mentioning that it had not yet been excavated. Little information from La Balutie is known between this time and his hasty departure from France at the beginning for the First World War, after which both his possessions and land were sequestered. Material from the sites of « la Balutie » and “la Balucie” is mentioned as having been seized from Hauser and Leyssales by the French state in 1921, which could correspond to the objects curated in the Capitan collection of the National Museum of Archaeology in Saint-Germain-en-Laye. These objects bear labels with the inscription “Baloutie,” the spelling primarily used by Parrot and Hauser. If the question of whether Hauser and Leyssales excavated at La Balutie seems anecdotal, it nevertheless had a non-negligible impact on the subsequent history of the site. In 1925, Franck Delage investigated the area of La Balutie that had not been leased by Hauser, the cave, which gave rise to his 1939 paper describing a cave in which nothing was preserved. However, he was unable to continue his work at the other areas of the site, due to Hauser and Leyssales’ lease. There is no evidence of any new work at the site in the year after the start of the excavations, demonstrating no new excavations were permitted. In addition, the new property owner wanted to use the land as he see saw fit and likely refused to allow any other archaeological excavations, despite Denis Peyrony’s attempt to convince him otherwise.While the last known “official” excavations at La Balutie occurred in 1925, the site continued to be visited and even explored. These new visits were in part tied to the discovery of two additional sites on the hill, Lascaux Cave and Regourdou. Abbé Glory worked at Lascaux between 1952 and 1963 and lived for some time at Regourdou, where he advised Roger Constant and dug at La Balutie. He visited the site on numerous occasions, including at least once with Henri Breuil and Constant. During this visit, they collected a fragment of a bovid epiphysis that bore traces of gnawing, which they interpreted as being left by a Neanderthal, following the bone having been slowly roasted. In the spring of 1955, Glory returned to Lascaux for a new campaign. Correspondence between Constant, Glory and a certain D. Vrammont discusses a new excavation project at La Balutie during the summer of that same year, and also mentions surveys that had already been carried out and which yielded faunal material. Of these operations, only three photos dated to August 1955 taken by members of the Nantaise Prehistoric Society attest to the work of Glory at the second rock shelter of La Balutie.The site of La Balutie was classified as an historic monument by a 28th of December 1960 decree by Max Sarradet, with the last studies of portions of the material uncovered at La Balutie dating to the 1960s (de Sonneville-Bordes 1960; Smith 1966) and uniquely focusing on the Upper Paleolithic material.The present contribution aims to provide both an inventory of the available information concerning the site in order to retrace its history, at the heart of which lie those who participated in the study of the two neighboring sites, Lascaux and Regourdou, and better understand the site’s place in the history of the prehistory of the region. Finally, we attempt to discern the possible reasons for the site having been largely forgotten. La Balutie is amongst the sites that marked the beginning of the history of prehistory in the Périgord. While not totally forgotten, the site was gradually abandoned, likely in part due to the early date of the excavations, the absence of a notable archeo-stratigraphy, legal problems and very likely following the successive discoveries, first of Lascaux, which garnered worldwide scientific attention, and then but to a lesser extent, of Regourdou. In addition to the geographic proximity of Lascaux, Regourdou, and La Balutie, this contribution also shows that these three sites share in part a common history through the visits of the same prehistorians. While many prehistorians passed by, few left any evidence of their presence. These rare clues transcribe a fragmented history of a poorly documented site, which is probably far from having revealed all its secrets. Despite these difficulties, the site provides evidence for the repeated occupation of the hill of Lascaux during the Upper Pleistocene, very likely due to its geographical context. Surprisingly, the Mousterian material from this site has not been revised since Reverdit’s excavations, and no faunal remains were collected, despite their being mentioned by Reverdit. This site biography is part of a larger project to reopen excavations that had begun in 2016 with the aim of better understanding the potential of the Mousterian occupations of the site and to characterize Pleistocene faunal communities.

The Badegoulian open air site of mont Saint-Aubin at Oisy (Nièvre) yielded 353 marine mollusc shell remains (gastropods, scaphopods and bivalves) which testify of on-site shell bead manufacturing activities. The large conchyliological spectrum (31 taxons) includes many fossils from the Parisian Basin and a few shells that must have been collected on the Atlantic coast, indicating a distance of several hundreds of kilometres between the shell sources and the production site. The shell assemblage is composed of unmodified raw material, waste products and finished beads with intense use wear traces and sometimes repaired suspension holes. The identified manufacturing processes (morphometrical choices, perforation and segmentation methods, and systems of attaching the beads) reveal that the finished ornamental displays must have been varied, playing with different bead morphologies and -sizes as well as with different ways of attaching the beads (string, braiding). Providing information on the ways and means of marine shell exploitation for beadwork (territories of procurement and circulation of shells, storage, craftsmanship, recycling) this study offers new insights on Badegoulian techno-economic behaviour. Résumé. Le site badegoulien du mont Saint-Aubin à Oisy (Nièvre) a livré 353 restes de coquilles de mollusques marins (gastéropodes, scaphopodes et bivalves) qui témoignent d’activités de production d’objets de parure sur place. Le large spectre conchyliologique identifié (31 taxons) comprend de nombreux fossiles du Bassin parisien et des coquilles d’origine atlantique, mettant en évidence des activités de production réalisées à plusieurs centaines de kilomètres des sources d’approvisionnement. L’assemblage se compose de matière première non travaillée, de déchets de fabrication et d’objets finis ayant eu une longue durée d’utilisation (usure avancée et réparations). Les modalités de fabrication reconnues (sélections morphométriques, méthodes de perforation et de segmentation, systèmes d’attache) révèlent la variété des types d’objets produits (plusieurs ensembles de formes et de tailles) et la diversité des dispositifs ornementaux créés (simple enfilage, intégration dans un réseau de maille). Cette étude fournit des informations sur les comportements techno-économiques au Badegoulien en renseignant sur les modalités d’exploitation et de gestion des coquilles (espaces d’approvisionnement, circulations, constitution de réserves transportables, savoir-faire techniques, réutilisations).

National audience; This article presents the archaeological site of Pincevent excavated by André Leroi-Gourhan, a major site for understanding the occupation of the Paris Basin during the Magdalenian period (Upper Paleolithic).; Cet article présente le site archéologique de Pincevent fouillé par André Leroi-Gourhan, site majeur pour la compréhension de l'occupation du Bassin parisien durant la période magdalénienne (Paléolithique supérieur).

