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Le Burundi sort d'une situation de crise qui a duré plusieurs années et n'a pas été sans conséquences pour le pays, ses habitants et ses ressources. Le ministère de l'aménagement du territoire, du tourisme et de l'environnement a sollicité le Cirad pour, dans le cadre de la relance du secteur forestier du Burundi, renforcer sa collaboration avec le CIRAD, l'UICN et le CIFOR, contribuer à l'identification des besoins pour la finalisation et la mise en oeuvre de la politique forestière en définissant les axes prioritaires d'intervention dans la gestion des ressources forestières et agroforestières et en renforçant la formation des agents et les filières bois et contribuer à la formulation de projets. Les échanges avec les services de l'État concernés, les institutions internationales, ainsi que les bailleurs de fonds ont permis de préciser les contextes politique et socio-économique, mais également agricole et environnemental reconnus par ces partenaires. L'analyse des programmes et projets de développement rural et environnementaux en cours ou engagés, ont permis de dégager les axes d'interventions principaux dans ces domaines: lutte contre la pauvreté, relance du secteur agricole, stratégie de coopération de l'Union européenne, réintégration des populations déplacées et réhabilitation des terres. Le Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté constitue le document de référence pour la politique agricole, environnementale et de développement rural pour le Burundi. Plusieurs tournées sur le terrain ont été organisées par le ministère, dans des zones de forêt naturelle (Parc de la Kibira) et de plantations forestières (Bukinanyana, Gakara, Vyanda). Des échanges avec des élus locaux ont permis de compléter les informations recueillies à Bujumbura sur la décentralisation et le rôle des autorités locales. La forêt de la Kibira a subi des dommages importants, mais les plantations ont été relativement peu affectées par les événements des dernières années. Les travaux sylvicoles n'ont pu être effectués et le volume de bois sur pied est important, voire très important. Les zones agricoles sont très sollicitées et l'occupation des sols dense. La pression démographique reste forte et l'espace disponible se restreint; les pratiques d'élevage devront subir une évolution qui semble inéluctable. Des actions sont à mener à très court terme par le ministère. Le texte actuel de la Stratégie Nationale de lutte Contre la Pauvreté élude l'importance du bois énergie et des produits forestiers non ligneux. Il conviendrait de faire des propositions d'enrichissement du CSLP qui prennent également en compte les aspects aménagement du territoire et productions forestières, qui s'inscrivent dans la démarche de décentralisation engagée, et d'organiser un atelier de travail avec toutes les parties prenantes pour s'accorder sur une stratégie de mise en oeuvre de la politique forestière et définir les rôles, responsabilités et moyens pour chaque niveau institutionnel. La politique de décentralisation et la loi communale offrent un cadre institutionnel propice à la gestion des ressources forestières et environnementales. Les produits d'exploitation des plantations peuvent constituer un élément moteur pour l'autonomie financière des communes, tout en assurant aux services forestiers les moyens de développer une gestion des ressources forestières en partenariat avec les institutions et les populations locales.

Le Burundi, petit pays densément peuplé (220 hab/km2) au coeur de l'Afrique utilise beaucoup le bois pour de multiples usages essentiellement sous forme énergétique. Depuis 20 ans, le pays a installé des reboisements d'Etat à grande échelle; mais aujourd'hui il est confronté aux difficultés de gestion de ces boisements: conflits d'usages avec les paysans sur les espaces reboisés, feux, difficultés de contrôle. La comparaison de cette situation avec le fonctionnement des acteurs oeuvrant sur la forêt d'Aquitaine, met en exergue les points suivants: - Le principe de subsidiarité, qui consiste à gérer au niveau le plus local possible, et l'élaboration d'outils de gestion tels que les plans simples de gestion et les plans d'aménagement pourraient servir de référence au Burundi. - Au contraire, la suppression des droits d'usage, la tendance au regroupement induite par la séparation systématique entre l'agriculture, la forêt et l'élevage, ne sont pas transférables au Burundi. Ils aboutissent en Aquitaine à de grandes unités de gestion de forêt et à la disparition des petites unités de transformation du bois. Alors que ce processus a commencé en France au XVIllème siècle, certaines communautés sont encore farouchement attachées à leurs droits d'usages. Au Burundi la survie des populations rurales dépend des ressources renouvelables (bois et pâture). La suppression sans concertation de ces droits engendrerait des conflits de longue durée. - En Aquitaine l'activité forestière de la plantation à la commercialisation est fortement subventionnée par la région, la France et l'Europe. Au Burundi seuls les travaux de plantation ont été financés par les bailleurs de fonds; il manque un système de financement national pour tous les travaux sylvicoles.