Les textes contenus dans ce numéro spécial de Productions Animales sont issus, pour l’essentiel, d’une réunion de la Commission spécialisée de Recherches INRA sur les ovins, les caprins et les cervidés. Cette réunion avait pour objet de présenter des projets et des actions de recherche menées sur les petits ruminants en zone tropicale par des chercheurs de notre institut en Caraïbe, par le CIRAD-EMVT en Guadeloupe et en Afrique, par une structure départementale de la Martinique (SECI) ou par des instituts internationaux (ILRI), projets menés le plus souvent en collaboration. Une forte contribution provient de la Guadeloupe et de la Martinique, sous l’impulsion et la responsabilité de l’Unité de Recherches Zootechniques de l’INRA, où sont développés de nombreux programmes de recherche et de recherche/développement sur les petits ruminants. Plusieurs textes rapportent des résultats obtenus sur le continent africain par le CIRAD-EMVT, et un texte présente des données obtenues sur les caprins au Mexique, en zone subtropicale. Le développement de l’élevage des petits ruminants représente un enjeu déterminant pour les systèmes d’élevages tropicaux. En Asie, en Afrique, en Amérique inter-tropicale, ces espèces représentent des cheptels considérables, souvent bien plus importants qu’en Europe. Les populations des ovins et caprins dans les pays tropicaux en voie de développement représentent 54 % du cheptel mondial, soit 926 millions de têtes (FAO 1993). Elles permettent des productions (lait, viande, laine et cuirs, et parfois traction) qui ne sont pas de simples compléments de revenus, mais, bien souvent avec d’autres espces à cycle court (porc, volaille), les ressources essentielles pour la survie et le développement de cellules productives réduites et familiales dans des systèmes difficiles et complexes comme les zones arides ou les zones péri-urbaines. L’intérêt de regrouper ces différents textes est de montrer les différentes approches que l’on peut avoir du développement de ces systèmes d’élevage, depuis la cellule familiale africaine jusqu’à des systmèes sophistiqués et très productifs mis en place par des organismes de développement comme la SECI dans des pays tropicaux riches, parangon européen dans un univers tropical sous-développé. Il était donc important que la Commission ovine et caprine de l’INRA permette l’expression de recherches menées au sein de l’institut ou avec son partenaire privilégié dans le monde tropical, le CIRAD-EMVT. En rassemblant ces textes dans un même numéro, nous avons l’ambition que leur lecture puisse servir à bien d’autres personnes que celles présentes lors de la réunion de la Commission. Par une diffusion plus large qu’à l’accoutumée, nous espérons ainsi intéresser de nombreux chercheurs, techniciens et agents de développement de toute la zone tropicale francophone, africaine et caraïbe. Nous avons aussi l’espoir que les résultats présentés par les différents auteurs puissent intéresser nos lecteurs habituels des zones tempérées. Ceux-ci pourront, en effet, par la lecture de ces articles, mieux connaître les problèmes existant dans des systèmes d’élevage assez différents de ceux rencontrés en zones tempérées. Bien que les thématiques abordées soient assez éloignées des préoccupations les plus courantes des problèmes de l’élevage en Europe, beaucoup se rendront compte que certains problmes posés dans les zones tropicales sont des sujets d’actualité dans les zones tempérées. C’est le cas de la maîtrise de l’intensification des systèmes de pâturage et du contrôle de l’infestation parasitaire, par exemple. Le développement des productions animales dans les zones tropicales, en particulier à partir des petits ruminants qui constituent une ressource précieuse, est un formidable défi à relever ces prochaines années. Ce numéro de Productions Animales a l’ambition de contribuer, modestement et é sa manière, à ce développement.