Le site gravettien de plein air de Feldberg « Steinacker » se trouve dans la région de Müllheim/Baden, située dans le Markgräfler Hügelland en Bade-Wurtemberg (Allemagne). Il a été découvert lors de prospections dans un champ, mais des fouilles y ont également été menées. L’outillage lithique comprend de nombreux artefacts typiques du Paléolithique supérieur dont des outils caractéristiques du Gravettien comme des pointes de La Font-Robert et des pointes de La Gravette. Le but de cet article est de montrer l’importance du site de Feldberg « Steinacker » et de présenter les groupes d’artefacts majeurs. In the end of the 1960s numerous stone artefacts made of jasper were found in a field in the region of Müllheim/Baden in the Markgräfler Hügelland in Southwestern Germany. Among the findings there are Font-Robert points, Gravette points and microgravettes which allow an attribution to the Gravettian. Different test excavations were made in which more artefacts were discovered. Since 2003 the area and the surrounding fields have been surveyed by two amateurs who still find a lot of different and important stone artefacts.The different findings show good parallels to other Gravettian open air sites in Germany and other surrounding countries, but this site is not much known. The site of Feldberg “Steinacker” can be regarded as one of the most important Upper Palaeolithic open air sites of Baden-Württemberg.

Le nomadisme est considéré comme le mode de vie principal des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique supérieur européen avant l’apparition de la sédentarité qui caractérise le Néolithique. Une organisation intermédiaire de type semi-sédentaire, basée sur l’économie du mammouth, a néanmoins été proposée pour le Gravettien et l’Épigravettien d’Europe centrale et orientale. Cependant, alors que le Gravettien est une unité paneuropéenne du Paléolithique supérieur, cette hypothèse n’a encore jamais été avancée pour des sites d’Europe occidentale. Sur la base de l’étude des industries lithiques, cet article explore la possibilité que les Gravettiens de Brassempouy (Landes, France), il y a environ 30 000 ans, vivaient de manière semi-sédentaire. Nomadism is traditionally considered as the main lifestyle for hunters-gatherers in the Upper Palaeolithic of Europe before the appearance of the settled way of life characterizing the Neolithic. A semi-sedentary intermediate organization based on the economy of the mammoth was nevertheless proposed for the Gravettian and Epigravettian of Central and Eastern Europe. However, while the Gravettian is a pan-European unit of the Upper Palaeolithic, this working hypothesis has never been raised for sites in Western Europe. Based on a study of the lithic industry, I explore the possibility that the Gravettian Groups occupying Brassempouy (Landes, France) approximately 30,000 cal. BP lived a semi-sedentary lifestyle.

Over the last half century, the dominant view in European archaeology has been that Upper Paleolithic societies were highly mobile egalitarian groups. While this model may be accurate for resource poor areas, it is increasingly evident that in some rich refugia like the Dordogne and Charente, more complex societies existed that exhibited transegalitarian types of characteristics including socioeconomic inequalities. Ethnographically, it is in the context of transegalitarian types of societies that unique features occur such as rich burials, prestige items, feasting, complex astronomical observations, elaborate numbering systems, rituals in deep caves, and other special features of the French Southwest Upper Paleolithic. Indeed, due to the socioeconomic dynamics involved, these features make the most sense as part of transegalitarian societies, whereas both the dynamics and these features are rare or are completely lacking among ethnographic egalitarian foragers. This paper re-assesses the status of Upper Paleolithic hunter/gatherers from the transegalitarian perspective. It focuses particular attention on the role and importance of prestige items making the important distinction between communal ritual prestige items and individual status prestige items. Ten other key features are discussed briefly that indicate the existence of complex hunter/gatherers in the Upper Paleolithic. Depuis un demi-siècle, le point de vue dominant de l’archéologie européenne est de considérer que les groupes humains du Paléolithique supérieur vivaient dans des sociétés égalitaires très mobiles. Bien que ce modèle puisse être exact pour les régions pauvres en ressources, il apparaît probable que dans certains refuges riches en ressources comme en Dordogne et en Charente, des sociétés de type transégalitaire marquées par des inégalités socio-économiques aient existé.D'un point de vue ethnographique, c'est préférentiellement dans ce type de dynamique socio-économique que naissent les sépultures, les objets de prestige, les festins, les observations astronomiques complexes, les systèmes de numérotation élaborés, les rituels dans les grottes profondes, autant d’aspects que l’on rencontre dans le Paléolithique supérieur du Sud-Ouest français et qui n’existent pas, ou de manière erratique, parmi les nomades égalitaires.Cet article se propose de réévaluer le statut des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique supérieur dans une perspective sociale transégalitaire. Il porte une attention particulière au rôle et à l'importance des objets de prestige en établissant une distinction entre les objets de prestige destinés aux rituels communautaires et ceux qui ont pour vocation de marquer le rang élevé des individus. Dix autres caractéristiques clés sont brièvement abordées qui plaident pour l'existence de sociétés complexes de chasseurs-cueilleurs au Paléolithique supérieur.

Depuis V. G. Childe, l’apparition des inégalités sociales est classiquement mise en relation avec la néolithisation, mais ces dernières décennies plusieurs travaux, qui s’appuient en particulier sur les données funéraires, ont suggéré que des sociétés inégalitaires et hiérarchisées avaient existé dès le Paléolithique supérieur. Néanmoins, lorsque l’on examine attentivement les arguments avancés et les faits se rapportant aux pratiques funéraires, cette hypothèse apparaît en réalité très faiblement étayée. En ce qui concerne l’architecture des tombes, il n’y a aucun exemple de sépulture paléolithique qui aurait demandé un investissement important. L’interprétation sociale des mobiliers et parures, sur lesquels portent en majorité les raisonnements, soulève de nombreuses et importantes difficultés théoriques et pratiques. Toutes les méthodes utilisées pour mesurer des différences quantitatives ou qualitatives, ou identifier des biens ayant une valeur économique à partir de critères tels que la rareté des matériaux, la complexité des techniques mises en œuvre ou le temps de travail investi, sont critiquables à des degrés divers. Mais avant tout elles ne peuvent fonctionner que si l’on présuppose que la richesse existe, elles ne peuvent pas démontrer cette existence. S’ajoute à cela que la plupart des données proviennent de fouilles anciennes et que beaucoup des informations de terrain dont nous disposons sont lacunaires ou incertaines. L’examen en particulier des sépultures les plus couramment considérées comme témoignant d’inégalités sociales, Sungir 1, 2-3, Arene Candide I, Brno 2, Saint-Germain-la-Rivière et La Madeleine, conduit à être beaucoup plus réservé sur cette interprétation. Les morts eux-mêmes n’apportent pas de meilleure indication. Si la pratique de l’accompagnement mérite d’être discutée pour quelques sépultures, elle n’est pas démontrée, et de toute façon son existence n’impliquerait pas forcément celle de hiérarchies. Quant aux rassemblements de tombes, qui pourraient en théorie indiquer un certain degré de sédentarité et indirectement une société inégalitaire, on ne peut jamais véritablement assurer qu’ils résultent d’une réelle volonté de regrouper les défunts. En conclusion, s’il a existé des sociétés économiquement inégalitaires et hiérarchisées au Paléolithique supérieur, en l’état des connaissances rien de ce qui touche aux pratiques funéraires ne permet objectivement de le démontrer. Since V. G. Childe, the emergence of social inequalities has been classically associated with neolithization. Over the past decades, though, several studies, based in particular on funerary data, have suggested that unequal and hierarchical societies existed as early as the Upper Palaeolithic. Nevertheless, upon closer examination of the arguments put forward and of the facts related to funerary practices, this hypothesis appears in truth very poorly founded. With regard to the architecture of the graves, there is no example of any Palaeolithic burial that required a major commitment. The social interpretation of grave goods and ornaments, on which most argumentation is based, raises many huge theoretical and practical difficulties. All the methods used to measure qualitative or quantitative differences, or to identify economically valued goods based on the rarity of the material, the complexity of the implemented techniques or the amount of working time put into them, are debatable to varying extents. Above all, they can work only if one assumes that there was such a thing as wealth, they cannot demonstrate that wealth actually existed. Moreover, most data come from early excavations and a lot of field information is missing or uncertain. A close examination of burials commonly considered as testifying to social inequalities, namely Sungir 1, 2-3, Arene Candide I, Brno 2, Saint-Germain-la-Rivière and La Madeleine, leads to a much more cautious interpretation. And there are no better insights to be provided by the dead themselves. The practice of accompaniment can possibly be discussed for some of these burials, but it is not evidenced and in any case its existence would not automatically imply that of hierarchies. As for the grouping of burials, which could theoretically indicate some degree of sedentariness and be indirect evidence of an unequal society, one can never truly assess that it results from an actual intention to gather the dead. In conclusion, if economically unequal and hierarchical societies ever existed during the Upper Palaeolithic, the present state of knowledge with regards to funerary practices makes it impossible to objectively produce any evidence.

International audience; La fouille de Solutré Route de la Roche a permis le dégagement d’un niveau d’occupation daté du Magdalénien moyen qui livre un ensemble de mobilier exceptionnel constitué de plusieurs dizaines de milliers de restes de faunes, d’éléments d’industries osseuse et lithique, d’éléments de parure et de restes humains. Occupant une position intermédiaire entre le pied de la corniche calcaire et le fond du vallon des Gerbeaux / Cortesse, le site est interstratifié dans les dépôts de versant constitués de plaquettes calcaires et de lentilles de marnes remaniées. Les datations obtenues placent l’occupation magdalénienne au cours de la première moitié de l’évènement de Heinrich 1, dans un intervalle compris entre 15,3 et 14,3 ka BP (18,7 – 17,3 ka BP cal.). Dans le cadre du rapport final d’opération, l’étude des ensembles mobiliers et faunique s’est limitée à un échantillon considéré comme représentatif et issu d’une fenêtre d’étude dite de la Bd4 correspondant aux mètres carrés B4 à L4 du carroyage. Ce choix ne s’applique cependant pas aux objets de parure, trop faiblement représentés au sein de cet échantillon ainsi qu’aux restes humains. L’ensemble faunique est dominé par le renne (61,4 %), le cheval (20,5 %) et le lièvre (15,1 %). Pour les deux premières espèces, la représentation de l’intégralité du squelette suggère l’introduction sur le site des carcasses entières. L’acquisition s’accompagne d’une exploitation intensive et intégrale des ressources que peuvent procurer ces animaux (viande, moelle, peau, bois, etc). Les indices de saisonnalité témoignent d’épisodes de chasse tout au long de l’année avec plusieurs pics situés entre la fin de l’été et l’hiver.Parmi les espèces chassées figurent également le bison, le chevreuil, l’antilope saïga, les carnivores et les oiseaux. D’un point de vue paléoenvironnemental, si le spectre faunique relève globalement d’un milieu froid et ouvert, la présence discrète d’espèces forestières (chevreuil, glouton, siciste des bouleaux) pourrait indiquer l’existence de conditions favorables au développement du couvert forestier dans l’environnement du site. Les productions lithiques et osseuses s’inscrivent pleinement dans les normes typologiques et technologiques définies pour le Magdalénien moyen ancien (MMA). Pour l’industrie osseuse, l’intégralité des éléments techniques liés aux chaines de production des équipements de chasse et domestiques est représentée sur le site. Aux objets finis façonnés sur supports plats, principalement constitués par les pointes de sagaies et les aiguilles, s’ajoutent des objets en volume, en particulier les bâtons percés représentés par 13 exemplaires. Le système lithique obéit au principe de dissociation des chaines opératoires laminaire et lamellaire. La production des supports lamellaires dédié à la fabrication des lamelles à dos est réalisée sur place. Le débitage laminaire semble plus segmenté et suppose l’introduction d’une partie des supports destinés à l’équipement domestique depuis un lieu de production extérieur. Ces productions utilitaires s’accompagnent d’une série d’éléments de parure dominée par les coquilles percées qui attestent de la circulation des biens sur de longues distances. Outre la présence d’objets inédits comme les os hyoïdes percés et décorés, quelques éléments techniques témoignent d’une production sur place. Enfin, plusieurs fragments crâniens humains complètent cet ensemble mobilier et témoignent des modes de traitement des morts au Magdalénien moyen. Cette première étude constitue une évaluation du potentiel scientifique du site de Solutré Route de la Roche qui se présente comme une référence majeure pour la connaissance du Magdalénien, à une échelle qui dépasse largement le cadre régional.

International audience; Réalisée en 2007 et motivée par la construction d’un centre commercial et de ses annexes (30 ha aux lieux-dits « la Justice » et le « Marais de la Fontaine-du-Cœur »), cette fouille préventive a été complétée par celle d’un court barreau routier (lieu-dit « le Petit Fossard », cf. DAP 31). Ces opérations ont donné lieu à deux rapports distincts (Séguier, 2013a et b), l’ensemble étant synthétisé dans le premier rapport. L’emprise est localisée dans la plaine alluviale de la Seine, en rive gauche du fleuve, à 2,5 km de la confluence entre la Seine et l’Yonne. Ce secteur occupe une place clé dans l’organisation du territoire sénon à la fin de l’âge du Fer et pendant l’Antiquité ainsi qu’en témoignent, dans un périmètre restreint, l’habitat groupé des IIe-Ier s. av. J.-C. de Varennes-sur-Seine, « le Marais du Pont » (rive gauche), l’agglomération gallo-romaine de Montereau-Fault-Yonne, la « Terre aux Moines » généralement identifiée à la Condate de la Table de Peutinger (rive droite), et la voie reliant Sens/Agedincum à Paris/Lutecia (rive gauche).

Les gisements magdaléniens étudiés occupent les versants lœssiques et surtout les fonds de vallées de la Seine et de ses affluents l’Yonne et l’Oise. Ils permettent d’établir une chonostratigraphie du Pléistocène supérieur et de l’Holocène du centre du Bassin parisien, fondée sur les lœss et les alluvions. Ils montrent que durant le Tardiglaciaire, de grandes quantités de sédiments meubles, des lœss ou des sables fins étaient en mouvement tandis que les fonds de vallées acquéraient leur aspect actuel. C’est au sommet de séquences d’accumulation alluviale qu’ont été conservés les quatre grands sites magdaléniens d’Etiolles, Marsangy, Pincevent et Verberie. Dans les limons de Pincevent, les apports grossiers naturels et anthropiques, les érosions et les bioturbations, la répartition topographique et stratigraphique des vestiges magdaléniens, l’aspect du litage des limons renseignent sur le climat, le niveau des basses eaux de la Seine, l’amplitude et la régularité des crues, l’abondance et la nature des précipitations. Ces informations permettent de reconstituer l’environnement et le temps qu’il faisait au Magdalénien : froid sans excès, sec au moment du passage des chasseurs ; ce passage était suivi par d’abondantes chutes de neige au printemps, les crues, importantes, étaient probablement augmentées par la formation d’un barrage de glace en aval au moment de la débâcle. L’étude des malacofaunes contenues dans les alluvions est un des moyens d’appréhender le contexte écologique des campements magdaléniens du centre du Bassin parisien. A Étiolles, Pincevent, Marsangy et Verberie, elle apporte des éléments de réflexion sur la position chronologique des occupations au cours du Tardiglaciaire, en accord avec les données de datation absolue. Les études polliniques des gisements magdaléniens du Bassin parisien s’étant toutes révélées négatives, les données concernant la végétation nous sont livrées par des analyses palynologiques de tourbières. Toutefois, ces dernières ne sont sources que d’informations générales : leur relatif éloignement des habitats magdaléniens, les différences d’enregistrement pollinique dues à la nature des sites et l’utilisation d’une zonation tripartite du Tardiglaciaire sont autant de facteurs qui viennent limiter les reconstitutions précises de l’environnement aux alentours des sites. Les Magdaléniens ont dû évoluer dans un paysage de forêts claires dans lesquelles le Pin occupait peu à peu la place jusque-là tenue par le Bouleau. Les datations par le radiocarbone et la thermoluminescence de plusieurs gisements du Magdalénien final du Bassin parisien, Étiolles (Essonne), Le Pré des Forges à Marsangy (Yonne), Pincevent à La Grande‑Paroisse et Le Tilloy à Ville‑Saint‑Jacques (Seine‑et‑Marne), Le Buisson Campin à Verberie (Oise), montrent que l’occupation magdalénienne se place à la fin de la dernière période glaciaire. Les âges obtenus sur les pierres de foyer par la thermoluminescence sont en accord raisonnable avec ceux des vestiges organiques mesurés par la méthode du carbone 14 classique ou en spectrométrie de masse par accélérateur. The Magdalenian sites concerned by this study are set on the loess covered slopes and particularly on the lower levels of the Seine valley and its tributaries. They can be used to establish a chronostratigraphy of late Pleistocene and Holocene of the center of the Paris basin, set on loess deposits and alluvia. They indicate that during late glacial period, large amounts of loess and fine sands were transported while the bottom of the valley acquired its present aspect. The four main Magdalenian sites of Etiolles, Marsangy, Pincevent and Verberie had been preserved on the top of these alluvial accumulation sequences. In Pincevent silts, the presence of coarse materials, the structure of the deposits, the absence of the erosion and bioturbation, the stratigraphical and topographical repartition of Magdalenian artefacts, give information’s on the climate and also on the river’s level during the summer, on the importance and regularity of river’s swelling, and also on the nature and quantity of the atmospheric water’s precipitations. These information’s allow one to reconstitute the weather during Magdalenian’s occupations: rather dry and moderately cold ; each occupation was followed by abundant falls of snow ; during the spring, strong flood was probably increased by the accumulation of an ice dam downstream. In the center of the Paris basin, the study of alluvial molluscans provides us information about ecological context of the magdalenian settlements: Étiolles, Pincevent, Marsangy and Verberie. According to the isotopic datas, the chronological position in the lateglacial can be discussed for each site. As the pollen analysis from the Magdalenian sites of the Paris basin has been unsuccessful, peat‑bog palynological studies are the most important source of information with respect to late‑glacial vegetation. However, these data are general because peat‑bogs are often far from the Magdalenian settlements, palynological records differ with the nature of the sites and different zonations of the late‑glacial have been used. In consequence our knowledge of the landscape around the settlements is limited. We just suppose the Magdalenian people evolved in clear forests wherein Pine had slowly supplanted birch. The radiocarbon and thermoluminescence (TL) dates for a number of Late Magdalenian sites of the Paris Basin, Étiolles (Essonne), Le Pré des Forges (Marsangy, Yonne), Pincevent and Le Tilloy (La Grande‑Paroisse and Ville‑Saint‑Jacques, Seine‑et‑Marne), Le Buisson Campin (Verberie, Oise), show that the Magdalenian setllements were established towards the end of the last ice age. The TL dates from heated stone pebbles agree reasonably well witb14C dates, obtained by the classical and AMS techniques for organic remains.

Importante nécropole du Sénonais composée d’une vingtaine d’enclos répartis sur environ 2 ha. Deux campagnes de fouille (1959‑1960) ont précédé le sauvetage A5 qui portait sur deux enclos rectangulaires. L’enclos E4 comprenait une vingtaine d’inhumations dont 16 contenaient des restes de squelettes. Il s’agit de sépultures primaires, avec un cas de réduction. Etudes archéologique et anthropologique mettent en évidence deux pratiques : inhumation en espace vide (des coffres de bois dans 6 cas) ou en espace colmaté (en pleine terre dans 5 cas), au sein de fosses quadrangulaires parallèles aux côtés de l’enclos. Dans 14 cas il s’agit sûrement d’adultes : l’enclos leur était‑il réservé ? S’agit‑il d’un groupement correspondant à une strate sociale ? La parure représente plus du tiers du mobilier : parure annulaire, perle, défenses de Suidés. Une boucle de ceinture en fer, un anneau de terre cuite et de nombreuses fibules (en bronze, bronze et fer et fer) constituent l’ensemble des accessoires vestimentaires ; l’armement est aussi présent : épée et fourreaux, anneaux de suspension en bronze et fers de lance. L’étude comparative de ce mobilier et celle des pratiques funéraires permettent de reconnaître 4 phases chronologiques réparties entre le ve s. et le 1er quart du iiie s. av. J. C., avec une occupation intensive à La Tène B2 à mettre en corrélation avec les grands bouleversements de la première moitié du iiie s. A large necropolis in the Senonais composed of some twenty enclosures spread over an area of 2 ha. The rescue dig for the A5, which concentrated on two rectangular enclosures, was preceded by two seasons of excavations during 1959 and 1960. The enclosure E4 included a score of burials, 16 of which contained skeletal remains. These were primary inhumations, with one example of a reduction. Archaeological and anthropological studies show two practices: inhumation within an empty space (timber coffers in six cases) or within a filled space (a simple grave in five cases), in the middle of quadrangular pits parallel with the sides of the enclosure. Fourteen of the Individuals were certainly adults: was this enclosure reserved for them ? And does this represent a group from a distinct social strata? Items of costume account for over a third of the small finds: rings, beads, wild‑boar’s tusks. An iron beltbuckle, a fired clay ring and numerous brooches (iron, bronze and iron‑bronze composite) constitute the body of clothing accessories. Weapons are also present: sword and scabbard, bronze suspension rings and spearheads. A comparative study of these finds and of the funeral practices allow us to recognise 4 chronological phases between the 5th and the first quarter of the 3rd centuries B.C., with an intense occupation during the La Tène B2 which correlates with the great upheavals of the first half of the 3rd century B.C. Diese bedeutende Nekropole des senonischen Gebiets, bestehend aus etwa zwanzig Einfriedungen, erstreckt sich über ca. 2 Hektar. Der Rettungsausgrabung an zwei rechteckigen Einfriedungen gingen zwei Ausgrabungs‑kampagnen (1959‑60) voraus. Die Einfriedung E4 bestand aus etwa zwanzig Gräbern mit Skelettresten. Es handelt sich um Primärgräber, wobei in einem Fall eine Knochenzusammenlegung festzustellen war. Archäologische und anthropologische Studien fördern zwei Praktiken zu Tage : Bestattung in einem Hohlraum (Holztruhen in 6 Fällen) oder in einem angefüllten Raum (Erdfüllung in 5 Fällen), und zwar innerhalb von parallel zu den Einfriedungsgrenzen angeordneten viereckigen Gruben. In 14 Fällen handelt es sich mit Sicherheit um Erwachsene : war ihnen die Einfriedung Vorbehalten ? Wurde die Zuordnung nach der Zugehörigkeit zu einer sozialen Schicht vorgenommen ? Der Grabschmuck macht mehr als ein Drittel des Mobiliars aus: Ringe, Perlen, Schweineeckzähne. Eine eiserne Gürtelschnalle, ein Terrakotta‑Ring und zahlreiche Fibeln (aus Bronze, Bronze und Eisen oder Eisen) bilden das Kleidungszubehör; Waffen sind ebenfalls vertreten : Schwert und Scheide, bronzene Aufhängeringe und Speerspitzen. Anhand einer vergleichenden Studie des Mobiliars und der Bestattungspraktiken kann man den Zeitraum zwischen dem 5. Jh. v. Chr. und dem ersten Viertel des 3. Jh. v. Chr. in vier Phasen einteilen, wobei die La Tène B2 eine besonders starke Ansiedlung aufweist, die mit den grossen Umbrüchen der ersten Hälfte des 3. Jh. in Bezug zu setzen ist.

A l’issue des études présentées dans ce volume, la question de l’unité culturelle et territoriale des groupes évoqués s’impose. Il apparaît clairement que les installations montrent des aspects communs évidents et des différences dont il faut rechercher les causes. Les dates s’échelonnent sur une courte période, les zones d’origine des matières premières se concentrent dans les limites du Bassin parisien, les techniques de débitage du silex sont apparentées, la composition de l’outillage est assez répétitive et originale, l’art et la parure sont habituellement peu développés. Ces aspects unissent culturellement des groupes vivant dans un territoire peu ouvert aux influences extérieures, avant alleröd. La répétition d’installations simultanées et successives de plusieurs familles aux mêmes emplacements suggère l’idée de circuits périodiques sans qu’on ait encore les moyens de tracer les cheminements, ni d’apprécier le rythme des occupations. Already mentioned by many contributors, the question about the territorial identity and the cultural unity of those Magdalenian groups had to be raised at the close of this volume. If dwelling patterns show evidence of close similarity, some differences have also been noticed and both should be explained. The chronology is confined within a short span of time ; raw‑materials are originated from a restricted area which does not exceed the borders of the Paris basin ; the debitage working‑processes are closely related ; the artefact assemblages are quite uniform though peculiar ; art and ornaments are scarce : all these features are indications of a cultural homogeneity among human groups living on the same territory which is hardly open to alien trends before Alleröd. Contemporaneous dwellings with persistent successive occupation of several families at almost the same place give evidences for the hypothesis of recurring journeys within one annual home range. We nevertheless have not yet enough evidence to help us understand the itineraries and discuss the seasonality of the dwellings.

Les Magdaléniens ont intensément fréquenté le site d’Étiolles. La concentration de plusieurs niveaux d’occupation (actuellement sur 1 300 m2) permet de développer une approche de type ethnologique : comparaison des choix topographiques, analyse de l’organisation spatiale, identification des activités domestiques, études fonctionnelles sur les foyers, etc. L’exploitation de rognons de silex d’une exceptionnelle qualité (notamment par leurs dimensions est à l’origine d’une conception techno‑économique particulièrement rigide qui facilite la production des grandes lames‑supports. La récurrence de certains comportements (travaux réalisés près des foyers, nettoyages de l’espace intérieur, large utilisation de l’espace extérieur pour diverses activités) révèle des habitudes de groupes. Les relations sociales sont perceptibles à travers la circulation des produits lithiques entre les installations contemporaines et un partage de certaines matières premières. La recherche s’oriente vers l’hypothèse de passages des Magdaléniens lors de circuits saisonniers nécessaires à leur économie de prédateurs et à leur vie sociale. Le gisement de Marsangy est un habitat de plein air magdalénien, situé sur la rive gauche de l’Yonne. Les datations absolues (14C et thermoluminescence), comme les données de l’environnement, permettent de le dater de 12 000 BP, à la transition Dryas II/Alleröd. Dans le secteur central (étudié ici) l’espace s’organise autour de 4 foyers, constitués d’un groupement lâche de blocs de grès et de quartzite. Les activités liées au silex sont les plus importantes, la matière première se rencontrant en abondance dans le voisinage. L’une des structures, N19, peut être interprétée comme un atelier spécialisé dans le débitage, les autres ensembles pouvant représenter des unités d’habitation consacrées au repos. La chasse constituait une activité complémentaire. Elle est attestée par la présence de vestiges animaux et l’abandon d’objets (pointes à dos et à cran) considérés généralement comme des armatures de trait. La connaissance précise de la topographie du substrat des limons et celle du niveau IV20 permet d’examiner, sur près de 4 000 m2, quels ont été les choix d’implantation des chasseurs magdaléniens. Il semble que les premiers occupants se soient installés préférentiellement dans les zones basses du site ; les derniers ont occupé toutes les situations ; zones hautes, mi‑pentes, zones basses, fonds. Une fidélité certaine aux mêmes emplacements manifeste probablement la permanence de la composition du groupe. La présence de onze foyers magdaléniens fonctionnant simultanément sur le même sol permet actuellement d’évaluer à un minimum de plusieurs dizaines de personnes l’importance du groupe venant visiter régulièrement Pincevent, pendant un séjour de quelques semaines, et ce au moins à une quinzaine de reprises. L’organisation spatiale des unités domestiques s’établit suivant le schéma mis en place par A. Leroi‑Gourhan : foyer entouré d’une zone d’activité puis, d’un côté, espace réservé à l’habitation, de l’autre, zone d’évacuation. Les Magdaléniens arrivaient avec un outillage minimum et leurs éléments de parure. Les ressources locales fournissaient l’essentiel des matières premières, blocs de silex et de pierre provenant du lit de la rivière. L’exploitation du silex se faisait sur place et les meilleurs produits étaient emportés pour le campement suivant. L’exploitation des végétaux comme celles des ressources de la rivière reste très hypothétique. Le Renne, dont toutes les parties étaient utilisées ou consommées, était le principal gibier recherché, avec occasionnellement du Cheval et du Lièvre. Rapportées au camp, les bêtes étaient en partie partagées entre les unités domestiques mais, bien que difficile à estimer, la durée d’occupation pose le problème de l’éventuel stockage d’une partie de la viande. Les caractéristiques exceptionnelles des dépôts de Pincevent et le nombre de cycles de dépôts conduisent provisoirement à n’accorder qu’une durée d’une cinquantaine à une centaine d’années à l’accumulation des limons magdaléniens. A l’issue de ces dépôts, les modifications climatiques de l’Alleröd, qui se manifestent par une érosion et un remblaiement importants, sont contemporaines d’une transformation culturelle qui ouvre la voie au Mésolithique. Le site du Magdalénien final du Buisson Campin à Verberie a livré des sols d’occupation en trois loci différents inclus dans des limons de débordement. Le plus étendu, comprend quatre sols successifs dont le plus récent est le mieux connu. Il s’organise autour de deux foyers. Il s’agit comme pour les sols plus anciens d’un campement de chasse au Renne en relation avec la migration d’automne. Les activités qui s’y sont déroulées ont essentiellement trait au dépeçage des rennes et au traitement des matières premières animales ainsi qu’au débitage de nombreux rognons de silex pour fabriquer les outils nécessaires. La présence d’outils en silex exogènes, l’absence de quelques séries de bonnes lames indique que ces campements s’inscrivaient dans un cycle de déplacement annuel des chasseurs magdaléniens. The Magdalenian site of Étiolles has been heavily and persistently occupied : many different dwelling levels including one or several units have been discovered over the 1,300 square metres so far excavated. This high density of occupation allowed a palaeoethnological approach to be developed through the comparison of different topographical schemes, the analysis of spatial organisations, the identification of domestic activities, the study of differential use of hearths, etc. A very specialised techno‑economical process of blade‑flaking for large‑sized blank production has been evidenced and has been related with the exceptionally high quality of the flint raw‑material (with especially large dimensions). The recurrence of some operational patterns must be related to the basic structure and behaviour of the Magdalenian groups (working areas close to the fire, regular cleanups of the inner space, extensive use of the outer spaces for various activities). Strong social relationships are revealed by the movement and sharing of some lithic raw‑materials and artefacts between contemporary dwelling‑units. The present research gives evidence for the hypothesis of regular stops of Magdalenian groups related to their predatory subsistence and their social structure. Marsangy is an open air Magdalenian settlement, situated on the left bank of the Yonne. Absolute dating (14C and thermoluminescence) corresponding to environmental data, allows a date of 12000 BP ; the transition Dryas II/Alleröd. In the central section (studied here), space is organized around 4 hearths, constituted by a group of loosely arranged blocks of sandstone and quartzite. The most important activities are related to silex, a raw material abundant in the neighborhood. One of the structures, N19, can be interpreted as a work‑shop specialized in tool‑making, others could represent dormitory units. Hunting was a complementary activity; attested by the presence of animal remains and abandoned artefacts (such as backed and shouldered points) generally considered as projectile armatures. With eleven Magdalenian hearths functioning in the same time on the same surface, it is now possible to evaluate how large was the group regularly visiting Pincevent for a few weeks’ stay and estimate it at a minimum of several tens of people, for at least fifteen times. Spatial organization of domestic units follows a model established by A. Leroi‑Gourhan : hearth surrounded by area of activities then, on one side, an area set up for dwelling, on the other, a dumping area. The Magdalenians came with a minimum tool kit and their elements of adornment. Local resources gave them the essential raw material, the main part of flint and other stone coming from the river bed. Flint was worked locally and the better products were taken along to their next camp. Exploitation of plants as well as that of river resources remains very hypothetical. Reindeer, of which all parts were used or consumed, was the main game hunted with occasionally horse or hare. Brought back to the camp, animals were partly shared between domestic units, but though estimated with uncertainty, the duration for the occupations poses the problem of the eventuality of storing part of the meat. The abandonment of the site is probably linked to the climatic change which altered the flow of the river and the floods. The exceptional characteristics of deposits at Pincevent and the number of depositional cycles indicate a duration of fifty to one hundred years for the whole of magdalenian silt accumulation. After these silts where deposited, climatic modifications during the Alleröd interstadial provoked substantial erosion and refilling of the minor bed of the river. These modifications are synchronous with a cultural transformation opening the way to the Mesolithic. The archaeological site of the Buisson Campin at Verberie (Oise) has yielded remains of the late Magdalenian in three different locations embedded in silts deposited by the river Oise. The main one includes four superimposed occupation layers corresponding to hunting camps of short duration. The latest one is the best known. Its spatial organisation is centered on two hearths. It is a reindeer hunting camp related to the autumn migration. The camp activities focus on reindeer butchering and processing of its different parts. Flint knapping has been extensively practiced in order to produce the tools necessary for these tasks. The presence of a few tools made from exogenous flint and the absence of a few series of good blades indicate that these camps were part of the annual cycle of hunters around the Paris basin.

Deux gisements, les Tarterets I et les Tarterets II, ont été localisés sur le versant gauche de la vallée de la Seine, dans les faubourgs de Corbeil Essonnes. Tous les deux avaient été partiellement détruits avant les fouilles, ce qui rend leur interprétation difficile. L’élément le plus remarquable, aux Tarterets I, est la découverte d’un foyer construit en grandes dalles de meulière. De part et d’autre, s’opposaient une aire de débitage et une aire d’activités domestiques riche en outils. Il y a peu d’éléments de datation, faune et charbon n’étant pas conservés. Le style de l’outillage permet cependant de rattacher ces sites au Magdalénien final tandis que l’analyse malacologique suggère une occupation au Bölling. Des relations entre les Tarterets et l’important site d’Étiolles, implanté en face, sur la rive droite de la Seine, sont envisageables mais difficiles à prouver. Le gisement du Tilloy à Ville Saint Jacques est situé à 1 km au sud ouest de Pincevent, en bord de plateau. Les ramassages de surface ont livré de très vastes séries lithiques attribuables au Magdalénien final. Des sondages limités ont permis de repérer un horizon riche mais très perturbé d’où semble provenir cette industrie. Les restes osseux y sont très bien conservés ; ils appartiennent à une faune variée ou le Renne domine mais ou le Cheval est abondant. Cet horizon a été daté du Dryas II par le radiocarbone. Il se peut donc que l’occupation magdalénienne du Tilloy soit contemporaine de celle de Pincevent. Plusieurs modèles permettent alors d’envisager la question des relations entre les deux sites. Two sites, Tarterets I and Tarterets II, have been located on the left bank of the Seine valley, in the suburbs of Gorbeil Essonnes. Both had been partially destroyed before excavation which renders their interpretation difficult. At Tarterets I, the most remarkable element is the discovery of a hearth constructed with large slabs of millstone. Here and there, rich in tools, areas of tool making and areas of domestic activity confront each other. There are few datable elements, fauna and charcoal not being conserved. However, tool style permits considering these sites as Magdalenian final, while malacologic analysis suggests occupation during Bölling. Though difficult to prove, one can envisage relations between the Tarterets and the important site of Étiolles, a settlement on the opposite bank of the Seine. The site of “Le Tilloy” in Ville saint Jacques is one kilometer to the southwest of Pincevent, on the edge of a plateau. Surface collections have yielded a large lithic series attributed to the late Magdalenian. A limited number of sondages have revealed a rich but very disturbed stratum from which must come the lithic industry. The faunal remains are well preserved ; they belong to a varied fauna where the reindeer dominates but where horse is abundant. This stratum was dated to the Dryas II by radiocarbon. It is possible that the Magdalenian settlement of “Le Tilloy" is contemporary with that of Pincevent. Several patterns allow us to consider the problem of the relationships between both sites.

L’application de différentes méthodes d’analyse (sédimentologiques, malacologiques, palynologiques. Anthracologiques, micromorphologiques, archéozoologiques, radiocarbones et thermoluminescence) à un programme de recherche sur les modes d’implantation et d’organisation des installations magdaléniennes dans le centre du Bassin parisien a permis de rassembler un important faisceau d’informations. La réalisation de cette synthèse, qui coordonne en une interaction dynamique toutes ces données, permet au lecteur de découvrir et d’apprécier la multiplicité des rapports entre les communautés préhistoriques observées et leur environnement d’une part, et entre les préhistoriens et leur objet d’étude d’autre part. The application of different analytical methods (sedimentology, malacology, palynology, anthracology. micromorphology, archaeozoology, radiocarbon and thermoluminescence dating) to a research programme has brought together informations concerning the way Magdalenian groups were implanted and organised in the centre of the Paris basin. In this synthesis, the interaction of all these results are coordinated, which enables the reader to discover and appreciate the multiplicity of contacts established between the prehistoric communities observed and their environment on one hand, and between prehistorians and their subject on the other.

"On the motivation of the recent palaeolithic expert-knappers" During the Upper-Palaeolithic, different knapped lithic products can be qualified as “exaggerated”, regarding their dimension and their high level of technical investment : large blades exceeding 20 if not 30 cm long, and some of the Solutrean laurel leaves and shouldered points. As a realization of very skilled prehistoric knappers, that modern knappers can hardly imitate, they have been compared with some Neolithic productions and thus attributed to specialized knappers. However, they differ from the latter through two important aspects. The highly skilled Neolithic productions are that of particular products in their context, -such as rare large blades, daggers, etc-, and are purpose of exchange. That of the Palaeolithic remain anecdotical and correspond to an exaggerated expression of the traditional types, magnified without any clear economical or functional justification. This is indeed what confirms a critical review of the famous case of the Etiolles Magdalenian site, thanks to the detailed data published by Nicole Pigeot and collaborators. It is then in certain features of human nature that we propose an explanation for these exaggerated performances. The first lies in the intimate pleasure felt by the actor in the technical action itself, particularly in the exercise of know-how (a notion now confirmed at the neuropsychological level in monkeys). The child gives us a clear expression of this, in his impulse to act, to train first to imitate the grown-ups, then, as a teenager, to invest in a particular activity, until he goes beyond what is sufficient. Knapping, with its difficulties and incidents, can also be compared to a playful activity - in which we “get caught up in the game” - and even to a story with twists and turns. A second feature is the visibility of the skill manifested in knapping, during its unfolding which can make a spectacle, as in its tangible result that can be assessed in the blink of an eye by a fellow human. Competence therefore exposes itself to the appreciation of others, of the group or of other groups during meetings. A competitive emulation between knappers who had a taste for it, as in so many sports, games and arts or crafts currently practiced, has certainly pushed some individuals to performance, to a frank exaggeration, already perceptible in some impressive but ergonomically "unreasonable" bifaces from the Early Palaeolithic., Sur la motivation des tailleurs experts du Paléolithique supérieur Au cours du Paléolithique supérieur, se remarquent çà et là des productions lithiques qualifiables d’exagérées au vu de leurs dimensions et haut degré d’investissement technique : des débitages de grandes lames, et une part des feuilles de laurier et pointes à cran du Solutréen. Réalisées par des tailleurs de grand savoir-faire, que peinent à atteindre les tailleurs modernes les plus expérimentés, elles ont été rapprochées de certaines réalisations néolithiques, et ainsi attribuées à des « spécialistes » de la taille. Mais deux caractères importants les en distinguent. La plupart des productions néolithiques de haut niveau technique portent à la fois sur des types particuliers pour l’époque (grandes lames, « poignards », etc) et sont excédentaires et ainsi diffusées. Celles du Paléolithique restent anecdotiques et reviennent à une expression exagérée des modèles traditionnels, sans justification économique ou fonctionnelle. C’est d’ailleurs ce que confirme une révision critique du cas bien connu des grandes lames du site magdalénien d’Etiolles, grâce aux données détaillées de Nicole Pigeot et collaborateurs. C’est alors dans certains traits de la nature humaine que nous proposons une explication à ces performances exagérées. Le premier réside dans le plaisir intime ressenti par l’acteur dans l’action technique elle-même, particulièrement dans l’exercice du savoir-faire (notion désormais confirmée au niveau neuropsychologique chez le singe). L’enfant nous en donne une nette expression, dans son élan à agir, à s’entraîner d’abord pour faire comme les grands, puis, adolescent, à s’investir dans telle ou telle activité, jusqu’à dépasser le suffisant. La taille, avec ses difficultés et ses incidents, est aussi assimilable à une activité ludique – à laquelle on se « prend au jeu »-, et même à un récit à rebondissements. Un second trait tient à la visibilité de la compétence manifestée dans la taille, lors de son déroulement qui peut faire spectacle, comme dans son résultat tangible évaluable en un clin d’œil par un congénère. La compétence s’expose donc d’elle-même à l’appréciation des autres, du groupe ou d’autres groupes à l’occasion de rencontres. Une émulation compétitive entre les tailleurs qui en avaient le goût, comme dans tant de sports et jeux actuellement pratiqués, a certainement poussé certains individus à la performance, jusqu’à une franche exagération, déjà perceptible dans certains bifaces impressionnants mais ergonomiquement « déraisonnables » du Paléolithique ancien.

Dans cet article, l’auteure discute l’hypothèse de l’existence, au Paléolithique supérieur, d’une société inégalitaire et sédentaire, dominée par une aristocratie fondée sur une richesse issue de l’exploitation et du stockage des ressources ; les œuvres pariétales, réalisées par des artistes au service de l’élite, seraient ainsi l’expression d’un système héraldique (Guy 2017). À partir des données liées au milieu naturel et au climat, elle rappelle que l’environnement n’était pas identique à l’échelle de l’Eurasie, ni même à l’échelle de la France, et que la steppe froide qui s’est étendue à partir du Pléniglaciaire supérieur (30 000 cal BP) ne s’est modifiée significativement qu’à la fin du Tardiglaciaire (fin du Dryas ancien, 15 000 cal BP). L’auteure montre ensuite que l’économie des ressources animales était, à l’échelle de la France, fondée sur le Renne (Rangifer tarandus) et sur une stratégie de chasse non sélective, sans aucune diversification durable des ressources entre 30 000 et 14 600 cal BP. Il est ensuite rappelé que la synthèse des données de saisonnalité de la chasse au Renne à l’échelle de la France révèle que dans plusieurs régions les rennes n’étaient pas migrateurs, et que la plus grande partie des ressources animales étaient disponibles tout au long de l’année. Ces données attestent également que la mobilité des groupes humains était bien plus réduite dans certaines régions que ce qui était considéré jusque-là. L’ensemble de ces éléments permet à l’auteure de réfuter l’hypothèse d’E. Guy d’une augmentation et d’une diversification des ressources animales vers 18 000 uncal BP, comme celles d’une recherche de rentabilité maximale et de la pratique généralisée du stockage. Les connaissances relatives au milieu et à l’économie des sociétés du Paléolithique supérieur ne peuvent donc fonder les liens établis par E. Guy entre ressources et hiérarchie d’une part, et entre art pariétal et ressources d’autre part. In this article, the author discusses the hypothesis of the existence in the Upper Paleolithic of an unequal and sedentary society, dominated by an aristocracy founded on wealth resulting from the exploitation and storage of resources, and whose power was partly expressed through parietal art, which was the expression of a heraldic system and produced by artists in the service of the elite (Guy 2017). Data linked to the environment and the climate demonstrate that the environment was not homogeneous, even at the scale of France. A cold steppe extended across the zone beginning during the Upper Pleniglacial (30,000 cal BP), characterized by an open and variable environment depending on the region. This, only changed significantly at the end of the Late Glacial (end of the Older Dryas, 15,000 cal BP). The author then shows that the economy of animal resources was based, at the scale of France, on the Reindeer (Rangifer tarandus), and on non-selective hunting strategies, without any diversification of resources between 30,000 and 14,600 cal BP. The synthesis of seasonality data from Reindeer hunting across France indicates that in many regions, Reindeer were not migratory and that most animal resources were available throughout of the year. These data also show that the mobility of human groups was much more reduced (in certain regions) than what was previously considered. All of these data allow the author to refute the hypothesis of an increase and diversification of animal resources towards 18,000 uncal BP, that of a search for profitability, and that of the generalized practice of storage. The links established by E. Guy between resources and hierarchy on the one hand, and between parietal art and natural resources on the other hand, cannot therefore be based on data relating to the environment and the economy of Upper Paleolithic societies.

2.1. Introduction Une des premières priorités de l’équipe scientifique a été de disposer de topographies de bonne qualité (cf.supra, chapitre 1). Cette exigence était double : il s’agissait de garantir la protection tant intérieure (définition des cheminements) qu’extérieure (vulnérabilité de la zone d’entrée) de la grotte (cf. infra, chapitre 8), et de disposer d’un référentiel pour localiser les observations et les éléments majeurs de la cavité. La qualité sémiologique des premiers document...

Carte intégrée des sols, Carte 12 bis Integrated map of the floors, Map 12 bis Emplacement de la Carte 12 bis au sein de la grotte. Location of Map 12 bis in the cave Désignations et angles de prise de vue. Designations and camera angles Dans le prolongement nord de la Galerie des Panneaux Rouges, la Galerie Rouzaud présente un paysage souterrain singulier tant par sa géométrie que par l’imbrication des remplissages qui y sont présents. Au fur et à mesure du cheminement, la galerie perd pr...

8.1. Introduction. Dominique Baffier, Marie Bardisa, Jean-Michel Geneste La découverte de la grotte Chauvet-Pont d’Arc et son remarquable état de conservation ont indéniablement changé le regard sur les grottes ornées paléolithiques, tant dans le renouveau des connaissances que dans les modes de gestion conservatoire. L’importance de la grotte a été immédiatement pressentie par les découvreurs, puis par les scientifiques et les responsables du ministère de la Culture. Des décisions ont été ...

7.1. Introduction Jean-Jacques Delannoy Les mesures conservatoires prises par le ministère de la Culture au lendemain de la découverte de la grotte et développées ensuite par le service de la Conservation ont permis de maintenir l’intégrité physique et le très bon état de préservation de la cavité en se concentrant sur la gestion des espaces souterrains et de leur accessibilité (cf. infra, chapitre 8). Moins d’un an après sa découverte, la grotte est classée au titre des Monuments historiqu...

Carte intégrée des sols, Carte 15 Integrated map of the floors, Map 15 Emplacement de la Carte 15 au sein de la grotte Location of Map 15 in the cave Importance des objets d’étude en Carte 15 Relative proportions of observed objects on Map 15 Désignations et angles de prise de vue Designations and camera angles Coupe transversale AA’ Cross section AA’ La partie nord de la Salle Hillaire se caractérise par son plafond, le plus élevé de la cavité, culminant à 19 mètres au-dessus du sol. I...

6.1. Introduction Jean-Jacques Delannoy L’analyse des contextes physique et temporel de la grotte a permis d’appréhender les paysages souterrains contemporains des périodes de fréquentation humaine et animale (cf. supra, chapitre 4), et de relever deux périodes distinctes d’occupation (entre 37 000 et 33 500 cal BP, et entre 31 000 et 29 000 cal BP) (cf. supra, chapitre 5). Entre celles-ci, dans l’état actuel des données issues des datations sur charbons de bois, il semblerait que la grotte ...